On parle beaucoup des délocalisations d'entreprises industrielles en ce moment. Logiquement elles ont toujours existé.
Mais quels en sont les exemples les plus flagrants avant les années 70 ?

D'industriels ayant fermé des usines pour les recréer dans des zones à bas salaires....

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Dans ces meubles laqués, rideaux et dais moroses,
Danse, aime, bleu laquais, ris d'oser des mots roses.

Charles Cros

Avant 1970, le terme de délocalisation concerne:
1/ Des entreprises étrangères qui viennent s'installer en France, pour bénéficier de salaires inférieurs et aussi pour vendre en Europe leurs produits. Les EU procèdent ainsi après guerre. Général Motors par exemple s'implante en Europe.
2/ autre mouvement de délocalisation, celui qui pousse des entreprises mal installées à Paris notamment, pour rejoindre en province des zones industrielles offrant de grands terrains et une main d'oeuvre bon marché. Paris va se vider progressivement de toute ses petites, moyennes entreprises artisanales et industrielles et même de grandes entreprises ( secteur automobile) au profit de sa banlieue en 1er puis de villes de plus en plus éloignées. Un organisme est créé par Pompidou en 1964 je crois, la Datar, pour amplifier cette décentralisation industrielle qui fait suite à l'ouvrage célèbre de Gravier: "Paris et le désert français". La France se couvre de zones industrielles.
On voit donc la délocalisation d'activités vivifier d'abord la banlieue, puis la province, les pays proches comme la Tunisie et maintenant les pays lointains.
Comment condamner ce mouvement qui répond au souci de ceux très nombreux qui dénoncent l'injustice au profit de l' Occident de la répartition des revenus dans le monde et réclament des mesures. Ils ont été entendus. Le mouvement est donc moral sous cet aspect, mais il crée un chomage élevé dans les couches les moins éduquées de la population qui perdent les emplois à leur mesure. Il n'y a plus d'emplois pour une partie de la population, un énorme défi.

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.

Et il n'y a plus d'emplois non plus pour les plus instruits..... Créer des filiales à l'étranger et y produire pour le marché local est une chose ...Clore totalement la fabrication ici pour ne conserver que la commercialisation : une autre....

Il me semble que la question porte sur une vision caricaturale de la délocalisation, à savoir celle qui veut profiter des bas coûts de main-d'œuvre et de sa forte densité. Dans les faits, les délocalisations peuvent avoir plusieurs motifs : des coûts de production plus faibles, certes, mais aussi l'attrait d'un marché où l'on souhaite s'implanter, ou la volonté de contourner des barrières d'un marché. Ce sont des formes d'investissement direct à l'étranger (IDE), n'impliquant pas forcément la réduction de l'activité dans le pays d'origine. La délocalisation au sens restreint (donc avec réduction de l'activité domestique) s'apparente à de l'externalisation : une filiale-atelier prend en charge une partie du processus de production dont se décharge l'entreprise-mère, pour des raisons de diminution de coûts de production.

La délocalisation au sens large date au moins du XIXe siècle quand des entreprises européennes créent des filiales extérieures, notamment dans le cadre du système colonial (donc éventuellement l'idée d'une délocalisation au sens large peut remonter plus haut, mais le terme me paraît anachronique). Cela concerne surtout les produits primaires, agricoles et miniers, et l'intérêt de la faiblesse des coûts de production est déjà exploité. Les investissements directs à l'étranger pour des productions de produits manufacturés sont plus récents, dans les années 1950-1960, notamment avec l'émergence des maquiladoras au nord du Mexique, puis celui des Nouveaux Pays Industrialisés, avant le développement des Zones économiques spéciales chinoises et autres zones franches. La réflexion sur ce phénomène dans les théories économiques me semble plutôt d'après 1950 avec le développement des théories du commerce international (par exemple les théories de cycle de produit).

Les délocalisations sont déjà lisibles dans la pensée de l'économiste Adam Smith et sa théorie des avantages absolus : il est prudent " de ne jamais essayer de faire chez soi la chose qui coûtera moins à acheter qu’à faire" et dans celle de Ricardo avec les avantages comparatifs.

Elle est surtout devenue possible grâce à plusieurs facteurs :

• Des moyens et réseaux de transports rapides, fiables et bon marché
• Une source d'énergie - pétrole - bon marché
• Une population de mieux en mieux instruite dans les pays émergent
• Une circulation des capitaux de plus en plus rapide

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Qui contrôle le passé contrôle l'avenir.
George Orwell

C'est un peu anachronique de parler de délocalisations (terme forgé dans les années 80-90) pour expliquer des faits antérieurs théorisés dans la thèse de Smith (même si je vous l'accorde le principe à la base est le même). Quant à la comparaison avec la décentralisation, c'est un contresens. La décentralisation est une démarche politique, pas économique. On décentralise le pouvoir et on déconcentre les administrations. La DATAR était un organisme d'État, dont le rôle était concevable qaund on parlait du Plan, des Métropoles d'équilibre, des Villes Nouvelles... On est bien loin et même aux antipodes de la main invisible de Smith.

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"Lisez, éclairez-vous, ce n'est que par la lecture qu'on fortifie son âme." - Voltaire
"Historia vero testis temporum, lux veritatis, vita memoriae, magistra vitae." De oratore - Cicéron

Les premières décisions d'aménagement du territoire par la volonté de l' Etat avant la création de la Datar, sont en France d'une part la mise en place d’une action gouvernementale en faveur de l’aménagement du territoire en 1950 et d'autre part un ensemble de mesures en 1957 intitulé Plan national d’aménagement du territoire.
Les deux notions de lois économiques de localisation des activités ( Adam Smith .. ) et d'action volontaire de l' Etat du type Datar, ne sont pas contradictoires. C'est pour éviter les erreurs et les inconvénients du laisser aller, tous autour de Paris et sur l'axe Marseille-Lyon ou près des bassins industriels existants, que la Datar ellaborera une doctrine et guidera la "décentralisation industrielle", affinant sa reflextion pour réussir les implantations. De nombreux échecs sont en effet apparus: défaut de main d 'oeuvre qualifiée ou de sous- traitants, manque d'enseignement supérieur pour les enfants, d'emploi pour l'épouse, poids des coûts de transport, difficulté à recruter des cadres, projets de chasseurs de prime ... On ne contrarie pas sans danger la nature, comme on le sait !
A partir des années 1985-90, il apparait que les entreprises ont leur propre logique, chacune la sienne, et que vouloir les obliger est illusoire et dangereux. Le concept d' aménagement du territoire perd de sa force, cependant que le plan est abandonné. Les départs à l'étranger s'accélèrent.
L'idée actuelle est de trouver des modes d'aide pour freiner les délocalisations, en étudiant chaque cas, d'adapter l'enseignement par exemple en professionnalisant davantage certaines filières, de redonner de l'intérêt à la création d'entreprises demeurant en tout ou partie en France. Il y a bien d'autres pistes.
L'enseignement est une donnée essentielle, comme la recherche fondamentale et la recherche technique.

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.

Vers 1860, l'industrie chimique mulhousienne se délocalise en Suisse à Bâle, à cause des lois françaises sur les brevets. De là naitront les grandes industries chimiques suisses.

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Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
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