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 Sujet du message : L’agrégation avant la thèse
Message Publié : 21 Sep 2013 22:22 
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Thucydide
Thucydide

Inscription : 26 Fév 2013 17:10
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Bonsoir,
j’ai passé l’agrégation « pour la gloire », parce que je voulais faire un doctorat et qu’on m’a dit qu’il valait mieux être agrégé, si possible entre le master et la thèse, si possible classé dans la première moitié. Je suis sage, je fais exactement ce qu’on me dit, je passe deux ans à préparer un concours pour faire un métier que je ne veux pas faire, et je l’obtiens, avec un classement pas trop ridicule.

Comme on postule pour les contrats doctoraux aux alentours des mois d’avril-mai et que les résultats des concours sont en juillet, évidemment je n’ai rien cherché pour cette année. Donc je suis nommé prof, 12h, en lycée. L’unique objectif est de tenir un an, d’être titularisé, pour un métier que je ne compte pas refaire de ma vie.

Et là, évidemment, ça ne va pas. Je n’ai pas la vocation pour enseigner dans le secondaire. Ni le caractère. Pour faire simple, j’ai plus de pression avant chaque cours qu’avant de passer un oral de concours, la seule différence c’est que des oraux de concours, on en passe au maximum cinq par an, des cours j’en ai une dizaine par semaine.

Je savais que je ne voulais pas être prof dans le secondaire, je savais que ça allait être dur, mais je n’aurais pas imaginé que ce serait une telle situation de blocage : j’ai déjà fait des jobs pénibles ou stupides ou difficiles pour moi, d’habitude je suis capable de me résigner et de faire avec… Là le matin quand je dois me sortir du lit, quand je vais au lycée, ou quand je suis seul dans la salle et que je me décide à me lever pour aller leur ouvrir la porte, j’ai l’impression de me regarder y aller et je ne comprends pas quelle est la partie de mon cerveau ou de ma volonté qui parvient à traîner mon corps et à faire bouger mes pieds, tellement je n’ai pas envie. Et cette partie de ma volonté qui sauve les apparences, je la déteste.

Je ne récupère même pas le weekend : le samedi, je ne fais rien parce que je n’ai pas la volonté, et je me sens d’autant plus mal après que je me rends compte que j’ai pris du retard, que le lundi arrive, et que je vais encore commencer la semaine dans l’urgence.

Sérieusement, qu’est-ce que je peux faire ? J’ai l’impression d’être pris au piège. Je ne peux pas démissionner, de toute façon je suis allé voir sur le site du ministère, il y a un délai tellement long que l’année sera presque terminée. Et surtout, j’aurais peur que ça me suive, par la suite, j’aurais peur de perdre le bénéfice du concours, pour la thèse et la suite…

La raison dirait de serrer les dents et de tenir l’année, en plus j’ai besoin d’un salaire. D’un autre côté, je ne me vois pas tenir un an comme ça, ça me rend malade, il y a forcément quelque chose qui va lâcher, quelque part.

En plus, si ça continue comme ça, je vais faire ça pour rien, je ne vais pas me faire titulariser : je n’ai pas d’autorité, je ne tiens pas mes classes, je n’y arrive pas, et mes cours sont pourris. C’est du gâchis, pour les gamins, pour les gens qui veulent être prof et à qui je prends une place, et pour moi accessoirement.

Et je ne sais pas à qui parler de ça : je ne peux rien dire à mon tuteur parce que ce serait donner des arguments pour ne pas être titularisé, et puis de toute façon, les gens disent que c’est dur parce que c’est le début, et que je vais m’y faire. Je me connais, je *sais* que je ne vais pas m’y faire, que je suis en train de faire quelque chose de trop contradictoire.



Hmmm… Long post : désolé de vous ennuyer avec mes jérémiades, mais si quelqu’un avait la moindre petite idée de solution, ce serait juste génial.


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Message Publié : 21 Sep 2013 22:35 
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Je vais être d'une extrême franchise en vous déclarant, simplement, de changer de voie. Car, même avec une thèse et un contrat doctoral vous serez obligé d'enseigner à des 1ères années qui ne sont, parfois, guère mieux que des terminales, voire des secondes. Si l'acte d'enseigner vous pose problème, vous ne devez pas poursuivre, car visiblement vous vous faites du mal et ce n'est pas dans le supérieur que vous risquez de trouver la solution.
Il me semble inutile de tenter de vous persuader que c'est le début (un peu plus de deux semaines viennent seulement de passer...) et que c'est bien normal pour tout enseignant débutant qui se respecte. Vous balayez à l'avance ce type d'appui et de conseils...
Cependant, j'ai tout de même envie de vous dire qu'au bout d'une semaine lors de ma première année d'enseignement, je me suis posé la même question. La deuxième semaine, je me suis demandé qu'est-ce que je voulais vraiment faire à l'avenir. A partir de cette réponse j'ai repris le dessus et j'ai avancé.
Il vous faut peut-être une à deux semaines de plus. :wink:

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Message Publié : 21 Sep 2013 23:17 
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Thucydide
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Inscription : 26 Fév 2013 17:10
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Je vous remercie pour votre franchise. Votre réponse ne me plaît pas, évidemment, mais je me doute que c’est ce à quoi je devrai faire face, si je craque ou démissionne.

Pourtant, je ne crois pas que ce soit le fait d’enseigner, mais l’ambiance du secondaire, qui pose problème. À la fac, ce sont des adultes : ça ne change peut-être pas grand chose dans leur comportement, mais il me semble que ça change tout pour le prof : s’ils ne fichent rien (s’ils dorment en cours, s’ils gardent leur blouson, s’ils mangent, s’ils ne prennent pas de notes, s’ils ne prennent pas la correction, s’ils ne tiennent pas leur cahier, s’ils dessinent, s’ils passent le cours à découper et à coller le polycop’, s’ils n’ont pas leur manuel…), il n’y a pas à se battre, c’est leur problème, au mieux, on leur fait une remarque. Les profs de fac sont dans le conseil et la suggestion, pas dans le directif. S’ils sont pénibles, on peut leur dire que s’ils se fichent du cours, ils peuvent sortir. Certes, tous ne sont pas follement passionnés − j’avais remarqué −, mais ils ne sont pas obligés d’être là.

Je n’ai pas une expérience énorme, mais j’avais fait du tutorat (qui était obligatoire, donc avec des L1, dont un bon nombre pas motivés), j’aimais beaucoup, et je me sentais à l’aise. Expliquer, répondre aux questions, préparer un cours, chercher à le rendre intéressant… c’était vraiment bien. Simplement, je ne suis pas un leader, je n’aime pas devoir persuader/forcer des gens pour qu’ils me suivent, je n’arrive pas à donner des ordres. Mon tuteur a dit que j’allais m’y faire : mais je ne veux pas m’y faire ! Ça me convient très bien d’être quelqu’un qui ne sait pas donner un ordre, et pour être honnête, je ne vois pas en quoi ça posera problème à la fac.

Par ailleurs, je ne sais pas si c’est un argument suffisant, mais je n’ai jamais aimé le secondaire, alors que j’ai toujours été comme chez moi, à la fac ; je détestais les profs du secondaire quand j’y étais, jamais à la fac. L’encasernement des lycéens me déconcerte, et ça me met mal à l’aise d’y contribuer, d’autant que je l’ai mal supporté, au bahut.

C’est comme si on constatait que le professeur des écoles et le professeur de philo sont deux professeurs : si le professeur de philo ne se sent pas de gérer une classe de primaire, on ne va pas en déduire qu’il est mauvais professeur. Mais votre réaction, en fait, confirme mes craintes : si je démissionne, on considérera que ça signifie que je ne peux pas faire cela dans le supérieur. :-|


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Message Publié : 22 Sep 2013 9:19 
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Citer :
Je n’ai pas une expérience énorme, mais j’avais fait du tutorat (qui était obligatoire, donc avec des L1, dont un bon nombre pas motivés), j’aimais beaucoup, et je me sentais à l’aise. Expliquer, répondre aux questions, préparer un cours, chercher à le rendre intéressant… c’était vraiment bien.

Je ne sais pas ce que vous avez comme classe(s) en lycée, mais ce type de relations prof/élèves s'y retrouve, normalement, aussi. C'est un peu moins le cas au collège, cela peut prendre d'autres formes, mais il y a toujours des élèves pour venir poser des questions en fin de cours, vous demander conseil, juste échanger un mot sur la journée, etc.

Citer :
Simplement, je ne suis pas un leader, je n’aime pas devoir persuader/forcer des gens pour qu’ils me suivent, je n’arrive pas à donner des ordres. Mon tuteur a dit que j’allais m’y faire : mais je ne veux pas m’y faire ! Ça me convient très bien d’être quelqu’un qui ne sait pas donner un ordre, et pour être honnête, je ne vois pas en quoi ça posera problème à la fac.

Il y a différentes manière de se comporter en "leader" (je n'aime pas trop ce terme...). Ce n'est pas par l'encasernement, l'usage de la force ou la menace d'y recourir qu'on y parvient. C'est par sa capacité à guider, à accompagner les élèves et à dispenser son enseignement.
Dans le supérieur ce sera exactement pareil. Il faut aussi être directif, le job (je n'aime pas non plus ce terme, mais bon...) y conduit. Un exemple : lorsque votre UE commencera, il faudra rapidement leur parler de ses attentes/contenus, de l'évaluation, de votre place en son sein, etc. Ce que je veux dire c'est qu'enseigner dans le supérieur ce n'est pas seulement répondre à des questions de méthodologie pour L1 pommés, qui viennent à vous par nécessité. Il y aura toujours les "p'tits cons" qui prétendront en savoir plus que vous, que vous n'êtes pas à la hauteur, et s'ils ne vous le disent pas en face, ils ne viendront plus. Vous ferez juste cours devant les boursiers et ceux qui ne s'arrêtent pas aux apparences, ce qui est parfois peu...
Ne fantasmez pas l'Université !

Citer :
si je démissionne, on considérera que ça signifie que je ne peux pas faire cela dans le supérieur.

C'est un peu plus complexe. Ce qui est certain c'est que si vous démissionnez, vous perdrez le bénéfice d'un concours exigeant et encore reconnu, c'est vraiment dommage.
Ensuite, une thèse, je veux bien, mais cela se prépare lorsqu'on bosse à côté, ce qui n'est pas simple.
Enfin, même avec votre thèse en poche, vous n'êtes pas certain d'obtenir un poste dans le supérieur. Les postes sont pratiquement verrouillés, voire gelés. Il vous faut avoir plusieurs atouts dans votre jeu...
Actuellement, la perle rare est le bon enseignant et le bon chercheur. Le premier était moins recherché auparavant, les temps changent !

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Message Publié : 22 Sep 2013 11:35 
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J'aurais pu écrire à peu près le même message il y a deux ans, sauf que je savais que j'irai enseigner dans le secondaire - même si je n'imaginais pas un instant la nature du métier, personne ne le peut. Plusieurs remarques plus ou moins agréables à lire, donc.

1) Comme beaucoup de jeunes profs, les premiers mois sont extrêmement durs, bien plus que pour d'autres métiers. Il faut un temps d'adaptation. (Dans mon cas, trois mois de crises de larmes et d'angoisse chaque matin. Et puis ça s'est calmé. Et ça a recommencé - moins fort, moins longtemps - la 2e année).

2) Apprendre à ordonner et à s'imposer en classe a quelque chose à des élèves est surréaliste au début (personne n'ayant jamais été prof ne peut le comprendre) et ne correspond pas toujours à sa personnalité (voire pas du tout). Il faut faire avec. Ton tuteur a à moitié raison : on s'y fait, c'est à dire qu'on apprend à le faire pour survivre. Cela ne signifie pas devenir complètement à l'aise avec. Mais c'est ainsi - et seulement ainsi - qu'on peut développer une autre relation avec ses élèves, une relation intéressante et de confiance, où vous n'avez plus besoin d'ordonner que ce qui est de l'ordre de l'avancement du cours. Ce qui n'apparaît qu'avec le temps, mais qui peut être très agréable. D'autant que vous avez plus de chances d'être en lycée, donc d'avoir des élèves u peu plus matures qu'au collège, au moins si vous avez des premières ou des terminales générales.

3) Passer l'agrégation sans vouloir enseigner : combien d'agrégatifs tiennent ce discours ? "Une fois l'agreg en poche, je pars un an à l'étranger, je fais ma thèse, je postule pour le supérieur..." Zut ! tout le monde est au courant que l'agreg est un concours de recrutement pour enseigner dans le secondaire. Je ne comprendrais jamais ces rêves absurdes. Une fois l'agreg en poche, tu bosses, sauf si tu obtiens un sacro-saint contrat doctoral que tu as eu la bonne idée de demander avant même les résultats, chose pas tout à fait impossible (c'est le cas d'une amie). On ne le dira jamais assez. (Cela ne s'adresse pas tant à vous qu'à tout agrégatif qui lira ce message).
... et ce, même si les profs d'histoire de supérieur exigent une agreg pour s'inscrire en thèse. C'est un système démentiel, et qui a empiré avec les contrats doctoraux.

4) Etant en stage cette année, vous ne pouvez plus prétendre au contrat doctoral. Il faut sortir directement de M2 pour cela - en tout cas, c'est la motivation de mon refus au contrat doctoral cette année à Aix (c'est peut-être différent dans d'autres facs ?). C'est dégueulasse, mais c'est ainsi.

5) Rester dans l'éducation nationale a plusieurs avantages : déjà, un salaire fixe qui n'est pas négligeable en tant qu'agrégé ; ensuite et surtout, une possibilité, d'ici un ou deux ans, d'obtenir une disponibilité ou un poste d'ATER ou de PRAG (même si le statut de PRAG n'est pas enviable) et donc de pouvoir vous diriger dans le supérieur, et faire une thèse.

6) Je trouve le conseil de duc de Raguse de changer de voie risqué si vous n'avez rien derrière. Vous avez un salaire, vous avez un boulot qui pourrait être plus désagréable et qui peut offrir des plaisirs intellectuels (mais cela, vous ne le découvrirez pas au début, avec la surcharge de boulot et le rapport compliqué aux élèves; à l'institution, etc.). Je vous conseillerais plutôt de tenir le coup quelques mois avant de vous décider vraiment.

7) Avoir un poste dans le supérieur, c'est très très très difficile en ce moment. Ca dépend évidemment de vos sujets d'étude, mais il ne faut pas se voiler la face. D'autres personnes sur ce forum ont réussi à devenir MCF et pourront vous le confirmer.


Dernière édition par Calame le 22 Sep 2013 11:48, édité 1 fois.

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Message Publié : 22 Sep 2013 11:48 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 18 Jan 2008 13:49
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Localisation : Paris
Bonjour,

Je me permets de réagir sur ce sujet. Si vous n'aimez pas enseigner, il est clair qu'il vaut mieux chercher ailleurs si l'herbe est plus verte. Je ne vais pas le dévaloriser, je l'ai fait. Mais peut-être vaut-il mieux attendre un peu plus pour avoir une appréhension réelle du métier. Prenez aussi le temps d'étudier les pistes de reconversion. Et dîtes-vous bien que si vous partez dans un autre métier du secteur culturel-scientifique (public), vous toucherez moins qu'en tant qu'agrégée. Mais on ne fait pas ces métiers-là pour l'argent.

Par contre, un petite lueur d'espoir au sujet des contrats doctoraux, il n'est pas nécessaire de sortir directement du M2 pour y postuler. J'ai obtenu le mien bien après mon master, et c'est le cas de nombreux thésards, notamment d'agrégés fraîchement titularisés. Je suis désolé de la réponse de l'ED pour Calame, peut-être est-ce une politique locale.

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Ira principis mors est


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Message Publié : 22 Sep 2013 11:50 
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Inscription : 23 Jan 2009 15:49
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Cornelis a écrit :
Par contre, un petite lueur d'espoir au sujet des contrats doctoraux, il n'est pas nécessaire de sortir directement du M2 pour y postuler. J'ai obtenu le mien bien après mon master, et c'est le cas de nombreux thésards, notamment d'agrégés fraîchement titularisés. Je suis désolé de la réponse de l'ED pour Calame, peut-être est-ce une politique locale.

Ca, c'est plutôt une bonne nouvelle (enfin, pour les autres, pas pour moi :'( )- j'ai édité mon message en ce sens. Si ce n'est pas trop indiscret, quand avez-vous obtenu ce contrat ?

Par contre, le secteur culturel, il ne faut pas trop fantasmer : les postes existent certes, mais ils restent rares et très convoités.


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Message Publié : 22 Sep 2013 11:53 
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Plutarque
Plutarque

Inscription : 17 Sep 2013 8:52
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Bonjour,

Je ne peux qu'abonder dans le sens de tous les intervenants précédents, en insistant sur le fait que, si vous enseignez dans le supérieur (surtout avec un contrat doctoral), vous aurez surtout des L1 et L2, que rien ne distingue bien fondamentalement des élèves de lycée.
La seule différence, c'est qu'on n'enseigne pas la géo, ni les 3 périodes hors de sa spécialité. Mais, sur le fait d'enseigner, il n'y a pas de différence essentielle.


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Message Publié : 22 Sep 2013 13:57 
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Thucydide
Thucydide

Inscription : 26 Fév 2013 17:10
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Bon, je réponds pour la forme, mais j’ai compris, je n’ai pas de solution… :-| Donc je force, et… et on verra ce qu’il adviendra.
Citer :
Ce n'est pas par l'encasernement

Si, c’est la situation des lycéens : ils sont mineurs et obligés d’être là, il y a un appel, on prévient leurs parents s’ils sont absents, on vérifie s’ils ont fait leur travail et s’ils ont leurs affaires. Et le job consiste à leur mettre le crayon dans la main s’ils ne l’ont pas fait eux-mêmes. En fait, le job est éducatif (pas seulement enseigner sa matière). Un étudiant qui vient contester mon enseignement ou faire le malin, il n’y a pas de soucis, ça c’est mon domaine. D’ailleurs, je préfère largement ce genre de conflit ouvert, plutôt que ce petit jeu larvé avec les lycéens, de petites provocs dont au fond, je me fiche, et que je dois cependant combattre.

C’est très concret, pour moi : je ne peux pas leur dire de sortir, je ne peux pas les laisser pioncer, je leur impose donc une présence physique et mentale, une attitude, et c’est à moi d’y veiller. Je n’ai jamais vu un prof de fac se casser la tête sur ces détails. Au pire (ou au mieux…), une remarque désobligeante, et c’est tout. Il n’y a pas de CPE, ni d’heure de colle, ni de mot dans le carnet, à l’université… pour moi, ce n’est pas un détail.

Mon soucis, ce n’est pas l’attitude des élèves/étudiants (et j’ai compris qu’ils ne se métamorphosent pas en obtenant le bac), mais la mienne à leur égard.

Je ne pense pas fantasmer l’université, mais le job me paraît différent, et justement de ce point de vue. Un prof de fac n’éduque pas, d’après ce que j’ai pu voir : ce n’est pas l’enseignement qui me rebute, mais l’éducation.

Citer :
Il faut aussi être directif, le job (je n'aime pas non plus ce terme, mais bon...) y conduit. Un exemple : lorsque votre UE commencera, il faudra rapidement leur parler de ses attentes/contenus, de l'évaluation, de votre place en son sein, etc.

Je crois que j’ai mal défini ce que j’entends par « directif » : disons que je distingue le directif (imposer aux gens une attitude, une présence, un travail) et la proposition (je donne un tableau à remplir, un exercice à faire, un cours à noter, et si le gus ne le fait pas, c’est *son* problème).

Citer :
Zut ! tout le monde est au courant que l'agreg est un concours de recrutement pour enseigner dans le secondaire. Je ne comprendrais jamais ces rêves absurdes

Oui, je suis parfaitement conscient de l’absurdité, et j’ai parfaitement eu conscience, en préparant les concours, que j’étais moi-même en train de me jeter dans un mur, ça me rend d’autant plus malade. Et après, que pouvais-je faire ? Je veux faire une thèse, et c’était ça ou rien : ce n’est pas moi qui ai inventé l’idée d’aller passer un concours du secondaire, franchement ça ne me serait jamais passé par la tête. Je n’ai rêvé de rien, je me suis résigné à faire quelque chose pour pouvoir faire autre chose, de même que je me suis tapé des jobs moisis pour financer des études. Mais là, j’ai l’impression que c’est trop contradictoire.

Citer :
c'est qu'on n'enseigne pas la géo

Oui, j’ai oublié la géo, mais c’est vrai qu’en plus, je dois enseigner une matière pour laquelle je suis incompétent.


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Message Publié : 22 Sep 2013 14:05 
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Plutarque
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Inscription : 17 Sep 2013 8:52
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безимено a écrit :
Oui, j’ai oublié la géo, mais c’est vrai qu’en plus, je dois enseigner une matière pour laquelle je suis incompétent.


Incompétent est un bien grand moment quand on voit le niveau attendu. Et l'épreuve de géo à l'agreg d'histoire n'est pas facile non plus.


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Message Publié : 22 Sep 2013 14:14 
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Thucydide
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Inscription : 26 Fév 2013 17:10
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Oui, évidemment, je peux sauver les apparences. Mais je n’ai clairement pas le recul, notamment épistémologique, nécessaire…


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Message Publié : 22 Sep 2013 14:51 
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Eginhard
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Inscription : 04 Juin 2008 20:24
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En tout cas, n'idéalisez pas les amphis de L1. Des amis MCF me disaient qu'ils étaient contents d'avoir enseigné en ZEP ou au moins en collège pour pouvoir tenir un amphi de 100 L1. Les soucis récurrents : bavardages, jeux sur l'ordi, étudiants saouls qui cuvent leur alcool nocturne avachis sur les tables, ou font la foire, étudiants qui interpellent le professeur en le tutoyant parce qu'il a osé faire une remarque,...
L'expérience prouve qu'entre une bonne terminale et un amphi de L1, le plaisir d'enseigner se trouve bien dans le lycée. Ayant enseigné en fac, ZEP, lycée de centre ville et en prépa, je peux vous dire que j'étais très heureux en lycée. Ce qu'il faut : du recul face à sa pratique, ne pas être crispé sur les contenus, savoir qu'une heure de cours est aussi un show et qu'on a la chance de travailler avec des êtres humains en formation et non des objets inanimés. Bref, on vient à l'enseignement parce qu'on aime l'histoire mais on y reste parce qu'on aime les élèves. J'ai l'impression aussi que ce qui vous manque, c'est de vous sentir pleinement légitime face aux élèves. Méfiez vous du discours des IUFM/ESPE qui infantilise les stagiaires ; ils justifient leur existence en pointant en permanence les lacunes des débutants. Structurellement, ils inculquent aux jeunes qu'ils ne savent pas faire. On y trouve trop souvent des enseignants qui paradent devant les IPR dans une situation très malsaine vis-vis de leurs jeunes collègues (j'espère ne froisser personne ; il y a aussi plein d'exceptions... je pense). Les tuteurs sont autrement de bon conseil.
Quoiqu'il en soit, si le lycée ne vous plaît pas, il n'y aura pas de miracle à la fac.

_________________
"Denken heisst überschreiten" : Penser signifie faire un pas au-delà. Ernst Bloch (1885-1977)


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Message Publié : 22 Sep 2013 14:55 
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Message(s) : 9063
безимено a écrit :
Oui, évidemment, je peux sauver les apparences. Mais je n’ai clairement pas le recul, notamment épistémologique, nécessaire…

je me demande si vous ne surestimez pas ce qu'on attend de vous.

Avez-vous des réactions négatives de la part de vos élèves ? Montrent-ils des signes d'intérêt à vos cours ?

_________________
Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)


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Message Publié : 22 Sep 2013 15:13 
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Ca fait deux semaines que la rentrée est faite. Pour l'instant, les élèves testent le prof, d'autant qu'il est nouveau dans l'établissement et jeune, ils n'ont pas eu le temps de montrer ou non un intérêt. Il est rare, par ailleurs, qu'un élève vous dise qu'un cours est bon ou l'a intéressé. On le voit parfois aux copies (si vous n'en avez pas eu, attention aux premières, très cruelles désillusions), parfois à la remarque d'un gamin "oh, ça j'ai bien aimé", au fait qu'ils ne disent pas toutes les trente secondes, dix minutes avant la sonnerie, "ça va sonner", à la rapidité de la mise au travail, aux questions, aux remerciements, tout en fin d'année, qui font parfois du bien. Mais c'est un métier qui apporte assez peu de gratifications en ce sens ; au contraire, on doute tout le temps, et c'est parfois très difficile à supporter.

Pierma a en partie raison ; il faut savoir se donner de petites exigences quand on débute. Savoir et accepter - ce n'est jamais facile - qu'on va bousiller les élèves qu'on a devant nous pendant quelques années, parce qu'on n'a pas la méthode ni l'expérience. Ne pas être trop exigeant envers soi-même, reconnaître ne pas savoir devant les élèves. Accepter de ne pas être parfait. Aller voir le cours d'autres profs permet non seulement d'envisager de nouvelles méthodes et de voir qu'eux aussi ne sont pas parfait, ça déculpabilise.

Intellectuellement, c'est un métier qui peut apporter des satisfactions, justement parce que les élèves sont un constant aiguillon pour s'améliorer. Ils posent des questions, ils nous font nous interroger. Les programmes sont assez riches pour développer des thèmes divers, et c'est une chose intéressante. Vous n'avez pas de recul sur la géo ? Qui en a plus que vous, hormis un géographe ? Vous allez apprendre, petit à petit, vous améliorer et découvrir. Vous êtes légitime, non parce que vous êtes omniscient, mais parce que vous savez chercher et réfléchir de manière historique. Une grande partie du plaisir dans ce métier, c'est quand même d'être constamment au contact de l'histoire et de la géo, et d'être obligé de se tenir à jour et d'agrandir son savoir. On ne s'en rend compte souvent qu'a posteriori, parce que dans la presse et les heures de boulot de nuit, difficile de prendre du plaisir.

Si vous voulez vraiment vous reconvertir, il faut aussi penser après la thèse. La thèse ne vous apportera pas de boulot, bien au contraire. Il faut pouvoir manger non seulement pendant, mais aussi après. Même s'il existe des reconversions réussies, comme en témoigne Cornelis, ne quittez pas l'éducation nationale sur un coup de tête sans avoir prévu quelque chose de solide.


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Message Publié : 22 Sep 2013 15:44 
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Hérodote
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calade a écrit :
En tout cas, n'idéalisez pas les amphis de L1. Des amis MCF me disaient qu'ils étaient contents d'avoir enseigné en ZEP ou au moins en collège pour pouvoir tenir un amphi de 100 L1. Les soucis récurrents : bavardages, jeux sur l'ordi, étudiants saouls qui cuvent leur alcool nocturne avachis sur les tables, ou font la foire, étudiants qui interpellent le professeur en le tutoyant parce qu'il a osé faire une remarque,...


C´est vrai que ces situations doivent exister car j´entends de plus en plus de témoignages de ce genre. N´empêche qu´elles sont assez rares et l´écart entre le secondaire et le supérieur, même en L1, reste important en ce qui concerne l´attitude des élèves et étudiants.

Quoi qu´il en soit, mon humble conseil c´est de tenir au moins l´année de stage et réfléchir après. Quant aux possibilités de devenir enseignant-chercheur, elles sont sûrement minces actuellement mais elles le seraient encore plus si vous démissionnez. Bon courage !


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