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Message Publié : 13 Mai 2014 17:17 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

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Depuis 1945 l'industrie française des machine-outils a connu un déclin vertigineux jusqu'à ne représenter plus grand chose aujourd'hui alors que l'industrie allemande des machine-outils a prospérer brillamment.
Comment expliquer ce déclin ?

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Message Publié : 13 Mai 2014 21:24 
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Si j'en crois le document suivant : http://www.ifrap.org/L-industrie-de-la-machine-outil-dans-les-annees-70,1314.html

Il y a eu 2 pierres d'achoppement. Le premier est le développement des commandes numériques dans les années 60-70. Les américains utilisaient le langage Fortran, mais ils ne distribuaient pas de licences pour l'utiliser à l'étranger. Donc, les français on développé leur propre langage de programmation. Puis, l’État s'en est mêlè et il a pris des initiatives en choix stratégiques pour aider au développement. Choix qui ont plombé la filière. La lecture du document est très intéressante.

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Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
Appelez-moi Charlie


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Message Publié : 14 Mai 2014 6:13 
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Pouzet a écrit :
Depuis 1945 l'industrie française des machine-outils a connu un déclin vertigineux jusqu'à ne représenter plus grand chose aujourd'hui alors que l'industrie allemande des machine-outils a prospérer brillamment.
Comment expliquer ce déclin ?

De manière plus générale, les rentes publiques parasitent la productivité et l'ensemble des secteurs économiques français.


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Message Publié : 14 Mai 2014 6:54 
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L'industrie de la machine-outil se porte à merveille en Suisse et en Allemagne parce que cette branche industrielle, contrairement par exemple à la chimie ou à la biotechnologie, a un besoin énorme de main d’œuvre qualifiée mais non universitaire. La machine-outils demande un savoir faire technologique comme l'horlogerie mais en plus une dextérité manuelle.

Ce manque de formation professionnelle est particulièrement visible dans toute l'Afrique.
En France l'apprentissage, donc une formation pratique dès la fin de l'école obligatoire, est encore mal perçu, comme en Belgique d'ailleurs. L'apprentissage est perçu comme une exploitation bon marché de la main d’œuvre en oubliant la richesse d'acquisition de connaissances.


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Message Publié : 14 Mai 2014 10:20 
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Dans les années 80, pour mon DESS de productique, j'ai fait un stage à l'atelier des ailettes d'Alstom, atelier de mécanique qui fabriquait des aubes de turbines de toutes dimensions (turbines pour centrales, pour moteur CFM56 d'Airbus...) Il existe encore aujourd'hui et sa visite serait instructive sur la question. En tous cas un atelier de mécanique de pointe vu la complexité des formes usinées.

Le croiriez-vous : leurs CN 5 axes les plus récentes étaient... italiennes. Les Italiens ont longtemps été très présents dans les machines automatisées. J'ignore où ils en sont aujourd'hui. Une des raisons est le taux élevé d'automatisation de FIAT, qui palliait ainsi la mauvaise qualité de sa main d'oeuvre.

FIAT a connu quelques soucis au début des années 2000 en essayant une usine totalement automatisée. (tentative qui avait déjà valu des déboires sévères à GM dans les années 80, à la suite d'une intoxication japonaise destinée à faire croire que leurs prix bas étaient liés à un taux élevé d'automatisation.) Ce qui n'a pas empêché FIAT récemment de racheter Chrysler. - FIAT a été donné pour mort tous les 10 ans depuis 30 ans et s'est toujours relevé. D'une manière générale ça fait trente ans que j'entends qu'il y a un constructeur généraliste de trop en Europe, que le dernier de la classe va sauter, et que ça ne se produit pas.

Par contre on n'entend plus que les constructeurs non généralistes ne sont pas viables, faute d'effet d'échelle : la réussite de Porsche, Mercédès et BMW a clos le bec à tout le monde. L'idée n'est pourtant pas si folle, si on regarde ce qui est arrivé à Volvo, qui n'avait pas démérité et a dû se vendre à un constructeur... chinois, trop content de mettre la main sur un bureau d'études et une ingénierie "state of the art". Une interrogation sur ce "je ne sais quoi" si difficile à construire - et si facile à perdre - qu'on appelle l'image de marque. C'est cette image de marque qui permet à ces constructeurs de pratiquer des prix exorbitants, une facilité sans laquelle ils ne survivraient pas.

Citer :
De manière plus générale, les rentes publiques parasitent la productivité et l'ensemble des secteurs économiques français.

Mouais mouais... Il y a du vrai dans cette affirmation - on l'a vu par exemple avec le destin de BULL - mais il faut se méfier des explications idéologiques. Par exemple c'est bien Renault, constructeur nationalisé, qui a racheté et redressé Nissan - événement à peine croyable - et pas l'inverse. L'état, en la personne de Strauss-Kahn en l'occurrence, désolé, est un actionnaire avec un gros chéquier. De même on a vu que la nationalisation temporaire de grands groupes entre 81 et 93 avait permis de les recapitaliser et qu'ils ne s'en sont portés que mieux.

Pour ma part je me pose des questions sur les capacités entrepreneuriales du management français. Il y a visiblement un problème. Frilosité des patrons et plus encore des banquiers ? Je ne sais pas, mais il y a un souci.

Un éclairage un peu effrayant de la consanguinité des énarques et de leurs résultats chiffrés en tant que managers dans cet article du colonel Goya, au titre gentiment ironique :" Enrichissons nous de nos mutuelles ressemblances".

http://lavoiedelepee.blogspot.fr/2013/06/enrichissons-nous-de-nos-mutuelles.html?utm_source=feedburner&utm_medium=feed&utm_campaign=Feed:+LaVoieDeLpe+%28La+voie+de+l%27%C3%A9p%C3%A9e%29&utm_content=FaceBook

Je suis largement HS et hors limites chronologiques. :oops: Si il faut on déplacera cette discussion dans l'Agora.

Pour en revenir aux machines outils, j'ai l'impression que ce métier a besoin d'un écosystème dans lequel des grands frères industriels - très souvent des constructeurs automobiles - maintiennent un soutien indirect avec une base de commandes assurée d'avance. Dialogue mutuellement enrichissant, disons. Savoir pourquoi ça ne marche pas en France... :?:

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Message Publié : 14 Mai 2014 12:15 
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Georges Duby
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Je me souviens encore d'un plan machines-outils, du ministère de l'Industrie, avec les mêmes remarques que plus haut, dans les années 70 et d'un autre en 1982. Mauvais signe. Il est connu que la machine-outil est notre point faible depuis très longtemps, effectivement. La France est au 12è ou 13è rang.
La principale raison de ce résultat est dans le peu d'intérêt des français pour l'industrie, activité soupçonnée de favoriser la fortune de ses dirigeants et de servir ses actionnaires, en "volant" (la plus-value marxiste) ses salariés. Aider l'Industrie est mal perçu. il y a aussi le peu d'appétence des jeunes pour le travail manuel: 70 % souhaitent devenir fonctionnaires. Le système d'enseignement est enfin hostile à l'apprentissage, perçu comme concurrent nuisible de l'Education nationale. A remarquer que ce secteur est en Allemagne le domaine d'entreprises familiales de taille moyenne aidées par l'Etat.
Concernant Renault et Nissan, la réussite de leur mariage est à mettre à l'actif d'un dirigeant exceptionnel, Carlos Ghosn qui a imaginé, managé et finalisé ce mariage, plus que d'un ministre.

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.


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Message Publié : 14 Mai 2014 13:54 
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Alain.g a écrit :
Concernant Renault et Nissan, la réussite de leur mariage est à mettre à l'actif d'un dirigeant exceptionnel, Carlos Ghosn qui a imaginé, managé et finalisé ce mariage, plus que d'un ministre.

C'est hors limite chronologique, puisqu'après 97, mais passons.

Non, en fait il s'agit d'une idée du dirigeant de l'époque de Renault, Louis Schweitzer, qui l'a proposée à Strauss-Kahn, qui a accepté la prise de risque, non négligeable. (Nissan était, et est encore, plus gros que Renault, et perdait pas mal d'argent.)

Carlos Ghosn a été recruté pour mener l'opération. Il était alors directeur de VAG Espagne, où il avait fait des étincelles tant sur le plan commercial qu'industriel. (Avec entre autre l'intégration de SEAT au groupe VAG.) Schweitzer le voulait lui et pas un autre. Il a pris la tête d'un groupe de 50 français (acheteurs, commerciaux et ingénieurs) envoyés au Japon pour mener à bien le redressement, un challenge impressionnant. Carlos Ghosn a réussi à ne pas froisser les cadres de Nissan, en les associant de près à la prise de décision, respectant ainsi la culture managériale japonaise. Dans l'esprit de Louis Schweitzer il était clair qu'en lui donnant cette responsabilité il se préparait un successeur.

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Message Publié : 14 Mai 2014 14:24 
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Pierre de L'Estoile
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Avant Renualt Ghosn était chez Michelin.

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« Étudiez comme si vous deviez vivre toujours ; vivez comme si vous deviez mourir demain. » Isidore de Séville


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Message Publié : 14 Mai 2014 14:37 
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Eginhard
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Narduccio a écrit :
Il y a eu 2 pierres d'achoppement. Le premier est le développement des commandes numériques dans les années 60-70. Les américains utilisaient le langage Fortran, mais ils ne distribuaient pas de licences pour l'utiliser à l'étranger. Donc, les français on développé leur propre langage de programmation. Puis, l’État s'en est mêlè et il a pris des initiatives en choix stratégiques pour aider au développement. Choix qui ont plombé la filière. La lecture du document est très intéressante.


Effectivement le lien est intéressant mais je n'ai pas les même conclusions que vous.

Le developpement des commandes numériques : il y a eu certes un retard pris par la France mais l'Allemagne a su très vite se rattraper.
La taille critique des entreprises : celles en Italie sont de tailles équivalentes à celle en France
Le choix stratégique de l'Etat : il y a eu quelques ratés mais il n'explique pas du tout ce déclin. D'autant plus que ses actions ne fût pas toujours inefficace.

Les raisons pour moi sont : l'incapacité des industriels à s'entendre, incapacité à rattraper son retard sur la commande numérique mais plus globalement à s'adapter (les prémisces remontent même un peu avant puisque la filière a de gros problème pour approvisionner l'industrie française), filière peu attrayante pour les meilleurs ingénieurs, déficit d'image ?, peu d'adossement à de grands groupes industriels et pourtant il n'en manque pas en France.


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Message Publié : 14 Mai 2014 15:04 
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Isidore a écrit :
Avant Renualt Ghosn était chez Michelin.

Vous avez raison, j'ai vérifié.

J'ai lu l'histoire de ce débauchage du patron de VAG Espagne dans l'Usine Nouvelle il y a déjà bien longtemps, je pense qu'il devait s'agir d'un autre membre de la task-force envoyée au japon, et que j'ai confondu.

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Message Publié : 14 Mai 2014 15:14 
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Pierma a écrit :
Les Italiens ont longtemps été très présents dans les machines automatisées. J'ignore où ils en sont aujourd'hui. Une des raisons est le taux élevé d'automatisation de FIAT, qui palliait ainsi la mauvaise qualité de sa main d'oeuvre.


Aujourd'hui il y a COMAU adossé à FIAT


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Message Publié : 14 Mai 2014 15:24 
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Relativisons, en 1939, pour soutenir l'effort de guerre, il fallait déjà acheter des machines outils à l'étranger. Le mal était profond, et ne s'est pas arrangé depuis.

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Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)


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Message Publié : 14 Mai 2014 15:32 
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Eginhard
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Jean-Marc Labat a écrit :
Relativisons, en 1939, pour soutenir l'effort de guerre, il fallait déjà acheter des machines outils à l'étranger. Le mal était profond, et ne s'est pas arrangé depuis.


Même en 1914.


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Message Publié : 14 Mai 2014 16:29 
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Grégoire de Tours
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Le bonapartiste a écrit :
Jean-Marc Labat a écrit :
Relativisons, en 1939, pour soutenir l'effort de guerre, il fallait déjà acheter des machines outils à l'étranger. Le mal était profond, et ne s'est pas arrangé depuis.


Même en 1914.



En 1914, la France a quand même perdu la partie de son territoire la plus industrielle.

Mais en effet, le mal est plus profond. Une interview récente (et donc hors-chronologique) sous-entendait que le problème de la France était qu'elle n'avait pas gardé une assise industrielle assez grande et diversifiée. Est-ce que certains confirment ce phénomène pour le XXe siècle?

_________________
Comme disaient les Kennedy, "faut pas se laisser abattre"


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Message Publié : 14 Mai 2014 16:41 
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Polybe
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Une rétrospective 1971 2011

http://www.huron.fr/upload/823146394Mac ... 202012.pdf

La France terre de machines-outils ?
http://www.usinenouvelle.com/article/la ... ls.N128400


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