Pouzet a écrit :
Maintenant c'est sûr qu'il y a eu des périodes ou les taux d'intérêt ont été beaucoup trop élevés, en particulier au début des années 1990.
Vous m"étonnez avec ce "trop élevé".
On dit traditionnellement qu'une politique monétaire neutre est celle où [taux d'intérêt = inflation + taux de croissance]
Si les taux d'intérêts sont supérieurs à cette somme, on est en politique "restrictive"
Si les taux d'intérêts sont inférieurs à cette somme, on est en politique "accommodante"
Si on prend la décennie 90, on a croissance + inflation:
USA: 6.1%
France: 4.1%
Or, le taux directeur moyen sur cette période était de 4.15% aux USA et 3.2% en Europe*
On voit donc que la politique dans ces années là était donc déjà largement "accommodante", sans bien sûr atteindre la situation délirante actuelle**.
Mais j'ai bien noté que vous parliez du
début des années 90, peut-être que le début fut différent de la moyenne?
J'avoue que je suis un peu paresseux pour aller rechercher toutes les données, mais globalement, je n'ai pas de souvenir d'intérêt "trop élevés" dans mon âge d'homme.
Les Etats surendettés craignent l'augmentation du service de leur dette (risque immédiat, avec augmentation impopulaire des impôts) et maintiennent des taux bas, en espérant que l'inflation ne reviendra jamais (risque moyen terme, qui ne gêne qu'une partie de la population. Pourtant bénéfique à long terme pour éteindre la dette)
Le jour où nous re-découvrirons ce que inflation veut dire, cela nous fera tout bizarre.
*
délire en Espagne dans ces années là, où inflation + croissance était égal à 7.3% !!!**
S'applique aujourd'hui la très bonne phrase de Rueff (conseiller de De Gaulle, qui eut à juguler l'inflation des années 50 et qui était moins austère que Mendès-France!): on peut parler de "plan d'irrigation pendant le déluge".