Petite contribution concernant la période actuelle :En ce qui concerne l'Eglise d'Angleterre (=anglicane, Eglise d'Etat), le devenir, et notamment la vente, des
redundant* churches (qu'on pourrait traduire faute de mieux par
églises surnuméraires) est pris en charge par le
Churches Conservation Trust, organisme très officiel où se côtoient les représentants de l'Eglise, de l'Etat et les mécènes. Les règles ont été définies dans les
Pastoral Measures, édictées par l'Eglise d'Angleterrre en 1983. C'est très bien huilé, avec des moyens humains et financiers conséquents levés par souscription, selon le modèle typiquement britannique des
Charity Trusts (modèle fondamental des ONG britanniques, autrement plus évolué que le modèle de la Loi française de 1901).
* La traduction la plus proche du sens original serait : églises mises en chômage ...
En Angleterre également, l'Eglise évangéliste (=protestante, non anglicane), quant à elle, vend ses biens sans aucun état d'âme. Une telle différence trouve évidemment ses racines sur une vision assez divergente de la notion de sacré et plus profondément de l'
ecclésiologie.
Il s'agit là d'Eglises non catholiques. Je n'ai pas d'information précises pour l'Eglise catholique en Angleterre...
L'Eglise d'Irlande (=catholique) a adopté un principe similaire à celui de l'Eglise anglicane à une différence près : plutôt que la réutilisation à des fins civiles des églises en surnombre, elle a longtemps favorisé le concept de
romantic ruins : le nom parle de lui-même ... Inconvénient majeur, entièrement assumé par l'Eglise d'Irlande : les
romantic ruins irlandaises ne produisent aucun revenu, à la différence de la vente des
redundant churches anglaises et galloises ...
En Europe continentale et en ce qui concerne l'Eglise catholique uniquement, je crois savoir que la réflexion est en cours en Belgique et au Pays-Bas. Pour l'instant, à ma connaissance, l'Allemagne et L'Italie ne doivent connaître le phénomène de sécularisation des églises que de manière extrêmement marginale ... Je ne connais rien de la situation des autres pays européen.
Tous les cas que je viens de citer concernent des pays où les Eglises (communautés de foi) sont propriétaires des églises (édifices du culte). Le cas est sensiblement différent en France où les églises sont propriétés communales, qui plus est avec 37 000 communes (densité unique en Europe). La réflexion sur le sujet est taboue pour les communes ; elle est encore embryonnaire et non structurée du côté de l'Eglise. Pourtant, lorsque l'on observe la question sur la longue durée, il est bien évident que le phénomène des églises surnuméraires et de leur sécularisation d'une part des biens d'Eglise se posera à tous les pays, à toutes les communautés de croyants. Il est à craindre que, là où on aura joué la politique de l'autruche, cela ne se passe dans la douleur...
Espérant avoir été utile au débat,
Jean-Mic