Jerôme a écrit :
La IIIE république est largement discréditée par l'effarante successions des gouvernements qu'elle a connue : un ministère par an avant 1914 en moyenne puis deux par an après 1919.
Cette situation a été la cible de nombreuses attaques des antiparlementaires et des antirépublicains.
Mais je ne sais pas comment les partisans et les dirigeants du régime défendaient cette détestable pratique. Y voyaient ils un moindre mal ( par rapport à la dictature ou à l'absolutisme ) ? Faisaient ils semblant de la trouver normale ? Ou bien même la trouvaient ils sincèrement normale ?
Je me rappelle un des constituants de la IVème république qui trouvait que la bonne durée pour un gouvernement, c'était deux ans. Pour lui, évidemment, le parlement, c'était le peuple (cf Mendès France, qui disait de telle politique adoptée par le gouvernement (l'acquisition de la force nucléaire) qui'il était scandaleux que le peuple n'en ai jamais débattu - il voulait dire, le parlement), et le gouvernement, ça l'était moins, donc le gouvernement devait changer pour que la volonté du peuple soit rappelée à l'exécutif.
Par ailleurs, les peuples tendent à trouver normales leurs institutions, et à trouver un peu bizarres celles des autres, quand ils y pensent ou les connaissent, les Italiens ne se sont pas tellement révoltés contre leurs crises fréquentes, les Belges ont survécu récemment à une absence de gouvernement qui a duré à peu près un an...
Une des grandes justifications, naturellement, en France, c'était : exécutif fort et stable = coup d'Etat, dictature : Napoléon III.
Cela dit, les crises à répétition n'étaient pas populaires en soi, sous la IVème en particulier. Personne ne soutenait qu'il était désirable en soi que la durée d'un gouvernement soit de trois ou six mois.
Raymond Aron exprime cela dans ses mémoires en disant que les Français étaient las d'être "la risée du monde" (même s'il reconnaît des mérites à la IVème, et trouve des défauts à la Vème).
Tel partisan de la IVème vous dirait que chaque régime à ses défauts et qu'il préfère l'instabilité gouvernementale (qu'il ne souhaite pas en soi, mais dont il accepte qu'elle caractérise certaines périodes), au "monarchisme" de la Vème, où toute la vie politique tourne autour d'un homme.
Position relativement extrême : la France s'est relativement convertie au goût pour la stabilité de l'exécutif, qu'elle doit maintenant éprouver plus que d'autres peuples, un peu comme les Allemands ont une horreur spéciale de l'inflation, ou les Italiens et les Allemands une allergie particulière envers les politiques natalistes.