Mon père, qui a fait ses études à peu près en même temps que vous, est devenu assistant (enseignant-chercheur) à l'université (en chimie) en 1958 ou 59. Il me disait que c'est De Gaulle qui avait nettement réévalué les salaires des enseignants, salaires qui étaient ridiculement bas auparavant.

Depuis 75 à Besançon, pas de vols à l'arrachée en ville, mais augmentation de la délinquance (encore qu'on aurait tort de croire que les années 70 étaient si calmes que ça...) le centre-ville reste globalement sûr, par contre je confirme l'augmentation très visible du nombre de SDF, qui deviennent envahissants. En 75 il y avait quelques clochards, toujours les mêmes, que l'on connaissait de vue - avec un surnom pour certains - mais c'était un phénomène très marginal.

Un autre phénomène que je trouve frappant : la disparition - disons la diminution - de la vie collective : il ne reste que quelques rares "troquets de quartier" dans la Boucle (le centre ville ancien est inscrit dans une boucle du Doubs) je n'aperçois plus de scouts, les colonies de vacances ont pratiquement disparu alors qu'elles étaient générales dans les années 60. Mes enfants ont grandi sans expérience de la vie en collectivité. Par contre augmentation très nette du nombre d'étudiants, et les jeunes vivent volontiers en colocation, avec une facilité d'entente entre eux que je trouve impressionnante. Ils partent aussi volontiers en vacances ensemble. Disons que le collectif n'a plus les mêmes formes et a perdu son caractère d'intégration sociale des plus défavorisés.

Et évidemment appauvrissement des quartiers HLM, où se concentre l'augmentation de la délinquance. Pour avoir grandi dans un de ces quartiers, dans les années 60, je peux témoigner que la délinquance y était plus rare, et que les HLM étaient habités à cette époque par une bonne proportion de classes moyennes, qui les ont désertés depuis.

Les solidarités de voisinage ou de quartier ont disparu. Reste le solide maillage des associations de bénévoles impliquées dans la solidarité pour les plus pauvres, qui se sont développées mais ne suffisent pas à la tâche.

Au total il y a une cohésion sociale qui a régressé. Les individus sont plus seuls qu'avant et la vie est devenue beaucoup plus difficile pour les plus pauvres. Nicolas Baverez a écrit "les trente piteuses" pour décrire cette évolution depuis 75. Sur la dégradation des quartiers populaires il faut lire "Jours tranquilles à Belleville" de Thierry Jonquet, évocation très parlante de la montée de la pauvreté et de la délinquance observée au quotidien.

En fait le chômage de masse est apparu au moment du premier choc pétrolier et on n'en est pas sortis depuis. Phénomène soudain et brutal - je confirme vos chiffres, un million de chômeurs vers 75-78 - qui a mis fin sans discussion aux Trente Glorieuses. Pas étonnant que la population en ait gardé l'image d'une époque bénie, même s'il faut se méfier de cette vision rétrospective idyllique.

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Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)

Pour le pouvoir d'achat du Franc 1958 ?? Je vais dire : oui, au moins......Un exemple de prix 1958. Mes parents avaient enfin reçu les dommages de guerre pour reconstruire leur maison détruite en 1940 ,façade 8 mètres, profondeur 10 mètres: 3 pièces en rdc 1er étage 3 pièces 2ième étage 2pièces en façade ,grenier à l'arrière ...le sous sol est surélevé et donc "habitable" coût de la reconstruction 5 000 000 Francs anciens soit 50 000 "nouveaux " Francs.....une 2 Cv neuve valait environ 5 000 francs ,peut-être 4 800 si ma mémoire est bonne
Autre exemple de rémunération: en Algérie un aspi ADL ou s/s Lieutenant perçoit une solde avec primes d'environ 900 nouveaux Francs.Dans l'industrie pétrolière, un ingénieur issu de 'école de chimie de Strasbourg pouvait espérer percevoir au bout de quelques années en devenant responsable de bureau environ 9 000 Francs mensuels

Attention, il me semble qu'on est en train de tout mélanger : même si les concepts interfèrent les uns sur les autres, il ne faudrait pas mélanger "inégalité de revenus", "inégalité de patrimoine" et "pouvoir d'achat". Dire que les inégalités de revenus ont diminué durant les 30 Glorieuses n'est pas contradictoire avec les résultats des travaux de Pinketty sur les inégalités de patrimoine.

Si vous donnez 50 K€ à deux individus, et que le premier en profite pour s'acheter une grosse berline allemande, alors que le second achète un petit bien immobilier ou en profite pour ouvrir un plan d'assurance-vie, les deux voient bien leur pouvoir d'achat augmenter de 50 K€ mais c'est le second qui augmente son patrimoine.

De même, les inégalités de revenus peuvent se réduire et parallèlement le pouvoir d 'achat peut augmenter ou diminuer selon les biens, soit en raison de l'inflation, soit en raison des progrès techniques, soit en raison d'une raréfaction/abondance des biens. Le coût unitaire des communications téléphoniques ne cesse de diminuer alors même que les revenus moyens stagnent ou régressent en raison de la concurrence, de l'amortissement des investissements initiaux, des innovations technologiques. Donc sur ce poste, le pouvoir d'achat augmente. Quand le prix du baril de brut flambe votre pouvoir d'achat se réduit a revenu constant. Mais quand l'inflation est très forte, vous pouvez rembourser vos emprunts antérieurement souscrits (à taux fixe) en monnaie de singe... L'INSEE calcule d'ailleurs un indice de prix à la consommation qui est un panier de biens de consommation courante (on y trouvait pendant un moyen le paquet de cigarettes...)

Bon maintenant, on rajoute dans l'équation l'impôt et les revenus de transfert...Je ramasse les copies dans 1 heure

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"Lisez, éclairez-vous, ce n'est que par la lecture qu'on fortifie son âme." - Voltaire
"Historia vero testis temporum, lux veritatis, vita memoriae, magistra vitae." De oratore - Cicéron