Tristan33 a écrit :
Donc si je suis bien ton raisonnement, en master de recherche on apprend une méthode plus rigoureuse pour les dissert/commentaires. J'en conclus donc que le master de recherche peut donc donner un bel avantage le jour du CAPES (en plus de ce qu'apporte la recherche en elle-même bien entendu ... et les connaissances sur la période).
C'est encore plus compliqué
En fait, en master tu seras normalement confronté aux méthodes scientifiques (inductives, déductives, systémiques, hypothético-déductives, etc. et les méthodes d'enquête). À partir de là, tu verras comment on fait de la science, comment on fabrique de la connaissance. Après, à l'agrégation (et au CAPES aussi en vérité), tu peux être amené à remobiliser ces compétences au service d'un exercice de démonstration qui lui ne cherche pas à produire du savoir, mais à jouer avec en posant un problème (introduction) et en cherchant à le résoudre (plan) tout en gardant la rigueur scientifique acquise en master. En fait, le master est une plongée vers le spécifique, sa complexité intrinsèque et l'ensemble des manières qu'il existe actuellement dans les sciences sociales pour l'appréhender (souvent de façon analytique puis systémique en histoire). L'agrégation et le capes te demandent de refaire une montée en généralité pour remobiliser ces capacités sur des échelles spatiales et temporelles plus vastes, avec toutes les lacunes scientifiques induites. C'est la raison pour laquelle on a au début tendance à considérer les sujets d'agreg comme des micro-sujets aberrants (les grains dans la cité grecque ? non mais allo !), alors qu'ils sont en vérité presque toujours très larges et très ouverts au point qu'on finit par prendre conscience du caractère très (trop ?) généralisant de l'exercice en se disant : comment puis-je parler du corps en situation coloniale (pour prendre l'exemple du sujet de cette année je crois) alors qu'il existe une telle diversité d'enjeux selon les époques et les territoires ?
En outre, comme la dissertation est un exercice académique avec ses règles propres, elle se fonde sur des raisonnements scientifiques. Par exemple, pour la géographie. Aujourd'hui c'est une discipline très systémique (tout agit sur tout, il faut trouver les éléments du système et regarder leurs relations), mais comment traduire en dissertation, donc en démonstration organisée par un plan (le sacro-saint 3x3x3), une méthode systémique ? Par un plan dialectique avec une typologie. De même en histoire, les sujets formulés par un "et" (Hitler et le peuple, Guerre et société, Villes et industrie au XIXe siècle, etc.) sont des sujets qui pousse à mobiliser une argumentation systémique, donc l'exercice prend mécaniquement la forme d'un plan dialectique (A agit sur B, B agit sur A).
Donc c'est plus compliqué que "on apprend une méthode rigoureuse pour la dissertation". De ce point de vue là, ce que dit Foulquart dans sa signature : "Si ton labeur est dur et que tes résultats sont maigres, n'oublie pas qu'un jour le chêne a été un gland" ...est cruellement vrai. Ce n'est pas pour rien que chaque rapport de jury commence souvent par une phrase du type "c'est un concours qui sanctionne moins une année de travail que plusieurs années". Le tout c'est d'objectiver son parcours, de mettre du sens dans ce qu'on a pu apprendre à chaque étape, et d'essayer d'articuler toutes ces choses ensemble.
J'espère avoir été assez clair