Verbum a écrit : "Serait-il aussi utile et envisageable de lire Capitalisme, socialisme et démocratie, de Schumpeter ?"
Seulement un passage de la deuxième partie (sur cinq) concerne votre sujet. Cela dit, c'est le beau livre d'un franc-tireur cultivé, très intelligent, à contre-courant, insolent.
Il est faux : l'hostilité culturelle au capitalisme n'est pas telle qu'il se voit remplacé par le socialisme.
Cela dit, on peut soutenir sa thèse sous une forme atténuée : des éléments de socialisme sans cesse plus importants sont introduits, ce qui mène à une relative stagnation.
Là où il s'est trompé, c'est que cette socialisation ne va jamais jusque au bout, jusque au remplacement du capitalisme par le socialisme. Et aussi la stagnation suscite une réponse libérale : l'économie britannique est moins socialisée depuis Thatcher. En d'autres termes, non seulement on ne va jamais jusque au socialisme, mais en plus des reculs dans la socialisation peuvent se produire.
Pourquoi les événements l'ont-il démenti ? C'est assez facile à comprendre : l'électorat aime bien l'égalité et la sécurité, mais il aime bien la richesse aussi. C'est pourquoi il recule devant le socialisme, qui signifierait un appauvrissement considérable. Et que les force qui tendent à toujours plus de socialisme à l'intérieur du capitalisme (et donc vers une croissance faible) sont équilibrées par des forces qui tendent à aller vers un capitalisme relativement plus pur (et vers une croissance forte). Pour le dire autrement : aucun électorat n'a jamais majoritairement voté communiste, et, quand des gens comme Attlee ou Mitterrand ou ont été élus, ils n'ont pas été réélus ensuite, ou, s'ils l'ont été, c'est à condition de ne pas refaire la même politique.
De plus Schumpeter, actuellement, est un peu périmé : En matière économique, actuellement, la gauche n'est plus tellement socialisatrice, elle est surtout pro-endettement. Et ce ne sont pas tellement les intellectuels qui sont à gauche, ce sont les classes populaires.
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