En 1913 la Suisse était l'un des 3 pays de la planète ou le niveau de vie était le plus élevé, après la Grande-Bretagne et les USA, mais devant l'Allemagne et la France.
(D'après les chiffres d'Angus Maddison).
Comment explique t-on qu'en plein 19° siècle, siècle de la révolution industrielle du charbon et de l'acier, la Suisse ait connut un tel développement économique, sans avoir aucun de ce qui furent les ingrédients de la révolution industrielle ?

D'ailleurs certains économistes citent parfois la Suisse comme exemple de ce que la volonté et le travail peuvent accomplir dans un pays dépourvut de ressources naturelles.

L'absence de guerre a certainement joué un rôle ainsi que le caractère démocratique du pays, l'éthique protestante du travail, le développement de l'industrie horlogère, mais y a t-il d'autres explications ?

Si des habitants du pays ou des connaisseurs peuvent apporter un éclairage.....

D'abord, il y a des capitaux en Suisse (pas seulement d'origine financière). Ensuite, la main-d'œuvre est plus qualifiée qu'ailleurs (tradition industrielle et alphabétisation). Enfin, il existe une importante structure proto-industrielle dès la fin du XVIIIe siècle.

C'est la concurrence anglaise à partir de la fin du Blocus continental (qui avait relativement protégé la Suisse de cette concurrence) qui oblige les Suisses à faire leur véritable révolution industrielle, car le pays doit absolument exporter (cela ressemble à la Grande-Bretagne pour ce point) pour pouvoir importer les denrées alimentaires que ne peut produire une agriculture insuffisante.

Il y a donc du capital ; de la main-d'œuvre (meilleure marchée qu'en Grande-Bretagne) ; de l'énergie hydraulique (cela permet de ne pas importer de charbon) ; et la tradition technicienne proto-industrielle. Cela démarre dans le textile, sans mettre fin aux secteurs proto-industriels.

Mais la hausse de la concurrence (développement européen de l'industrialisation oblige) amène la Suisse au cours de la seconde moitié du XIXe siècle à une nouvelle adaptation. Pour encore plus exporter, les Suisses s'engagent encore plus dans le capitalisme international en développant le libre-échangisme et les chemins de fer, jusqu'alors quasi-inexistants (25 km en 1850 !). La création de la Confédération helvétique en 1848 donne un centre d'impulsion politique, qui permet une construction ferroviaire... initiant la construction mécanique. En plus, la Suisse peut désormais jouer un rôle de plaque-tournante commerciale. Dans le même temps, la mécanisation se répand dans l'ancien secteur proto-industriel (favorisant ainsi l'émigration) et les Suisses ciblent des productions de haute qualité et high-tech (pour l'époque !).

Lors de la seconde révolution industrielle, ils se servent de leur relief pour développer la houille blanche, et choisissent la pharmacie et les colorants (plutôt que la chimie lourde, domaine des Allemands). Enfin, les Suisses modernisent profondément leur industrie alimentaire et inventent le tourisme moderne.

On a donc au final un modèle de développement fort original et réussi.

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« Le luxe [...] corrompt à la fois le riche et le pauvre, l’un par la possession, l’autre par la convoitise ; [...] il ôte à l’État tous ses citoyens pour les asservir les uns aux autres, et tous à l’opinion. »

Le terme de "révolution industrielle" est trop fort : celui d'industrialisation lui est préféré par les historiens.

La chimie "bâloise" s'esr developpée grace aux techniques et aux capitaux des chimistes Alsaciens et essentiellement Mulhousien. Cela est du en partie à un code de loi sur les brevets très contraignants en France. Les chimistes qui découvraient un nouveau moyen de produire une molécule déjà connue était sensé payé des droits au premier inventeur de la molécule en question. Or, à cette époque, les connaissances passant d'un stade empirique à un stade scientifique, de telles découvertes étaient légions. Les chimistes Français qui officiaient éssentiellement à Lyon, Mulhouse et Paris s'expatrièrent en masse. Les Parisiens se partageants entre l'Angleterre, la Belgique et la Suisse; les Mulhousiens allant à Bâle et les Lyonnais émigrant en Suisse Romande. Si pour les Parisiens et les Lyonnais, ce ne sont que des chimistes qui s'en vont, à Mulhouse ils sont souvent accopagnés par des capitaux. Ce sont ainsi des chimistes alsaciens qui se trouvent à l'origine des usines chimiques qui feront partis des piliers des entreprises Ciba et Geigy.
Un exemple:
En 1860, le chimiste alsacien Jules-Albert Schumberger entre comme directeur chez J.-J. Müller-Pack et Cie, société fondée en 1859 avec la participation de Jean-Rodolphe Geigy et Alphose Koechlin (deux entrepreneurs alsaciens). Il faut attendre 1886 et la création de Sandoz pour voir la création d'une entreprise chimique à Bâle crée par des capitaux suisses et à l'aide de chimistes suisses.