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Culte de la personnalité
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Auteur :  Jerôme [ 13 Mars 2016 17:12 ]
Sujet du message :  Culte de la personnalité

Le culte de Staline fut un des aspects les plus curieux de la,propagande communiste de 1930 à 1956.

Si on peut comprendre ce phénomène dans le contexte des mouvements totalitaires d'avant guerre et si on peut admettre que les masses ouvrières soient avides d'idées simples et de pseudo grands hommes, on reste étonné qu'un tel délire ait pu prendre chez des intellectuels fins et cultivés comme Aragon.

Comment et pourquoi les intellectuels communistes admettaient ils un culte aussi grotesque ? Parce qu'ils prenaient Staline pour un second Robespierre ou un nouveau Napoleon ? Dans ce cas ce serait les précédents révolutionnaires qui légitimeraient un tel culte ? Ou bien pensaient ils simplement qu'il fallait opposer un Staline aux autres bêtes de foire qu''étaient Hitler, Mussolini, ou même Churchill ou De Gaulle ? Ou bien croyaient ils que les gens simples ont besoin de croire à des demi dieux ?

Auteur :  Pierma [ 13 Mars 2016 19:40 ]
Sujet du message :  Re: Culte de la personnalité

Ou bien pensaient-ils tout simplement que Staline avait fait le bonheur du peuple soviétique, avant de réussir à écraser le nazisme ?

Auteur :  Jerôme [ 13 Mars 2016 19:53 ]
Sujet du message :  Re: Culte de la personnalité

Je remercie Pierma en particulier pour la référence à la victoire de 1945 mais J'exprimerais deux réserves. Pensaient ils vraiment que le peuple soviétique était heureux ? Et même s'il l'était la doctrine marxiste, même dans sa variante léniniste,fondée sur l'exaltation des masses et encore plus du Parti, n'était guère compatible avec l'admiration illimitée pour un homme seul !

Auteur :  carlo68 [ 13 Mars 2016 21:10 ]
Sujet du message :  Re: Culte de la personnalité

Jerôme a écrit :
Je remercie Pierma en particulier pour la référence à la victoire de 1945 mais J'exprimerais deux réserves. Pensaient ils vraiment que le peuple soviétique était heureux ? Et même s'il l'était la doctrine marxiste, même dans sa variante léniniste,fondée sur l'exaltation des masses et encore plus du Parti, n'était guère compatible avec l'admiration illimitée pour un homme seul !


Staline en est parfaitement conscient, sa lettre diffusée en 1938 en réaction à un livre sur son enfance est très claire:

"L'important réside dans le fait que le livre a tendance à graver dans l'esprit des enfants soviétiques (et des gens en général), le culte de la personnalité des dirigeants, des héros infaillibles. Ceci est dangereux et nuisible. La théorie des «héros» et de la «foule» est pas bolchevique, mais sociale-révolutionnaire. Les héros font le peuple, ils transforment la foule en peuple, disent les socialistes-révolutionnaires. Le peuple fait les héros, répondent les bolcheviques aux socialistes-révolutionnaires. Le livre porte l'eau au moulin des socialistes-révolutionnaires."

Staline est au départ plutôt réticent et il y a plusieurs exemples de la distance parfois ironique qu'il prend par rapport à son culte. Mais il faut comprendre que ce culte s'inscrit dans un contexte plus large celui de la "cultisation", de l'"héroïsation" des "constructeurs du socialisme". On créé dans les années 30 les titres de héros de l'Union Soviétique (militaire) et héros du travail socialiste (le premier à le recevoir est Staline), mais l'habitude d'élever des bustes aux travailleurs de choc existe déjà avant. Le mineur Stakhanov a droit à un "culte" et son nom inaugure une campagne d'émulation. Les stakhanovistes™ font l'objet d'articles, de chansons, de films. Les grandes parades sont l'occasion de déployer des portraits parfois géants, non seulement de Staline mais de tous les dirigeants, aviateurs et autres udarnik.
Après la guerre, le culte de Staline prend un caractère un peu différent et il devient plus exclusif, mais une fois de plus, cela semble plus le fait de l'agitprop qu'une volonté particulière de Staline.

Auteur :  Pierma [ 13 Mars 2016 22:37 ]
Sujet du message :  Re: Culte de la personnalité

Mais oui, ils pensaient de bonne foi que le peuple soviétique était heureux !

Il faut se représenter que l'idéal de fraternité symbolisé par le communisme soviétique constituait un espoir pour des millions d'ouvriers occidentaux.

En France, il a fallu attendre 1945 pour voir mettre en application le programme de la Résistance - à laquelle le PCF avait solidement participé - qui sortait de l'horreur la condition ouvrière. Jusque-là pas de retraite, pas de sécurité sociale, pas de pension en cas d'accident du travail... Comment voulez-vous qu'une foule de gens, de toutes conditions d'ailleurs, n'aient pas été fascinés dès les années 20 par "cette grande lueur à l'est" ?

Staline était le premier homme de l'histoire a avoir mis en oeuvre cette fraternité.

Edit : Carlo68 peut bien avoir raison sur le fait que Staline se donnait les gants (en 1938, donc au moment des grandes purges) de critiquer le culte dont il était l'objet, il n'empêche que la pression policière et l'ambiance du régime poussaient à la surenchère admirative. Il suffit de voir ces congrès ou les délégués n'osent pas s'arrêter d'applaudir...

Un HS : Accessoirement ne vous exagérez pas trop la finesse d'Aragon - dont j'aime énormément les poèmes, mais ce n'est pas la question :
- à la première grande manifestation de mai 68, il rejoint les étudiants à Denfert-Rochereau et se fait jeter comme un malpropre, sans égard pour ses cheveux blancs, ce qu'il n'avait pas senti venir. ("Et la Guépéou que tu as mise en poème ? Et Staline que tu as déifié ?")

- Simone Signoret lui taille un costard dans ses mémoires : lors de la fameuse polémique qui a précédé le tour de chant de Montand en URSS, Aragon les appelle pour leur dire qu'il faut absolument y aller, ne pas faire le jeu de la réaction, etc... A peine sont ils partis qu'Aragon publie dans les Lettres Françaises un article sur le thème :" Moi j'aurais choisi de ne pas y aller." Saisi par le col à leur retour, il lui balbutiera pauvrement "qu'il avait de la famille en Russie et qu'il n'avait pas le choix."

Auteur :  Jean R [ 14 Mars 2016 1:01 ]
Sujet du message :  Re: Culte de la personnalité

Pierma a écrit :
Mais oui, ils pensaient de bonne foi que le peuple soviétique était heureux !
Sartre était certainement sincère quand il écrivait Nekrassov (résumé http://bouquinsblog.blog4ever.com/nekrassov-jean-paul-sartre).

Auteur :  ALEXANDRE 1ER [ 14 Mars 2016 16:52 ]
Sujet du message :  Re: Culte de la personnalité

Bon ,il ne faut pas exagerer.En France existe avant la guerre des congés ,des retraites et des assurances sociales ,des mutuelles solidaires (monde agricole).Le pacte de 1945 dit de la Résistance crée la Sécurité sociale avec une répartition des cotisations indépendantes des frais de santé engagés .De là à vénerer un état collectiviste ou tout est gratuit... ,il ya un pas.De la part des russes il est étrange d'avoir oublié les millions de mort du stalinisme.L'appelation du petit père des peuples ne fait 'elle pas partie d'une grande orchestration par un état totalitaire

Auteur :  Pierma [ 14 Mars 2016 17:08 ]
Sujet du message :  Re: Culte de la personnalité

ALEXANDRE 1ER a écrit :
De la part des russes il est étrange d'avoir oublié les millions de mort du stalinisme.

Je ne crois pas que les Russes l'aient oublié. Mais il y a des nostalgiques du communisme.

Pour la protection sociale en France avant-guerre elle existait presque exclusivement dans les grandes entreprises.

Auteur :  L. VLPIVS POLLEX [ 14 Mars 2016 17:27 ]
Sujet du message :  Re: Culte de la personnalité

Oublierait-on la guerre froide et ses élans de propagande (bilatéraux) ?
Il en est de Staline comme de ses illustres autres prédécesseurs (et successeurs, bien sûr).

Auteur :  Narduccio [ 14 Mars 2016 18:30 ]
Sujet du message :  Re: Culte de la personnalité

ALEXANDRE 1ER a écrit :
De la part des russes il est étrange d'avoir oublié les millions de mort du stalinisme. L’appellation du petit père des peuples ne fait 'elle pas partie d'une grande orchestration par un état totalitaire


C'est méconnaitre l'échelle des valeurs de la plupart des sociétés. La satisfaction des besoins primordiaux (et la nourriture en fait partie) vient avant la satisfaction de plsu hautes pensées. Un certain nombre de russes constatent qu'ils n'ont pas tellement plus de libertés individuelles, mais qu'ils doivent en plus payer cher pour se faire soigner ou pour manger à leur faim. Sans compter que de nombreux retraités ont vu leurs pensions fondre comme rouble au soleil.

Auteur :  supertomate [ 14 Mars 2016 21:01 ]
Sujet du message :  Re: Culte de la personnalité

Citer :
Si on peut comprendre ce phénomène dans le contexte des mouvements totalitaires d'avant guerre et si on peut admettre que les masses ouvrières soient avides d'idées simples et de pseudo grands hommes, on reste étonné qu'un tel délire ait pu prendre chez des intellectuels fins et cultivés comme Aragon.
La foi et la (non) ouverture d'esprit n'ont rien à voir avec le niveau intellectuel.
Les exemples foisonnent; je le vois régulièrement autour de moi.

La partie soulignée, vous la sortez d'où?

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