Ce que j'ai décrit, vient de souvenirs de cours d'il y a très longtemps. Je n'ai pas de références.
Les lettres de change existent encore aujourd'hui. J'ai un peu travaillé sur un programme de traitement des billets à ordre, qui sont des sortes de lettres de change.
Le droit des lettres de change était coutumier, il fut fixé en France par l'Ordonnance de 1673. Cela est indiqué sur la page
http://www.lexinter.net/JF/lettre_de_change.htm qui donne d'autres informations précises.
Cette date de 1673 est de loin postérieure à l'époque qui vous intéresse, le 13e siècle. On parle souvent des lettres de change pour le Moyen Age, mais je n'en ai pas vues personnellement.
Voici comment le polonais Nicolas Copernic (mon avatar) et son frère ont réussi à obtenir de l'argent en Italie quand ils étaient étudiants :
En septembre 1499, une banque romaine leur prête 100 ducats, grâce à Bernard Sculteti, qui va écrire peu après une lettre à l'oncle des deux frères pour qu'il rembourse la somme à la banque de Poznan ou de Wroclaw. Seule la lettre de Sculteti à l'oncle a été conservée, donc tous les détails de cette opération ne sont pas connus, mais on peut les deviner. L'oncle est évêque du diocèse de Warmie en Pologne. Sculteti est un représentant de ce diocèse à Rome. La banque a donc accordé le prêt parce qu'elle a confiance en Sculteti. La communication se fait par lettres.
Un autre exemple réel est celui du jeune provençal, Nicolas Fabri de Peiresc, en voyage en Italie, mais pour lequel, j'ai encore moins d'informations :
La biographie de Peiresc par Gassendi raconte qu'en l'an 1600, Peiresc se trouve en Italie, et qu'il doit se rendre une fois par trimestre à Venise pour recevoir de l'argent grâce à des lettres de change. Ce qui est intéressant de noter, c'est que Peiresc n'a pas le choix de sa banque. Cela provient sûrement du fait que seule une certaine banque, à Venise, était en relation avec la banque à Aix de la famille de Peiresc qui finance ce voyage.
Dans ces deux cas, les familles sont riches. Le dicton "On ne prête qu'aux riches" est bien connu. Je ne pense pas qu'une famille pauvre pouvait utiliser des lettres de change. L'ancien régime est une société de classes, presque comme les castes en Inde. Les possibilités ne sont pas les mêmes pour tous les individus.
Par ailleurs, j'ai travaillé pour des banques, et j'ai un peu étudié l'histoire de la famille des banquiers Bamberger au 19e siècle. Ce qui est frappant et dont le grand public n'a pas toujours conscience, est l'importance du "réseau". Une banque n'est pratiquement jamais un bureau seul, mais dans presque tous les cas, est un réseau d'agences. La banque centralise, on pourrait dire mutualise, des demandes de placements et des demandes d'emprunts provenant de clients nombreux et différents. Ce que la banque obtient d'un côté, elle peut le redistribuer d'un autre côté, moyennant une commission au passage. C'est le principe général du fonctionnement des banques de tout temps.
Concernant la question de la garantie, il n'y en a pas à 100%. Les banques doivent toujours prendre des risques (
http://www.glossaire-international.com/ ... hange.html ), tout comme beaucoup d'autres entreprises.