Noacyl a écrit :
Et puis viennent les Lumières et le libéralisme. Ce dernier naît au contact de Turgot et de la Physiocratie qui est une pensée économique basée sur l’agriculture (vu comme la seule source réelle de richesse) et surtout sur plus de liberté d’échange, moins d’interventionnisme.
Vous semblez dire que les Lumières naissent avec les physiocrates. C'est plutôt l'inverse, les Lumières ne sont pas une ecole de théorie économique, mais plutôt tant qu'à faire un mouvement intellectuel. Les Lumières, c'est Voltaire, Kant, Locke et autres. C'est plutôt une philosophie, au sens le plus général du terme, un mouvement d'idées qui, en gros, promet l'émancipation du genre humain par la technique et le progrès, la justice sociale, l'avènement de la raison en particulier contre la religion, ainsi que la liberté et l'égalité.
C'est donc très réducteur de réduire les Lumières aux physiocrates. Mais il ne faut pas les en exclure non plus : Il faut comprendre qu'au XVIIIe, les physiocrates, c'est les premisses de la Révolution -il est d'ailleurs frappant de voir comment Tocqueville les considère.
Car il est un autre aspect important à cette opposition mercantilistes / physiocrates, c'est le fait que pour les mercantilistes, la création de richesses est stimulée par une main d'oeuvre abondante et donc peu chère. Il s'agit donc de maintenir une pression sur le peuple pour générer des couts de production faibles, qui impactent positivement les exportations.
Mais là où les mercantilistes sont axés sur l'acquisiton de monnaie, les physiocrates sont eux, axés, sur la production des biens. Ainsi vont-ils se tourner vers l'agriculture, dont on montre que le capital engagé circule au sein de la société dans son ensemble, quand le commerce et l'industrie sont stériles et ne produisent rien.
A.Smith s'inscrit effectivement dans le mouvement des Lumières, et effectivement, il s'inspire en partie des physiocrates, dont il rejette toutefois les thèses concernant la primauté de l'agriculture. Selon Smith, la solution du marché ouvert doit permettre à la fois l'enrichissement du producteur et l'autosuffisance du salarié.
Noacyl a écrit :
la célèbre expression de "main invisible" qui insiste sur le fait que l’intérêt individuel œuvre pour l’intérêt de tous.
Pas exactement. C'est
malgré le fait que chacun poursuive des interéts "égoistes" ("Nous ne nous adresson pas à leur humanité mais à leur égoisme") que, toutefois, l'intéret de tous est sauvegardé. Smith imagine un "ordre émergent" (dixit Hayek) dans lequel la "satisfaction des besoins" de chacun ne dépend pas de la seule bienveillance des autres.
Vous oubliez par ailleurs de dire que selon Smith, il n'y a pas que les couts qui baissent grace a la concurrence, les prix aussi.
Michiel Adriansoon a écrit :
A noter que l'expérience néerlandaise du XVIIème siècle, sans gouvernement autoritaire mais avec la gestion avisée des régents d'Amsterdam, qui réussissent à transformer un petit pays sans ressources agricoles dignes de ce nom en grande puissance européenne
Hé ! d'où l'intéret d'une gestion avisée de l'Etat dans l'économie nationale !
Non, blague à part, il n'y a que les pires nostalgiques engelsien de la toute-puissance étatique pour croire encore qu'un état quelqu'il soit, peut, par la seule force de sa "volonté" substantialiste, transformer l'économie d'un pays.