Personnellement ça ne m'a jamais gêné de parler de mon sujet de master, bien au contraire. De toute manière, je n'ai été certain du titre qu'au moment où la synthèse des sources et l'écriture étaient bien engagées, c'est à dire assez tard...
C'était : "
Byzance à l'époque romaine impériale : d'Auguste à Constantin".
J'ai pris mon pied pendant un an et demi. J'ai pu aller sur le terrain à Istanbul, via Erasmus/Socrates où j'ai allègrement squatté l'IFEA et sa bibliothèque de folie!
Pensez donc! Moi étudiant de master II, au milieu des thésards boursiers de longue durée!
J'ai appris énormément à leur contact et à celui des profs chercheurs de passage. D'ailleurs j'encourage tous les historiens à voir du pays avec Erasmus, on en voit trop peu partir, comparé aux gens qui font LEA par exemple... c'est dommage.
En ce qui concerne le contenu du mémoire, la monographie d'une cité antique a ceci de passionnant qu'elle permet d'aborder toutes les sources et de se confronter à nombre de sciences auxiliaires de l'histoire. Puisque je devais faire la recension la plus exhaustive possible des renseignements dont on dispose sur Byzance à l'époque impériale, j'ai eu l'embarras du choix pour faire le puzzle: corpus des monnaies pseudo-autonomes, corpus des stèles funéraires (250 stèles), corpus des inscriptions de Byzance et de ses possessions outre-mer (y'en a également un paquet à trier
), sources littéraires, rapports de fouilles, catalogues des musées archéologiques (en turc
) à dépouiller, un peu d'océanographie pour comprendre ce qu'est la migration bisannuelle des thons et se mettre dans la peau des pêcheurs byzantins qui ont fait la renommée de la cité...
Enfin bref, plein de choses très intéressantes et très enrichissantes.
Après la soutenance, j'avais le sentiment d'avoir gratté l'essentiel de ce qu'on pouvait dire sur cette cité durant cette période précise (Byzance "depuis la fondation jusqu'à l'Empire" ayant déjà fait l'objet d'une thèse). Ce n'était pas l'avis de mon prof... mais de toute manière, point de thèse sans concours...
Depuis je me casse un peu les dents sur lesdits concours, je patine.
Je me suis également dépêché d'aller voir Maurice Sartre (retraité imminent il y a un an et demi), pour parler un peu de ce sujet et voir ce qui pourrait être intéressant à creuser, dans l'optique d'une thèse.
D'après lui, la monographie d'une cité se suffit un peu à elle-même en cela qu'il est assez difficile d'élargir le sujet. Du coup, ça m'a permis de réfléchir à d'autres sujets, d'autres questionnements. Je ne me fais pas de souci sur l'intitulé ou autre... il y a tellement de choses à faire que tout est possible.
Au sujet du plan de carrière et des grandes ambitions, je rejoins les avis émis plus haut... S'il faut déjà se faire des cheveux en pensant à sa notoriété personnelle à l'ombre des mandarins ou bien parmi eux, autant arrêter tout de suite... personnellement, j'ai eu le plus grand plaisir à travailler pendant deux ans avec un DR normalien qui n'a jamais eu l'agrégation et je crois que ça permet d'évacuer un certain nombre de problèmes d'ego.
Pareil, à Istanbul, j'ai croisé la crème des Byzantinistes de Paris I-IV-VIII-MCCLVII et de l'aveu d'une d'entre eux, y'a pas de secret. Ceux qui tiennent le haut de l'affiche sont ceux qui se sont consacrés à Byzance depuis 40 ans, à plein temps. Le reste c'est de la politique...
Aux citations énumérées plus haut je rajoute celle que je me répète tous les jours pour rester alerte sur le monde qui m'entoure et ne pas devenir un "antiquaire" dixit H. Pirenne.
C'est Lucien Febvre, qui disait ça à ses élèves : "Mêlez-vous à la vie".
Voilà la citation
in extenso : "
Pour faire de l'histoire, tournez résolument le dos au passé et vivez d'abord. Mêlez-vous à la vie. A la vie intellectuelle, sans doute, dans toute sa variété. ... Mais vivez aussi d'une vie pratique. Ne vous contentez pas de regarder paresseusement, ce qui se passe sur la mer en furie. ... Retroussez vos manches ... et aidez les matelots à la manoeuvre."