Je vais me faire l'avocat du diable, face à une série d'affirmations qui participent plus du jugement de valeur légèrement manichéen et des illusions rétrospectives que de la réflexion historique.
Citer :
Il n'y a d'ailleurs que les médias qui parlent "d'élites", vous n'entendrez jamais cette expression chez le commun des mortels. Rien d'étonnant à cela puisque les médias estiment en faire partie, ce qui est d'ailleurs fondé étant donné leur pouvoir énorme en matière de controle de l'opinion.
En effet, il n'y a guère que les élites pour affirmer que le pouvoir des élites est une bonne chose. Et ceux qui en sont exclus pensent plutôt que c'est une mauvaise chose. Ce genre de jugement est si totalement déterminé par la position socio-économique occupée par ceux qui le portent qu'il ne peut guère avoir de pertinence objective ni d'un côté ni de l'autre. Habituellement, pour que ceux qui pensent que les élites ne valent rien changent d'avis, il faut et il suffit qu'ils soient admis à en faire partie.
Citer :
Le critère moderne étant la réussite sociale et donc l'argent, plus vous etes riche et plus vous etes placé haut dans "l'élite". Et comme pour devenir toujours plus riche il faut etre un requin, notamment dans la finance, on se retrouve avec cette situation pardoxale ou les "meilleurs" sont en réalité les plus "pourris"...
Depuis que la banque, lecapitalisme et la finance (finance au sens originel d'argent de l'Etat)existent, il a généralement fallu être un requin pour y réussir, avec certainement le recours à des montages financiers plus complexes aujourd'hui qu'autrefois.
Lisez n'importe quel ouvrage sur la ferme générale des impôts sous l'Ancien Régime, les enrichissements rapides et spectaculaires de ceux qui y exerçaient, les histoires de fournisseurs aux armées richissimes sous tel ou tel monarque, les ministres des Finances qui confondent un peu les caisses publiques avec les leurs, la spéculation financière effrénée sous le Second Empire, l'affaire de Law, l'affaire de l'Union générale, l'affaire Humbert, l'affaire Ponzi, Panama, l'affaire Staviski, et j'en passe. Madoff n'est que l'héritier d'une longue lignée.
Citer :
Inversion totale des valeurs : autrefois par élite on voulait dire les plus intelligents, les plus créatifs, les plus courrageux, les plus vertueux.
Oui, on VOULAIT dire: on voulait faire croire que élite et vertu étaient synonymes. Faire croire à la vertu des élites, c'est nécessaire à leur maintien au pouvoir, ça s'appelle l'idéologie.
Citer :
Aujourd'hui cela veut simplement dire "les plus riches". Peu importe que l'individu soit vil, vénal, menteur, voleur, ou meme tout simplement crétin, tant qu'il est riche il est puissant et donc membre de "l'élite".
Ca toujours été ainsi, avec tout au plus des pics de corruption à certaines époques, celles ou le système politique laisse aux requins les mains plus libres qu'à d'autres.
Pour relativiser vos idées sur la soi-disant plus grande vertu de nos ancêtres, lisez par exemple "La France des gogos, trois siècles de scandales financiers" de Gilbert Guilleminaut.