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Car sans intervention de l'Etat il n'y a pas de politique d'aménagement du territoire.
Et ce serait un mal? Je suis sans doute biaisé mais le nombre d'histoire horrible sur ce sujet que je connais suffisent à me vacciner pour longtemps contre l'aménagement du territoire. Sans même parler des problèmes de corruptions et autres déviances, il suffit de se pencher sur les problèmes liés aux villes nouvelles, aux politiques de zoning aux USA ou aux joies de l'urbanisme soviétique pour commencer à se poser des questions.
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L'intervention de l'Etat en matière de logement a eu à Lisbonne pour conséquence une dégradation du patrimoine urbain et donc des conditions de logement. La non-intervention de l'Etat a conduit à Rio les gens à se loger dans des favelas. Il n'est pas certain qu'on soit mieux logé à Rio qu'à Lisbonne.
Vous devez mal connaître le cas brésilien car il n'y a pas non-intervention de l'Etat. Les bidonvilles se déploient là où l'Etat cherche à interdire l'arrivée des migrants du Nord surtout. Interdit de rejoindre le marché légal à cause des barrières légales posées à leurs instalation, les gens se tournent vers les baraques.
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La dégradation de certaines grandes copropriétés en France apparues dès le début des années 1990 (à Clichy-sous-bois, Montfermeil, Mantes-la-Jolie, Toulouse pour les plus connues) ne résulte en rien d'une régulation des loyers. Si l'on voulait faire baisser de façon drastique les loyers, sans aucune régulation autoritaire de ceux-ci, il suffirait de supprimer les allocations logement, autre forme d'intervention de l'Etat.
Je ne comprend pas l'argument. Il est peu probable que l'Etat veuille faire baisser les loyer lorsque l'on connait l'importance de l'immobilier dans la balance financière des banques.
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L'actuel statut des baux commerciaux en France, issu d'un décret de 1953, trouve son origine dans une loi de 1909 qui, reconnaissant la propriété commerciale à côté de la propriété immobilière, a fait sauter un verrou tendant à bloquer l'initiative économique.
Donc l'Etat qui fait sauter un verrou qu'il a lui-même créé est une preuve de l'efficacité de l'Etat... imparable.
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Sauf à défendre l'idée d'une société ploutocratique plutôt que démocratique, on ne peut que reconnaître la nécessité d'un contrôle de l'Etat. Cela étant, des mesures autoritaires peuvent bien sûr être prises à mauvais escient. Mais ce n'est pas parce que des gouvernements prennent de mauvaises décisions qu'il faut supprimer les gouvernements.
Je ne défend pas une société sans lois, je ne suis pas totalement stupide (enfin si peut-être, mais si je le suis ça n'est pas une preuve dans ce sens). La question qui se pose est celle du rôle du gouvernement comme cornac de la société et de l'économie. Les contraintes spatiales sont extrêmement fortes, les coûts de construction très important, le marché de l'immobilier si on ne fait pas trop mumuse avec est l'un de ceux qui a le moins de risque de partir en sucette. Mais c'est aussi un levier politique ultra important donc le gouvernement ne peut pas s'empêcher de le tripoter.
Narduccio a écrit :
Le débat que l'on voit se développer sur cette discussion me semble excessivement binaire. On y oppose le non-contrôle des loyers à un contrôle excessif des loyers. Je rejoint Barbetorte, c'est est caricatural. Entre avoir soif ou me jeter dans le puits, il y a de nombreuses autres solutions.
Moi, je suis pour les débats binaires, d'autant plus que si vous regardez Porto ou Lisbonne la question se pose simplement: l'immeuble est-il en ruine, oui/non? La position est binaire parce que la question est binaire.
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La première question a se poser serrait de savoir pourquoi de nombreux gouvernements, toutes tendances confondues en sont souvent arrivées à mettre en place des réglementations des loyers. Si la situation était si idyllique que cela, pourquoi iraient-ils se fourvoyer dans cette galère ? A moins de penser que les membres de la Fonction d’État, des gouvernements et des diverses instances qui ont pris de telles décisions au fil des âges et des époques étaient des décérébrés ...
Outre le fait que c'est une mesure de redistribution qui coûte zéro à l'Etat? Si tu veux faire plaisir à l'électorat populaire (pour faire schématique) sans dépenser un kopeck c'est une excellente solution.
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Donc, le contrôle des loyers réponds à une certaine logique et il faut attendre la 4ème contribution pour que cela soit évoqué. Logiquement, cela aurait dû être évoqué dès la première réponse. Nous ne sommes pas ici sur un forum politique, mais bien sur un forum d'analyses historiques, on devrait élever le débat et éviter de faire en sorte qu'il reste bassement partisans. Effectivement, un mauvais contrôle, qui prive le marché de toutes libertés finit par avoir de mauvais résultats au fil du temps. En tout, l'excès nuit. De même, la liberté totale prive une partie de la population de tout espoir à avoir un logement décent. Quand c'est une part marginale de la population, cela reste acceptable. Quand on est astreint a évoquer la mise en place de mesures de contrôle des loyers, c'est que ce n'est plus marginal et que la pression publique devient trop importante sur le sujet. Ainsi, on a vu des gouvernements d'inspiration libérale mettre en place des politiques de contrôle des loyers, ou de contrôle de l'habitat. L'honnêteté intellectuelle voudrait que l'on tienne compte de cela.
Point taken... but... Si on réfléchi en termes macroéconomiques une seconde, il y a d'autres arguments importants permettant d'expliquer de telles politique. Par exemple: la hausse des loyers est une mauvaise nouvelle pour les gouvernements lourdement impliqués dans la production de biens et de service, comme par exemple la France. Ça force à dépenser plus en salaire et ça incite les habitants à dépenser plus et donc ça fouette l'inflation et ça déprécie la monnaie (parce que des trucs doivent être importés pour construire, ne serait-ce que du pétrole) et donc ça tape le gouvernement au porte monnaie deux fois (augmentation des salaires, diminution du pouvoir d'achat de la monnaie nationale). Et le double effet kisskool, le gouvernement il est pas fan. Ce n'est pas tout à fait un hasard que la loi de 48 ait été prise en 48, au moment où le gouvernement essayait de remplacer une part de la consommation intérieure par des exportations pour faire rentrer plus de dollars. J'admet tout de suite ne pas avoir de preuves tangibles de ce que j'avance, mais théoriquement, ça colle.
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Ainsi, aux USA, l'une des lois de contrôle des loyers est mise en place par Nixon ... Et je pense qu'on est d'accord pour dire qu'il ne s'agit pas d'un dangereux communiste ou de quelqu'un qui prônait la sociabilisation de l'économie.
Je ne suis pas sûr d'être d'accord là. Nixon était un keynésien bon teint.
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La réalité est que si le centre-ville des pays très restrictifs en ce qui concerne le contrôle des loyers semble à l'abandon, c'est aussi le cas de certains centre-villes de pays qui ne possèdent pas de contrôle des loyers ...
Ah bon? Il y a beaucoup de centre-ville de pays ayant connu comme au Portugal un demi siècle de croissance économique et démographique ininterrompue et qui sont à l'abandon? Exemple?
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Parfois, il faut aussi faire la part de l'urbanisme, si la ville ne s'est pas développée de manière harmonieuse, l'accès à certains quartiers devient ardu et ceux qui en ont les moyens désertent ces quartiers pour aller vers de meilleures conditions de vie. Le meilleure moyen de rendre la vie dans un quartier difficile est de faire en sorte qu'il ne soit pas vivable par manque d'aménagements urbains. Or, cela n'est possible que si la communauté accpete de mutualiser de l'argent pour satisfaire ces besoins.
Personnellement, j'aurai tendance à dire non. Si tu n'aimes pas la situation urbaine dans une ville donnée, tu vas construire ton logement ailleurs, la terre est vaste. Je me permet de rappeler l'exemple du Marais à Paris ou celui du Panier à Marseille, considérés comme peu "harmonieux" ils ont été passé au bulldozer par nos amis en uniformes noir, puis dans le cas de Paris, le gouvernement a décidé de suivre le mouvement de de finir le travail. Après tout, le Marais était consitué de petites rues mal alignées, impraticables et d'immeubles vétustes, personne ne pouvait imaginer que quoique ce soit de bon n'en sorte jamais. Ils se trompaient un tout petit peu... C'est là le problème, trois tétards du ministère même avec un cœur et un cerveau comme ça ne pourront jamais prendre une bonne décision, pas d'urbanisme sans hubris. Le cas des villes chinoises à l'abandon étant un exemple parfait, mais que l'on pourrait multiplier presque à l'infini.
A mon sens, il y a une erreur clef dans ce type de rationalisations: le territoire est fétichisé et le caractère mobile de l'être humain est totalement oublié. Pour le dire simplement, on peut toujours déménager! C'est quand même plus simple de prendre ses clics et ses clacs et de changer de crèmerie (quartier, ville, pays) que de faire table rase au bulldozer et de tout reconstruire. Bien sûr, c'est déchirant de devoir quitter SA rue, SON quartier ou SA ville, mais au fond, ce n'est pas un grand prix à payer quand il s'agit d'éviter de rejouer Mains sur la ville et de conserver sa liberté.