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 Sujet du message : Re: Histoire de l'assurance
Message Publié : 31 Mars 2008 13:49 
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Ungern a écrit :
L'assurance implique qu'il y ait un capital pour indemniser les victimes .


Totalement faux. L'assurance mutuelle, à l'origine s'est faite sans capitalisation. Théoriquement, une telle assurance peut exister parce que l'ensemble des cotisants prend en compte l'indemnisation de ceux qui auraient un sinistre. Elle se base sur les mathématiques des grands nombres. Statistiquement, il y a peu de sinistres sur l'ensemble des cotisants. Ils peuvent donc payer peu chacun, mais cela correspondra aux sommes attendues sur des années moyennes.
Mais en fait, si l'on ne veut pas avoir de problèmes, on excède un peu la cotisation, pour être à peu près sûr de couvrir les années même fortement accidentogènes. Il y a donc des années ou il y a des excédents de cotisations. Dans ce cas, il y a 2 possibilités : rembourser le trop perçu ou le mettre de coté et diminuer la cotisation en conséquence (donc: capitaliser).
Sauf erreur de ma part, la capitalisation des assurances a été imposée en France par une loi. Elle a fait suite à des scandales causés par des assurances qui suite au jeu de la concurrence avait trop baissé la cotisation et qui n'arrivaient plus à couvrir tous les sinistres. Des assurés se sont donc retrouvés sans indemnisation ou découvraient que dans les faits, ils n'étaient plus assurés.
Le fait qu'il a fallu une loi pour imposer une capitalisation minimale démontre bien que l'on peut avoir des assurance avec une faible capitalisation ou sans capitalisation. Ce simple fait rend tout votre argumentaire caduque. Désolé. ;)

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 Sujet du message : Re: Histoire de l'assurance
Message Publié : 31 Mars 2008 14:00 
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Philippe de Commines
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Merci, c'est ce que je voulais dire, de façon moins argumentée (à mon habitude)
Et une histoire vraie :
En ?? (années 70-80 ?), un sociétaire de la MAIF (mutuelle d'assurance des instituteurs de France, ouverte à l'époque déjà à d'autres, aujourd'hui à tous) a provoqué le déraillement d'un train suite à un arrêt accidentel sur passage à niveau.
L'ensemble des sociétaires dont votre serviteur a payé en milieu d'année une cotisation exceptionnelle d'un montant non négligeable, pour payer ce sinistre et sauver ainsi notre assurance ; j'ajoute que c'est avec une certaine fierté que beaucoup (dont moi) ont payé.
Et il y a quelques années, la même assurance mutuelle nous a ristourné une certaine somme en fin d'année, juste retour de la sagesse des sociétaires sur la route, ayant réduit le nombre des sinistres.

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 Sujet du message : Re: Histoire de l'assurance
Message Publié : 31 Mars 2008 14:28 
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Grégoire de Tours
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Les cargaisons des bateaux négriers français étaient assurées. C'était un des objectifs du Code noir. En effet, à cette époque, la religion interdisait d'assurer une vie humaine et il valait mieux pas (cela aurait été un véritable pousse au crime avant de rentrer au port). Le Code noir a été conçu de telle manière que si les esclaves étaient dotés d'une âme, ils étaient relégués, d'un point de vue juridique, au rang de marchandises (en cela, il se basait sur le droit romain). Mais cette "nuance" a permi aux négriers d'assurer les esclaves en partance pour les Amériques. N'étant plus homme juridiquement mais marchandise, il n'y avait aucun problème pour qu'il soit assuré.

Ce fut d'ailleurs un litige d'assurance (l'affaire du Zong) qui permit aux abolitionnistes anglais de montrer à la société la monstruosité qu'était la traite négrière.

Le capitaine du Zong croyant ne plus avoir assez d'eau pour ses marins et sa cargaison d'esclaves décida de jeter par dessus bord les esclaves. Une fois rentrer en Angleterre, celui-ci se tourna vers la société d'assurance pour avoir une indemnité. La compagnie d'assurance refusa sous prétexte qu'il s'était mis à pleuvoir quelques temps après que les esclaves furent jetés par dessus bord. Pour la compagnie d'assurance, si le capitaine avait un peu attendu, il aurait eu de l'eau. Donc pour eux, le capitaine était le seul fautif. Les deux protagonistes se retrouvèrent au tribunal. A ce moment là, les abolitionnistes anglais ne savaient pas comment faire pour toucher l'opinion anglaise et il y a eu ce procès. Celui-ci fut bien suivi par la société anglaise qui vit avec effroi comment les deux parties se déchiraient pour de l'argent alors qu'ils avaient tués des centaines d'hommes et de femmes. Je ne sais pas qui a gagné mais à la fin du verdict, le juge ne put s'empêcher d'avoir des paroles de dégoût vis-à-vis des deux parties et sur la traite négrière.

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 Sujet du message : Re: Histoire de l'assurance
Message Publié : 31 Mars 2008 15:12 
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Dédé a écrit :
Sujet sur lequel je suis complètement ignorant: histoire de l'assurance, telle qu'elle est connue aujourd'hui (cotisation puis paiement en cas de sinistre), soit comme partage de risque, soit comme outil de solidarité :?: :?:
(je me souviens d'avoir vu une phrase de Churchill dans la vitrine d'une compagnie, phrase que j'ai oubliée)


Vous devriez trouver votre bonheur ici : http://www.eleves.ens.fr/home/ientile/assur.pdf

Il y a aussi ce livre : http://www.amazon.fr/Se-prot%C3%A9ger-%C3%AAtre-prot%C3%A9g%C3%A9-Assurances/dp/2753503389

Image

Pour ceux qui désirent en savoir plus.

Ou celui-ci : Histoire de la mutualité et des assurances : actualités d'un choix

Vous parliez de la MAAIF, voici un condensé de son histoire : Histoire de la MAIF

La MAIF est née sous le nom de MAAIF.

Ce que j'ai retenu : les premières assurances sont "capitalistes" se sont des capitalistes qui s'assurent entre eux leurs activités à risques. Plusieurs furent d'ailleurs crées par des "capitaines d'industries" des industries dont on voulait couvrir le risque. Ce n'est que petit à petit que l'on se mit à assurer d'autres secteurs économiques. Sans ces premières assurances, il est possible que certaines activités risquées n'auraient pas vu le jour : comme le commerce au long cours, par exemple. Dans ces cas qui mobilisent sur de longues périodes des capitaux importants, les risques étaient à la limite de la viabilité. Mais, les profits étaient importants. On jouait sa fortune sur un coup de dé. Mais c'est aussi le cas de manufactures sur des marchés saisonniers comme la filature de la laine.
Mais, si sans assurance le commerce au long cours ne se serait pas développé, on peut se poser la question si la colonisation de pays lointains n'a pas été rendue possible grâce à l'existence de ces premières assurances ... Ou si la Révolution Industrielle aurait pu avoir lieu ?

Le développement des assurances mutuelles pour les "petits" : agriculteurs, artisans, ... c'est plus développé vers la fin du XIXème et le début du XXème siècle. Il me semble avoir lu un article ou l'on disait que l'assurance mutuelle aurait vu le jours aux USA avec l'aide bienveillante de pasteurs protestants. En Alsace, le développement des CMDP s'est faite en partie entrainée par un prêtre catholique pro-français sous la domination allemande vers la fin du XIXème (je dois avoir un texte là-dessus quelque part dans mes archives ... (le premier qui dit dans le bordel qui encombre ma cave ... ;) ))

Voilà. Bonne lecture.

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 Sujet du message : Re: Histoire de l'assurance
Message Publié : 31 Mars 2008 15:44 
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Philippe de Commines
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Narduccio a écrit :
Le fait qu'il a fallu une loi pour imposer une capitalisation minimale démontre bien que l'on peut avoir des assurance avec une faible capitalisation ou sans capitalisation. Ce simple fait rend tout votre argumentaire caduque. Désolé. ;)



Mais ça j'en suis tout à fait persuadé .

Mais ici "je résume" .

C'est comme dans un dialogue d'Audiard : "Il y a aussi des poissons volants,mais ce n'est pas l'essentiel du genre" ...

Je suis derrière mon clavier et "çà fatigue" .
Donc je présente les choses de façon vraies mais "résumées" ... san m'encombrer des détails et exceptions .

Il est un fait que toute assurance implique que l'on soit assuré que le sinistre soit couvert .
Ce qui implique qu'il y ait soit de l'argent bloqué ,soit de l'argent qui obligatoirement doit régulièrement et obligatoirement venir (les cotisations obligatoires) .

Il est vrai aussi que si vous poussez le bouchon à la limite de la logique, ce n'est même pas obligatoire,il suffit que des gens s'associent et donnent leurs paroles qu'ils couvriront le déficit .
C'est d'ailleurs l'origine de la Lloyds .

Mais mis à part la Lloyds,j'ai pas trop confiance dans ce système ...

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Message Publié : 31 Mars 2008 15:53 
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Histoire de l'assurance et prise en compte des risques ...

Les premières assurances fonctionnaient de manière assez empirique. Prenons le cas d'un armateur voulant assurer sa cargaison. Celle-ci, navire compris ou non, représente souvent une somme assez colossale. Surtout que le meilleur pour l'armateur est d'utiliser un système par échange : acheter au lieu de départ, une marchandise qui est assez bon marché. La transporter vers un lieu ou elles rapportera plus que son prix d'achat augmenté des coûts de transports. La vendre à cet endroit et acheter un produit bon marché là-bas, mais cher ici. Donc, le navire part avec une cargaison qui a une valeur certaine et qu'il a déjà fallu payer avant le départ.

Cet armateur va donc chercher des gens qui en contrepartie d'une prime vont accepter de partager le risque avec lui. Il va investir plus : cargaison + navire + prime d'assurance. Si son navire arrive à bon port, il va diminuer ses gains, puisqu'il ne récupère pas l'argent de la prime. Mais dans le cas ou son navire n'arrive pas à bon port, il peut continuer son activité en achetant un nouveau navire et une nouvelle cargaison.

Il lui fallait donc trouver des gens qui acceptaient de couvrir son risque en échange d'une prime d'assurance. Donc, qui acceptaient de toucher une certaine somme aujourd'hui avec le risque de devoir en débourser une plus grande dans un délai plus ou moins long.
L'assureur a intérêt à connaitre le plus précisément possible le risque qu'il couvre. Si le navire a une chance sur 3 de ne pas arriver à bon port, il va devoir demander une prime supérieure au tiers de la valeur de la cargaison. L'armateur peut mettre plusieurs assureurs en concurrence et choisir celui qui lui demande la prime la plus basse. Mais celui-ci augmente ses chances de perdre son argent.
Durant tout le développement des assurances, les assureurs ont cherché à connaitre le mieux possible les risques qu'ils couvraient. Ils se sont appuyés sur diverses sciences et technologies et ont cherché à exploiter les outils développés par les statisticiens et à réaliser des études et des enquêtes sur les divers secteurs qui les intéressaient.

Bien vite, les assureurs se sont rendu-compte que connaitre les risques, c'est bien: les limiter, c'est bien plus rentable. Ils furent à l'origine du développement de diverses législations et règlementations. Ils ont aussi imposé que leurs assurés respectent des règles minimales de sécurité. Ils l'ont imposé de 2 manière : une prévention active en réclamant avant la mise en place du contrat d'assurance le respect d'un cahier des charges. C'est essentiellement le cas lorsque des sommes importantes sont en jeu. Mais aussi grâce aux fameuses petites lignes dans les contrats par lesquelles certains assurés ont découvert un peu tard qu'ils n'allaient pas être remboursés parce qu'ils n'avaient pas satisfait à telle ou telle clause d'exclusion.

Les assurances furent aussi, dans de nombreux secteurs à l'origine du développement de la prévention. Ils ont bien compris que le mieux pour gagner de l'argent est de ne pas avoir à rembourser des sinistres. Cela s'obtient de 2 manières :
- celle décrite ci-dessus qui consiste à exclure les risques importants.
- mais il y a une seconde démarche qui consiste à réduire le niveau de risque en expliquant aux assurés que quelques règles simples (enfin pas toujours) permettent de diminuer le risque. C'est la prévention.

Depuis une vingtaine d'années, on commence à entendre parler de gestion des risques ou de management du risque. Ce qui revient au même. Là, la démarche consiste à aller un cran plus loin. On va connaitre le plus précisément possible les risques encourus. On va les étudier en termes de causes-conséquences. Si les causes sont importantes et les conséquences inacceptables, il faut s'arranger pour diminuer les causes et réduire les conséquences. Mais si les conséquences sont faibles, on peut investir moins pour réduire ce risque. Si les causes sont faibles et les conséquences faibles, il faudra décider s'il faut investir pour diminuer le risque (en agissant soit sur les causes, soit sur les conséquences, voire les deux). Mais on peut aussi décider de ne rien faire et on parlera dans ce cas de risque industriel résiduel.
On peut se demander à quoi sert d'assurer une industrie qui aurait pousser sa gestion des risques à l'optimum. Simplement parce que ce n'est pas une science exacte, parce qu'il faut assurer les risques résiduels, ceux dus à des aléas imprévisibles, ceux dus à des dysfonctionnement ne sont pas couverts sauf assurances très spécifiques et l'industriel est sensé se retourner contre le responsable du dysfonctionnement. Et puis aussi, parce que dans de nombreux secteurs la loi oblige l'industriel à s'assurer.
Il faut bien avoir à l'esprit que le management du risque se fait en continu et sous la connaissance la plus précise possible des évolutions des causes et des conséquences. Il demande donc une veille continue. Or, ce n'est pas toujours le cas et de nombreux industriels se sont faits surprendre.

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 Sujet du message : Re: Histoire de l'assurance
Message Publié : 31 Mars 2008 15:59 
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Grégoire de Tours
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Narduccio a écrit :
Sans ces premières assurances, il est possible que certaines activités risquées n'auraient pas vu le jour : comme le commerce au long cours, par exemple. .

Non, cela a commencé sans et aurait très bien pu continuer sans. Les voyages jusqu'au début du XIX siècle étaient très risqués et l'assurance concernait les marchandises pas les marins.

Citer :
Mais, si sans assurance le commerce au long cours ne se serait pas développé, on peut se poser la question si la colonisation de pays lointains n'a pas été rendue possible grâce à l'existence de ces premières assurances ... Ou si la Révolution Industrielle aurait pu avoir lieu ?

La colonisation n'est pas la fille de l'assurance sinon ça se saurait. Je vois mal Faidherbes ou Pierre Sarvognan de Brazza s'interdire de rentrer dans l'hinterland africain sous prétexte qu'ils ne sont pas couverts par leur assurance respective.
La révolution industrielle n'est pas le fait des longs cours mais plus de petits entrepreneurs. Ils n'avaient pas besoin de beaucoup de capitaux au départ. Certains historiens pronent même que la révolution industrielle trouve son origine dans le Moyen Age.

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 Sujet du message : Re: Histoire de l'assurance
Message Publié : 31 Mars 2008 16:03 
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Ungern a écrit :
Mais mis à part la Lloyds,j'ai pas trop confiance dans ce système ...


Il fonctionne pourtant à grande échelle depuis de très longues périodes.

Il est à la base de toutes les entreprises ou un capitaliste s'est associé à des commerçants, à des artisans ou des industriels. Le commanditaire avance le capital. Tant qu'il n'est pas assuré, c'est lui qui assume l'essentiel du risque. Que ses associés décident de prendre l'argent et de disparaitre et il a tout perdu. A l'origine, le système est basé uniquement sur la confiance. C'est plus tard qu'il fut encadré par la loi. Le développement du commerce, de l'artisanat et de l'industrie repose sur la confiance presque exclusivement. Sans confiance: pas de Révolution Industrielle, pas de commerce, pas d'industrie, pas de lettres de changes, pas d'économie. Si on y réfléchit, la base du développement de nos sociétés, c'est la confiance. Or, aujourd'hui, de plus en plus de gens n'ont plus confiance dans la valeur de la parole donnée ou d'une poignée de main.

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 Sujet du message : Re: Histoire de l'assurance
Message Publié : 31 Mars 2008 16:07 
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Philippe de Commines
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Tout à fait .
Bien résumé .

J'ajoutte un point : si vpous avez un risque de perte 1 x sur 10 ,pour être statistiquement tranquille vous allez demander une prime de plus de 10 % .
Dans les 15 % sans doute .
Pas dans les 20 parce qu'alors le client ira voir à la concurrence .

Mais en agissant ainsi vous êtes "statistiquement" tranquille ,mais pas "réelement tranquille" .

Imaginez-vous que vous vous appelez "Pas de chance ",et que vous assuriez 20 satellites alors qu'on en lance 300 par an .
Avec ce type de calcul vous pouvez vous permettre entre 2 et 3 satellites de perdus .
Mais si vous vous appelez "pas de chance",c'est peut être vous qui allez avoir tous les satellites à problèmes (je reviendrai là dessus) .
Donc il faut éviter ce risque .
Deux possibilités : ou les assurances se réassurent entre lles,ou elles tendent à s'étendre un maximum pour diminuer la part de l'incertitude .

Mon exemple authentique : une assurance "pénard tranquille" qui assurait les médecins homéopathes-herboristes (difficile d'imaginer une catastrophe là dedans) .
L'assurance s'appelait "Pas de Chance".

Un médecin a prescrit un succédané de poudre de Perlin Pinpin made in china au départ d'une plante chinoise connue sous le nom de "X" (je ne me souviens plus) .
La commande arrive en Chine et en Chine, le nom "X" ne correspond pas à la même plante mais à la variété la plus courante en Chine,une plante très toxique (insuffisance rénale et cancer ...) .

Importation en Belgique, le pharmacien responsable de l'importation ne remarque rien .

Distribution en pharmacie : le pharmacien distributeur ne remarque rien .

Les choses durent ...

Jusqu'au jpour où le département d'épidémiologie d'une université se demande comment on peut expliquer une explosion d'insuffisance rénale dans une région bien précise du pays ...

Et TOUT le monde : médecins,pharmaciens,etc étaient "tous" à la même compagnie d'assurance .
Je ne sais pas comment ça a terminé ni si c'est terminé,mais ça fait réfléchir ...

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 Sujet du message : Re: Histoire de l'assurance
Message Publié : 31 Mars 2008 16:29 
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Duduche19 a écrit :
Non, cela a commencé sans et aurait très bien pu continuer sans. Les voyages jusqu'au début du XIX siècle étaient très risqués et l'assurance concernait les marchandises pas les marins.

Mais pas à la même échelle. Allez lire le pdf dont j'ai donné le lien. Si les premières assurances se sont développées dans les villes portuaires, ce n'est pas pour rien. Bien entendu, le gain justifiait le risque. Mais le risque était très élevé. Sans une gestion du risque, il y a de fortes chances que le commerce au long cours ne se soit pas autant développé. Je parle de développement, pas de naissance du commerce. Il serait resté l'apanage de quelques aventuriers. Or là, n'importe quel investisseur peut participer à l'aventure avec un risque limité. Il perd les gains, mais ne perd pas sa mise et c'est déjà pas mal.

Duduche19 a écrit :
La colonisation n'est pas la fille de l'assurance sinon ça se saurait. Je vois mal Faidherbes ou Pierre Sarvognan de Brazza s'interdire de rentrer dans l'hinterland africain sous prétexte qu'ils ne sont pas couverts par leur assurance respective.


Parce qu'à votre avis, il a suffit qu'un Savorgnan de Brazza débarque presque seul au milieu d'un continent pour que ce pays devienne une colonie ? Oubliez-vous les gens qui sont venus de métropole "exploiter" sa dévouverte et les capitalistes qui ont injecté l'argent nécessaire ? L'investissement massif a eu lieu pour diverses raisons, mais l'une d'entre elle est bien le fait que le transport de marchandise et de passagers permettait la colonisation. Sans un commerce développé, il est possible que l'expansion coloniale ai été moins importante. L'assurance l'a aidée, elle n'est pas à la base de sa naissance, mais elle accompagne son développement. Je n'ai écrit nulle part que la colonisation est fille de l'assurance. Mais sans système d'assurance des armateurs, les choses auraient été différentes. On ne saura jamais à quel point.

Duduche19 a écrit :
La révolution industrielle n'est pas le fait des longs cours mais plus de petits entrepreneurs. Ils n'avaient pas besoin de beaucoup de capitaux au départ. Certains historiens prônent même que la révolution industrielle trouve son origine dans le Moyen Age.


Mais, je suis tout à fait d'accord. Encore une foi, vous me faites un mauvais procès en maximisant les traits de mon intervention. La Révolution industrielle est due en partie au développement des manufactures lainières anglaises. Manufactures dont l'histoire plonge bien au cœur du Moyen-Âge du coté de la Flandre. Mais, les capitaux ont afflué pour développer ce secteur parce que les gains valaient l'investissement et que les risques étaient abordables. Le fait que les premières sociétés d'assurances non maritimes assuraient les industriels contre le risque d'incendie de leur manufacture a joué un rôle. Encore, une fois : la Révolution Industrielle n'est pas fille de l'assurance. Mais, la naissance de l'assurance a permit de rendre les investissements dans l'industrie lainière moins hasardeux et donc plus attractifs. Si ce n'avait pas été le cas, l'argent serait allé dans d'autres industries ou d'autres artisanats et les choses auraient évoluées différemment.

L'assurance nait de la nécessité de diminuer un risque qui semble trop important par rapport au gain. Un armateur qui perd une cargaison importante dans un commerce au long cours se retrouve quasi instantanément ruiné, surtout s'il a supporté le risque seul. Dans le pdf que j'ai cité; il y a eu des armateurs qui ne trouvaient qu'à assurer le tiers de leur cargaison. Tenez un exemple :
Citer :
Les assureurs rochelais, selon l'auteur pour répartir les risques, mais aussi certainement parce qu'ils ne disposaient pas d'un capital suffisant, n'assuraient jamais un vaisseau complet : ils garantissaient par une police une partie seulement de la cargaison ou du corps du bateau. Les armateurs rochelais avaient donc recours à plusieurs assureurs individuels et plusieurs compagnies pour assurer leurs bateaux : ils ne pouvaient pas se limiter aux assureurs de La Rochelle et s'assuraient dans d'autres ports ou dans de grands centres financiers comme Paris ou Amsterdam. Assurer un bateau avait donc un coût de prospection et de transaction élevé : à titre d'exemple il fallut treize assureurs rochelais pour couvrir seulement 30% du Victorieux ; deux autres vaisseaux assurés pour 168.000 livres tournois nécessitèrent 40 assureurs rochelais, qui acceptèrent de garantir 100.000 livres tournois sur les 168.000.

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 Sujet du message : Re: Histoire de l'assurance
Message Publié : 02 Avr 2008 7:36 
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Philippe de Commines
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Une anecdote peu connue : Goering sauve les assurances allemandes après la Nuit de Cristal :


Lors de la nuit de Cristal (9 .11.1938) des milliards de dégats sont causés aux biens juifs dont la plupart sont assurés .
La question est simple pour les assurances : ou ils payent et ils sont par terre ,ou ils ne payent pas et plus personne ne va s'assurer auprès des assurances allemandes .

Goering trouve la solution : les assurances vont payer,mais l'argent va être confisqué par l'état allemand pour ensuite finir par retourner dans la caisse des assurances (mais je n'ai pas de détail sur le % ni sur la méthode comptable ) .

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 Sujet du message : Re: Histoire de l'assurance
Message Publié : 02 Avr 2008 21:37 
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Grégoire de Tours
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Trés bien ce lien sur l'histoire des assurances.

On m'avait dit que les assurances contrôlent le monde, pour la prévision du risque cela me semble possible. Il y a quelques points qui m'ont fait réfléchir ;
Le premier concerne le risque de l'aléa moral des employés. Je suppose qu'il s'agit du mouvement syndical.
Le second est en page 13, l'une des différences entre les grandes compagnies et la compagnie locale tient à la présentation aux clients des polices de la compagnie "avant les leurs" : je n'ai pas compris, "les leurs", le client présente ses polices d'assurances?
Ensuite, j'ai relevé que l'assurance est née de l'actionnariat. Par la suite, les compagnies locales ont perdu beaucoup d'influence à cause du partage du risque avec le client. Cette différence m'a interpellé, je me suis dit qu'à partir de ce moment, la souscription à une assurance n'est plus un partage des risques mais devient un simple service.
Enfin, dans la mesure où les assurances tentent de prévoir le risque, de le contrôler... (Ce que l'on peut comprendre, s'il s'agit de faire travailler l'argent à flux tendu) l'accointance de celles-ci avec l'Etat est constant. Maintenant, on comprend mieux le rôle des lobbies dans les spères du pouvoir. Qui contrôle quoi? Cette question est suffisamment complexe pour réfléchir à la place de ces derniers près des postes à responsabilités ( Assemblée ).

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 Sujet du message : Re: Histoire de l'assurance
Message Publié : 02 Avr 2008 22:22 
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Méandre a écrit :
Enfin, dans la mesure où les assurances tentent de prévoir le risque, de le contrôler... (Ce que l'on peut comprendre, s'il s'agit de faire travailler l'argent à flux tendu) accointances de celles-ci avec l'État est constant. Maintenant, on comprend mieux le rôle des lobbies dans les sphères du pouvoir. Qui contrôle quoi? Cette question est suffisamment complexe pour réfléchir à la place de ces derniers près des postes à responsabilités ( Assemblée ).


Contrairement à ce que veulent nous faire croire certains, les assurances ne sont pas un lobby qui nous veut du mal. Bien au contraire, leur intérêt est qu'il ne nous arrive rien de fâcheux, du moins rien de fâcheux qui soit couvert par leurs sociétés.

Ainsi, plusieurs avancées majeures règlementaires se firent sous l'impulsions d'études réalisées par des assurances. Elles se doivent de connaitre les risques. Si l'on connait les causes et les conséquences de ces risques, il est facile d'agir ou sur les unes ou sur les autres pour diminuer les risques ... et donc augmenter les rendements des sociétés d'assurances. Mais nous y trouvons aussi notre compte : financier avec des éventuelles baisses de primes et surtout humain. Je ne sais pas pour vous, mais personnellement, si je pouvais cotiser le plus longtemps possible pour mon assurance-vie. Encore 50 ans, ce serait pas mal; je n'ose demander 75 ou 100 ans de plus; mais bon -soyons fous - osons !

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 Sujet du message : Re: Histoire de l'assurance
Message Publié : 03 Avr 2008 6:12 
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Philippe de Commines
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Localisation : Tournai
Le problème des assurances vies et des assurances pensions est tout à fait différent et génère de gros problèmes indirects .

Quand vous souscrivez une assurance incendie tout le monde, y compris l'assureur, se dit que l'incendie est peu probable .
Quand vous souscrivez une assurance vie ou pension , tout le monde sait que soit vous serez mort, soit vous serez pensionné (je simplifie) .

Bref ce n'est plus un calcul de probabilité , mais un calcul d'actuaire .
Et cette masse d'argent à capitaliser devient colossale surtout si il n'y a pas de retour "capital", mais un retour "rente" .
Cette masse d'argent doit être placée en bourse ou autre (je simplifie) mais est tellement grande qu'elle perturbe son propre marché .

Les assurances pensions aux USA sont en outre obligées par la loi de donner le maximum de rendement .
Or le maximum de rendement implique "de facto" la délocalisation du capital .
Bref les travailleurs US souscrivent à des fonds de pension qui sont obligés de mettre cet argent "ailleurs" où c'est plus rentable, cad à l'étranger, ce qui amène à la délocalisation du travail (c'est un des facteurs) , ce qui en fin de parcours conduit à la perte d'emploi du travailleur ...

_________________
A Berthold le Noir,
Et Hiram Maxim ,

L'Humanité reconnaissante !


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 Sujet du message : Re: Histoire de l'assurance
Message Publié : 03 Avr 2008 17:10 
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Inscription : 15 Avr 2004 22:26
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Localisation : Alsace, Zillisheim
Ungern a écrit :
Quand vous souscrivez une assurance incendie tout le monde, y compris l'assureur, se dit que l'incendie est peu probable .


C'est là la grande différence entre vous et votre assureur. Vous estimez que c'est peu probable, lui connait la probabilité que cela vous arrive et il calcule votre prime en fonction de cette probabilité. S'il diminue cette probabilité, il augmente ses gains ...

Ensuite, je ne parlais pas d'assurance-vie. Si je décède dans un accident d'auto, qui paye ? Si j'ai un accident du travail, qui paye ?
Il y a bien des assurance qui couvrent ces risques et leurs primes sont aussi calculées en fonction des probabilités.

Arrêtez de tout mélanger ou on n'en sortira pas. Si l'assureur est sur un marché concurrentiel, il doit proposer les primes les plus basses possibles; mais pas trop basse. Si elles sont trop basse, il n'arrivera pas à honorer en cas de sinistres importants et ce sera le dépôt de bilan. Il doit donc connaitre précisément le risque et c'est l'assurance qui le connaitre le mieux qui pourra proposer la prime la plus proche de la prime mini sans demander une prime trop basse.

Une bonne partie de l'histoire de l'assurance repose sur cette adéquation : augmenter sa connaissance du risque et de la prime qu'il peut demander sans mettre son bénéfice en danger.

_________________
Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
Appelez-moi Charlie


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