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Message Publié : 06 Oct 2010 16:59 
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Georges Duby
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Des organes socialistes pour Mussolini, Hitler est un autre cas, ce sont les thèmes populaires du socialisme qui l'interessent pour les utiliser.

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.


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Message Publié : 06 Oct 2010 17:25 
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Jean Mabillon
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Alain.g a écrit :
Des organes socialistes pour Mussolini
OK, donc pas le socialisme en soi. Pour Zeev Sternell, le fascisme peut se résumer à une tentative néo-socialiste non marxiste.


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Message Publié : 06 Oct 2010 17:45 
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Alain.g a écrit :
Narduccio a écrit :
Ce n'est pas l'État qui contrôlait le parti, mais bien le parti qui contrôlait l'État.
Oui, bien sur mais la glorification de l' Etat est essentielle au concept du fascisme italien; il s'agit de l' Etat fasciste. Mussolini en parle longuement. Voir par exemple le manuel d'histoire des idées politiques de Touchard page 810.
Pour Mussolini la nation procède de l' Etat et pas l'inverse, il combat toute la théorie démocratique, les lumières et 1789.


Il glorifie l'Etat, mais il le met sous la dépendance du parti fasciste, ce qui est différend de certains autoritarismes "technocratiques" où ce sont des administrateurs qui gouvernent réellement.

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Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
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Message Publié : 06 Oct 2010 18:31 
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Jean Mabillon
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Narduccio a écrit :
Il glorifie l'Etat, mais il le met sous la dépendance du parti fasciste, ce qui est différend de certains autoritarismes "technocratiques" où ce sont des administrateurs qui gouvernent réellement.


Je me souviens d'un auteur italien que j'avais lu dans les années 1980 qui soulignait à quel point le régime fasciste s'était assoupi et était devenu une dictature assez classique dans laquelle la société était soumise à l'administration (dans une mesure limitée) et ladite administration soumise (de façon limitée - surtout en ce qui concerne l'armée très liée à la noblesse et à la famille royale) au Duce.

C'est d'ailleurs dans ce contexte que Pierre Laval ou Winston Churchill ont pensé qu'une entente voire une alliance avec Mussolini était un moyen légitime de borner les ambitions de Hitler. Cela montre bien que la caractère totalitaire et idéologique du fascisme était peu évident à l'époque.

Selon cet auteur (dont je vais rechercher le nom), c'est la montée en puissance du IIIè Reich qui réveille vers 1936 l'idéologie fasciste et conduit le Duce à durcir son régime sur le plan intérieur (y compris un imposant un statut aux Juifs en 1938) et à se rapprocher de Berlin.

Cela dit à un certain moment on en vient à couper les cheveux en quatre en raffinant l'analyse : devons nous suivre les discours ? les pratiques ? le ressenti des habitants (lesquels d'ailleurs : les nobles, les bourgeois, la plèbe ?) tout cela pouvant changer selon les périodes et les récits d'après 1945 pouvant être largement reconstruits ! Il était par exemple de l'intérêt de la bureaucratie italienne de se distancier en chargeant le parti de tous les maux et pour la DC de faire un parallèle PCI/PNF.


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Message Publié : 06 Oct 2010 18:58 
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Pour Zeev Sternell, le fascisme peut se résumer à une tentative néo-socialiste non marxiste


J'ai lu une demi douzaine des ouvrages de Sternhell, je suis justement en train de lire "La droite révolutionnaire 1885/1914" et je n'ai pas retiré de ces livres l'impression que c'est sa définition du fascisme.
Si l'on veut jouer à ce petit jeu réducteur des définitions, le fascisme chez ZS, c'est plutôt une droite nationaliste populaire (non élitiste , à la différence de la droite contre-révolutionnaire et de la première moitié du XIXe) qui a compris que la nation ne pourrait être puissante et unifiée que si l'on intégrait le peuple.
En d'autres termes, l'intégration du peuple, la mise en avant de préoccupations sociales n'est pas le but suprême; ce n'est qu'un moyen de réaliser l'union nationale et de mettre fin à la lutte de classes qui la divise et affaiblit la nation. Je cite un des précurseurs de la pensée fasciste selon l'auteur, Morès, qui écrit "il faut supprimer le prolétariat, il faut donner à ces hommes quelque chose à défendre, à conquérir".
Le fascisme n'est donc social que pour supprimer la revendication socialiste. Vouloir supprimer la revendication socialiste , est ce du socialisme? Comme le grand méchant loup, le fascisme ne revêt les apparences du socialisme que pour mieux le manger. On sait d'ailleurs ce qu'il est advenu des partis socialistes sous Mussolini et Hitler.
Le but suprême du fascisme reste la puissance de la nation, conçue en termes biologiques/raciaux de volk par le nazisme.


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Message Publié : 06 Oct 2010 20:37 
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Aigle a écrit :
Selon cet auteur (dont je vais rechercher le nom), c'est la montée en puissance du IIIè Reich qui réveille vers 1936 l'idéologie fasciste et conduit le Duce à durcir son régime sur le plan intérieur (y compris un imposant un statut aux Juifs en 1938) et à se rapprocher de Berlin.
N'est-ce pas plutôt le refus de la France et de l'Angleterre de partager le gâteau colonial avec l'Italie - en gros de lui laisser les mains libres en Ethiopie - qui pousse Mussolini dans les bras d'Hitler? Il était jusque là très critique vis-à-vis de l'Allemagne nazie, qualifiant Hitler de dégénéré et de danger pour l'Europe.


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Message Publié : 06 Oct 2010 20:49 
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Jean Mabillon
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Tonr a écrit :
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Pour Zeev Sternell, le fascisme peut se résumer à une tentative néo-socialiste non marxiste
J'ai lu une demi douzaine des ouvrages de Sternhell, je suis justement en train de lire "La droite révolutionnaire 1885/1914" et je n'ai pas retiré de ces livres l'impression que c'est sa définition du fascisme.
Si l'on veut jouer à ce petit jeu réducteur des définitions, le fascisme chez ZS, c'est plutôt une droite nationaliste populaire (non élitiste , à la différence de la droite contre-révolutionnaire et de la première moitié du XIXe) qui a compris que la nation ne pourrait être puissante et unifiée que si l'on intégrait le peuple.
Pourtant, c'est bien Sternell qui disait que le fascisme était un néo-socialisme et une tentative de révision du marxisme. Je crois que c'est dans son Ni droite ni gauche: le fascisme en France que j'avais lu ça. Mais je n'ai plus le bouquin sous la main (plus aucun livre d'histoire, d'ailleurs :'( ). Si vous l'avez...


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Message Publié : 06 Oct 2010 21:43 
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Pourtant, c'est bien Sternell qui disait que le fascisme était un néo-socialisme et une tentative de révision du marxisme. Je crois que c'est dans son Ni droite ni gauche: le fascisme en France que j'avais lu ça. Mais je n'ai plus le bouquin sous la main (plus aucun livre d'histoire, d'ailleurs )


Justement, celui là, je ne l'ai pas lu.
J'aime bien lire Sternhell, mais il a une conception essentiellement idéologique du fascisme, donc un peu ramasse-tout, style le fascisme existait déjà un siècle avant le fascisme :mrgreen: qui peut ne pas plaire aux historiens.
Il est possible aussi que ses idées sur le fascisme aient évolué au fil de ses écrits.
Cela dit, d'après les ouvrages de lui que j'ai lus, le socialisme ne peut pas être vu comme un but en soi dans le fascisme, c'est juste un moyen d'intégrer les masses dans la communauté nationale, "nationaliser le peuple" comme il dit.
Mais je pense aussi que cet aspect socialiste est moins factice dans le fascisme italien; Mussolini a vraiment été socialiste dans sa jeunesse, Hitler ne l'a jamais été.


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Message Publié : 06 Oct 2010 22:07 
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Je connais moins bien Sternhelll que vous, mais c'est vrai qu'on a parfois l'impression qu'il a une conception un peu "multiforme" du fascisme. :mrgreen:


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Message Publié : 07 Oct 2010 9:47 
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Je viens de retrouver dans mes documents un article de Bernstein, également disponible sur Persée, qui parle justement de ce livre de Sternhell que j'avais lu:
http://www.persee.fr/web/revues/home/pr ... m_2_1_1673

Bon, d'abord, le bouquin en question s'appelle Ni droite, ni gauche: l'idéologie fasciste en France (ça m'apprendra à citer des titres de mémoire, sans les vérifier... :oops: )

Effectivement, Bernstein est assez dur sur ce travail, reprochant à Zeev Sternhell de voir des fascistes ou crypto-fascistes partout, sans vraiment définir au départ son objet d'étude... :mrgreen:
Par contre, on retrouve cité deux ou trois fois dans cet article ce que j'avais lu dans le bouquin de Sternhell : "On pourrait écrire l'histoire du fascisme comme celle d'une immense tentative de révision du marxisme, d'un effort permanent vers le néo-socialisme". Je me rappelle comme d'hier de cette phrase du livre qui, à l'époque où je l'avais lu (c'est-à-dire il y a un bout de temps; à un âge où on ne fait que répéter ce que disent les journaux et considère que fascisme = extrême-droite) m'avait interpellé (avec l'argumentation qui allait derrière bien sûr). Mais il faudrait que je le relise avec un œil critique.


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Message Publié : 07 Oct 2010 11:37 
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re, on retrouve cité deux ou trois fois dans cet article ce que j'avais lu dans le bouquin de Sternhell : "On pourrait écrire l'histoire du fascisme comme celle d'une immense tentative de révision du marxisme, d'un effort permanent vers le néo-socialisme".


merci pour cette citation.
Une remarque: je retiens les mots "révision" du marxisme: on ne révise le marxisme que si l'on pense qu'il contient des éléments à réviser, c'est à dire imparfaits ou carrément mauvais. Réviser le marxisme, c'est vouloir garder certains aspects, et se débarrasser de certains autres. C'est bien en effet ce qu'a fait Hitler: en gros garder la coquille (le style de propagande, les manifestations, la rhétorique, la mobilisation intensive des militants et le système d'organisation du parti, etc,) mais enlever le coeur idéologique, en particulier la finalité ultime, qui n'est plus le bien du prolétariat mais celui de la nation.
Et je retiens le "néo"; le néo-socialisme n'est pas identique au socialisme, c'est fort différent, ça pourrait même être son contraire, voire son pire adversaire, comme le néoconservatisme américain s'oppose sur de nombreux points au conservatisme classique, comme le néo-libéralisme est quasiment l'opposé du libéralisme originel, ou le néo-féminisme de Sarah Palin est une attaque en règle contre le féminisme (je ne résiste pas à citer l'exemple de Palin qui se dit féministe mais conseille aux américaines de se "soumettre gracieusement" à leurs époux, c'est vraiment irrésistible :mrgreen: ).
Ces tentatives de récupération/détournement d'une cause politique plus ou moins populaire dans le but de la phagocyter, de vampiriser son poids politique, de s'emparer de ses militants et de surfer sur sa popularité sont devenues monnaie courante, mais le fascisme reste une référence sans doute inégalée en la matière.


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Message Publié : 07 Oct 2010 17:50 
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Georges Duby
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On revient toujours à la convergence du communisme et du fascisme. Cette convergence des deux extrêmismes était dénoncée il y a une vingtaine d' années, notamment quand François Furet en faisait état.
Cette convergence est de plus en plus reprise par les auteurs et notamment en science politique. Friedrich aux EU par exemple.
On appelle alors totalitarisme l'ensemble et on décrit ensuite ses deux branches le communisme et le nazisme et leurs différences. Il existe beaucoup de points communs, dans la théorie des masses, la primauté du peuple, comme d'autre part dans la pratique: prise du pouvoir, police, camps d'internement, mépris de l'individu et de la démocratie représentative ...
Par ailleurs, beaucoup d'auteurs admettent que c'est en voyant comment une petite minorité révolutionnaire a pu prendre le pouvoir en octobre 1917 en Russie, que le fascisme a pu concrétiser des idées restées jusqu'ici au stade de l'expression: nationalisme, dégout de la démocratie, activisme.
Mais il s'est bati en rejetant violemment le bolchevisme, qui agitait alors en europe une après-guerre livrès à une grande agitation sociale, voire révolutionnaire, en Allemagne notamment.
Les deux totalitarismes ont mis en scène leur opposition, anti-fascisme et anti-communisme, dans un pas de deux qui a occupé longtemps la scène politique. Maintenant on les réunit: mêmes recettes, mêmes effets. La boucle est ... bouclée. Un nouveau siècle commence. On entend toujours un peu l'accusation de fascisme avec une exagération qui fait maintenant sourire, tant la ficelle est grosse et a été utilisée.

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