Cuchlainn a écrit :
Je pense au contraire que cette affaire de référendum ne plaide pas pour la démocratie directe.
Précisément, depuis 1969 et même sans doute avant, les référendums sont régulièrement détournés de leur objet.
Il n'appartient pas aux commentateurs de dire si l'expression directe de la Souveraineté est détournée ou non de son objet.
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Le contexte de campagne déchaîne les passions et la propagande, si bien qu'un vote Oui ou Non peut avoir mille significations.
Pas plus que lors d'une élection législative ou présidentielle...
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Au final, les gens votent "Pour" ou "Contre" telle ou telle facette des défenseurs du Pour ou du Contre, même si elle n'a plus de rapport avec la question posée.
Peu importe leurs motifs; seul, le résultat compte et dégage le voeu de la Nation.
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Va-t-on risquer ce genre de dérive à chaque sujet grave ? Voir un électorat répondre à côté tous les quatre matins ?
Un seul individu ne peut s'autoproclamer juge du peuple souverain...
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Accessoirement, déjà que le taux de participation est en chute libre, à la notable exception de dimanche dernier, l'exemple de la Suisse montre que trop de votes achève de tuer le vote... les électeurs ne se déplacent plus.
Entre les votations hélvétiques et le référendum français, il y a un véritable gouffre ! Le dernier référendum (quinquennat) datait de 2001. Ensuite, il fallait remonter à Maastricht (1992). On ne peut donc pas dire que le recours au référendum est excessif en France !
D'ailleurs, le remède à d'excessives votations, comme en Suisse, c'est de décréter qu'un référendum n'est valable qu'à la condition que le quart des électeurs se soit exprimé...
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Par contre, la dérive élus/électeurs est, je pense, aggravée par le regroupement et le calque des présidentielles et des législatives. On voulait arrêter les cohabitations systématiques et donner à une majorité u temps pour gouverner. C'est bien en théorie, mais en pratique, cela ôtait tout garde-fou en cas de dérive : et là, les Français emploient les moyens qui restent à leur disposition (cad des élections à enjeu différent, mais les seules qu'ils aient sous la main) pour envoyer au gouvernement une mauvaise note pour ses bilans intermédiaires successifs. Je verrais plus le problème comme ça, que comme un problème de fond de la représentativité des élus. Quand on a, en théorie, les mains libres pour cinq longues années, c'est tentant d'oublier complètement ce que vivent et pensent les gens pendant ce temps.
C'est surtout que près de la moitié des électeurs ne sont pas représentés au parlement. Ceci devient insupportable à la longue. Le parlement doit avoir une fonction tribunicienne. Sinon, c'est une simple chambre d'enregistrement...
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Mais la claque du Non signifie la même chose que les volte-face ayant fait se multiplier les cohabitations : un désaveu de l'attitude de tous les partis de gouvernement. Seulement, cette fois, il y avait une possibilité de les désavouer tous les deux à la fois, ce qui est le vrai sentiment général, j'en ai peur - plutôt que l'explication commode "c'est des girouettes".
Oui et non. Le texte proposé n'était ni clair, ni précis, ni assez court. Son essence était avant tout technocratique. Les Français ont dit NON à une certaine gouvernance de l'Europe.
J'estime qu'ils ont fait preuve de lucidité et de courage. Ils n'ont pas suivi leurs élites et les médias.
Ceux-ci n'ont d'ailleurs rien compris et continuent de faire comme si le résultat de ce référendum était nul et non-avenu...
Hier soir, sur France 3 , au cours de l'émission de la "reine" Christine Ockrent, il y avait six représentants des partis politiques.
Quatre représentaient le oui (75% pour 45% des Suffrages exprimés)
Deux le NON (25% pour 55% des suffrages exprimés)
Encore, ces deux représentants du NOn étaient-ils de gauche: Alain Krivine et un représentant du Ps "noniste": Vincent Peillon !
Mme Ockrent vient encore de démontrer qu'elle est un valet au service de la partitocratie française...
C'est vraiment dramatique pour la démocratie...