Duduche19 a écrit :
Non, cela a commencé sans et aurait très bien pu continuer sans. Les voyages jusqu'au début du XIX siècle étaient très risqués et l'assurance concernait les marchandises pas les marins.
Mais pas à la même échelle. Allez lire le pdf dont j'ai donné le lien. Si les premières assurances se sont développées dans les villes portuaires, ce n'est pas pour rien. Bien entendu, le gain justifiait le risque. Mais le risque était très élevé. Sans une gestion du risque, il y a de fortes chances que le commerce au long cours ne se soit pas autant développé. Je parle de
développement, pas de naissance du commerce. Il serait resté l'apanage de quelques aventuriers. Or là, n'importe quel investisseur peut participer à l'aventure avec un risque limité. Il perd les gains, mais ne perd pas sa mise et c'est déjà pas mal.
Duduche19 a écrit :
La colonisation n'est pas la fille de l'assurance sinon ça se saurait. Je vois mal Faidherbes ou Pierre Sarvognan de Brazza s'interdire de rentrer dans l'hinterland africain sous prétexte qu'ils ne sont pas couverts par leur assurance respective.
Parce qu'à votre avis, il a suffit qu'un Savorgnan de Brazza débarque presque seul au milieu d'un continent pour que ce pays devienne une colonie ? Oubliez-vous les gens qui sont venus de métropole "exploiter" sa dévouverte et les capitalistes qui ont injecté l'argent nécessaire ? L'investissement massif a eu lieu pour diverses raisons, mais l'une d'entre elle est bien le fait que le transport de marchandise et de passagers permettait la colonisation. Sans un commerce développé, il est possible que l'expansion coloniale ai été moins importante. L'assurance l'a aidée, elle n'est pas à la base de sa naissance, mais elle accompagne son développement. Je n'ai écrit nulle part que la colonisation est fille de l'assurance. Mais sans système d'assurance des armateurs, les choses auraient été différentes. On ne saura jamais à quel point.
Duduche19 a écrit :
La révolution industrielle n'est pas le fait des longs cours mais plus de petits entrepreneurs. Ils n'avaient pas besoin de beaucoup de capitaux au départ. Certains historiens prônent même que la révolution industrielle trouve son origine dans le Moyen Age.
Mais, je suis tout à fait d'accord. Encore une foi, vous me faites un mauvais procès en maximisant les traits de mon intervention. La Révolution industrielle est due en partie au développement des manufactures lainières anglaises. Manufactures dont l'histoire plonge bien au cœur du Moyen-Âge du coté de la Flandre. Mais, les capitaux ont afflué pour développer ce secteur parce que les gains valaient l'investissement et que les risques étaient abordables. Le fait que les premières sociétés d'assurances non maritimes assuraient les industriels contre le risque d'incendie de leur manufacture a joué un rôle. Encore, une fois : la Révolution Industrielle n'est pas fille de l'assurance. Mais, la naissance de l'assurance a permit de rendre les investissements dans l'industrie lainière moins hasardeux et donc plus attractifs. Si ce n'avait pas été le cas, l'argent serait allé dans d'autres industries ou d'autres artisanats et les choses auraient évoluées différemment.
L'assurance nait de la nécessité de diminuer un risque qui semble trop important par rapport au gain. Un armateur qui perd une cargaison importante dans un commerce au long cours se retrouve quasi instantanément ruiné, surtout s'il a supporté le risque seul. Dans le pdf que j'ai cité; il y a eu des armateurs qui ne trouvaient qu'à assurer le tiers de leur cargaison. Tenez un exemple :
Citer :
Les assureurs rochelais, selon l'auteur pour répartir les risques, mais aussi certainement parce qu'ils ne disposaient pas d'un capital suffisant, n'assuraient jamais un vaisseau complet : ils garantissaient par une police une partie seulement de la cargaison ou du corps du bateau. Les armateurs rochelais avaient donc recours à plusieurs assureurs individuels et plusieurs compagnies pour assurer leurs bateaux : ils ne pouvaient pas se limiter aux assureurs de La Rochelle et s'assuraient dans d'autres ports ou dans de grands centres financiers comme Paris ou Amsterdam. Assurer un bateau avait donc un coût de prospection et de transaction élevé : à titre d'exemple il fallut treize assureurs rochelais pour couvrir seulement 30% du Victorieux ; deux autres vaisseaux assurés pour 168.000 livres tournois nécessitèrent 40 assureurs rochelais, qui acceptèrent de garantir 100.000 livres tournois sur les 168.000.