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Message Publié : 08 Déc 2012 10:31 
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Eginhard
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C'était le bon temps...
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Message Publié : 08 Déc 2012 13:48 
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Admirable ! :mrgreen:

C'est grâce à ce type de documents que l'on mesure le chemin parcouru dans les libertés individuelles au cours du 20ème siècle.

Le plus impressionnant est l'âge des "juniors".

_________________
Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)


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Message Publié : 08 Déc 2012 14:21 
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Eginhard
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J'aime bien aussi les conditions de travail "presque utopiques" :rool:


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Message Publié : 08 Déc 2012 16:22 
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Philippe de Commines
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Diviacus a écrit :
J'aime bien aussi les conditions de travail "presque utopiques" :rool:


Merci :wink:

Votre document est extrêmement intéressant pour ne pas dire plus...Pourquoi ?

Parce qu'il est très révélateur des mentalités et du contexte en cette fin du XIX siècle.

2 - Même considérablement réduit le quota horaire de la semaine reste fort respectable
3 - 12 Point de laïcité en ce monde, ni de liberté de conscience
6 et 10 - 11 Au delà des conditions de travail et de confort minimales sont au frais de l'employé si toutefois on le lui autorise
7 - 8 - 9 - 12 On reste très proche de l'infantilisation
13 - Dernier paragraphe illustrant merveilleusement le niveau du rapport de force entre la direction et les employés

En résumé, au delà de la forte dimension familiale de l'histoire de Michelin nous sommes à une époque où règne encore un esprit très paternaliste, et je reste persuadé que les employés devaient s'en accommoder comme on finit par s’accommoder de la misère lorsque l'on n'a pas connu autre chose.

Je trouve ce sujet et cet exemple très instructif...encore merci

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> Le courage, c'est de comprendre sa propre vie... Le courage, c'est d'aimer la vie et de regarder la mort d'un regard tranquille... Le courage, c'est d'aller à l'idéal et de comprendre le réel.
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Message Publié : 08 Déc 2012 18:33 
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Eginhard
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D'autres réglements intérieurs de la même époque. Celui de Michelin ressemble étrangement à celui des Mines de l'Est. Celà devait être le modèle du MEDEF de l'époque... :wink:

Règlement intérieur des Mines de l'Est sur la période 1863-1872
1- Respect de Dieu, propreté et ponctualité sont les règles d'une maison bien ordonnée.
2- Dès maintenant, le personnel sera présent de 6 heures du matin à 6 heures du soir. Le dimanche est réservé au service religieux. Chaque matin, on dit la prière dans le bureau principal.
3- Chacun est tenu de faire des heures supplémentaires si la Direction le juge utile.
4- L'employé le plus ancien est responsable de la propreté des locaux. Les plus jeunes s'annoncent chez lui 40 minutes avant la prière et sont également à sa disposition en fin de journée.
5- L'habillement doit être simple. Le personnel ne doit pas se vêtir de couleurs claires et doit porter des bas convenables. Il est interdit de porter des caoutchoucs et manteaux dans les bureaux car le personnel dispose d'un fourneau. Exception sera faite en cas de mauvais temps pour les foulards et chapeaux. On recommande en outre d'apporter chaque jour, pendant l'hiver, quatre livres de charbon.
6- Il est interdit de parler pendant les heures de bureau. Un employé qui fume des cigares, prend des boissons alcooliques, fréquente des salles de billard ou des milieux politiques est suspect quant à son honneur, son honnêteté et sa correction.
7- Il est permis de prendre de la nourriture entre 11 heures 30 et 12 heures. Toutefois, le travail ne doit pas être interrompu.
8- Devant la clientèle, la Direction et les représentants de la presse, l'employé témoignera modestie et respect.
9- Chaque membre du personnel a le devoir de veiller au maintien de sa santé. En cas de maladie, le salaire ne sera pas versé. On recommande à chacun de mettre une bonne partie de son gain de côté afin qu'en cas d'incapacité de travail et dans sa vieillesse, il ne soit pas à la charge de la collectivité.
10- Pour terminer, nous attirons votre attention sur la générosité de ce nouveau règlement dont nous en attendons une augmentation considérable du travail.

Règlement intérieur pour les fileuses logées (Saint-Jean du Gard) - FIN XIXème siècle
Article 1 : Les fileuses doivent obéissance et soumission aux personnes chargées de les surveiller, tant à la maison qu'à la filature.
Article 2 : Au premier coup de sirène, c'est-à-dire à 5 heures et demie du matin, les fileuses devront se lever et procéder à leur toilette afin d'arriver à la filature 5 minutes avant le commencement du travail c'est-à-dire six heures précises.
Article 3 : Il est expressément défendu de manger ou de garder des comestibles dans le dortoir, qui seront désignées, à tour de rôle par la surveillante, pour balayer les locaux et vider les eaux sales.
Article 4 : Les fenêtres des dortoirs devront être tenues ouvertes pendant la journée ; les lits seront découverts pour permettre l'aération de la literie jusqu'à huit heures du matin.
Article 5 : Pendant le repos du matin, de 8 à neuf heures, chaque ouvrière devra faire son propre lit et secouer avec soin les draps et couvertures.
Article 6 : Pendant les repos, les ouvrières peuvent se promener et se distraire dans la cour attenante à leur logement ; elles ne doivent aller en ville que pour faire les achats qui leur sont indispensables, après en avoir obtenu l'autorisation de leur surveillante.
Article 7 : Il est absolument défendu d'aller en ville la nuit sous aucun prétexte. La porte de la maison donnant sur la rue sera fermée à 6 heures l'hiver, à 8 heures l'été, celles donnant sur la cour à 8 heures l'hiver, à 9 heures l'été. Celles qui, après les heures indiquées, iraient en ville sans autorisation préalable de Monsieur le Directeur, seraient congédiées et perdraient leur droit au voyage aller et retour.
Article 8 : Conformément à l'article 7 ci-dessus, seraient aussi renvoyées les ouvrières qui se feraient remarquer par une tenue et une conduite peu convenable.
Article 9 : Après 9 heures du soir, les lumières seront éteintes, tant au dortoir qu'au réfectoire et les ouvrières devront être couchées et garder le silence.
Article 10 : Les ouvrières doivent assister aux offices le dimanche et les jours fériés.
Article 11 : Toute infraction au nouveau règlement sera sévèrement réprimée soit par une amende, une corvée supplémentaire ou une exclusion.


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Message Publié : 08 Déc 2012 18:52 
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Pierre de L'Estoile
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Vous vous moquez mais à cette époque il n'y avait pas de chômage, l'économie se développait plus rapidement qu'aujourd'hui.
C'est grâce à ces règlements intérieurs et au travail de nos ancêtres que la France est devenue un pays riche.

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Le souvenir ne disparait pas, il s'endort seulement.
Epitaphe trouvée dans un cimetière des Alpes

La science de l'histoire est une digue qui s'oppose au torrent du temps.
Anne Comnène, princesse byzantine (1083-1148)

Le passé fait plus de mal que le présent
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Message Publié : 08 Déc 2012 18:55 
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Diviacus a écrit :
Article 1 : Les fileuses doivent obéissance et soumission aux personnes chargées de les surveiller, tant à la maison qu'à la filature.
Article 2 : Au premier coup de sirène, c'est-à-dire à 5 heures et demie du matin, les fileuses devront se lever et procéder à leur toilette afin d'arriver à la filature 5 minutes avant le commencement du travail c'est-à-dire six heures précises.
Article 3 : Il est expressément défendu de manger ou de garder des comestibles dans le dortoir, [....]
Article 10 : Les ouvrières doivent assister aux offices le dimanche et les jours fériés.

Voila le genre de documents à montrer aux militants anti-esclavagisme qui s'imaginent que la France a construit sa richesse sur le pillage colonial et le travail des esclaves.
En réalité, la richesse de la France s'est construite sur des décennies de travail forcé de ses travailleurs. Les conditions évoquées ici sont proches de l'esclavage : surveillance hors du travail, dortoirs, endoctrinement religieux, rappel de l'absence de régime de retraite... On peut aussi imaginer les abus d'autorité que pouvait se permettre la hiérarchie dans un tel contexte. Une pensée émue à ces femmes qui ont tant travaillé pour nous...
Au passage, on aimerait voir le règlement intérieur des usines chinoises actuelles... (Mes excuses pour le HS au delà de la limite chronologique.)

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Message Publié : 08 Déc 2012 19:45 
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Philippe de Commines
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Pouzet a écrit :
Vous vous moquez mais à cette époque il n'y avait pas de chômage, l'économie se développait plus rapidement qu'aujourd'hui.
C'est grâce à ces règlements intérieurs et au travail de nos ancêtres que la France est devenue un pays riche.


Je ne vais pas m'étendre sur ce genre de remarque mais je dirais plutôt "une certaine partie de la France est devenue riche" quant aux autres ils ont pu montrer que l'on avait une très grande marge de progression pour atteindre des conditions de vie, et donc de travail, meilleures.

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Message Publié : 09 Déc 2012 0:27 
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Salluste
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Nulle mention de ce qui se passe en cas d'accident du travail.

Mais on sait que la personne, à 99% du temps, se retrouvait non seulement invalide mais sans emploi... ou devant, pour survivre, accepter des emplois encore moins rémunérés que ce qui est mentionner dans les textes supra.

Période aussi où les conditions de travail ne se déroulent pas dans des endroits salubres, dénués de risques et apparition massive de "maladies dues au travail", ce qui a motivé les études d'épidémiologistes (anglo-saxons au départ), de l'apparition de la médecine du travail, études des agents toxiques, etc..

Effectivement: travail des enfants... à partir de 11 ans, y compris dans les mines où leur petite taille permettait d'accéder dans des endroits où les adultes ne passaient pas. dans les usines textiles, la finesse de leurs doigts et leur agilité étaient très utiles (mais très mal payées).
Clair que les "Tanguy" et autres crises d'adolescence prolongée étaient inconnus à cette époque et pour les milieux ouvriers et employés. :wink:

La rigueur des règles de travail des fileuses s'appliquaient aussi au personnel féminin domestique.
Petit "soucis": on fermait les yeux sur le patron (ou chef) qui avaient des.. vues" (rapprochées à très rapprochées) sur les demoiselles, mais on ne fermait pas les yeux sur les demoiselles (harcelées). Si il y avait "fruit": congédiées directement et sans autre forme de procès ou d'indemnité, avec le label "fille-mère" (donc débauchées).

Ce bel essor économique du XIXème des nations occidentales n'a pas été un essor pour tout le monde. :'(


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Message Publié : 09 Déc 2012 9:46 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

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On se plaint beaucoup aujourd'hui mais les conditions qu'ont connu nos ancêtres n'étaient pas faciles il faut le reconnaitre. ;)

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Message Publié : 09 Déc 2012 11:57 
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Marc Bloch
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Excellente votre remarque isatis que je je m'apprêtais à faire : malgré la bondieuserie dégoulinante des textes du réglement, cela n'empêchait pas certains patrons (pas tous !) d'avoir un véritable droit de cuissage sur le personnel féminin. En cas de grossesse, c'était bien sûr l'opprobre et le licenciement.

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Message Publié : 09 Déc 2012 12:15 
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Je pense à la chanson de Jacques Brel :"quelle vie ont eu nos grands parents, entre les champs (l'usine ?) et la grand messe..." ou encore "oui notre monsieur, oui notre bon maître..."
On imagine quels ont pu être les difficultés et les sacrifices des syndicats naissants : se syndiquer, c'était s'exclure du marché du travail... (On voit qu'un des règlements cî-dessus fait de la politique, et même de la fréquentation des bars, une cause de licenciement immédiat.)

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Message Publié : 09 Déc 2012 12:18 
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Pierre de L'Estoile
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C'est curieux en effet cette perpétuelle invocation de la religion chrétienne pour agir ensuite de façon fort peu charitable.
Après tout les mafiosi vont bien à la messe. :mrgreen:

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Message Publié : 09 Déc 2012 13:32 
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C'est à cette époque que l'Eglise s'est durablement coupée du monde ouvrier. Il suffit de voir la violence des sentiments anticléricaux manifestés au moment de la Commune : pour les ouvriers parisiens, l'Eglise était clairement du côté du pouvoir.

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Message Publié : 09 Déc 2012 17:53 
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Salluste
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Pouzet a écrit :
C'est curieux en effet cette perpétuelle invocation de la religion chrétienne pour agir ensuite de façon fort peu charitable.
Après tout les mafiosi vont bien à la messe. :mrgreen:


Est-ce que c'est ce genre d'attitude et d'exigences patronales qui aurait amené Karl Marx à déclarer que la "religion est l'opium du peuple"?
Remis dans le contexte de l'époque, sa remarque ne manque pas de pertinence.

Au niveau de la charité, revenons à Jacques Brel et ses "dames patronnesses", épouses des patrons, soulageant une bonne conscience chrétienne à coup de "tricot couleur caca d'oie pour reconnaître ses pauvres à soi". :wink:

Pensée de Didier Super: « Les églises c’est pour les gens qui ont des choses à se faire pardonner,
c’est donc normal que les pratiquants soient plus imparfaits que nous » :wink:


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