Dans les années 80, pour mon DESS de productique, j'ai fait un stage à l'atelier des ailettes d'Alstom, atelier de mécanique qui fabriquait des aubes de turbines de toutes dimensions (turbines pour centrales, pour moteur CFM56 d'Airbus...) Il existe encore aujourd'hui et sa visite serait instructive sur la question. En tous cas un atelier de mécanique de pointe vu la complexité des formes usinées.
Le croiriez-vous : leurs CN 5 axes les plus récentes étaient... italiennes. Les Italiens ont longtemps été très présents dans les machines automatisées. J'ignore où ils en sont aujourd'hui. Une des raisons est le taux élevé d'automatisation de FIAT, qui palliait ainsi la mauvaise qualité de sa main d'oeuvre.
FIAT a connu quelques soucis au début des années 2000 en essayant une usine totalement automatisée. (tentative qui avait déjà valu des déboires sévères à GM dans les années 80, à la suite d'une intoxication japonaise destinée à faire croire que leurs prix bas étaient liés à un taux élevé d'automatisation.) Ce qui n'a pas empêché FIAT récemment de racheter Chrysler. - FIAT a été donné pour mort tous les 10 ans depuis 30 ans et s'est toujours relevé. D'une manière générale ça fait trente ans que j'entends qu'il y a un constructeur généraliste de trop en Europe, que le dernier de la classe va sauter, et que ça ne se produit pas.
Par contre on n'entend plus que les constructeurs non généralistes ne sont pas viables, faute d'effet d'échelle : la réussite de Porsche, Mercédès et BMW a clos le bec à tout le monde. L'idée n'est pourtant pas si folle, si on regarde ce qui est arrivé à Volvo, qui n'avait pas démérité et a dû se vendre à un constructeur... chinois, trop content de mettre la main sur un bureau d'études et une ingénierie "state of the art". Une interrogation sur ce "je ne sais quoi" si difficile à construire - et si facile à perdre - qu'on appelle l'image de marque. C'est cette image de marque qui permet à ces constructeurs de pratiquer des prix exorbitants, une facilité sans laquelle ils ne survivraient pas.
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De manière plus générale, les rentes publiques parasitent la productivité et l'ensemble des secteurs économiques français.
Mouais mouais... Il y a du vrai dans cette affirmation - on l'a vu par exemple avec le destin de BULL - mais il faut se méfier des explications idéologiques. Par exemple c'est bien Renault, constructeur nationalisé, qui a racheté et redressé Nissan - événement à peine croyable - et pas l'inverse. L'état, en la personne de Strauss-Kahn en l'occurrence, désolé, est un actionnaire avec un gros chéquier. De même on a vu que la nationalisation temporaire de grands groupes entre 81 et 93 avait permis de les recapitaliser et qu'ils ne s'en sont portés que mieux.
Pour ma part je me pose des questions sur les capacités entrepreneuriales du management français. Il y a visiblement un problème. Frilosité des patrons et plus encore des banquiers ? Je ne sais pas, mais il y a un souci.
Un éclairage un peu effrayant de la consanguinité des énarques et de leurs résultats chiffrés en tant que managers dans cet article du colonel Goya, au titre gentiment ironique :" Enrichissons nous de nos mutuelles ressemblances".
http://lavoiedelepee.blogspot.fr/2013/06/enrichissons-nous-de-nos-mutuelles.html?utm_source=feedburner&utm_medium=feed&utm_campaign=Feed:+LaVoieDeLpe+%28La+voie+de+l%27%C3%A9p%C3%A9e%29&utm_content=FaceBookJe suis largement HS et hors limites chronologiques.
Si il faut on déplacera cette discussion dans l'Agora.
Pour en revenir aux machines outils, j'ai l'impression que ce métier a besoin d'un écosystème dans lequel des grands frères industriels - très souvent des constructeurs automobiles - maintiennent un soutien indirect avec une base de commandes assurée d'avance. Dialogue mutuellement enrichissant, disons. Savoir pourquoi ça ne marche pas en France...