Jefferson a écrit :
Sociologue, 1906, socialisme aux Etats-Unis, je penserais bien au livre de Werner Sombart, "Pourquoi n'y a-t-il pas de socialisme aux Etat-Unis", mais je ne me souviens pas qu'il ait posé la question raciale comme problématique.
Merci, après recherche, ce livre est bien sorti en 1906 donc je pense que c'était bien celui auquel faisait référence l'intervenant.
Jovien a écrit :
La réponse de Sombart n'est pas la race mais l'immigration : l'arrivée de nouveaux immigrants, souvent pas mal différents de la population déjà sur place, empêche la formation d'un esprit de classe dans la classe ouvrière.
La limite de cette explication : des années vingt aux années soixante l'immigration a été négligeable, il n'empêche : le socialisme n'a pas pris.
Il faut relever que les circonstances avaient changé : la division du mouvement socialiste entre communistes et socialistes dès le début des années 20, la "peur rouge" qui a saisi les USA, à partir de 1947 la guerre froide, puis le maccarthysme sont de facteurs qui peuvent aussi expliquer l'échec du socialisme aux Etats-Unis.
C'est une question qui m'intéresse : je me l'étais posée après avoir regardé le film Gran Torino : comment le héros de ce film, ouvrier de l'automobile, qui aurait eu, compte tenu de son âge (20 ans dans les années 50), statistiquement des chances importantes d'être communiste en France ou en Italie, ou travailliste en Grande-Bretagne, pouvait être aussi étranger aux idées socialistes (au sens large) ?
L'une des réponses que j'avais cru pouvoir déceler dans ce film était précisément les distinctions ethniques existant entre les habitants. Cela vaut bien sûr pour les relations entre Blancs et Noirs, mais aussi à l'intérieur de la population blanche. Il y a dans ce film une scène assez éclairante où un groupe d'amis se querelle avec forces injures racistes ayant trait à leurs origines ("le Polaks", etc.). cela irait irait donc plutôt en faveur de la thèse de Sombart (mais je reconnaît qu'il est assez hasardeux de tirer des enseignements du film de Clint Eastwood, vu le positionnement politique de ce dernier).