X-Ray a écrit :
Bonjour,
Il n'est pas inutile, parfois, de revenir au texte. Est-ce que vous lisez "salut public" ? Non, il peut ê^tre recourru à l'article 16 lorsque
1) "les institutions de la République, l'indépendance de la Nation, l'intégrité de son territoire ou l'exécution de ses engagements internationaux sont menacées d'une manière grave et immédiate"
ET
2) le fonctionnement régulier des pouvoirs publics constitutionnels est interrompu
Ce sont donc deux critères cumulatifs, et assez précis. Il faut une menace grave et immédiate, et l'interruption du fonctionnement régulier des pouvoirs constitutionnels (on peut imaginer une prise d'otage à l'Assemblée, l'enlèvement du premier ministre pendant une période de crise sociale du style de 68, etc...).
Point de salut public.
Le terme de "salut public" n'étant pas une notion juridique mais un commentaire s'appliquant aux circonstances et aux motivations de l'emploi d'un pouvoir, on ne risque en effet pas de le trouver stricto censu dans le texte constitutionnel. Mais, eu égard aux circonstances de crise devant motiver le recours à l'article 16, il ne me semble en effet pas absurde de parler de "salut public" (chacun emploira le terme qu'il préfèrera) quant au but alors poursuivi, vu que le bon fonctionnement des institutions ne saurait être un but en soi seul, mais s'inscrit dans un cadre bien plus vaste, qui embrasse la société nationale dans son ensemble. Si l'on se réfère à l'usage de l'article 16 par le Président De Gaulle en 1961, il n'est pas interdit de se demander si une des motivations du chef de l'Etat ne fut pas, au dela du maintien du fonctionnement régulier des institutions, de préserver le pays de tout risque de guerre civile.
X-Ray a écrit :
On est loin de la dictature, de la tyrannie ou d'un régime autoritaire ! Il ne faut pas oublier que cet article ne concerne pas le fonctionnement normal des institutions. Il vise une situation d'exception. On ne peut donc pas en déduire la nature du régime .
Très juste. Eu égard aux circonstances, on pourrait éventuellement parler d'un régime d'exception, mais dans un cadre constitutionnel et légal.
Méandre a écrit :
Vous avez complètement raison. C’est ainsi que nous éviterons la stérile polémique.
Le retour au texte est en effet utile et opportun. Mais il me semble qu'il est loin d'éviter la polémique, laquelle ne me semble d'ailleurs pas particulièrement stérile. Car s'il y a le texte, il y a également les diverses interprétations qui peuvent en être faites.
Méandre a écrit :
Sur le salut public évoqué par Antaxerxès j’ai l’impression que ce dernier fait référence à la naissance historique d’une volonté de continuité de l’action public pendant la révolution via le comité de salut public.
Que nenni. Je me réfère à la crise profonde engendrée par l'effondrement de la IIIème République en juin 1940, vu que ce sont ces circonstances dramatiques qui ont motivé les rédacteurs de la Constitution de 1958 lorsqu'ils élaborèrent l'article 16.
Méandre a écrit :
Enfin X-Ray a écrit ;
« Sur le salut public, pensez au maire qui dispose de pouvoir de police pour assurer "l'ordre public". Le maires sont-ils des dictateurs ? »
Très simplement non, il y a un préfet au dessus de lui et l’armée.
Le préfet oui, dans le sens où il contrôle les actes des maires et peuvent leur adresser des circulaires, relayant ainsi en cela les instructions gouvernementales. Mais l'armée, surement pas. Les maires ne sont en aucun cas subordonnés à l'armée. Cette dernière ne joue pas dans la même catégorie, si j'ose dire. Le maire est un élu et un administrateur local, émanation de la démocratie communale et représentant de l'Etat au niveau de la commune (notamment pour ce qui est de l'état civil). Les missions de l'armée, à savoir la défense nationale, n'ont strictement rien à voir, et font qu'en aucun cas elle ne se situe dans la même hiérarchie.
Méandre a écrit :
A mon cher Antaxerxès que je suis dure avec vous…
Pas le moins du monde. Je pense être bien pire avec vous
Méandre a écrit :
Voyez-vous, vous me dîtes d’éviter la fonction de représentation du Président de la République.
Ou vous me lisez mal, ou vous exprimez mal votre pensée. En tout état de cause, je n'ai aucunement dit d'éviter une fonction de représentation du Président, tout simplement parce que cela ne veut rien dire.
Méandre a écrit :
Par conséquent, je suis peut-être à contre-courant mais s’il vous plaît, ne rejeter pas aux oubliettes la fonction de représentation du chef de l’Etat.
Où avez vous donc lu qu'il était question de rejetter cette fonction? Ca n'aurait aucun sens. Quelle que soit l'ampleur de ses pouvoirs réels, le Président, en tant que chef de l'Etat, a un éminent rôle de représentation. Si l'on est en régime parlementaire, c'est son rôle principal. Dans un régime présidentiel, s'il est également appelé à gouverner, il n'en est pas moins appelé, de par sa fonction, à représenter son pays.