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De la psychanalyse à la publicité
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Auteur :  AnonymeJ [ 29 Déc 2017 10:31 ]
Sujet du message :  Re: De la psychanalyse à la publicité

Quant à "l'affaire" Michel Chasles, ce n'est pas de la manipulation, c'est un mensonge et une affaire de faux, c'est très différent. Rien à voir avec Gustave Le Bon, Joseph Goebbels, Edwaerd Bernays, Freud ou la publicité au XXeme siècle.

Les comparaisons fallacieuses, ca c'est de la manipulation ;)

Auteur :  Vézère [ 29 Déc 2017 11:10 ]
Sujet du message :  Re: De la psychanalyse à la publicité

Jefferson a écrit :
Je sais que la femme nue pour me vendre une lessive ne m'affectera pas, je sais que tout ce qui précède "mais..." n'a aucun intérêt, je sais que si quelqu'un me dit "tout le monde sait que..." tout ce qui suivra est un tissu de mensonges, je sais que si le vendeur me met la main sur le bras en me démontrant les qualités d'un produit, j'ai deux fois plus de chances de l'acheter [..] etc.

Eh bien en tous cas vous affichez une rafraîchissante confiance en vous, tant mieux. En ce qui me concerne, je saurais plutôt que "je ne sais rien", comme disait l'autre.
Et observez que je n'ai pas fait de comparaison fallacieuse avec Michel Chasles, j'ai juste rappelé en anecdote que de grands sachants sont trompés aussi bien que les petites gens. La manipulation est donc de votre côté :mrgreen:

Auteur :  A 25 [ 29 Déc 2017 11:33 ]
Sujet du message :  Re: De la psychanalyse à la publicité

Jean Gabin avait écrit une chanson sur le fait qu'il ne savait qu'une chose, à savoir qu'il ne savait rien ... Un peu de méfiance et un peu d'humilité ne sont jamais inutiles dans la vie...

Un autre livre sur la publicité (99 francs de Beigbeder) explique plus simplement que les filles "sublimes" quasi nues des publicités et le choix de lieux de tournage exotiques ont souvent pour raison d'être... de fournir aux "créatifs" des vacances exotiques ... et érotiques (les filles en question étant peu farouches et sachant très bien que leur rémunération n'est extravagante que pour cette raison).

La présence de nombreuses et charmantes "hôtesses" dans de multiples événements professionnels a priori sans connotation érotique fait question aussi ...

Pour revenir à Freud, il avait un rapport malsain avec l'argent. Ne préconisait il le paiement en liquide ? ne privilégiait il pas la psychanalyse d'abord comme tournée vers des clients fortunés ?

Auteur :  Vézère [ 29 Déc 2017 11:46 ]
Sujet du message :  Re: De la psychanalyse à la publicité

Sinon, pour revenir au sujet, les publicitaires le message des publicitaires est plus ou moins subtil selon qu'il s'agit de vendre un produit situé en haut ou en bas de la pyramide de Maslow.
Pour les besoins primaires -se loger, se nourrir, se reproduire- j'ai l'impression que les mécanismes freudiens de stimulis, de désirs, d'objections, de refoulement, de projection etc. etc. peuvent jouer à plein.
Par contre, pour les besoins très complexes d'accomplissement de soi ou de reconnaissance, il doit y avoir foultitude de paramètres et ça m'étonnerait que l'on arrive à rationaliser scientifiquement.

Je dois m'arrêter là car je ne connais hélas rien de rien à la psychanalyse.
Un petit peu plus confortable en marketing, en sociologie des organisations et en théorie des groupes. Je repasserai si la discussion va dans cette direction.

Auteur :  AnonymeJ [ 29 Déc 2017 12:23 ]
Sujet du message :  Re: De la psychanalyse à la publicité

Vézère a écrit :
Jefferson a écrit :
Je sais que la femme nue pour me vendre une lessive ne m'affectera pas, je sais que tout ce qui précède "mais..." n'a aucun intérêt, je sais que si quelqu'un me dit "tout le monde sait que..." tout ce qui suivra est un tissu de mensonges, je sais que si le vendeur me met la main sur le bras en me démontrant les qualités d'un produit, j'ai deux fois plus de chances de l'acheter [..] etc.

Eh bien en tous cas vous affichez une rafraîchissante confiance en vous, tant mieux. En ce qui me concerne, je saurais plutôt que "je ne sais rien", comme disait l'autre.
Et observez que je n'ai pas fait de comparaison fallacieuse avec Michel Chasles, j'ai juste rappelé en anecdote que de grands sachants sont trompés aussi bien que les petites gens. La manipulation est donc de votre côté :mrgreen:


la "comparaison fallacieuse" était une boutade ;)

En revanche, votre "En ce qui me concerne, je saurais plutôt que "je ne sais rien", comme disait l'autre" est un procédé manipulatoire authentique. En rhétorique, on appelle ce procédé captatio benevolentiae : s'attirer la bienveillance de l'auditoire en exprimant sa modestie, sa probité - avec en plus "comme disait l'autre" comme argument d'autorité, cet autre étant rien moins que Socrate (par l'intermédiaire de Platon) ! Du coup, vous me faites passer pour un orgueilleux ayant une trop haute opinion de ses compétences. Vous me décrédibilisez en ayant l'air de ne pas y toucher.

La manipulation survient là où on ne l'attend pas, mon cher ;)

Il est même très possible que vous n'en ayez pas eu conscience.

Umberto Eco avait théorisé la captatio malevolentiae, l'inverse de la précédente : un docte enseignant qui lancerait à son assemblée de disciples : "ce que je vais expliquer est tellement complexe que la plupart d'entre vous ne sont même pas foutus d'en comprendre un traître mot. Je vais parler pour les deux ou trois futés du groupe, les autres peuvent s'endormir".

Forcément, la plupart des membres de l'auditoire se considéreraient parmi les "deux ou trois futés" et seraient flattés :)

Auteur :  Narduccio [ 29 Déc 2017 13:24 ]
Sujet du message :  Re: De la psychanalyse à la publicité

Jefferson a écrit :
Quant à "l'affaire" Michel Chasles, ce n'est pas de la manipulation, c'est un mensonge et une affaire de faux, c'est très différent. Rien à voir avec Gustave Le Bon, Joseph Goebbels, Edwaerd Bernays, Freud ou la publicité au XXeme siècle.

Les comparaisons fallacieuses, ca c'est de la manipulation ;)


Pas tout à fait d'accord. Oui, il y a une affaire de faux, mais la base de cette histoire, c'est bien la crédulité d'un "savant" quand il est en-dehors de son domaine de compétence. Or, aussi intelligents et savants que nous puissions être dans notre domaine de compétence, nous ne pouvons pas être compétents en tout. Il faudrait être costaud pour me manipuler à l'intérieur de mon domaine de compétence, et je me suis rendu compte que dans ce domaine, je pouvais assez facilement manipuler des béotiens. Je ne le fait pas parce que j'ai une certaine éthique et parce que je considère que lorsque l'on travaille pour garantir la sécurité des intervenants, on n'a pas le droit de faire certaines choses.

Mais, de mon expérience, je retiens que tout le monde est manipulable et cela ce voit tout les jours dans bien des domaines. Par exemple, on sait que le nombre de cancers augmente depuis au moins 1970 en France. Mais, dans de nombreuses régions, il n'y a eût de registres d'inscriptions des cancers qu'à partir des années 1987-90 (suite à l'accident de Tchernobyl). Il y a eu une étude qui a montré que dans de nombreuses régions, les médecins pensaient que l'augmentation du nombre de cancers dataient de 1986 (et donc de Tchernobyl). Ils s'appuient sur le fait que cela se suit très bien dans leur région dans les registres départementaux qui indiquent bien une augmentation constante depuis cette date-là ... Mais, ils ne tiennent pas compte du fait que ces registres n'existaient pas avant et qu'ils n'ont été généralisés qu'après. Nous avons donc là des gens qui sont "à l'intérieur" de ce qui devrait être leur domaine de compétence, mais qui par paresse intellectuelle, ou par endoctrinement croient dans des choses erronées et qui appuient parfois un engagement militant sur des données erronées ...

Tout le monde, ou presque peut être manipulé, mais cela est plus ou moins difficile en fonction des moyens qu'il met en place pour ne pas l'être.

Je trouve un peu dommage que l'on limite le sujet du fil à la psychanalyse. Effectivement, quelques chercheurs qui avaient des connaissances en psychanalyse ont effectivement fait des études au sujet des manipulations (qu'elles soient de masse ou pas) et ils ont théorisé certaines choses qui étaient parfois déjà connues de manière empirique. Des théoriciens de diverses branches, marketing, mas aussi des sociologues, ethnologues, biologistes, ... ont cherché les fondements de la manipulation. Soit pour donner à certains (commerçants, industriels, hommes politiques, ...) des outils pour manipuler les gens, soit pour donner à d'autres, des outils pour lutter contre la manipulation.

Maintenant quelques clefs pour dépasser le cadre strict de ce fil. Premièrement connaissez-vous Arthur Schopenhauer, si oui, vous trouverez dans son œuvre des éléments pour imposer votre point de vue, donc manipuler vos vis-à-vis Pour une approche plus ludique, on peut voir le film Le Brio avec Daniel Auteuil, où on peut voir l'utilisation de certains des outils de Schopenhauer.

Historiquement parlant, l'un des premiers exemples écrits que l'on connaisse de manipulation est la Guerre des Gaules de Jules César. C'est un écrit qui raconte des faits et des observations, mais c'est un écrit réalisé pour défendre le point de vue de César devant le Sénat romain. Il est très bien réalisé, dans le sens où l'on ne décèle qu'avec difficultés les éventuelles omissions, ou arrangements avec la réalité de César. Dans le même temps, c'est un formidable outil ethnologique pour la compréhension de la situation en Gaulle à l'époque de la Conquête ... Si on arrive à garder en tête que César présente certains évènements selon une vision partiale. Il dit la vérité, il ne dit peut-être pas toute la vérité, et il ne dit pas seulement la vérité ...

Et pour remonter encore plus dans le temps, mais avec une théorie récente ... Je vous renvoie pour cela à l'article présent en page 92-94 du numéro de janvier 2018 de Pour la Science. Le titre de l'article de Hervé Le Guyader est "L'homme s'est-il autodomestiqué ?" En fait, si on compare l'homme moderne avec les humains archaïques, on retrouve certains des traits typiques qui séparent les animaux domestiques des souches sauvages dont ils sont issus. Cette domestication de l'homme par l'homme aurait ouvert la voie à la sociabilisation des humains, et donc à l'une des caractéristiques propres à notre espèce. Or, la sociabilisation ne suppose-t-elle pas une certaine manipulation des humains les uns par rapport aux autres ?

Auteur :  Hugues de Hador [ 29 Déc 2017 13:32 ]
Sujet du message :  Re: De la psychanalyse à la publicité

Vézère a écrit :
Sinon, pour revenir au sujet, les publicitaires le message des publicitaires est plus ou moins subtil selon qu'il s'agit de vendre un produit situé en haut ou en bas de la pyramide de Maslow.
Pour les besoins primaires -se loger, se nourrir, se reproduire- j'ai l'impression que les mécanismes freudiens de stimulis, de désirs, d'objections, de refoulement, de projection etc. etc. peuvent jouer à plein.
Par contre, pour les besoins très complexes d'accomplissement de soi ou de reconnaissance, il doit y avoir foultitude de paramètres et ça m'étonnerait que l'on arrive à rationaliser scientifiquement.


Et moi, je ne parle pas de la manipulation télévisuelle (qui est, somme toute, assez passive).
Moi je parle de la manipulation verbale dans le cadre d'un entretient avec un vendeur (banques, magasins, assurances).

Participez à une "formation commerciale" et "techniques de ventes", vous serez très surpris de la rationalisation d'un entretient que l'on vous apprend à conduire pour vendre et pour ce faire, on vous apprendra quelques notions de psychologie pour analyser votre client et mieux le cerner.

Tombez sur un "commercial" particulièrement doué et qui a bien digéré sa formation , vous serez étonné du niveau de manipulation qu'il met en place :mrgreen: :mrgreen: . y résister demandera un certain effort d'analyse et de recul.

Bien à vous.

Auteur :  Vézère [ 29 Déc 2017 13:42 ]
Sujet du message :  Re: De la psychanalyse à la publicité

Jefferson a écrit :
Quant à "l'affaire" Michel Chasles, ce n'est pas de la manipulation, c'est un mensonge et une affaire de faux, c'est très différent

Non.
Désolé de revenir à ce hors-sujet, mais j'aurais du répondre sur ce point au lieu de digresser avec légèreté.
Narduccio a écrit :
Pas tout à fait d'accord. Oui, il y a une affaire de faux, mais la base de cette histoire, c'est bien la crédulité d'un "savant" quand il est en-dehors de son domaine de compétence.

Ce n'est que très lointainement une affaire de faux. Qu'un membre de l'Institut puisse acheter -cher- une lettre autographe de Caïn qui menace Abel, écrite en vieux françois, la qualité du faux n'y est pour rien. De même, on ne peut plus parler de mensonge.
Ce qui a été montré au procès, c'est que M. Chasles a cru son escroc parce qu'il avait envie d'y croire, et qu'il n'avait jamais été aussi heureux qu'en y croyant. On est dans le domaine de la manipulation mentale et dans l'assouvissement des désirs.

Auteur :  Narduccio [ 29 Déc 2017 13:56 ]
Sujet du message :  Re: De la psychanalyse à la publicité

Hugues de Hador a écrit :
Vézère a écrit :
Sinon, pour revenir au sujet, les publicitaires le message des publicitaires est plus ou moins subtil selon qu'il s'agit de vendre un produit situé en haut ou en bas de la pyramide de Maslow.
Pour les besoins primaires -se loger, se nourrir, se reproduire- j'ai l'impression que les mécanismes freudiens de stimulis, de désirs, d'objections, de refoulement, de projection etc. etc. peuvent jouer à plein.
Par contre, pour les besoins très complexes d'accomplissement de soi ou de reconnaissance, il doit y avoir foultitude de paramètres et ça m'étonnerait que l'on arrive à rationaliser scientifiquement.


Et moi, je ne parle pas de la manipulation télévisuelle (qui est somme toute est passive).
Moi je parle de la manipulation verbale dans le cadre d'un entretient avec un vendeur (banques, magasins, assurances).

Participez à une "formation commerciale" et "techniques de ventes", vous serez très surpris de la rationalisation d'un entretient que l'on vous apprend à conduire pour vendre.
Tombez sur un "commercial" particulièrement doué et bien préparé, vous serez étonné du niveau de manipulation qu'il met en place :mrgreen: :mrgreen: . y résister demandera un certain effort d'analyse et de recul.

Bien à vous.


Vous avez une page facebook, que ce soit pour vous-même, une association, un commerce, ... Voici un article intéressant : 5 règles à suivre absolument avant de publier sur une page Facebook

Est-ce de la manipulation, ou les bases pour présenter de manière favorables vos arguments ? En fait, où commence la manipulation et où fini la présentation objective d'une information ?

Et là ? ASP Pour convaincre, gardez les faits pour la fin

Citer :
Changer l’opinion d’une personne peut sembler mission impossible quand elle ne bronche pas devant les données factuelles. Pour y arriver, le docteur en histoire des sciences Gleb Tsipursky propose dans un récent billet de blogue une méthode en 5 étapes, formant l’acronyme ÉBRIR (EGRIP en anglais) : Émotions, Buts, Rapport, Informer et Renforcement positif. Les trois premières étapes se veulent un moyen de créer un lien avec la personne, pour comprendre ses motivations et découvrir des objectifs communs qu’il serait possible d’atteindre avec la discussion. C’est seulement une fois ces étapes franchies, quand l’interlocuteur est plus réceptif, qu’on doit présenter nos données et nos arguments.

En effet, selon Tsipursky, le rejet de la science passe plus par les émotions que par la logique. Plutôt que d’attaquer les points de vue de la personne qui diffèrent des nôtres, il faut essayer de découvrir ses motivations.


En fait, la prise en compte du déferlement de fake-news dans les réseaux sociaux actuels, mais cela existait déjà avant l'invention d'internet, fait que l'on trouve de nombreux articles qui permettent de comprendre comment on peut être manipulé, comment y remédier, mais aussi, comment présenter sa vérité aux autres et faire en sorte qu'elle soit bien mise en valeur. Quelque part, information/manipulation sont 2 faces de la volonté de mettre en avant ce que l'on sait. La meilleure information voudrait que l'on présente les faits de manière objective, sans manipuler les données. Parfois, on conçoit que pour arracher une adhésion à nos théories ou thèses, il faille mettre ces informations en valeur, surtout celles qui nous paraissent les plus pertinentes. A un moment, cette mise en valeur devient de la manipulation. Ce moment, c'est lorsque l'on garde pour soi des informations qui pourraient faire changer les avis en notre défaveur.

Les lois obligent le commercant a nous fournir une information la plus objective possible sur ce qu'ils nous vendent. Que ce soit un objet, un service, une idée, ... Dans le même temps, les règles du commerce et du marketng lui autorisent à une certaine latitude dans les informations qu'ils doit nous donner et leur objectivité. Je sais, tous les boulangers font le meilleur pain possible. Mais, pourquoi certains doivent agrandir leurs boutiques pour accueillir la masse des gens qui désirent acheter du pain chez eux, alors que d'autres voient leurs boutiques désespérément vides ... Alors que le pain est un produit simple avec peu d'ingrédients mis en oeuvre : de la farine, de l'eau, de la levure, du sel ... et le savoir-faire de l'artisan ;)

Auteur :  Narduccio [ 29 Déc 2017 14:03 ]
Sujet du message :  Re: De la psychanalyse à la publicité

Vézère a écrit :
Jefferson a écrit :
Quant à "l'affaire" Michel Chasles, ce n'est pas de la manipulation, c'est un mensonge et une affaire de faux, c'est très différent

Non.
Désolé de revenir à ce hors-sujet, mais j'aurais du répondre sur ce point au lieu de digresser avec légèreté.
Narduccio a écrit :
Pas tout à fait d'accord. Oui, il y a une affaire de faux, mais la base de cette histoire, c'est bien la crédulité d'un "savant" quand il est en-dehors de son domaine de compétence.

Ce n'est que très lointainement une affaire de faux. Qu'un membre de l'Institut puisse acheter -cher- une lettre autographe de Caïn qui menace Abel, écrite en vieux françois, la qualité du faux n'y est pour rien. De même, on ne peut plus parler de mensonge.
Ce qui a été montré au procès, c'est que M. Chasles a cru son escroc parce qu'il avait envie d'y croire, et qu'il n'avait jamais été aussi heureux qu'en y croyant. On est dans le domaine de la manipulation mentale et dans l'assouvissement des désirs.


C'est l'une des bases du marketing ... Regardez les pubs à la télé. On peut les subdiviser en plusieurs catégories, il y en a des réalistes, il y en a qui sont dans l'information, et ... puis, il y en a qui nous entraînent dans un monde irréaliste. Ces publicités pour des véhicules urbains où la ville est un terrain de jeu. Ces publicités pour des parfums où quelques gouttes suffissent pour subjuguer l'être désiré... La liste est longue. Sérieusement, qui pourrait croire que si me met quelques gouttes de tel parfum hors de prix, toutes les femmes vont tomber à mes pieds ? Et vice-versa pour les dames du forum. On sait tous que cela est irréel, et pourtant çà marche. Cela marche car nous voulons y croire, nous désirons penser que lorsque l'on sera au volant de tel bolide, nous serons un gars terrible qui va faire tourner les têtes et démontrer sa réussite sociale. Dans les faits ... Je ne pense pas que cela change réellement quelque chose au quotidien des gens, mais ils éprouvent le besoin d'en rêver ... Justement parce que ce quotidien leur apparait pas assez merveilleux. Les marketeurs vendent du rêve, nous le savons et pourtant, nous sommes parfois prêts à dépenser des sommes folles pour acheter ces ersatz de rêve ...

Auteur :  Nico69 [ 29 Déc 2017 16:20 ]
Sujet du message :  Re: De la psychanalyse à la publicité

Je signale qu'un historien américain des médias et de la publicité, Stuart Ewen a étudié le travail de Bernays.

Il est professeur au Hunter College et au Graduate Center of the City University of New York.
Ewen est aussi un activiste politique. Je n'ai pas encore lu ses travaux mais je signale l'auteur parce que le sujet demeure encore peu connu.

Bernays je l'avais découvert il y a dix ans seulement, en déambulant dans une librairie. Propaganda venait enfin d'être traduit en français. Mais je ne connaissais pas non plus le travail de Stuart Ewen,
dont un des livres majeurs avait pourtant été traduit en français dans les années 80*.

Sur Stuart Ewen, des informations (en anglais) ici :
http://ima-mfa.hunter.cuny.edu/?ima-faculty=stuart-ewen
https://en.wikipedia.org/wiki/Stuart_Ewen

* Captains of Consciousness: Advertising and the Social Roots of the Consumer Culture publié en 1976 fut traduit en français aux éditions Aubier sous le titre Consciences sous influence : Publicité et genèse de la société de consommation.
Le livre épuisé a été réédité en 2014 chez un autre éditeur avec un titre légèrement différent : La société de l'indécence : Publicité et genèse de la société de consommation.

Auteur :  Rebecca West [ 30 Déc 2017 20:30 ]
Sujet du message :  Re: De la psychanalyse à la publicité

--
Bonsoir,

Le titre du sujet est "De la psychanalyse à la publicité". On ne peut donc balayer la psychanalyse puisque dans l'énoncé du sujet elle est présente et semble même être la source/explication qui mène à mieux appréhender les techniques de publicité.

Aigle a écrit :
Pour revenir à Freud, il avait un rapport malsain avec l'argent. Ne préconisait il le paiement en liquide ? ne privilégiait il pas la psychanalyse d'abord comme tournée vers des clients fortunés ?

Ces affirmations me laissent interrogative. Sont-elles le fruit de recherches personnelles ? De conclusions personnelles ? Si oui sur quelles sources ces recherches se basent-elles et comment ces conclusions ont-elles "coulé de source" ?

Si j'ai relevé cet extrait, c'est justement parce-que la manipulation -dans la psychanalyse- peut exister. Déjà chez le clinicien et ensuite chez celui qui est demandeur. Il peut se créer des liens délétères liant les deux personnes (addiction), dépense compulsive chez le patient dont le clinicien bien au fait des symptômes de certaines névroses pourrait profiter, sensation de pouvoir chez le patient (je te paie, tu me dois...) etc.
Sans explication de ces affirmations, il reste aux intervenants à en supputer les origines au risque de se tromper et de pouvoir même y déceler quelques clichés

Narduccio a écrit :
... mais la base de cette histoire, c'est bien la crédulité d'un "savant" quand il est en-dehors de son domaine de compétence.

J'ignorais cette affaire, elle est assez cocasse et semble plus tenir de la farce que de la manipulation.
Nous sommes tous vulnérables, imprégnés par de multiples sollicitations, intégrés dans de multiples schémas, schématisés par de multiples étiquettes. Le "domaine des compétences" peut nous trouver plus circonspects mais il existera toujours un plus compétent pour nous démontrer, nous faire douter et là s'arrête notre raison pour laisser place à l'inconnu. Devant cet inconnu, nous avons souvent tendance à avancer en mode réflexe. Nous sommes donc des proies potentielles suivant le choix des réflexes (les trois F : fly, fight, freeze).
Quant à l'éthique, elle est personnelle à chacun, tout comme l'échelle de valeurs. Nous avons en général les mêmes valeurs (barreaux) mais chacun ne les place pas au même niveau tout en étant très honnête avec lui-même. C'est ce qui fait notre différence à l'altérité et l'attraction éprouvée par celle-ci, le rejet aussi tout comme la crainte (une échelle de valeurs que l'on sent fluctuantes chez l'autre entraîne une insécurité qui nous rend vulnérable -dans un premier temps- puis une fois le mécanisme démonté, indifférent voire amusé).

Citer :
Mais, de mon expérience, je retiens que tout le monde est manipulable et cela ce voit tout les jours dans bien des domaines.

Je suis tout à fait d'accord d'autant que nous offrons nous-mêmes les clés destinées à nous manipuler, tout comme je plussoie pour l'évocation de la paresse intellectuelle, là encore que nous offrons aux manipulateurs.

Citer :
Des théoriciens de diverses branches, marketing, mas aussi des sociologues, ethnologues, biologistes, ... ont cherché les fondements de la manipulation. Soit pour donner à certains (commerçants, industriels, hommes politiques, ...) des outils pour manipuler les gens, soit pour donner à d'autres, des outils pour lutter contre la manipulation.

J'ignore s'il existe des outils pour lutter contre la manipulation. Il faudrait des outils qui luttent aussi contre la perversité (certaines manipulations ne sont qu'un des symptômes de névroses où la perversité est présente) ; il semble qu'à ce jour, le seul outil trouvé soit la fuite.
Au bout d'un certain moment, la manipulation est détectée (vous l'évoquez avec le fameux livre de Shopenhauer). Cependant, il faut remettre ce livre dans son contexte qui est celui d'échanges oraux, face à face.
Sur un forum et par écrit, il est déjà plus difficile d'utiliser tous ces stratagèmes. Est évoqué par exemple celui de ridiculiser l'autre et de mettre de son côté les rieurs. C'est bien beau mais comment peut-on évaluer les rieurs sur un forum où des pseudos sont de mises ? Comment évaluer l'humour ? Les rieurs se font-ils connaitre ? Non !
C'est donc un stratagème inutilisable dans des échanges écrits et s'il est évoqué comme tel, c'est par une susceptibilité très à fleur de peau ou encore la lecture d'un ouvrage décontextualisée (1) ou tout simplement pas tout à fait comprise.

(1) il y a eu un sujet sur le poème de du Bellay "France, mère des arts, des armes et des lois". Si l'unanimité a été faite autour des arts et des armes, il est intéressant de constater les différentes compréhensions pour ce qui concernait les lois. Toutes étaient intéressantes et probables mais il se trouvait qu'ignorant le contexte de la construction de ce poème, ceci ne correspondait pas à ce que l'auteur voulait exprimer. Le contexte est toujours à prendre en compte autant que faire se peut.

Citer :
Historiquement parlant, l'un des premiers exemples écrits que l'on connaisse de manipulation est la Guerre des Gaules de Jules César.

Je pense que la manipulation est aussi vieille que le monde, aussi ancienne que les premiers dessins. On peut dessiner une licorne et faire croire que cet animal existe.
Dans différentes cultures on peut dessiner certains plus grands que d'autres, cet état sera compris comme plus fort, plus important etc.
En laissant Clodius à Rome, César manipulait déjà... Une ambition quelle qu'elle soit ne peut faire fi de manipulations. Un troc, est déjà en soit une manipulation.

Citer :
Or, la sociabilisation ne suppose-t-elle pas une certaine manipulation des humains les uns par rapport aux autres ?

--

Auteur :  Jerôme [ 30 Déc 2017 22:41 ]
Sujet du message :  Re: De la psychanalyse à la publicité

Sur le paiement en liquide la SPP donne des explications ici :
http://www.spp.asso.fr/wp/?p=505

C'est bien imaginé sur le plan théorique et bien commode sur le plan fiscal !

Un extrait :

"Le paiement en espèces appartient à la tradition analytique, et vise à rendre plus concrète et présente cette dimension de l’échange, sans être un critère strict du protocole."

Je ne connais aucune autre branche de la médecine qui soit si attentive à ce genre de détail !

Auteur :  Robert Spierre [ 13 Fév 2018 21:46 ]
Sujet du message :  Re: De la psychanalyse à la publicité

Hugues de Hador a écrit :
Vézère a écrit :
Sinon, pour revenir au sujet, les publicitaires le message des publicitaires est plus ou moins subtil selon qu'il s'agit de vendre un produit situé en haut ou en bas de la pyramide de Maslow.
Pour les besoins primaires -se loger, se nourrir, se reproduire- j'ai l'impression que les mécanismes freudiens de stimulis, de désirs, d'objections, de refoulement, de projection etc. etc. peuvent jouer à plein.
Par contre, pour les besoins très complexes d'accomplissement de soi ou de reconnaissance, il doit y avoir foultitude de paramètres et ça m'étonnerait que l'on arrive à rationaliser scientifiquement.


Et moi, je ne parle pas de la manipulation télévisuelle (qui est, somme toute, assez passive).
Moi je parle de la manipulation verbale dans le cadre d'un entretient avec un vendeur (banques, magasins, assurances).

Participez à une "formation commerciale" et "techniques de ventes", vous serez très surpris de la rationalisation d'un entretient que l'on vous apprend à conduire pour vendre et pour ce faire, on vous apprendra quelques notions de psychologie pour analyser votre client et mieux le cerner.

Tombez sur un "commercial" particulièrement doué et qui a bien digéré sa formation , vous serez étonné du niveau de manipulation qu'il met en place :mrgreen: :mrgreen: . y résister demandera un certain effort d'analyse et de recul.

Bien à vous.
Je confirme : c'est dans le cadre de mes premières études, soit Commerce/Marketing, que j'ai été initié à la Psychologie. On apprend à travailler non pas sur la réflexion mais sur les émotions, sans négliger l'aspect social et les origines socio-culturelles de la cible. La plupart des produits/services ne sont pas vendus sur des critères "objectifs" mais "subjectifs" : l'exemple évident, c'est la voiture. Pour certains modèles on vend non pas un moyen de transport, c'est-à-dire un outil pour aller d'un point A à un point B, mais autre chose : c'est, par exemple, un symbole d'aventure, de puissance, voire un moyen pour, lorsqu'on est un mâle, séduire la femelle (les pubs sont fort révélatrices à ce sujet). Ne pas oublier que la voiture est vue par l' "autre", le voisin, la famille, les collègues etc. Cela est donc un moyen pour affirmer sa présence, sa place dans la hiérarchie sociale.

Tout est étudié, analysé : idem pour les films à grand spectacle, destinés au marché mondial. Les scénaristes travaillent sur des histoires, bien sûr, mais aussi sur des "rythmes" : action (x minutes), discussion (x minutes), romance (x minutes) etc. Le grand fantasme du Marketing c'est le produit "mondial", c'est-à-dire pouvant être identifié et acheté par un Américain, un Soudanais, un Chinois etc. Ce n'est pas pour rien que les derniers "StarWars" incluent des personnages de type asiatique, c'est pour mieux toucher l'immense marché asiatique.
D'ailleurs, en France, on ne dit plus "Guerre des Etoiles" mais "StarWars", comme le monde entier.

A noter que le marché asiatique est la grande cible du business lié au football (un marché énorme, évidemment).
Pour exemple, cette compagnie low cost, Air Asia, originaire de Malaisie et qui s'est associée à un club anglais de la Premier League :

Image

Le marché "jeune", adolescent, est une cible idéale : un public avide de nouveautés, de distractions, un public qui a besoin de s'affirmer par rapport aux autres, et un public qui possède un pouvoir d'achat, de manière directe ou indirecte.

En même temps, on ne peut pas leur en vouloir de préférer ça

Image

à ça

https://www.youtube.com/v/aoERWukgg_Q

:mrgreen:

Auteur :  makno [ 13 Fév 2018 23:03 ]
Sujet du message :  Re: De la psychanalyse à la publicité

Hugues de Hador a écrit :
Tombez sur un "commercial" particulièrement doué et qui a bien digéré sa formation , vous serez étonné du niveau de manipulation qu'il met en place :mrgreen: :mrgreen: . y résister demandera un certain effort d'analyse et de recul.

A vous lire j'ai l'impression qu'on est dans de l'hypnose.
Avez-vous un exemple concret de ce que l'on enseigne dans ce genre de formation svp.
Cordialement

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