Clio a écrit :
Les lois de décentralisation n'ont nullement supprimé l'obligation de présenter un budget en équilibre. Et ne vous en déplaise, quand un maire est épinglé par la chambre régionale (contrôle a posteriori), la presse locale s'en empare très rapidement et sa réélection est bien souvent compromise. L'absence d'une tutelle préfectorale n'est absolument pas la porte ouverte, comme vous le présentez, insidieusement à tous les dérapages et autres démagogies. Dans une démocratie, c'est au peuple souverain de décider, et s'il choisit de réélire des gens qui ne le méritait pas, c'est encore une fois le moins pire des systèmes. Le droit de vote ne s'use que si l'on ne s'en sert pas. Mais il est vrai que les grands commis de l'État sont intiment convaincus de toujours savoir mieux que les autres ce qui est bon pour eux.
1/ La tutelle retournait des budgets qui lui paraissaient engager l'avenir vers des difficultés financières graves et cela
bien que le budget soit équilibré dans l'immédiat. Impossible pour les chambres régionales des comptes (CRC) par définition.
2/ Elle vérifiait mieux que les CRC
la réalité de l'équilibre, évitant la sous-estimation des dépenses et la surévaluation des recettes qui cache facilement la réalité. D'autant que les CRC contrôlent les comptes et
pas les budgets qui ne sont que des prévisions. Or la tutelle agissait en amont, dès la prévision-autorisation qu'est le budget, au bon moment
3/ L'idée que tout ce qui est démocratique doit être permis sans contrôle autre que de légalité en vertu du principe de souveraineté populaire, présente beaucoup de dangers, car le contrôle a posteriori intervient après la dépense, trop tard. Le maire épinglé n'est pas toujours battu aux élections, s'il n'y a pas enrichissement et délit pénal. Voyez ce qu'on découvre au sein des assemblées depuis quelques années, qui est légal mais choquant et préjudiciable à l'intérêt général.
La tutelle préfectorale gérait à temps le "légal mais choquant et préjudiciable", que le contrôle ne peut arrêter, au nom de la morale républicaine ou de la nécessité de ménager le recours à l'impôt, principe très oublié depuis une trentaine d'années.
Par exemple quand une commune présentait à son budget, en amont donc, des dépenses d'équipement excessives et dont le poids en investissement et en fonctionnement pèserait sur les années futures et dont on voyait qu'il allait obliger à augmenter fortement les Impôts locaux, la tutelle demandait à revoir les investissements. C'est impossible depuis 1982.
Rappel: les CRC n'examinent que les Comptes, pas les budgets en amont et elles le font parfois 5 ans après, voire pire. Mieux elles ne regardent pas toutes les communes mais un échantillon. Beaucoup de pratiques condamnables ne font pas l'objet d'un contrôle. Les Préfets regardaient avec les SP et les services spécialisés, tous les budgets de
toutes les communes