Selon mes maigres connaissances, il me semble qu'effectivement, les voix d'enfants étaient privilégiées. Il faut se dire que ces enfants étaient formés de façon professionelle ou quasiment.
Le femmes étaient rarement bienvenues comme le précise M. Deshays.
Pour les castrats, ce n'était pas dans l'usage (qui est pourrait-on dire au départ une lubie de catholique qu'on ne voulait pas voir chez les réformés)...
Quant aux contre-ténors... question difficile. En effet, ces chanteurs hommes mais épousant la tessiture féminine étaient utilisés dans les lieux où les femmes étaient exclues, pour y pallier en quelque sorte. Il reste toujours des doutes quant à la pratique de leur utilisation...
En Angleterre, il est certains qu'on les utilisaient (et pas à l'opéra en tout cas, ou l'on préférait remplacer les castrats par des femmes)
En France, il s'agissait plutôt de Haute-Contre, en fait un ténor aigü qui n'hésitait pas à utiliser la technique du falsetto...
en Allemagne, le doute est là (en tout cas pour moi en l'absence de sources... si vous en avez je suis preneur)
De plus, les contre-ténor dans leur acception contemporaine semblent être en grande partie une ré-invention du XXe siècle (avec Alfred Deller comme initiateur). Donc il est difficile de savoir quelles étaient les coutumes de l'époque, puisqu'en tant que coutumes elles étaient connues de tous... et donc inconnues de nous !
Ainsi donc, il nous reste les jeunes garçons, qui pouvait tout à fait assurer des parties d'alto, car, tout comme chez les hommes il y a des ténors et des basses, chez les enfants il y a des sopranes et des altos...
Il ne faut pas non plus oublier que Bach, comme tous les compositeurs de son temps, composait pour ce dont il disposait. Parfois il avait une basse exceptionelle, parfois aucun chanteur qui ne puisse véritablement assurer de la meilleure des façons, parfois un garçon de grande qualité vocale... Tout cela dépendait du contexte. Ainsi, on peut citer ses cantates pour Alto justement, qui ont quasiment toutes été écrites en l'espace de quelques mois, donc pour une personne bien précise qu'il avait sous la main.
Par exemple, pour apercevoir ce qu'un enfant peut faire :
http://fr.youtube.com/v/K_QAoanXntwEt comme je l'ai dit, la formation de l'époque était certainement beaucoup plus exigeante... On peut donc imaginer ce que pouvait donner un jeune chanteur particulièrement doué.
Mais, pour couronner le tout, et lancer le doute : comme l'a signalé M. Deshays, la Messe en Si n'a pas été donnée du vivant de Bach, et plus encore, il s'agirait d'une des dernières oeuvres sur lesquelles il ait travaillé. Pour couronner le tout, ce n'est pas une messe correspondant vraiment au culte protestant puisqu'elle est -on peut le dire - totalement oecuménique. De même le fait que ce ne soit pas un alto, mais un contralto (donc plus grave encore). Effectivement, cela commence à être très difficile pour un garçon même entraîné. De ce fait, il semblerai qu'une femme soit tout à fait apte à endosser le role...
Enfin, pour mettre tout le monde d'accord : il était d'usage, à l'époque baroque, de remplacer tel ou tel instrument par un autre, tel ou tel chanteur par un autre, suivant ce que l'on avait sous la main. Rien n'était figé : la conception du compositeur/créateur/Dieu où l'on ne change pas une note est une conception totalement romantique.
Ainsi : faisons ce qui nous plaît, tant que cela est beau et convainquant....