Hugues de Hador a écrit :
Elgor a écrit :
Maintenant si le 1er couplet choque certains, ils peuvent toujours le remplacer par le "couplet des enfants", comme le fit Adenauer faisant remplacer le 1er couplet de l'hymne allemand par le troisième.
Attention, je n'ai pas dit que j'étais choqué par les paroles de cette chanson ni par ce passage en particulier.
Perso, je l'a remet dans son contexte et à l'époque, il y a bien eu du sang (impur ou pas) qui fut versé dans les sillons. La phrase n'était pas qu'une image !!!!
Je répète donc ce que j'ai dit : Au départ, je pense que cette chanson est plus un chant guerrier (certes écrit dans le cadre d'une révolution) qu'un chant social ou politique.
Bien à vous Elgor.
Pourtant "sang impur" (car c'est bien cela qui fait polémique actuellement et qui est fait état ici) ne désigne en rien les Autrichiens de Léopold II (bien que sujets évoqués en filigrane dans le texte) ou d'autres envahisseurs, qu'ils fussent saxons ou germains, d'obédience chrétienne ou pas.
Ceci est une métaphore bien plus généraliste et intemporelle du peuple français, par opposition au "sang bleu", expression invoquant alors les royalistes.
Et le sens de la phrase dans tout ça? Et bien "qu'un sang impur abreuve nos sillons" signifierait de nos jours "que le peuple seul s'affaire au destin et au développement de la France", car les "sillons" s'apparentent aux veines du corps humain, telle la force du pays dont il est question dans cette métaphore: ce qui fait la force motrice du pays doit passer par le peuple. En comparaison on pourrait aussi avoir l'image d'un courant électrique passant dans des fils pour allumer une ampoule... Enfin, vous aurez compris le sens malgré ma comparaison bancale
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Cela paraît peut-être tiré par les cheveux mais c'est pourtant le sens réel des paroles, tel que Rouget de l'Isle l'a pensé et tel qu'il fut compris par ses contemporains, mais malheureusement personne ne semble faire écho de cette subtilité de langage, ni dans les écoles ni lors des débats qui se veulent politique
Pourtant, il paraît évident qu'en 200 ans les subtilités du langage se sont évaporées vers un français moins théâtral, la compréhension profonde d'un tel texte n'est pas innée et ne demande surtout pas d'être confrontée à une vision actuelle de la sociétés et de ces maux / mots.
En résumé, cette phrase - et c'est paradoxalement peut-être la seule du fameux refrain-, fût-elle remplie d'hémoglobine, n'est en rien barbare, guerrière, raciste ou je ne sais quoi encore: le seul mobile pour la dénoncer est d'être soi-même royaliste...
Par ailleurs, je m'étonne dans les débats télévisuels ou sur FaceBook par exemple de toujours de voir de soit-disant libertaires fustiger cet hymne, qui lui l'est véritablement; à croire que certaines opinions (et notamment celle-ci), même de bonne foi se sont forgées dans le fourvoiement.
Du reste, les nations ne s'accomplissent que rarement dans la joie et la bonne humeur; et si désormais la mode est à la page tournée, elle ne l'était pas lors de l'officialisation de la Marseillaise en 1879, a fortiori dans cette période où les nostalgiques de la monarchie (orléanistes ou loyalistes) reprenaient une importance certaine dans les élites décisionnaires du pays: il fallait alors rappeler des choses que certains avaient apparemment omises de leur mémoire bleutée et (re)diffuser des valeurs républicaines chez un peuple qui les a égarés au gré de l'Empire, de la Restauration, de la Monarchie de Juillet ou encore du 2nd Empire pour préserver la démocratie et éviter un nouveau 2 Décembre 1851, favorisé par une République ballotée, mais à la sauce d'Orléans ou Bourbonnaise.
Or, si cela paraît moins évident en 2010 pour qu'en 1879, le devoir de mémoire est une condition inhérente à l'hymne, qui presque par définition donc, ne s'inscrit pas dans la réalité séculaire. On ne peut donc concevoir ses paroles en corrélation avec notre temps.
Dès lors, le caractère belliqueux dudit chant trouve toute sa justification dans notre Histoire, et en particulier dans l'affectation première et militaire de ce dernier.
Après, à savoir si c'est de droite ou de gauche, il n'y a pas de réponse car c'est une vision trop actuelle de classification des choses pour un texte qui ne l'est justement pas.
D'ailleurs c'est un symbole qui n'a que comme étiquette le seul fait de faire partie de la France dans sa globalité, de manière donc intemporelle. Autant dans ce cas vouloir trouver une couleur politique au drapeau français: plus de bleu ou plus de rouge? à la langue française même !
La Marseillaise est défendue et décriée à droite comme à gauche, avec une balance qui joue suivant les époques. Signe des temps et des modes, il semblerait que quelques sympatisants de gauche (là encore, loin d'être l'ensemble de la gauche) penche en la défaveur.
Mais si l'on devait faire des raccourcis hâtifs, encore faudrait-il définir "gauche" et "droite": bobos? altermondialistes? droite loyaliste? etc...