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Message Publié : 08 Nov 2007 20:00 
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Grégoire de Tours
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Pour récapituler,
La politique peut avoir une incidence forte sur l'économie. En prenant les extrêmes, il s'agit de la privatisation et de la nationalisation des entreprises. Ensuite, il y a le protectionnisme et le libéralisme des marchés. Sachant qu'il y a un large panel d'état intermédiaire.

Dire qu'il est évident que la politique a un impact en macro-économie... "L'extrémisme politique" (guerre, nationalisation massive, privatisation massive, etc.) s'accompagne de réactions sociologiques également massive mais surtout difficilement prévisible. Par contre, dans une gouvernance normale, l'influence de la politique sur l'économie m'apparaît possible en stimulant le moral de la population. C'est plutôt cet effet qui a, semble-t-il prévalu durant les Trentes Glorieuses. Seulement, le sponsoring politique est entré en concurrence avec la naissance de la société de l'information et de la communication. En conséquence, le sponsoring politique a de plus en plus de difficultés à atteindre les ménages. A tel point, qu'il lutte pour sa propre existence médiatique à en oublier sa fonction première d'aide et de soutien moral de l'économie.

Lorsque vous décrivez cher Txomin les trois formes de décision politique, vous écrivez en italique sur l'Etat producteur;

Citer :
L'Etat producteur détruit plus de richesse qu'il n'en créée.


Or, quand l'Etat produit l'énergie nécessaire à la création de richesse, il offre une assurance de pérennisation de son service. Cet agent de l'entreprise est fiable. Le temps de l'entreprise se consacre à d'autres tâches que celle d'une course à l'énergie. Donc, un gain de productivité ?

Enfin,
Citer :
Depuis, les coûts de transaction ont baissé rendant plus compétitive l'économie de marché (par opposition à l'économie d'entreprise) ou des producteurs plus spécialisés échangent. Les grandes structures sont abandonnées au profit de nombreux acteurs pour qui l'économie des coûts de structure est supérieur aux coûts de transaction.


Je n'arrive pas à bien comprendre. Pourriez-vous m'expliquer l'expression coûts de structure.

A l'avance merci.

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Message Publié : 08 Nov 2007 22:34 
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Plutarque
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Je ne sais pas s'il est possible d'offrir un soutien moral aux individus. Ce serait supposer qu'ils n'agissent pas de manière rationnelle, que l'on peut les "berner". L'Etat doit en revanche offrir un cadre juridique dont les qualités premières doivent être la stabilité et la garantie des droits de propriété. Sinon, il peut provoquer une insécurité réelle.

L'Etat détruit plus de richesse qu'il n'en créé, c'est en moyenne. Les décisions de quelques hommes (des fonctionnaires qui en plus ont une responsabilité limitée) ne peuvent être plus pertinentes que celles d'un marché libre. Dans le cas d'EDF, l'Etat a probablement créé des richesses offrant un service efficace à bon prix. De cet exemple, il ne peut toutefois pas être tiré de généralité : il y aussi le plan, calcul, le Crédit Lyonnais, le plan charbon, le plan Freycinet....

Les coûts de structure sont ceux qu'impliquent les hiérarchies. Plus il y a de niveau hiérarchiques entre les décideurs et les exécutants, plus il faut consacrer de ressources à l'organisation. Ces coûts de structure sont notamment ceux de contrôle, c'est l'image du bac chinois:

Un économiste transporté sur un bac constate qu'il y a dix pousseurs mais que l'un deux reste sur le bas. Interrogeant, les pousseurs, il leur demandent s'il ne préfèreraint pas que le dixièème vienne les aider à pousser. Ils répondent tous que non car sans un contrôleur, il ne pourraient savoir si tout le monde pousse honnêtement.

Dans les entreprises géantes du début du XXème siècle ou dans les Etats hypertrophiés, les coûts de structure sont très importants (pensez au nombre de policiers "politiques" dans les pays communistes).

Il faut donc que les économies réalisées sur les coûts de transaction soit suffisamment importantes pour les compenser.

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Message Publié : 08 Nov 2007 23:27 
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J'ai un exemple inverse. Prenons EDF, dès le début des années 50, EDF décide que ces centrales thermiques seront construites selon des paliers-programmes. On voit donc apparaitre des économies d'échelles très appréciables. Le petit producteur d'électricité indépendant doit soit développer en son sein un centre d'ingénierie capable de concevoir et de suivre un tel investissement, cela pour construire un équipement qui va fonctionner pendant plusieurs décennies. L'alternative, c'est de s'adresser à un de ces fournisseur pour qu'il devienne maître d'oeuvre et centre d'ingénierie. Mais dans ce cas, ne se livre-t-il pas à ce fournisseur ?

C'est encore plus poussé chez la SNCF, le TGV existerait-il s'il y avait 6 ou 7 sociétés de transport ferroviaire indépendantes en France ?

Les exemples abondent de cas ou c'est une centralisation qui a permis de développer des outils qui n'auraient jamais été conçus dans un contexte ou cette centralisation n'aurait pas existé.

La nationalisation progressive du secteur ferroviaire c'est faite sur le constat des dysfonctionnement engendrés par l'état antérieur du système. Si la France avait été le seul pays à suivre cette démarche, on pourrait évoquer des causes nationales propres à notre pays. Mais, ce n'est pas le cas. Au début des années 70, dans les principaux pays industrialisés, les chemins de fers étaient tous nationalisés ou sous un système monopolistique fortement contrôlé par l'État, même aux USA. Dans, ce cas, il faut bien reconnaitre que le système de fonctionnement antérieur ne donnait pas satisfaction. L'exemple des Anglais qui ont dénationalisé le secteur pose problème. Les incidents et les accidents se sont multipliés. Les prix ont augmenté, les horaires ont connu de bien curieuses dérives. Plusieurs sondages ont montré que si l'on donnait le choix aux anglais, ils étaient en majorité pour un retour au système antérieur. Il a fallu mettre en place des système de régulation extrêmement puissant pour permettre un fonctionnement à peu prêt correct de ces systèmes. Dans le secteur de l'énergie, ils durent aller jusqu'à renationaliser les centrales nucléaires (dénationalisées depuis, mais c'est postérieur à la limite temporelle du forum).
Dans de nombreux secteurs, le fonctionnement de systèmes complexes n'est possible qu'avec des autorités de régulations qui ont le pouvoir d'aller jusqu'à retirer à une entreprise son autorisation de fonctionner si elle ne respecte pas les règles qui régulent le système.


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Message Publié : 09 Nov 2007 6:56 
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Plutarque
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Les économies d'échelles sont un sujet complémentaire. Elles concernent plus l'intégration horizontale, elles justifient des organisation éventuellement plates mais très large. Il n'y a pas d'économie d'échelle à ce que l'Etat fasse du spectacle et des voitures.

Coase expose sa théorie en l'illustrant par la fabrication des armes à feu qui passe progressivement des travailleurs indépendants qui fabrique chacun un élément (crosse, canon, balles...) à une entreprise intégrée (Winchester je crois). Qu'est ce qui justifie ce changement (à échelle comparable) ? : des coputs de transaction supérieurs aux couts de structure.

Les économies d'échelles viennent également compenser les couts de structure qui sont moins élevés si l'entreprise reste plate. Tout comme, pendant longtemps, il existe une taxe sur le chiffre d'affaire qui incite à intégrer verticalement l'activité sous peine d'être taxé à chaque échange intermédiaire.

Sur les exemple d'économie d'échelle, elles peuvent faciliter des évolutions techniques mais si tel est le cas ce sera l'intérêt des acteurs de librement se réunir. On en revient à savoir si la décision de quelques fonctionnaires est plus efficace que la liberté des agents. Il faut toutefois relativiser:

- un client ne se livre pas à son fournisseur, si ce dernier est sur un marché concurrentiel. D'ailleurs, les producteurs indépendants d'électricité ayant survécu à la nationalisation existent toujours (SNCF, régies communales, petits indépendants).

- Alsthom (ou Siemens ou Bombardier) pourrait aussi bien vendre un TGV à des compagnies indépendantes. Les progrès techniques (passage au rail en acier, vitesse multipliée par plus de deux, électrification) réalisés par les compagnies privées. Ces dernières ont réalisées l'ensemble des lignes et des gares actuelles, depuis 60 ans, la SNCF a construit quelques lignées TGV.

- Le modèle des compagnies ferroviaires n'était probablement PLUS adapté après avoir connu des succès considérables. Cette inadaptation doit avoir des causes profondes (???) auxquelles se rajoute (en France et ailleurs), le "plombage" imposé aux grandes heures (avant 1914, le PLM a un chiffre d'affaire supérieur au budget de la Belgique !) : réseau secondaire (En 1931, P. Javary, directeur du réseau du Nord : « Si le réseau ferroviaire n’avait pas existé, il serait sans doute limité au tiers ou au quart de ce qu’il est actuellement. » ), régimes de retraite (1909 et 1911) et surtout tarifs bloqués alors que l'inflation explose après 1914.

- En évitant les polémiques, les défaillances du réseau anglais proviennent plus du manque d'investissement de l'époque publique que de sa gestion par le privé. (les trains roulaient très bien avant la SNCF). Les tarifs actuels de la SNCF sont totalement biaisés.

- Des centrales nucléaires sont gérées par le privé depuis longtemps. En cas de défaillance d'une centrale privée, les actionnaires sont certains de tout perdre: la sécurité est donc primordiale. Pour une centrale publique, les responsabilités sont plus indirectes.

P.S: A Narduccio, est-il vrai que dans un réseau électrique interconnecté, la défaillance du maillon le plus faible entraîne forcément des conséquences négatives (black out) pour tous ?

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Message Publié : 12 Nov 2007 19:18 
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Grégoire de Tours
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Il y a beaucoup de certitudes dans vos propos mr Txomin.

Citer :
Des centrales nucléaires sont gérées par le privé depuis longtemps. En cas de défaillance d'une centrale privée, les actionnaires sont certains de tout perdre: la sécurité est donc primordiale. Pour une centrale publique, les responsabilités sont plus indirectes.


Franchement, les actionnaires qui sont capables d'investir en ayant à l'esprit qu'ils possèdent une partie du capital de l'entreprise et qu'ils doivent assurer la pérennité de ce capital sur du long terme... sont très probablement moins nombreux(ses) que les hauts fonctionnaires qui travaillent dans ce même esprit du service public. La différence est que ces derniers sont formés pour cette finalité ; les Hommes.

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Message Publié : 12 Nov 2007 21:23 
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Txomin a écrit :
- En évitant les polémiques, les défaillances du réseau anglais proviennent plus du manque d'investissement de l'époque publique que de sa gestion par le privé. (les trains roulaient très bien avant la SNCF). Les tarifs actuels de la SNCF sont totalement biaisés.

Les défaillances anglaises sont dues à un actionnariat différent de celui que l'on trouve dans d'autres pays d'Europe qui ont dénationalisé depuis longtemps ou qui n'ont pas nationalisé et dénationalisé. Quelle différence ? Un actionnaire qui a mis 20 ans a créer son réseau (ou 50), sait combien il lui en coûte. Son réseau, c'est ce qui pérennise son activité. On avait convaincu les actionnaires anglais que la cause du déficit du chemin de fer anglais était son personnel et la façon dont il était géré (comme on l'entend dans un autre pays qui nous est cher et à une époque en deçà de la frontière temporelle). Donc, ils n'ont pas fait l'effort d'investir et il ont exigé une rentabilité basée sur une réduction drastique du personnel. Plusieurs spécialistes européens ont tiré la sonnette d'alarme longtemps avant que les trains anglais ne commencent à dérailler. Mais, il est difficile de lutter contre l'ensemble de l'opinion publique, surtout quand on l'a bien conditionnée.

Txomin a écrit :
- Des centrales nucléaires sont gérées par le privé depuis longtemps. En cas de défaillance d'une centrale privée, les actionnaires sont certains de tout perdre: la sécurité est donc primordiale. Pour une centrale publique, les responsabilités sont plus indirectes.

Désolé de vous contredire, si je fais une bêtise dans mon métier actuel (qui est de garantir la sécurité des personnes qui font la maintenance), je peux me retrouver derrière les barreaux et j'ai des collègues qui se sont retrouver à s'expliquer devant un juge. Alors, on peut discuter de responsabilité, mais je vous en prie, NE PARLEZ PAS DE CE QUE VOUS NE CONNAISSEZ PAS ! Je sais ce qu'est la responsabilité et je l'assume. SI je fais une connerie, je peut aller en taule. Je le sais et je sais que la meilleure méthode pour ne pas avoir d'ennui est de faire mon métier de manière exemplaire.

Maintenant, parlons de centrales nucléaires appartenant au privé. L'accident le plus grave survenu à une centrale occidentale ? Three Miles Islands, centrale privée américaine. Les autorités de sûreté anglaise ont prôné la renationalisation des centrales privatisées et l'ont obtenues. Le temps de remettre la sûreté à niveau et ensuite elles ont été revendues, mais avec une convention d'exploitation beaucoup plus restrictive. L'autorité de sûreté canadienne a retiré sa licence d'exploitation à 6 centrales d'un coup (appartenant toutes au même exploitant privé). Les Allemands ont retiré 3 licences d'exploitation (je devrais dire 4, puisqu'une centrale ce l'ai vu retirer 2 fois). Et la moitié des centrales japonaises fut arrêté pendant 1 ans pour manquements graves à la sûreté... Pour l'instant en France, une seule mise en demeure et c'est EDF qui a signalé à l'ASN qu'ils pensaient qu'il y avait un problème dans cette centrale ...

Txomin a écrit :
P.S: A Narduccio, est-il vrai que dans un réseau électrique interconnecté, la défaillance du maillon le plus faible entraîne forcément des conséquences négatives (black out) pour tous ?

Non et oui. Cela dépend. Si les protections sont bien réglées, les zones saines se séparent du la zone à problème. C'est ce qui s'est passé pour l'Italie en 2003. Quand la ligne entre la Suisse et l'Italie à disjonctée, comme le réseau italien n'est pas parvenu à compenser, les disjoncteurs reliant la France à l'Italie se sont auverts et le réseau italien s'est écroulé. Si leurs protections avaient été réglées de manière plus fines, il est possible qu'une partie de l'Italie n'ai pas sombré dans le blackout, comme l'Alsace lors de l'incident réseau généralisé de décembre 79.
Quand les protections sont mal réglées, comme en Allemagne l'hiver dernier, le réseau continue d'alimenter la partie défaillante et ce sont d'autres régions (celles qui sont en déficit de production) qui vont se retrouver dans le noir.

Au fait, cet hiver, on n'a pas de garantie de pouvoir équilibrer l'offre et la demande sur le réseau européen. La marge est inférieure à 2000 MW sachant qu'un degré en moins, c'est 1000 MW de plus en consommation ... Mais, la France continuera d'exporter parce que le problème est dans la consommation d'autres pays. La bonne gestion par des privés fait qu'il vaut mieux faire en sorte que ce que l'on produit soit rare, ainsi le prix de vente sera plus cher et on maximise les bénéfices. La bonne gestion par le service privée est de produire de manière à couvrir tous les besoins et de vendre le moins cher possible ...


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Message Publié : 05 Déc 2007 18:21 
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Grégoire de Tours
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Dans le cadre de la politique du chemin de fer. La tarification des billets a-t-elle toujours été faite sur le cours du baril de pétrole avec moins de fluctuations? Peut-on dire cela? Et, la tarification des billets de trains a-t-elle un impact sur le développement rural?

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Message Publié : 24 Déc 2007 11:20 
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Plutarque
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- pour Répondre à Narduccio, il n'est pas question de la esposabilité des opérationnels au sein d'une centrale nucélaire. Heureusemet qu'il est responsable de ses actes dans l'entreprise EDF mais son homologue chez Electrabel l'est tout autant.

Il s'agit de la respnsabilité des décisionnaires, c'est à dire de ceux qui apportent les capitaux. Dans le cas d'une cntrale publique, les capitaux sont affectés via l'administration ou au mieux via le politique mais aucun de ces deux là n'a à supporter la moindre perte ou responsabilté en cas de défaillance lourde de conséquence.
En revanche, les actionnaires de Suez ont tout intérêt à ce que ses centrales soient parfaitement gérées car e cas de défailance couteuse, c'est eux qui en payent le prix.

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Message Publié : 24 Déc 2007 12:30 
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Txomin a écrit :
- pour Répondre à Narduccio, il n'est pas question de la esposabilité des opérationnels au sein d'une centrale nucélaire. Heureusemet qu'il est responsable de ses actes dans l'entreprise EDF mais son homologue chez Electrabel l'est tout autant.

Il s'agit de la respnsabilité des décisionnaires, c'est à dire de ceux qui apportent les capitaux. Dans le cas d'une cntrale publique, les capitaux sont affectés via l'administration ou au mieux via le politique mais aucun de ces deux là n'a à supporter la moindre perte ou responsabilté en cas de défaillance lourde de conséquence.
En revanche, les actionnaires de Suez ont tout intérêt à ce que ses centrales soient parfaitement gérées car e cas de défailance couteuse, c'est eux qui en payent le prix.


Nous avons tous en tête des exemples ou des actionnaires privés se sont dépêchés de vendre leurs actions à l'État quelques jours avant que l'on annonce qu'ils avaient pris de mauvaises décisions quelques temps avant ...

L'argument vaut à tous les coups. J'ai vu autant de mauvais gestionnaires au privé qu'au public. Ils jouent souvent avec l'argent des autres: les petits actionnaires dans un cas et l'argent de nos impôts dans l'autre. Mais, EDF rapportant des milliards d'euros à son actionnaire principal, il faut croire qu'elle n'a pas été si mal gérée que cela, même par des gestionnaires qui soit disant n'étaient pas responsables. Je dis bien "soit disant" parce que l'on ne devient pas gestionnaire d'une grosse entreprise publique par la grâce du saint esprit. On y est nommé et quoique l'on en dise; c'est un choix politique. Les politiques ont nommé en fonction des circonstances: soit des gestionnaires qui avaient fait leurs preuves dans d'autres entreprises, soit des "techniciens" ce qui veut souvent dire des personnels qui ont fait une partie de leur carrière dans le secteur concerné (privé ou public), soit des "politiques" (des personnes sélectionnés parce qu'ils avaient occupé tel ou tel poste). En fait, à l'usage, on se rend compte qu'il n'y a pas de solutions miracles et que le bon gestionnaire, c'est celui qui s'est s'entourer de personnels compétents qui sauront le guider dans ses décisions et surtout d'éviter les doctrinaires qui n'ont pas la souplesse nécessaire pour s'adapter aux circonstances. Bref: éviter tous ceux qui pensent en "noir et blanc", la réalité est rarement manichéenne.


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Message Publié : 26 Déc 2007 10:53 
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Philippe de Commines
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Inscription : 17 Mars 2004 23:16
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EDF est un très bon exemple de ce que peut être une intervention positive des pouvoirs publics dans l'économie.

L'Etat français a réussi là à imposer des choix de long terme (la prédominance de l'électricité nucléaire) qui ne coulaient pas de source (pour preuve la plupart des autres Etats ont fait des choix différents).

Le résultat, c'est aujourd'hui une électricité qui a un coût de revient bien plus faible en France qu'ailleurs en Europe.
Ce qui n'est pas sans poser problème. En effet, la "religion" de la concurrence en vigueur à la commission européenne conduit celle-ci à pousser à la hausse des tarifs en France pour que les autres électriciens soient compétitifs.
Même si on adoptait l'autre solution à l'étude et si on créait un marché européen de l'électricité, cela resterait défavorable aux consommateurs français dans la mesure où les consommateurs voisins tireront nos prix à la hausse.
Imaginez qu'on oblige les saoudiens ou les émiratis à payer leur essence sur la base d'un pétrole à 90 dollars le baril au motif que ce sont les prix du marché mondial.

Comme quoi :
- l'intervention économique dirigiste de l'Etat n'est pas forcément inefficace économiquement.
- la concurrence à tout crin ne profite pas forcément aux consommateurs (confère l'autre exemple des services de renseignements téléphoniques dont les prix se sont envolés, la qualité a baissé et la consommation s'est effondrée).
- il y a des secteurs qui sont des monopoles naturels où la concurrence éloigne de l'optimum économique.


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Message Publié : 26 Déc 2007 11:14 
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Plutarque
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Evidemment des choix publics peuvent être positifs, il faut raisoner en moyenne.

C'est le "contribuable-actionnaire" qui profite de bas couts d'EDF avec une valorisation boursière qui intègre ce avantage. Ce n'est effectivement plus le consommateur.

Toutefois, ce bas cout doit être augmenté de la police d'assurance implicite que supporte chaque français quant au risque d'acident. Le cout probabilisable d'un accident nucléaire est tout autre que celui supporté par les habitants d'une contrée à l'électricité fossile. Les assureurs refusent de couvrir ce risque, tous les contrats habitation excluent le risque nucléaire et de guerre.

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Message Publié : 26 Déc 2007 12:52 
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Txomin a écrit :
C'est le "contribuable-actionnaire" qui profite de bas couts d'EDF avec une valorisation boursière qui intègre ce avantage. Ce n'est effectivement plus le consommateur.


Totalement faux.

Qui a profité et qui profite encore de la politique tarifaire d'eDF ?
Qui a profité :
- L'Etat en tant qu'actionnaire et aussi pour diriger la politique économique du pays. Pour maintenir certaines industries en France, on leur a vendu l'électricité à prix coûtant. En fait, au prix du combustible, investissements exclus. Donc, 4 centimes le kWh à un moment ou le français moyen payait 1 franc le même kilowatt-heure.
- Les industriels concernés et leurs ouvriers qui n'ont pas été victimes de délocalisations vers le Canada ou l'Argentine.
- Les consommateurs qui tout en râlant ont bénéficié et bénéficient encore d'une des électricités les moins chères d'Europe.
- Les industriels du complexe électronucléaire. eDF ayant eu ordre de sous-traîter l'entretien de ses centrales. L'entretien annuel de 4 réacteurs nucléaires générant les mêmes profits annuels que la construction d'un réacteur. Cela a permit le maintien en France de compétences technologiques qui ont permit l'élaboration du programme EPR que l'on compte vendre un peu partout dans le monde. A certaines périodes, c'étaient d'ailleurs ces industriels qui définissaient le prix de leur prestation puisqu'ils avaient l'oreille des ministres concernés.

Maintenant, l'Europe a imposé une certaine transparence.

Il y a donc obligation de vendre l'électricité au prix du marché. Et comme par hasard, les délocalisations dont on nous menaçait n'ont pas eu lieu. Quelques rares industriels ont eu l'intuition de ne pas quitter le marché subventionné. Entre 2000 et 2003, ils ont payé leur électricité plus chère que leurs concurrents qui étaient allé sur le marché libre. Maintenant, c'est l'inverse.

Il y a obligation de respecter des règles de transparence pour l'attribution des marchés d'entretien. Après un moment ou la direction a essayé de faire fonctionner la concurrence, au vu des résultats et pour garantir la sûreté, elle préfère signer des contrats long-terme avec des acteurs qui garantissent que la formation de leurs personnels correspondra aux exigences du nucléaire. Quand je vois le boulot qu'ont fait certaines entreprises spécialisées dans l'entretien de la chimie ou de grandes industries, j'avoue me demander pourquoi qu'il n'y a pas plus souvent des accidents type AZF ...

L'Europe aimerait que le prix de vente de l'électricité soit fixé par le marché. Mais, lorsque les USA, le Canada ou l'Angleterre avaient suivi cette voie, on avait noté quelques tendances qui ont entrainé des incidents sur le réseau, dont des black-out. Le problème est simple: ce qui est rare est cher. Quand l'électricité est abondante, elle rapporte peu. Or, la politique énergétique des divers pays était de rechercher la sécurité de l'approvisionnement de leur marché intérieur. Il y avait une sur-production qui permettait de réaliser cela. Lors de l'ouverture du marché libre, cette surproduction a entrainé une baisse des tarifs. C'était le moyen de production le moins cher qui imposait son prix et c'était le nucléaire. Donc, très peu de profits pour les autres producteurs qui ont été tous rachetés par des groupes dont une bonne part de leur production était d'origine nucléaire. Mais depuis 2003, le marché s'est inversé, du fait du manque d'investissements réels réalisés (lorsque certains groupes ont réalisés des investissements entre 1999 et 2004, il s'agissait surtout de rachats de petits producteurs) le prix de vente de l'électricité augmente. Mais, pire, on va vers un système fortement sous-producteurs garantissant des prix élevés et des bénéfices juteux pour les actionnaires. Donc, oui actuellement, le contribuable-actionnaire et l'actionnaire "tout court" y gagnent, mais les autres consommateurs (gros industriels compris) commencent à sentir le poids de la facture et certains commencent à faire des investissements qui vont leur permettre de consommer moins.
Les consommateurs qui sont restés et qui resteront sur le marché "régulés" y gagnent aussi. Mais, les "Européens" cherchent des moyens pour faire rentrer tout le monde dans le rang.
L'État a perdu un outil de régulation de la politique économique et industrielle. Des politiciens de divers pays s'en plaignent parce que ce problème est identique dans chacun des pays européens, sauf l'Espagne qui du fait de son isolement relatif est un marché à part. Mais l'Europe veut que l'on tire les lignes nécessaire à faire cesser cette particularité. Plusieurs petits pays prennent peur parce que leur marché de l'électricité est contrôlé par de grands groupes étrangers. Ainsi, la France pourrait très bien décider d'utiliser la dépendance des Belges pour imposer des choix politiques dans la controverse entre les Flamands et les Wallons (le prix politique que paierait la France si elle utilisait une telle "arme" serait catastrophique pour celle-ci, mais cela n'empêche pas certains belges d'avoir peur qu'on utilise cette "arme").

Les observateurs du marché électrique européens tirent de plus et en plus de sonnettes d'alarmes et l'on se rend compte que les "cassandres" de 1990-1995 pourraient très bien avoir raison. L'électricité a atteint 150 €/MWh la semaine dernière. C'est un prix très exceptionnel a rapprocher aux 25€ de moyenne de 2002. Les bénéfices des producteurs seront juteux, d'ailleurs cela a permit à eDF d'inventer l'avance sur bénéfices pour aider l'État à boucler son budget.

Cela montre aussi une constante des 20 ou 30 dernières années. Les USA "guident" la politique mondiale, ils mettent en place des mécanismes 10 ou 15 ans avant nous. Il se trouve que la mise en place de ces mécanismes entraine des conséquences positives ou négatives. Le temps que l'on décide d'appliquer les mêmes mesures que les USA, on pourrait en profiter pour étudier comment ils ont fait, les difficultés rencontrées et les solutions apportées éventuellement pour restreindre certains dysfonctionnement.
Or, il n'en est rien. Par exemple: tandis que nous européens nous décidions de libérer le marché de l'électricité, plusieurs états américains "renationalisaient" de fait le leur. Cela aurait du mettre la puce à l'oreille de nos décideurs...


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Message Publié : 26 Déc 2007 18:44 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

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Tout à fait.

Cela illustre d'ailleurs le pragmatisme et la grande réactivité dont font preuve les gouvernants américains (cela tient en partie mais en partie seulement au fait qu'ils rendent des comptes à leurs électeurs) et le dogmatisme qui tourne parfois à l'entêtement obtus dont font preuve certains services de la commission européenne.

J'apporterai cependant une nuance pour sur ce qui concerne les bienfaits que retirerai le contribuable-actionnaire serait supposé retirer de la hausse des prix.

Une action, c'est un stock qui produit des revenus variables, d'autant plus variables que de nombreuses entreprises ont tendance à ne pas verser de dividendes importants parce qu'elles préfèrent faire monter le cours.

Le contribuable-actionnaire n'a entre les mains qu'une valeur virtuelle : il ne la touchera véritablement que le jour où il déciderait de vendre son action. C'est un fusil à un coup.

Or, parallélement, le même contribuable-actionnaire est aussi un consommateur qui, jusqu'au dernier jour de sa vie, aura besoin de consommer de l'électricité. Et si on impose certains mécanismes ayant pour effet d'aligner les prix sur le haut, le consommateur va en être sérieusement de sa poche. Je ne suis pas sûr que tous les consommateurs d'essence aient beaucoup gagné au phénomène récent de flambée des cours du pétrole, quand bien même ils seraient actionnaires de Total, de BP ou d'Esso.


Autre point où les choses me paraissent devoir être précisées : la notion de transparence.

Elle n'est en effet pas à confondre avec celle de concurrence.

Qu'on ait la vérité des prix et que ceux-ci soient globalement au minimum au coutant, c'est en effet une nécessité. Sinon, on fait financer par le contribuable un avantage compétitif indûment accordé au producteur national d'électricité.
En revanche, avoir une politique de tarification ciblée en direction de certains gros clients, par exemple dans une logique de politique industrielle nationale, ce n'est peut-être pas dans les canons du dogme tout concurrentiel mais ça peut être à la fois efficace et légitime.

Enfin, faire fixer les prix par le marché, c'est un principe qui reste assez vague. Il faut en préciser les modalités d'application. Et le problème est précisément de savoir de quel marché on parle.
Les consommateurs français dont les prix nationaux régulés ne sont pas inférieurs au coût de revient (cf. les bénéfices considérables d'EDF) doivent-ils se sacrifier sur l'autel du consommateur européen et pour cela payer plus cher leur électricité ? Politiquement comme économiquement, ça se discute.
Ca se discute d'autant plus que pour le coup, ce même consommateur français est aussi un contribuable-actionnaire et que c'est lui et lui seul qui a financé depuis des décennies la politique énergétique nucléaire de la France, lui seul qui a financé la construction et l'entretien des centrales nucléaires, lui seul qui a pris le pari risqué du quasi-tout nucléaire.

Alors que d'un autre côté, on a un certain nombre de pays qui ont mené une politique hostile à l'électricité nucléaire au nom d'une vision très discutable de l'écologie, et à qui il faudrait maintenant donner le beurre (une électricité à plus bas coût) et l'argent du beurre (pas d'investissements supplémentaires à effectuer chez eux et pas de centrales nucléaires implantées chez eux).

On peut être très partisan de la construction européenne et s'interroger sur une telle évolution. Chaque pays a négocié des exceptions pour ne pas se faire aussi caricaturalement plumer.


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Message Publié : 26 Déc 2007 19:35 
Hors-ligne
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Administrateur

Inscription : 15 Avr 2004 22:26
Message(s) : 15825
Localisation : Alsace, Zillisheim
J'ai les mêmes interrogations en tant qu'employé actionnaire. Les dividendes des actions que j'ai acquis ne compenseront jamais les non-augmentation de salaires pour augmenter la productivité ...

En fait, au delà du cas d'eDF se pose la question des investissements structuraux d'une politique économique. Surtout quand les données peuvent être contradictoires.

Prenons le désenclavement, on sait que la construction de moyens de circulation (et non seulement de transport) peut permettre à une région qui s'est retrouvée mise en dehors des flux économiques et commerciaux de retrouver une nouvelle jeunesse. Mais les choix techniques et financiers ne sont pas faciles à mettre en œuvre.
Les choix techniques peuvent être la construction de routes, d'autoroutes, de chemins ferroviaires, d'aéroports, de canaux. Des considérations géographiques conditionnent en partie ces choix. Mais, il faut aussi décider de comment on finance, qui finance, ...
Or, l'étude de cas concrets historiques montrent bien que la volonté politique est primordiale pour ces choix. Mais, les réponses peuvent être publiques ou privées.


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Message Publié : 27 Déc 2007 9:50 
Hors-ligne
Philippe de Commines
Philippe de Commines

Inscription : 17 Mars 2004 23:16
Message(s) : 1659
Tout à fait. Surtout que des moyens privés n'excluent nullement une intervention, une régulation et une orientation publique : confère tout le système des concessions et autres délégations de services publics.

Et si l'Etat impose aux entreprises privées des critères qui ne sont pas économiquement rentables, il peut verser une subvention de service public visant à compenser cette charge qu'une entreprise privée poursuivant des objectifs exclusivement privés n'aurait autrement pas assumée.


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