Tout est venu comme on sait de ce que les constitutionnalistes ont appelé la "constitution Grévy" au sens coutumier et fonctionnel, quand Grévy éminent personnage des débuts de la 3è République, élu après la démission de Mac Mahon, a préféré par gout et par réaction contre son prédécesseur monarchiste, renoncer aux pouvoirs forts du Président de la République prévus par les textes. Mac Mahon défendait une conception dualiste de la République (deux pouvoirs) et il s'appuyait sur la loi constitutionnelle du 25 février 1875, créant un régime de type de la monarchie parlementaire orléaniste de 1830. L'article 3 donne au PR les pouvoirs d'un roi dira Louis Blanc: pouvoir réglementaire, initiative des lois, demande possible de 2è lecture, nomination aux emplois, chef des forces armées, cloture des sessions, enfin le fameux droit de dissolution. Il n'y a pas de Président du Conseil, qui sera institué par décret du 9 mars 1876. Les républicains sont alors "monistes", tout pouvoir réside dans la chambre des députés qui domine le gouvernement par la responsabilité ministérielle. Grévy, l'ennemi de l'institution d'un président fort, déclare renoncer dans un message, dès qu'il est élu le 30 janvier 1879, au dualisme: " soumis à la grande loi du régime parlementaire, je n'entrerai jamais en lutte contre la volonté nationale exprimée par ses organes constitutionnels. " Grévy renonce au droit de dissolution, pouvoir essentiel du PR. Il renonce aussi aux autres pouvoirs contraignants pour l'assemblée, déséquilibrant l'équilibre des pouvoirs. Mais les textes demeurent, vidés de leur substance. La mythologie du 16 mai est née. La 3è République revient à la tradition révolutionnaire. L'instabilité ministérielle s'installe, les jours de tout gouvernement sont comptés. Le président de la Chambre devient un poste essentiel. C'est de ce poste que Gambetta dirigera en fait la République, ni Président de la République, et pratiquement pas Président du Conseil ou si peu: quelques mois. On pense aussi à l'influence considérable d'Herriot.
_________________ Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.
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