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Message Publié : 15 Juil 2010 15:27 
Il semblerait que la monarchie républicaine désigne l'évolution politique de la Vème République dès ses débuts. J'ai quelques difficultés avec cette expression. Tout d'abord, a-t-elle été inventée par Maurice Duverger ou seulement popularisée par celui-ci ?
Ensuite, le juriste a-t-il cherché à montrer (c'est ainsi que je comprends approximativement cette étiquette) que la constitution de la Vème République dote la république d'un président dont l'autorité rappelle celle du roi (prééminence de l'exécutif, article 16 en cas de crise grave, nomination des ministres, droit de dissolution de l'AN à partir de la deuxième année du mandat, consultation du pays par référendum, etc) ?
Après quoi, si telle est la définition du Duverger, nous pourrions en discuter la légitimité.


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Message Publié : 15 Juil 2010 17:38 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile
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Inscription : 27 Avr 2008 14:42
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L'expression est séduisante, mais en même temps il ne faut pas oublier que ce n'est qu'un mot. La monarchie est dynastique et héréditaire. C'est fondamental, le président tient son pouvoir du peuple et le remet en jeu. Bien sûr j'enfonce là une porte ouverte, mais c'est à ne pas perdre de vue.
Ensuite, c'est vrai que la constitution de la Ve république institue un régime présidentiel taillé sur mesure pour un "grand homme", il bénéficiait donc d'une certaine révérence qui pouvait apparaitre proche de celle du roi. Les visites de de Gaulle en province avaient quelque chose des entrées royales, il était accueilli par des foules en liesse et des petites filles qui lui portaient des bouquets de fleurs.
Contrairement aux Etats Unis, on aime bien les présidents super mâles et on leur pardonne volontiers une vie sexuelle agitée. Ça encore, ça rappelle le roi. Il y a aussi une reine. Je me suis toujours demandé pourquoi on considère comme une évidence que la femme du président doit être dans les réceptions et les voyages, comme si elle était une partie du corps du roi (mais on le fait avec les chefs d'états étrangers). Je me suis toujours demandé, au cas ou Lionel Jospin aurait été élu si sa femme Sylviane Agacinski, philosophe et professeur à l'école des études aurait dit "désolée mais je bosse, j'ai à faire des cours et un bouquin en préparation, je n'ai pas le temps pour ces niaiseries protocolaires", ça m'aurait amusée.
Pour ce qui est du pouvoir réel de décider, après tout, c'est encore le parlement qui fait les lois. Pour que la volonté du président s'exécute, il lui faut tenir sa majorité.

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Alceste

Que les petites différences entre les vêtements qui couvrent nos débiles corps, entre tous nos langages insuffisants... ne soient pas des signaux de haine et de persécution...

La prière de Voltaire, Traité sur la tolérance, Chapitre XXIII


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Message Publié : 15 Juil 2010 18:07 
Alceste a écrit :
Contrairement aux Etats Unis, on aime bien les présidents super mâles et on leur pardonne volontiers une vie sexuelle agitée.


Mais la France et les États-Unis partagent ce point commun d'avoir pu être perçues comme des monarchies républicaines.

Concernant ma définition, est-elle bonne ? Était-ce la vision de Duverger ?


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Message Publié : 15 Juil 2010 18:52 
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Inscription : 15 Avr 2004 22:26
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Localisation : Alsace, Zillisheim
Le terme me gêne beaucoup. Il est surtout utilisé par des opposants politiques, ce qui le rend d'autant plus suspect.

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Message Publié : 15 Juil 2010 19:26 
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Thucydide
Thucydide

Inscription : 05 Déc 2009 16:42
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Mécène a écrit :
[...] droit de dissolution de l'AN à partir de la deuxième année du mandat [...]

Citer :
Art. 12. - Le Président de la République peut, après consultation du Premier Ministre et des Présidents des assemblées, prononcer la dissolution de l'Assemblée Nationale.

Les élections générales ont lieu vingt jours au moins et quarante jours au plus après la dissolution.

L'Assemblée Nationale se réunit de plein droit le deuxième jeudi qui suit son élection. Si cette réunion a lieu en dehors de la période prévue pour la session ordinaire, une session est ouverte de droit pour une durée de quinze jours.

Il ne peut être procédé à une nouvelle dissolution dans l'année qui suit ces élections.


Pas de condition d'ancienneté à ma connaissance, ni dans la Constitution, sauf si je n'ai pas cherché la où il fallait ! D'ailleurs, Mitterrand a dissout par deux fois l'Assemblée Nationale au moment de son accession au pouvoir en 1981 puis de sa confirmation en 1988.


Sur le sujet en lui-même, je dirais que l'expression renvoie d'avantage à la pratique. Juridiquement, ce n'est pas vraiment orthodoxe. Mais en voulant désigner un homme qui impose concrètement sa volonté sans beaucoup de contrepoids, je suis assez d'accord avec cette expression, fût-elle provocatrice, et ce d'autant plus depuis que la cohabitation est devenue illusoire avec la réforme constitutionnelle alignant la durée du mandat présidentiel sur celui de l'Assemblée Nationale.


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Message Publié : 15 Juil 2010 19:36 
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Localisation : Provinces illyriennes
Le fait que l'exécutif dispose du droit de dissolution n'a rien de "monarchique", c'est une pratique courante dans les régimes parlementaires. En contre-partie, le pouvoir législatif a celui d'obliger le gouvernement à démissionner.

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Message Publié : 15 Juil 2010 20:25 
Citer :
Le fait que l'exécutif dispose du droit de dissolution n'a rien de "monarchique", c'est une pratique courante dans les régimes parlementaires.


Duc, ce n'est pas ce que j'ai écrit: "la constitution de la Vème République dote la république d'un président dont l'autorité rappelle celle du roi (prééminence de l'exécutif, article 16 en cas de crise grave, nomination des ministres, droit de dissolution de l'AN à partir de la deuxième année du mandat, consultation du pays par référendum, etc)".

En évoquant ces pouvoirs, je me demandais justement si par "monarchie républicaine", on entend l'évolution politique en direction d'une prééminence exécutive, ce à quoi, apparemment, l'on ne m'a pas répondu.


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Message Publié : 15 Juil 2010 21:31 
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Salluste
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Cette expression n'est pas fausse mais à mon avis elle est à nuancer.
Je pense qu'elle doit surtout caractériser le fait que l'exécutif est plus fort que dans les républiques et régimes parlementaires.

Mais dans certains aspects (comme le suffrages universel direct pour les présidentielles) elle est plus démocratique. De même, elle a été bâtie par De Gaulle qui n'aimait certainement pas le parlementarisme, qui empêchait plus d'agir et de réformer, d'avoir une POLITIQUE comme il le disait.

Je pense qu'au fond de lui, Charles De Gaulle pense que le parlementarisme fut une des raisons de l'échec de 1940.

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Message Publié : 15 Juil 2010 21:35 
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Inscription : 20 Juin 2003 22:56
Message(s) : 8172
Localisation : Provinces illyriennes
Il n'y a pas véritablement - dans le texte - de prééminence de l'exécutif en France sur le législatif.
La seule "étrangeté" est que cet exécutif est bicéphale, du moins au niveau des pouvoirs. Généralement, dans les régimes parlementaires le chef de l'Etat a des prérogatives limitées par rapport au chef du gouvernement, alors que pour la Vème République c'est presque l'inverse, encore davantage lorsque les deux personnages sont du même parti politique.
Mais, le pouvoir législatif n'est absolument pas soumis, voire inférieur à l'exécutif dans cette Constituation.
Maintenant, au regard de la pratique constitutionnelle, c'est autre chose depuis une vingtaine d'années, avec une accelération ces dix dernières années : on a parfois l'impression que l'AN n'est plus qu'une chambre d'enregistrement. C'est malheureusement le défaut de la qualité de cette Constitution : elle est très souple...

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Message Publié : 15 Juil 2010 21:54 
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Salluste
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Inscription : 03 Jan 2010 10:46
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Localisation : Lotharingie
Ellle est souple en effet. Et je pense que l'interprétation joue beaucoup sur la pratique politique.

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Message Publié : 15 Juil 2010 23:35 
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Il m'est difficile de répondre à la question du pouvoir du président de la République en France en respectant la limite chronologique. Parce que notre Président actuel est le meilleur exemple. Je vais exceptionnellement m'autoriser à ne pas respecter cette limite, mais j'aimerais que les participants ultérieurs n'en profitent pas pour faire de la politique actuelle. Et je limite mon analyse à des faits, pas à une analyse politique.

Si on regarde le pouvoir du président, il faut voir que celui-ci à évolué entre le 17 mai 2007 et aujourd'hui.En mai 2007, il a environ 70% d'opinions favorables. Tout ce qu'il dit est presque considéré comme parole d'évangile, pas un seul parlementaire de l'UMP ou de la majorité parlementaire n'ose faire la moindre critique. Aucun parlementaire de cette opposition n'est d'accord pour ne pas adhérer à 100% à tout ce que dit le président ou le gouvernement. Et ceux de l'opposition courbent l'échine, sont déférents et attendent des jours meilleurs. Peu de monarques avaient autant de pouvoir.

3 ans après, la cote de popularité à nettement diminué. Des amis très fidèles ont commencé depuis un moment à montrer leurs différences. Des projets de lois qui seraient passés comme une lettre à la poste il y a 3 ans sont commentés, modifiés à l'Assemblée Nationale ou au Sénat.

Le pouvoir du Président sont déterminés par sa popularité auprès du peuple vue à travers les divers sondages. Vous cherchez qui à le pouvoir ? Nettement, le peuple à travers une certaine représentation médiatique. De nos jours, nous votons chaque jour de notre vie sans le savoir et ceux qui dépouillent le vote sont les instituts de sondage. J'ignore le nom qu'on peut donner à cette démocratie médiatique, mais, si on continue dans ce sens, nous aurons des présidents jetables qu'on choisira en téléphonant à un numéro surtaxé. Le président n'est un monarque surpuissant que tant que les sondages lui donnent de la légitimé et là, tout le monde courbe la tête et cherche à ne pas déplaire. Soyons honnête, ils ne cherchent pas à plaire ou à déplaire au président, car autrement, ils seraient autant déférent le dernier jour de son mandat. Ils cherchent simplement à ne pas déplaire à l'opinion publique. A part quelques cas particuliers qui ont leur stratégie de niche et qui la cultivent.

Ce n'est pas une monarchie parce que le pouvoir y est très volatil. C'est un régime très particulier parce que les représentants élus peuvent paraitre à certains moments ne plus avoir la légitimité nécessaire pour gouverner.

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Message Publié : 05 Août 2010 14:19 
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Georges Duby
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Localisation : Montrouge
Duverger adorait les formules. mais je ne le crois pas l'inventeur de l'expression monarchie républicaine car elle était abondamment utilisée en son temps, dans les années 50.
Elle date probablement des débuts de la 3è république, quand Duvergier de Hauranne écrit en 1871: "la France libérale peut choisir entre une république qui touche à la monarchie et une monarchie constitutionnelle qui touche à la république".
La chambre veut alors rétablir la monarchie et Thiers joue contre cette éventualité, consolide le provisoire et élimine l'autre danger, le régime d'assemblée, qu'on peut craindre à l'avenir. Il met en place de facto un régime parlementaire à deux options. L'option monarchiste s'écroule comme on sait et un amendement fonde par surprise la république en 1875, avec cette synthèse pragmatique d'un président dit de la République, élu pour 7 ans, rééligible sans limite et non révocable sauf trahison.
Par touches successives, la chambre a rapproché république et monarchie, au jour le jour, en éliminant les régimes dont on ne veut pas: d'assemblée, présidentiel type 1848, monarchiste absolue.

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.


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