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Frédéric Bastiat , Pétition des fabricants de chandelles
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Auteur :  tatsuya [ 17 Juil 2015 10:42 ]
Sujet du message :  Frédéric Bastiat , Pétition des fabricants de chandelles

Bonjour.

J'étudie actuellement le commerce international et suis tombé sur
le document fabuleux.

Je vous en donne l'extrait de Pétition dont le reste est disponible en ligne.

Code :

  Nous subissons l'intolérable concurrence d'un rival étranger placé dans des conditions tellement supérieures aux nôtres,pour la production de la lumière,qu'il en inonde notre marché national à un prix fabuleusement réduit;
 car,aussitôt qu'il se montre,notre vente cesse,tous les consommateurs s'adressent à lui,et une branche d'industrie française,dont les ramifications sont innombrables,est,tout à coup frapée de la stagnation la plus complète.Ce rival n'est autre que le soleil.

 Nous demandons qu'il vous plaise de faire une loi qui ordonne la fermeture de toutes fenêtres,lucarnes,abat-jour,contre-vents,volets,rideaux,vasistas,oeil-de-boeuf,stores,en un mot,de toutes ouvertures,trous,fentes et fissures par lesquelles la lumière du soleil a coutume de pénétrer dans les maisons,au préjudice des belles industries dont nous nous flattons d'avoir doté le pays.
...

Qu'avez-vous appris par ce texte emphatisé ?

Il s'agit d'un critique à l'économie isolationniste ?

Auteur :  Elgor [ 17 Juil 2015 11:01 ]
Sujet du message :  Re: Frédéric Bastiat , Pétition des fabricants de chandelles

c'est une critique du protectionnisme et une apologie du libre-échange

Auteur :  Oliviert [ 18 Juil 2015 6:36 ]
Sujet du message :  Re: Frédéric Bastiat , Pétition des fabricants de chandelles

Cet extrait peut être interprété de différentes manières selon le contexte.

Personnellement, je n'y vois pas une apologie du libre-échange, mais seulement des critiques :

- Perte de la prise en compte des phénomènes naturels, éloignement du monde réel.
- Trop de confiance dans les lois, pour résoudre des problèmes économiques.
- Refus de considérer l'intérêt des clients, et le bien général.

Auteur :  jibe [ 18 Juil 2015 10:12 ]
Sujet du message :  Re: Frédéric Bastiat , Pétition des fabricants de chandelles

Tout dépend de la date.

Auteur :  Barbetorte [ 19 Juil 2015 11:21 ]
Sujet du message :  Re: Frédéric Bastiat , Pétition des fabricants de chandelles

Il s'agit bien d'une démonstration par l'absurde en défense du libre-échangisme. Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fr%C3%A9d%C3%A9ric_Bastiat.

Dans le même genre, on trouve la célèbre proposition de Keynes : Si la Trésorerie remplissait de billets de banque quelques vieilles bouteilles, les enfouissait à une bonne profondeur dans des puits de mine abandonnés, remplis ensuite de détritus urbains, et laissait ensuite à l'entreprise privée, d'après les meilleurs principes du laissez faire, le soin de déterrer l'argent (en demandant, bien entendu, pour ce faire, des concessions sur les terrains à exploiter), il pourrait n'y avoir plus de chômage, et, avec l'aide des répercussions, le revenu réel de la communauté, et aussi son capital réel, deviendraient probablement sensiblement plus larges qu'ils ne sont aujourd'hui. Il serait, bien entendu, plus raisonnable de construire des maisons ou d'autres biens analogues. Mais, si des obstacles politiques et pratiques s'y opposent, la politique précédente serait mieux que rien.

paraphrasée par Warren Buffet : [L’or] est extrait du sol en Afrique ou ailleurs. Alors, on le fait fondre, on creuse un autre trou, on l’enterre encore et on paie des gens pour le surveiller.

Auteur :  Quintero [ 21 Juil 2015 21:44 ]
Sujet du message :  Re: Frédéric Bastiat , Pétition des fabricants de chandelles

Pour ce texte précis, je ne vois pas une apologie du libre-échange. Il y caricature ses adversaires les plus radicaux, ceux qui voulaient d'un protectionnisme sur - quasiment - l'ensemble des produits étrangers. Le libre-échange, c'est á dire une absence ou faible mise en place de protectionnismes, il n'en parle pas dans ce texte.

Auteur :  Barbetorte [ 21 Juil 2015 22:28 ]
Sujet du message :  Re: Frédéric Bastiat , Pétition des fabricants de chandelles

Quand on tourne le protectionnisme en ridicule, on fait l'éloge du libre-échange, non ?

Auteur :  Narduccio [ 22 Juil 2015 0:46 ]
Sujet du message :  Re: Frédéric Bastiat , Pétition des fabricants de chandelles

Barbetorte a écrit :
Quand on tourne le protectionnisme en ridicule, on fait l'éloge du libre-échange, non ?

Pour ceux qui voient le monde en noir et blanc, peut-être. Mais, c'est très réducteur comme vision.

Auteur :  Barbetorte [ 22 Juil 2015 10:43 ]
Sujet du message :  Re: Frédéric Bastiat , Pétition des fabricants de chandelles

Quintero a écrit :
Pour ce texte précis, je ne vois pas une apologie du libre-échange. Il y caricature ses adversaires les plus radicaux, ceux qui voulaient d'un protectionnisme sur - quasiment - l'ensemble des produits étrangers. Le libre-échange, c'est á dire une absence ou faible mise en place de protectionnismes, il n'en parle pas dans ce texte.
On ne trouve certes pas le mot libre-échange dans ce texte, mais il faut y reconnaître l'usage du procédé stylistique de l'adynaton. Frédéric Bastiat plaide pour le libre-échange en démontrant de façon hyperbolique l'absurdité du protectionnisme. Si ce n'est pas évident à la lecture du texte isolé, ce le devient une fois qu'on a pris connaissance de qui était son auteur et qu'on sait quand, pourquoi et pour qui il l'a écrit.

Narduccio a écrit :
Barbetorte a écrit :
Quand on tourne le protectionnisme en ridicule, on fait l'éloge du libre-échange, non ?

Pour ceux qui voient le monde en noir et blanc, peut-être. Mais, c'est très réducteur comme vision.
Le monde n'est peut-être pas tout en noir et blanc mais il est souvent polarisé : dénoncer l'absurdité d'une thèse revient à démontrer la validité de la thèse inverse. Si protectionnisme et libre-échangisme ne sont pas des notions opposées, j'aimerais bien qu'on m'explique quelle est la troisième voie entre les deux.

Auteur :  Maharbbal [ 23 Juil 2015 9:40 ]
Sujet du message :  Re: Frédéric Bastiat , Pétition des fabricants de chandelles

L'ouvrage de David Todd, L'Identité économique de la France, tourne autour de cette question et permet d'y répondre sans trop de problème.

Il s'agit effectivement d'un charge contre le protectionnisme en vogue depuis quelques années dans les milieux politiques français. Bastiat était un libre-échangiste convaincu. Les cyniques diront qu'ils ne faisait que défendre ses intérêts marchands — il venait effectivement du très anglophile sud-ouest, où les milieux marchands étaient très liés à la City.

La première moitié du 19e siècle est marqué par la fin du vieux mercantilisme (favoriser l'exportation) et par un repli vers le protectionnisme (défendre le pré carré économique). Le soleil dans cette parabole peut être, au choix, regardé comme l'Angleterre ou la Russie qui pouvaient exporter à beaucoup plus bas coûts des produits que les agriculteurs et les industriels français se faisaient forts eux-même de produire, mais à un prix plus élevé. Les producteurs français demandaient donc à cor et à cri des protections contre ces compétiteurs trop efficaces.

Dans un premier temps, les industriels surtout avaient utilisé l'argument du rattrapage. Ils admettaient la supériorité anglaise, mais ils promettaient qu'avec un peu de protection, ils pourraient bientôt égaler et même dépasser les Anglais. Il suffisait de moderniser l'économie du pays, se débarasser des vieilleries comme les fabriques rurales et se lancer à pieds joints dans l'ère industrielle. C'était l'affaire de quelques années, une décennie au plus (cf les arguments de Chaptal par exemple). Las, la majorité des secteurs, même après des decennies de protection se montrèrent totalement incapables de rivaliser avec les usines de Shieffield et Burmingham.

Voyant que l'argument commençait à vieillir, les industriels et certains grands propriétaires (les céréaliers en particuliers) se mirent à demander la mise en place de tarifs protecteur pour des raisons humanitaires. Leur argument connait encore aujourd'hui de nombreux partisans: les libre-échangistes prétendent défendre le consommateurs en lui assurant des prix bas, mais le consommateur est aussi un producteur qui risque de perdre son gagne-pain si les produits étrangers sont plus compétitifs que ceux qu'il produit. La compétition internationale serait donc naturellement dommageable pour la classe ouvrière.

Evidemment, les grands secteurs exportateurs comme la soie, l'ébenisterie, les cotonnades, ou le vin étaient vent-debout contre ce type d'arguments car de nombreux pays utilisaient les tarifs élevés par la France pour interdire l'entrée de leurs territoire aux produits français. Ces secteurs donnaient d'ailleurs allègrement des subsides aux économistes libéraux comme Bastiat, Molinari et Say.

On peut noter également que le soleil peut avoir une dimension religieuse. Bastiat était un catholique fervent (il avait été séminariste) et cette dimension ne lui a surement pas échappé. Vouloir interdire l'entrée de la lumière, dans une perspective chrétienne, fleure bon l'hérésie. Les catholiques, par nature universalistes, étaient d'ailleurs des alliés tout trouvé pour les libre-échangistes. Paradoxalement, il était aussi soutenu par Karl Marx himself qui voyait dans le protectionnisme une vulgaire manœuvre des bourgeoisies nationale pour protéger leurs intérêts et interrompre la marche du progrès.

Mais, comme Bastiat le remarquait lui-même, il ne faisait que défendre ce qui pourrait être contre ce qui était. La majorité de ceux qui aurait pu bénéficier du libre-échange ne le savait même pas alors que ceux qui allait en souffrir était parfaitement au courant de leur situation. Le résultat pour Bastiat fut une défaite à peu près complète de ses idées. La 2e République fut mené par le très protectionniste Thiers, Napoléon III suivit ses pas avant de tourner casaque au cours du "coup d'état commercial" de 1860 où il signa un accord de libre échange avec l'Angleterre, mais le retour de la république eu vite fait de refaire pencher la balance vers le protectionnisme, Thiers fait passer des tarifs dès 1872, puis en 1892 le tarif Méline construisit ce que certains des contemporains se plaisaient à appeler la forteresse France. En gros, Bastiat et son texte font partie des vaincus de l'histoire.

Auteur :  Quintero [ 24 Juil 2015 10:38 ]
Sujet du message :  Re: Frédéric Bastiat , Pétition des fabricants de chandelles

Barbetorte a écrit :
On ne trouve certes pas le mot libre-échange dans ce texte, mais il faut y reconnaître l'usage du procédé stylistique de l'adynaton. Frédéric Bastiat plaide pour le libre-échange en démontrant de façon hyperbolique l'absurdité du protectionnisme. Si ce n'est pas évident à la lecture du texte isolé, ce le devient une fois qu'on a pris connaissance de qui était son auteur et qu'on sait quand, pourquoi et pour qui il l'a écrit..

Tout dépend effectivement de l'intention. Par exemple aux Etats-Unis, pays peu fiscalisé, si un Président veut légérement augmenter une taxe, il est parfois traité de bolchévique.

Est-ce que Bastiat tente de s'adresser á des gens éclairés, dans quel cas son plaidoyer est inefficace. Ou bien tente t-il de maniére populiste d'influencer une partie de la masse en infériorisant les adversaires du libre-échange, vous pouvez avoir raison.

Dans tous les cas, son discours n'a pas prise sur quelqu'un de rationnel.

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