A l'époque de la Renaissance, à Ferrare, Florence et Mantoue, la musique rythme les pas des danseurs dans les défilés de char (trionfi), les intermèdes, les pastorales, les tragédies et comédies inspirées de l'antique. Ces danses mimées et figurées s'acclimatent en France dans le premier quart du XVIe siècle avec d'autant plus de facilité que la danse-pantomime, pratiquée surtout par la classe paysanne, est en train de conquérir les milieux aristocratiques. L'invention de l'imprimerie favorise par ailleurs la diffusion de nombreux recueils de danses pour le luth, la guitare et le clavier, qui constituent, pour les chorégraphes, soucieux de codifier les pas des danseurs ou de créer des balli (danses-pantomimes), un abondant répertoire d'origine souvent populaire, mais élaboré de manière plus artistique. Tandis que se développe la suite de danses, l'influence italienne s'exerce intensément. Le ballet, d'abord simple épisode d'un entremets ou d'une mascarade, s'organise selon un plan poétique en entrées qui s'intercalent entre les parties chantées et les pièces instrumentales. Dans les mascarades à grand spectacle qui se multiplient sous le règne de Charles IX, des artistes d'outre-monts, attirés par la reine Catherine de Médicis, dansent brando et balletto sur lesquels, à l'encontre des formes fixes (courante, gaillarde), on peut sans cesse inventer de nouveaux pas. Des violons piémontais sonnent les danses théâtrales où rythmes binaires et ternaires se succèdent dans les divertissements. En 1573, la Reine-mère offre aux ambassadeurs polonais un ballet dansé par seize dames et demoiselles et accompagné par 30 violons. En 1572, à l'occasion du mariage du futur Henri IV avec Marguerite de Valois, A. de Ba¨f avait déjà improvisé un ballet de douze nymphes sur une musique de Claude Le Jeune et J. Thibault de Courville. Mais les guerres religieuses sont peu favorables aux divertissements et la danse figurée ne triomphe finalement qu'avec le Ballet comique de la reine (1581), imaginé par l'Italien Baltazarini de Belgiojoso, danseur et violoniste. Sur les inventions (airs de danse) de celui-ci, Jacques Salmon compose la musique. Les figures de danse et le Grand ballet qui termine l'oeuvre sont joués par les violons. Ainsi naît le ballet de cour.
_________________ Il n'est pas sur notre sol une chose qui soit plus utile que ces sublimes monuments qui ne servent à rien (Emile Mâle).
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