Alain.g a écrit :
Le sujet du référendum d'initiative populaire est fréquemment évoqué mais aucune grande formation ne s'en saisit réellement avec l'intention d'aboutir. Ce qui alimente l'idée que les partis se méfient du peuple et de décisions directes du peuple, et même l'idée d'une coupure entre le peuple et ses élus et l'élite plus largement
Pourquoi ?
Peut-être par peur de se voir désavouer par le peuple. Promouvoir le référendum, c'est un peu tendre le bâton pour se faire battre. Dans un système de démocratie représentative, les élus doivent rendre des comptes bien entendu. Mais la sanction a lieu chaque 4 ou 5 ans, lors des élections. Durant la période où l'élu siège dans un parlement, il gagne et perd des votations, mais il peut toujours se défendre et dire qu'il le fait pour le bien de la population; et s'il est minorisé, que c'est la faute de la majorité. Lorsque le peuple est souvent amené dans l'isoloir, les partis se positionnent à chaque fois, et il y a toujours le risque de prendre des claques. Adopter cette pratique demanderait donc une remise en question et une forte évolution dans la mentalité des élus.
Après, à propos du côté élitaire des élus, je ne connais pas très bien le cas français. Mais j'ai l'impression que tout au long de l'histoire républicaine de ce pays, les représentants venaient des élites. Le phénomène est bien entendu similaire dans un pays comme la Suisse où le parlement a de tout temps été principalement dominé par les juristes/avocats, acteurs de l'économie, professeurs etc. Mais dans ce second pays, il y a aussi toujours eu un fort lobby agricole, quelques exemples de "self-made men" qui font penser à des élus "d'en bas". Les élus au niveau fédéral ont aussi tous connu une première carrière au niveau communal ou cantonal (à ces sujet, lire ce compte-rendu:
http://www.infoclio.ch/fr/node/30409) où ils ont été aux prises avec les électeurs. Si l'on retrouve peut-être ces éléments en France (à vous de m'éclairer
), il faut noter la petitesse des élites suisses découlant de la petitesse du pays. Et, surtout, le Parlement a très longtemps été un parlement de milice (ça commence à changer) constitué d'hommes étant très impliqués dans la vie économique du pays. Est-ce aussi le cas en France? La politique en tant que "profession" coupe peut-être plus du peuple. Il serait intéressant pour moi de mieux connaître la sociologie des élus et comparer avec un pays avec une forte pratique démocratique. Nous pourrions être surpris ou déçus.
Enfin, c'est peut-être aussi une raison de "tradition" et de fondement de la nation. En Suisse, on fait remonter la démocratie aux origines de l'ancienne Confédération (position qui est historiquement très discutable). Cette construction du passé, même si elle n'est pas tout à fait correct d'un point de vue historique, est toutefois entrée dans les esprits et y reste fortement ancrée. Elle a sûrement contribué à la mise en place de la démocratie qu'on y trouve actuellement. En France, je ne sais pas s'il y a une tradition de ce type, mais j'en doute.