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Message Publié : 24 Fév 2012 9:12 
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Jean Mabillon
Jean Mabillon

Inscription : 07 Sep 2008 15:55
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En étudiant les effets du blocus continental mais aussi l'enrichissement des villes portuaires atlantiques au XVIIIè siècle, je suis frappé par l'importance de la demande européenne pour les produits coloniaux, en particulier le sucre et le coton.

Pardonnez ma naïveté mais je vois mal la raison de cet engouement.

Quel peut bien être l'intérêt du sucre en dehors de la patisserie ? le coton est certes de meilleure qualité que la laine pour fabriquer des draps et moins cher que la soie - mais était il pour autant indispensable? sans oublier le café ou le chocolat, produits sympathiques mais parfaitement inutiles...

On lit parfois qu'en 1800 la moitié des Français vivaient en quasi-auto-suffisance consommant leur propre production et vendant de très faibles surplus - la proportion devait être bien supérieure pour les Russes !

Comment comprendre alors le choc qu'a constitué le blocus de 1806 et l'efficacté de la contrebande - qui témoigne de la volonté déterminée de nombreux consommateurs européens prêts à tout pour avoir du chocolat et du café sucré ?

Peut on parler d'addiction aux denrées coloniales ? faut il avoir une vision sociale distingant des classes supérieures indéfectiblement attachées aux produits de luxe et prêtes à tout pour s'en procurer ? ou bien ces produits étaient ils aussi massivement consommés par les classes moyennes voir populaires (au moins en ville) ? existait il en Europe avant la révolution industrielle une sorte de "société de consommation" avant l'heure qui n'imaginait pas de vivre sans sucre ni sans tissus de coton ?


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Message Publié : 24 Fév 2012 10:44 
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Inscription : 27 Avr 2004 17:38
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Localisation : Région Parisienne
Pff, il y a des tas de choses dont on peut se passer, comme la télévision ( je dis ça parce que je m'en passe très bien), le téléphone portable, les oranges, les tomates en hiver une foultitude de trucs qui n'existaient pas et qui paraissent aujourd'hui indispensables. Au début, il y a un effet de mode, et celui-ci se répand plus ou moins rapidement dans toutes les couches de la société.

_________________
Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)


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Message Publié : 24 Fév 2012 12:03 
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Jean Froissart
Jean Froissart

Inscription : 19 Fév 2011 17:03
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En ce qui concerne le sucre, il est indispensable pour faire les confitures.
Les confitures permettent de manger des fruits tout au long de l'année. S'il s'agit de ne les manger que frais, vous êtes en situation d'excédent (=> gaspillage et perte) au moment de la récolte, et rien le reste de l'année. Le sucre est donc au fruit ce que le sel est à la viande.
Aigle a écrit :
Quel peut bien être l'intérêt du sucre en dehors de la pâtisserie ?

J'ignore ce qu'il en était du besoin de pâtisserie des masses au XVIIIè siècle. Mais en tout cas, à la génération de mes parents et de mes arrières-grand-parents, il était bien supérieur au mien. Attention peut-être à ne pas chausser nos lunettes XXIè siècle. Pâtisserie n'est pas forcément viennoiserie ou macaron. Il y a deux générations, les brioches, pain d'épices, biscuits pesaient lourd dans le menu quotidien.

Ne nous y trompons pas: lorsque l'on a découvert le sucre de betterave dans nos contrées, cela a été une petite révolution.
Napoléon 1er a décoré Benjamin Delessert avec sa propre médaille de la légion d'honneur, c'est dire l'importance que revêtait ce progrès industriel dans le contexte du blocus continental. D'un produit rare, cher, importé des fameuses îles-à-sucre que l'on se disputait âprement, le sucre est devenu au XIXè un produit bon marché de grande consommation.

N'oubliez pas que, lorsque Voltaire tient le Canada et la Louisiane pour "quelques arpents de neige", c'est parce qu'en retour il tient pour vital à la France de renforcer sa présence aux Antilles.

Balzac évoque les comportements face au sucre dans Eugénie Grandet, qui continuent après le blocus. La clé de la réserve de sucre est détenue par M. Grandet. Il la sort une fois par jour pour que la cuisinière puisse prélever les quantités nécessaires à sa cuisine, et contrôle sévèrement la consommation.

Ceci dit, votre point relève la richesse de quelques ports. Un phénomène tout à fait marginal au plan de la consommation nationale peut suffire à l'enrichissement de tel ou tel point de débarquement. Idem pour le rhum, qui a enrichi les ports et dont les importations devaient pourtant être une goutte d'eau par rapport à la production intérieure d'alcools divers


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Message Publié : 24 Fév 2012 17:53 
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Jean Mabillon
Jean Mabillon

Inscription : 16 Jan 2010 19:18
Message(s) : 2953
Et cependant le sirop d'érable du Canada était aussi un délice....mais voilà le sieur Arouet avait placé ses actions aux Antilles et la face du monde en fut changée


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