Oliviert a écrit :
Quelles sont vos sources ?
Je présume que "l'époque moderne" dont vous parlez est notre époque et non pas le 17e siècle. En étudiant un peu le cas de trois ambassadeurs (Chanut, Marcheville, et Canaye), je n'ai pas trouvé de ressemblance évidente avec les PME d'aujourd'hui. D'abord, ils avaient beaucoup moins de collaborateurs qu'on pourrait se l'imaginer en étant trompé par quelques amabssades fastueuses et extraodinaires qui ont été l'exception plutôt que la règle. Par exemple, le personnel de Chanut en Suède était très restreint. Par exemple, le frère de Richelieu à Rome était très pauvre. Ensuite une bonne partie de ces aides étaient des valets, des servantes qui n'avaient que des fonctions domestiques.
Tout dépend de quelle PME l'on parle! Après, je laisse volontiers ce curieux terme de comparaison à l'énergumène qui l'a introduit dans cette discussion. Disons qu'à l'époque moderne (et je sais ce que je dis quand j'utilise ces termes, merci de ne pas me faire passer pour plus sot que je ne le suis), les ambassadeurs sont tout de même entourés d'un nombre non négligeable de collaborateurs. Je n'ai pas immédiatement à l'esprit d'exemple précis, mais la maison ordinaire d'un ambassadeur me semble relativement importante. Mais vous me mettez des doutes et je vérifierai dès que possible. Sur vos deux dernières phrases, je vous approuve. Avec cette réserve qu'entretenir une maison importante n'est en rien synonyme de richesse (au contraire, cette maison coûte cher), et que je n'ai jamais prétendu que le personnel nombreux qui entourait l'ambassadeur n'avait que des fonctions diplomatiques, loin de là! Tant il est vrai aussi que la maison d'un prince européen lambda comporte également plus de cuisiniers, de médecins, de valets et de serviteurs en tout genre que de personnel politique...
Citer :
Excusez-moi de vous demander vos sources et de vous contredire là-aussi, mais l'adverbe "jamais" me parait de trop. Il y a eu plusieurs cas (que je n'ai plus en tête, mais que je suis certain d'avoir lus), où l'ambassadeur a agi de son propre chef, et je ne crois pas que ce fut une pratique marginale. Bien sûr, il ne faudrait pas exagérer dans l'autre sens en prétendant que l'ambassadeur fut totalement indépendant, mais il ne faudrait pas non plus lui retirer un degré d'autonomie réel qu'il avait, au moins dans certains cas.
Vous n'avez pas à présenter d'excuses pour une contradiction apportée dans une conversation!
Comme vous le dites "il y a eu plusieurs cas [...] où l'ambassadeur a agi de son propre chef"; par contre, ce fut une pratique de plus en plus marginale, cela est certain. Tant il est vrai que l'ambassadeur qui avait fait une promesse indue se faisait taper sur les doigts vertement (de même, je vous apporte des faits et des dates au plus vite).
Quand je lis votre dernière phrase, je me rends compte que vous n'avez écrit ce paragraphe que pour le plaisir de contredire, car vous avouez bien nettement que le degré d'autonomie de l'ambassadeur est faible (et selon moi de plus en faible à mesure que passent les siècles). Après, sur l'autonomie qu'il possède, elle n'existe qu'en fonction de la lenteur des courriers. Et il est donc évident à ce titre que les diplomates en fonction à Nancy ont moins d'autonomie que ceux de Vienne, qui en ont encore moins que ceux d'Istanbul (qui ne font un rapport qu'une fois par mois).
Je cherche plus d'informations très bientôt, en particulier sur les traités de Westphalie, qui, dans mes souvenirs, illustraient plutôt bien cette autonomie plus que relative des ambassadeurs.
Quant à mes sources, elles sont d'une part L'art de la paix en Europe de Lucien Bély, les séminaires du même Lucien Bély, L'Histoire de la diplomatie française parue dans la collection Tempus, et surtout deux années de fréquentation des archives du quai d'Orsay (ce qui ne constitue certes pas une source mais un faisceau d'idées et de ressentis à travers ce que j'y ai lu).
Bien à vous,
Alfred Teckel.