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 Sujet du message : La loi du 21 mars 1884
Message Publié : 11 Fév 2010 17:28 
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Salluste
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Bonjour.

J'ai un commentaire de cette loi à faire. J'aimerais juste que l'on m'indique le contexte de la loi. Je n'ai pas trouvé grand chose à ce propos. J'ai bien parlé du député à l'origine de la loi et de la nature mais le contexte... :-|

Je vous propose aussi ce plan :

I : Le syndicalisme avant 1884
II : La loi de 1884
III : Conséquences, limites et critiques.

Qu'en pensez vous ?

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 Sujet du message : Re: La loi du 21 mars 1884
Message Publié : 11 Fév 2010 17:49 
Politiquement, les républicains "opportunistes" sont au pouvoir depuis 1880. La France connaît un phénomène cyclique défavorable, la "Grande Dépression" depuis 1875 environ, et la crise s'est amplifiée en 1882. Un mois avant le vote de la loi a éclaté à Anzin dans le Nord une importante grève des mineurs (lisez Germinal pour voir le contexte social) qui protestent contre les conditions de travail. C'est un point à ne surtout pas oublier puisqu'il débouche sur le vote de la loi Waldeck-Rousseau le 21 mars 1884, laquelle reconnaît la liberté syndicale. En effet, le dernier quart du XIXème siècle est marqué par l'essor du syndicalisme dans les pays industrialisés (il a commencé plus tôt en Angleterre où les syndicats sont autorisés depuis 1825, cet essor évolue en même temps que le monde ouvrier se développe).


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 Sujet du message : Re: La loi du 21 mars 1884
Message Publié : 11 Fév 2010 20:52 
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Jean Mabillon
Jean Mabillon

Inscription : 07 Sep 2008 15:55
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sujet banal mais qui peut ouvrir la porte à bien des débats. Je vous suggère les pistes suivantes.

D'abord il faut éviter de parler d'opportunistes (expressions péjoratives venant des radicaux) : parlons de modérés (qui sont via le CNI et les giscardiens une des sources de la droite contemporaine).

Ensuite, il faut rappeler qu'en 1884 il était interdit de créer une association sans l'accord du gouvernement (et ce depuis 1791).

Cette loi innove donc non seulement en reconnaissant des droits spécifiques aux salariés mais aussi en leur reconnaissant une sorte de privilège - en effet il faudra attendre 1901 pour que la liberté de créer des associations sans but lucratif soit reconue par la loi.


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 Sujet du message : Re: La loi du 21 mars 1884
Message Publié : 11 Fév 2010 21:19 
Citer :
D'abord il faut éviter de parler d'opportunistes (expressions péjoratives venant des radicaux) : parlons de modérés


Pour autant, l'expression est fréquemment employée dans les livres d'Histoire.

Vindex, vous cherchiez le contexte social si je ne m'abuse ? Relisez mon message plus haut et n'oubliez pas de parler des phénomènes cycliques que connaît alors la France.


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 Sujet du message : Re: La loi du 21 mars 1884
Message Publié : 12 Fév 2010 1:39 
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Jean Froissart
Jean Froissart
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Inscription : 03 Jan 2008 23:00
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Cher Averm, je ne suis pas sûr que le roman D'Emile Zola "Germinal" puisse être considéré comme une source scientifique pour ce qui est de l'analyse du contexte social en question ...

L'aspect romanesque de l'oeuvre est de nature selon moi à influencer le jugement historique, et il serait hasardeux d'étalonner un jugement historien sur cet ouvrage, quelles que soient par ailleurs ses qualités descriptives : ce n'est pas du journalisme (Zola avait-il séjourné dans le bassin minier ?).

Amicalement.

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Yves Modéran


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 Sujet du message : Re: La loi du 21 mars 1884
Message Publié : 12 Fév 2010 2:23 
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La Saussaye a écrit :
Cher Averm, je ne suis pas sûr que le roman D'Émile Zola "Germinal" puisse être considéré comme une source scientifique pour ce qui est de l'analyse du contexte social en question ...

L'aspect romanesque de l'œuvre est de nature selon moi à influencer le jugement historique, et il serait hasardeux d'étalonner un jugement historien sur cet ouvrage, quelles que soient par ailleurs ses qualités descriptives : ce n'est pas du journalisme (Zola avait-il séjourné dans le bassin minier ?).

Amicalement.


Vous placez Zola sur le même plan qu'un écrivain de romans à l'eau de rose ? Il est pourtant l'un des fondateurs de l'école réaliste et se renseignait très précisément sur le contexte social dans lequel allait évoluer les personnages de ses romans. A ce titre, Germinal vaut plus que pas mal d'autres sources partielles. Et oui, Zola avait séjourné dans le bassin minier et y avait enquêté. C'est d'ailleurs pour cela que le "petit" peuple se retrouvait dans les romans de Zola et qu'il lui en était reconnaissant.

Citer :
Zola se met à écrire le « roman initial » de la fresque, qui en comportera finalement vingt. Il met peu à peu au point sa méthode de travail, on le verra au fil des volumes. Les deux premiers dossiers, ceux de La Fortune des Rougon et de La Curée sont peu développés (92 folios et 19 folios classés dans d’autres dossiers pour le premier, 260 et 9 folios réunis au manuscrit 10280 pour le second). Ils ne comportent pas de sections nettement définies, sont très désordonnés et répétitifs. Les suivants deviennent, au fil des années et des sujets, de plus en plus importants, celui de Germinal comporte 953 fos, celui de La Débâcle 1250.
Ils obéissent à un classement en sections, toujours les mêmes, portant les mêmes titres, écrits avec soin et un véritable souci esthétique, en pleine page : « Ebauche » (mise en place générale de l’intrigue), « Personnages » (une fiche par personnage, y compris pour les animaux), « Plans » (deux par chapitre). S’ajoutent une série de sections documentaires (notes diverses prises au cours de visites sur le terrain, sur des ouvrages spécialisés, ou à la suite de conversations, articles de journaux, plans des différents lieux des romans de la main de l’auteur, lettres de correspondants, etc., et, dans le dossier d’Une page d’amour, une photographie, une vue panoramique de Paris, prise du haut de l’église Saint‑Gervais, derrière l’Hôtel de Ville, après 1871, qui a servi aux cinq descriptions de la ville qui terminent les cinq parties de l’œuvre.

Dans une interview de février 1891, Zola précise qu’il s’entoure de trois sortes de documents : les « documents instructifs », c’est‑à‑dire ceux qui lui sont donnés par différentes personnes appartenant au monde qu’il a l’intention de décrire; les « documents directs », qu’il prend un peu partout ; les « documents écrits », qu’il trouve dans tel ou tel ouvrage spécialisé. Donc, une documentation variée qui présente, en schématisant, un double intérêt : elle est intéressante pour les connaissances qu’elle apporte sur l’époque, très diverses, précises, souvent de première main, et pour la possiblité qu’elle offre de reconsidérer la notion de réalisme, particulièrement de réalisme zolien.
Zola prend des notes sur des livres spécialisés, pendant ou à la suite de conversations ; il rassemble des précisions envoyées par des correspondants à sa demande. Il a un réseau d’informateurs : Gabriel Thyébaut, surnommé « le jurisconsulte des Rougon‑Macquart » pour les questions juridiques, Henry Céard pour les questions médicales, musicales, et toute autre sorte de sujet, Paul Alexis pour ce qui touche au socialisme... Il conserve des documents divers, catalogues, tracts publicitaires, coupures de journaux, qu’il commence à garder parfois plusieurs années avant de se mettre au roman. Il va sur le terrain. L’ immersion dans le milieu à décrire, semble être l’enquête la moins contestable. De fait, on le sait et on s’en est souvent moqué sans bien mesurer l’apport, à l’époque, de cette façon de faire, Zola s’est rendu pendant dix jours dans le Valenciennois, il a visité des corons, est descendu dans un puits une mine à moins 476 mètres, il est allé en Beauce, il a suivi le trajet du 7ème corps dans la région de Sedan, il a fait le voyage Paris‑Mantes sur une locomotive haut‑le‑pied, est allé à Lourdes, à Rome... Il a rapporté 110 feuillets de « Notes sur Anzin », autant de son « voyage à Sedan », une centaine sur la vie diurne et nocturne, les mœurs, les bruits, les couleurs, les odeurs, l’agitation, la faune colorée, l’architecture, les alentours des Halles de Baltard, monde aujourd’hui disparu, plus de 300 sur le fonctionnement des grands magasins autour de 1880, leur architecture novatrice, le travail et la vie de leurs employés, hommes et femmes, le comportement des acheteuses, les méthodes de vente, etc., etc. Au cours de ces enquêtes sur le terrain il dresse les plans des lieux qu’il visite et dont il s’inspirera pour construire son espace romanesque, ou, le plus souvent, qui lui apportent les éléments correspondants à ce qu’il a imaginé dans ses premières réflexions.
La matière de ces reportages pris sur le vif des êtres et des choses – à la différence des fiches de lecture, « rédigés à toute volée, dans le sillage même de l’exploration et de la découverte », explique Henri Mitterand, qui les compare aux carnets de croquis des peintres, est importante, variée et, soulignons‑le, d’un intérêt évident pour qui s’intéresse à l’époque. Zola, qui a vécu pendant des années au contact de peintres comme Manet, Cézanne, Monet, Guillemet, Pissarro, Sisley, Renoir, et dont la plume s’est longtemps exercée à l’école du journalisme, sait voir, saisir, tous les sens en éveil, le détail, la couleur, l’odeur, le volume, le geste, l’attitude, le mot, restituer une atmosphère, noter, sans aucun souci de style, par petites touches juxtaposées, ses impressions multiples, au fur et à mesure qu’il les ressent, brutes, fugitives, rendant la vie dans son jaillissement, son fouillis de sensations de tous ordres, ce qu’admire Huysmans dans les premières pages de L’Assommoir, où « retentit un (…) vacarme de voix qui s’élèvent, d’omnibus qui cahotent, de pas qui sonnent sur les pavés. »
Zola est habile à capter le vécu quotidien des divers groupes sociaux qu’il prend pour sujets, à Paris comme en province. Il s’intéresse à leur cadre de vie habituel, à leur travail, leurs horaires, leurs loisirs, leurs coutumes, leurs habitudes en matière de nourriture, de vêtements, de fêtes, faisant de véritables enquêtes sociologiques. Lorsqu’il visite une maison dans un coron ou les installations de la mine, par exemple, il porte un regard méticuleux, méthodique sur les lieux et les gens, que nous restitue ses notes.


Citer :
Colette Becker, «Sur les sentiers de la création : les dossiers préparatoires des Rougon‑Macquart», [En ligne],
Mis en ligne le: 18 janvier 2007
Disponible sur: http://www.item.ens.fr/index.php?id=27088.


http://www.item.ens.fr/index.php?id=27088

En fait, Zola fait un travail de journaliste ou de documentaliste avant de rédiger ses romans. On pourrait presque dire qu'il fait un travail d'historiens, mais d'historien de son présent. Ce sont des romans, mais ce sont des romans ou seul les personnages et l'action romanesque est du domaine de l'invention, tout le conteste est réaliste.

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 Sujet du message : Re: La loi du 21 mars 1884
Message Publié : 12 Fév 2010 2:38 
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Localisation : Alsace, Zillisheim
Sur Germinal en particulier :
Citer :
Germinal, le roman sur les « gueules noires » et la grève, paraît en 1885. C’est très certainement le roman le plus travaillé, le plus préparé et documenté de Zola. Le romancier s'est déplacé dans le bassin houiller de Valenciennes, dans le nord de la France, à Anzin. Zola choisit le Nord plutôt que Saint-Étienne, sur les conseils du député Alfred Giard qui le guidera dans la région. Sa visite de huit jours, en pleine grève des douze mille mineurs du carreau d'Anzin, transforme totalement sa vision du monde des « ouvriers de l'industrie ». Il n'a pas hésité à descendre au fond de la mine, en février 1884, où il discute avec les mineurs, les cadres et ingénieurs, les personnels divers. Il assiste à des réunions syndicales, entre dans les maisons, les cafés, tous les lieux de convivialité, observe la détermination, le calme et la discipline des grévistes. Il est aussi témoin du drame social, « la débauche des filles qui ne se marient qu'au deuxième ou troisième enfant », la prostitution, le jeu, l'alcoolisme. Le livre est un immense succès alors que les ennemis de l'écrivain, de moins en moins nombreux, sont bien forcés à une reconnaissance de son immense talent.


http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89mile_Zola#Du_r.C3.A9alisme_au_naturalisme

PS: ce qui apporte un renseignement assez précieux. La loi qui autorise les syndicats date du 21 mars 1884, or Zola participe à des réunions syndicales en ... février 1884.

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 Sujet du message : Re: La loi du 21 mars 1884
Message Publié : 12 Fév 2010 16:28 
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Salluste
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Inscription : 03 Jan 2010 10:46
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Localisation : Lotharingie
Averm a écrit :
Citer :
D'abord il faut éviter de parler d'opportunistes (expressions péjoratives venant des radicaux) : parlons de modérés


Pour autant, l'expression est fréquemment employée dans les livres d'Histoire.

Vindex, vous cherchiez le contexte social si je ne m'abuse ? Relisez mon message plus haut et n'oubliez pas de parler des phénomènes cycliques que connaît alors la France.


Merci beaucoup.

Et bien c'était plutôt le contexte social mais ce que vous m'avez dit va très bien, le social étant un domaine de la politique.

Merci à tous.

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 Sujet du message : Re: La loi du 21 mars 1884
Message Publié : 20 Fév 2010 1:43 
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Jean Froissart
Jean Froissart
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Inscription : 03 Jan 2008 23:00
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Cher Narduccio et cher Averm, toutes mes excuses pour la légèreté de mon intervention précédente concernant Emile Zola.

Merci infiniment à vous, Narduccio, d'avoir reposé les choses et d'avoir précisé des éléments essentiels en la matière, que j'ignorais !

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Yves Modéran


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 Sujet du message : Re: La loi du 21 mars 1884
Message Publié : 20 Fév 2010 6:57 
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Localisation : Alsace, Zillisheim
La Saussaye a écrit :
Cher Narduccio et cher Averm, toutes mes excuses pour la légèreté de mon intervention précédente concernant Émile Zola.

Merci infiniment à vous, Narduccio, d'avoir reposé les choses et d'avoir précisé des éléments essentiels en la matière, que j'ignorais !


Il est vrai que lorsqu'on pense roman historique ou d'actualité ... il y a à boire et à manger. Mais Zola est un cas spécial cherchant une rigueur très réaliste. Ses romans c'est presque du très bon journalisme. Si seulement on avait un Zola par décennies, on sentirait mieux l'air du temps.

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