Aigle a écrit :
Avec le recul nous trouvons cela absurde mais en 1960 nul n'aurait osé qualifier Mao ou Castro de dictateurs nationalistes. Ils l'etaient pourtant !
Il faut comprendre que le marxisme, le Communisme ont été vus comme un d'idéal de projet de société, une sorte d'Eden
: pour beaucoup, le Communisme était une religion. On peut évoquer la "foi", au sens de croyance, dans cette idéologie (nourrie justement par son combat contre les impérialismes, les soi-disant "100 000 fusillés" de l'Occupation etc.). N'oublions pas, et pour beaucoup cela peut paraître surprenant, que le PC est le parti politique le + important après-guerre : comment pouvait-on remettre en question un parti dont le socle était le bonheur du genre humain ?
A ce sujet, j'aime rappeler la une de l'Humanité à la mort du "Petit Père des Peuples" :
Là, c'est 1954 et la visite de Sartre en URSS :
Effectivement, c'est risible mais je pense que ces gens qui louaient le système soviétique (et ses déclinaisons dans d'autres pays) étaient sincères (d'où l'utilisation du mot "religion" cité en amont) : dans les milieux intellectuels français, par exemple artistiques, ne pas être marxiste pouvait être considéré comme une hérésie... C'était quasiment immoral ! Jean Vilar s'est quasiment fait traiter de "fasciste" en 1968 au Festival d'Avignon (
« La culture industrielle, de même que l'université bourgeoise, ne constitue-t-elle pas un écran de fumée destiné à rendre impossible, à interdire toute prise de conscience et toute activité politique libératrice ? »). Ce qui est assez drôle c'est que ceux qui refusaient le théâtre dit "bourgeois" ont finalement mis en scène, après avoir vieilli et reçu les subventions confortables de l'Etat, les classiques de Molière et de Shakespeare...
Comme quoi, en lui offrant de l'argent et du confort matériel etc. un révolté de Gauche peut devenir facilement un bon bourgeois de Droite !