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Message Publié : 23 Août 2006 15:56 
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Inscription : 16 Nov 2005 9:43
Message(s) : 317
Localisation : Arpitanie
Comment à l'époque soviétique, les habitants du pays ont-ils put produire les tonnes d'acier, de charbon, les milliers d'avions de combat et les milliards de Kwh qu'annonçait les statistiques officielles ?
(Même si on admet que ces statistiques sont surestimés )
Comment les travailleurs soviétiques étaient-ils motivés, étant donné la faiblesse du pouvoir d'achat des salaires ?

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"Ce n'est que lorsque l'Histoire est close que l'on sait de quoi elle était faite; d'une succession d'erreurs". Philippe Muray


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Message Publié : 23 Août 2006 17:28 
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Jean Froissart
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Inscription : 16 Avr 2005 0:09
Message(s) : 1311
Localisation : Outre nulle-part
Il y a eu la mise en place de plans quinquennaux, le "Stakhanovisme", le Goulag pour les récalcitrants (la peur des différentes polices qui se sont succédées était réelle) etc...
Vlad

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"Adieu la vie, adieu l'amour,
Adieu à toutes les femmes...."
Extrait de "La Chanson de Craonne"


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Message Publié : 23 Août 2006 20:17 
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Jean Froissart
Jean Froissart
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Inscription : 16 Avr 2005 0:09
Message(s) : 1311
Localisation : Outre nulle-part
Petite histoire circulant sous le régime soviétique :

-Un ouvrier qui arrive avant l'heure sur son lieu de travail est un espion.
-Un ouvrier qui arrive après l'heure sur son lieu de travail est un saboteur.
-Un ouvrier qui arrive à l'heure sur son lieu de travail est un
petit-bourgeois.

Vlad

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"Adieu la vie, adieu l'amour,
Adieu à toutes les femmes...."
Extrait de "La Chanson de Craonne"


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Message Publié : 23 Août 2006 22:41 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile
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Inscription : 23 Mars 2005 10:34
Message(s) : 2296
Localisation : Nanterre
Si j'ai bien compris le système soviétique, chaque entreprise, en fonction du plan quinquennal, se voyait attribuer régulièrement un stock d'intrants et un objectif de production.
Chaque directeur avait la charge d'utiliser au mieux ce qu'il recevait afin de remplir son objectif.

La principale faille du système venait de l'impossibilité humaine d'organiser convenablement "d'en haut" (et sans ordinateurs...) les flux de consommation / production pour chaque entreprise. Un accident industriel, une tempête de neige qui bloquait les trains, et c'était tout un groupe d'usines qui ne pouvaient fonctionner. Entre eux, les dirigeants se rendaient des services en sous main, s'échangeant des productions en excédent afin de permettre à des collègues de remplir leur objectif - mais le système, informel, était beaucoup moins efficace que s'ils avaient été libres de choisir leurs fournisseurs.

Les ouvriers étaient motivés à la fois par l'émulation, des avantages matériels alloués aux stakhanovistes, des distinctions, citations aux tableaux d'honneurs et des primes à la pièce. Trotski, dans la Révolution trahie, ironisait d'ailleurs sur le système stalinien, qui singeiait selon lui le système industriel des pays capitalistes. Bien que le pouvoir d'achat ait été bas, une prime a toujours motivé les gens.

Beaucoup travaillaient également sous la menace de la Guépéou. Dans le Zéro et l'Infini, Arthur Koestler fait dire à Kohoutek qui tente d'accuser le héros de "sabotage industriel", que fusiller les ouvriers pour la moindre péccadille, où les renvoyer en les empêchant, par une inscription sur leur passeport intérieur, de retrouver du travail, est une chose néecessaire pour renforcer le Pays de la Révolution. De même, leur expliquer que leur rendement est supérieur à celui des Américains, mais qu'il est gâché par les traîtres et les saboteurs, a un effet motivant.

Cela n'empêchait pas les ouvriers de trafiquer, et l'absentéisme pouvait être conséquent lorsqu'ils devaient faire la queue devant les magasins.

Ceci dit, le système soviétique connut des succès, principalement pour des sujets stratégiques. En effet, les Soviétiques améliorèrent l'organisation des entreptrises en mettant sur pied des structures "orientées projet", à l'époque où la norme mondiale était plutôt aux entreprises et administrations organisées par service (un service production, un service achat, un service vente...).
Ce procédé - qui fit ses preuves dans la course à l'espace - fut d'ailleurs copié très rapidement par les Américains qui mirent sur pied la NASA, alors qu'auparavant l'exploration spatiale était du ressort de l'US Air Force. Il fut ensuite mis en oeuvre dans les entreprises privées.

Ceci dit, cette organisation, dont ne bénéficiait pas les entreprises "non stratégiques", mena à bien des aberrations (faire pousser des oranges en Sibérie, assécher la mer d'Aral...).

_________________
Qui contrôle le passé contrôle l'avenir.
George Orwell


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Message Publié : 13 Avr 2007 10:32 
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Inscription : 13 Mars 2006 10:38
Message(s) : 2476
Localisation : Lorraine
Suite de cette discussion restituée (février 2007)
Citer :
Txomin
La théorie des coûts d'information explique qu'à une époque ou l'information est rare, il est plus intéressant de produire sous la forme d'une grande structure intégrée, pyramidale avec l'information qui est uniquement acquise au sommet. Ce type d'économie réduit les coûts d'information mais créé des coûts de structures.

Elle s'oppose à la société de marché dans laquelle les producteurs sont plus petits (moins de coûts de structure) mais doivent chacun obtenir des informations pour acheter et vendre.

Au début du XX, les coûts d'information sont élevés et favorisent un arbitrage en faveur des grandes entreprises intégrées. Les entreprises atteignent un gigantisme inégalé (GM), le projet soviétique est de créer une seule entreprise gigantesque.

En rejetant (partiellement), la notion de profit/perte individuel, l"entreprise soviétique" responsabilise les décideurs qui ne sont que des fonctionnaires en les rendant pénalement responsables s'ils n'atteignent pas leurs objectifs...

A la fin du XX, l'information devient plus abondante (moins chères) et la discipline (goulag) des responsables administratifs plus souple. L'entreprise sociétique ne parvient plsu à crer de richesses. Sa fin est inévitable.

Brisbout
Je met à votre disposition une petite listes des plans soviétiques entre 1928 et 1980 et les grandes lignes des objectifs à atteindre, résultat d'une recherche effectuée l'année dernière.

Ier Plan (1928-1932)
Il s'agit de modifier radicalement les structures économiques et sociales afin de constituer une industrie solide, seule susceptible d'assurer l'indépenndance face au monde capitaliste, et de donner des emplois nouveaux une population dont le rythme d'accroissement annuel est de 2%.
On met l'accent sur l'industrie lourde. Dans le domaine agricole, c'est la collectivisation forcée et la dékoulakisation (famine en Ukraine).
IIe Plan (1933-1937)
Il porte surtout sur la sidérurgie. 25% des investissements sont consacré à la construction du complexe Oural-Kouznetsk, fondé sur les ressources en minerai de fer de l'Oural et la houille du Kouzbass, reliés par une ligne de chemin de fer de 2 000 kilomètres. On fait un effort pour motoriser les campagnes.
Le IIe Plan rencontre de sérieuses difficultés en 1937. Les deux premiers plans voient une progression au niveau de la production d'ensemble, mais la vie quotidienne est marquée par les restrictions.
IIIe Plan (1938-1942)
Il est interrompu par la guerre, et prévoyait l'essor des constructions mécaniques.
IVe Plan (1946-1950)
Il fixe les objectifs et les moyens de la reconstruction économique.
Ve Plan (1951-1955)
Il est partiellement interrompu par la mort de Staline (mars 1953). Il était marqué par le gigantisme de ses perspectives, prévoyant la construction de puissantes centrales hydroélectriques en URSS d'Europe et en Sibérie, et la création d'une nouvelle base sidérurgique en Sibérie.
VIe Plan (1956-1960)
Les données sont peu explicites; ce furent plutôt trois plans annuels.
VIIe Plan (1959-1965)
C'est le seul plan septennal. Il diversification des objectifs et une plus grande place laissée aux industries de biens de consommation.
VIIIe Plan (1966-1970), IXe Plan (1971-1975), Xe Plan (1976-1980)
Ils ont pour objectif de maintenir un bon rythme de développement industriel (croissance de 6-8% par an), tout en s'efforçant de développer la production agricole, sans trop d'illusions (+4%).

Vladtepes
Citer :
Les ouvriers étaient motivés à la fois par l'émulation, des avantages matériels alloués aux stakhanovistes, des distinctions, citations aux tableaux d'honneurs et des primes à la pièce.

Il n'était pas rare de retrouver un stakhanoviste assassiné en ces temps-là, car ces travailleurs "hors pair" en agaçaient beaucoup d'autres.


_________________
Tous les désespoirs sont permis


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