Bon, hé bien si on en parle, parlons-en, et regardons le document fourni par Narduccio.
Point essentiel : on peut enterrer la légende d'un parti d'enseignants, mais - en les comptant - le PS est un parti de cadres et professions supérieures. (50%, il y a même eu un pic à 60%)
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(page 14) Tandis que l’assimilation des membres du Parti socialiste au milieu enseignant,
stéréotype renvoyant à l’élection d’une nouvelle assemblée nationale en 1981, apparaît de moins en moins
fondée (18 % des adhérents contre 26 % en 1985), la part des cadres, non compris les enseignants, ne
cesse de s’accroître. Ils sont deux fois plus nombreux qu’en 1995 et qu’en 1998. Cette progression
s’accompagne d’une rétraction des professions intermédiaires tandis que les classes populaires d’employés
et d’ouvriers se maintiennent en deçà des 20 %. La part des ouvriers proprement dits, 3 %, continue à se
réduire, pour devenir encore plus marginale que par le passé.
Ceci suppose une proportion non négligeable de cadres du privé, et de fait depuis 2008, le PS recrute davantage de militants dans le privé que dans le public : 50% contre 38% de fonctionnaires.
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(page 15) Il faut également mentionner la part du secteur privé qui s’élève légèrement
depuis 1998 (44 % contre 42 % et 32 % en 1985) mais qui atteint 50 % chez les adhérents les plus récents,
ceux qui ont rejoint le PS depuis 2008. Parmi ces derniers, les fonctionnaires représentent 38 % des actifs.
La coupure entre actifs et retraités n’est cependant pas considérable puisqu’on relève 41 % d’anciens
salariés du secteur privé parmi les retraités contre 44 % parmi les actifs.
Si les ouvriers sont pratiquement absents, en revanche nombre de militants sont issus de familles modestes, père ouvrier ou employé :
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(page 15) L’origine sociale des adhérents permet de relativiser l’importance de la
reproduction sociale dans leur statut relativement privilégié. Près de 40 % d’entre eux ont un père ouvrier
ou employé (un quart de fils ou fille d’ouvriers). Le croisement entre profession du père et profession de
l’adhérent permet d’apprécier l’importance des phénomènes de mobilité intergénérationnelle, ascendante
plus souvent que descendante mais descendante aussi. Ainsi les cadres supérieurs socialistes sont pour un
tiers d’entre eux issus des catégories populaires (plus si on y inclut la paysannerie et les artisans) et ne
proviennent pas davantage des catégories supérieures auxquelles ils appartiennent désormais.
Ce qui me frappe dans ces chiffres, c'est le décalage entre les militants du PS et la population générale. Et si la part des diplômés a tendance à augmenter, il faut noter que le phénomène ne date pas d'aujourd'hui. En 81 la part des diplômés était déjà très élevée. (Il y a simplement un glissement : moins d'enseignants et plus de cadres privés.) En clair il y a une grosse différence entre la composition du PS - depuis plus de 35 ans - et celle de son électorat, forcément plus diversifié. (On ne gagne pas une élection nationale avec les seuls cadres pour électeurs.)
Il faudrait regarder les autres partis importants pour savoir si ce phénomène est propre au PS ou si on le retrouve aussi ailleurs. Quand on parle de "parti de gouvernement", de quoi parle-t-on ? (Les auteurs se posent la question - page 57 - sans y répondre, faute d'études analogues sur les autres partis.)