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Message Publié : 27 Mars 2009 23:40 
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Plutarque
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Ne résidant plus Paris, je ne pourrai malheureusement m'y rendre mais le musée du quai Branly propose durant trois mois une exposition intitulée Le siècle du jazz visant à retracer l'énorme influence de cette musique, dont l'improvisation reste le fil conducteur, sur les autres formes d'arts au cours du XXe siècle. L'histoire du jazz (mot trop classificatoire souvent récusé par les jazzmen qui préférent parler simplement de musique ou de musique improvisée) est d'une grande richesse et la profondeur de certaines interprétations peut toucher jusqu'aux mélomanes les plus exigeants. Puisant aux mêmes racines que le blues, le jazz a connu de profondes mutations au fil des époques tout en se diversifiant et s'internationalisant mais reste toujours et plus que jamais vivant malgré le peu de promotion médiatique dont il fait l'objet. D'autres amateurs que moi ont ils un avis à partager sur ce sujet ?
http://www.quaibranly.fr/fr/programmation/expositions/a-l-affiche/le-siecle-du-jazz/index.html


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 Sujet du message : Re: Le siècle du jazz
Message Publié : 27 Mars 2009 23:50 
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Fustel de Coulanges
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So what a écrit :
D'autres amateurs que moi ont ils un avis à partager sur ce sujet ?


J'apprécie le jazz et j'ai vu cette exposition. Elle est sympathique et plutôt intéressante dans ses débuts, mais très vite en fait, on passe devant des accumulations de tableaux, pochettes de disques et films sans que les liens avec le jazz ni l'influence ne soient clairement montrés ou démontrés. Si parfois c'est évident (ben oui, dans ascenceur pour l'échafaud, on comprend), des fois c'est plus difficile: en gros on nous montre des toiles de Pollock (dans le genre figuratif, on fait mieux), en nous disant: il aimait le jazz... Ben oui, mais encore?

Bref, une belle expo pour celui qui est vraiment grand amateur et connaît déjà bien ce mouvement musical. Pour les autres, c'est joli et la musique est plus que sympathique, mais il en reste une cuisante impression de manque d'explications... qui se trouvent dans le catalogue, comme toujours maintenant: pour comprendre une expo, il faut rajouter au 8 ou 10 euros de l'entrée les 50 du catalogue... >:)

Ah oui, à mon avis il y a peut-être un manque, c'est l'absence d'ouverture dans cette expo sur les autres styles musicaux issus du jazz. On a l'impression d'un mouvement musical profond et puissant qui a inspiré tous les arts... sauf la musique! Alors même que le jazz est à l'origine des 3/4 des mouvements musicaux du XXe s., tout en continuant certes à exister par ailleurs pour lui-même...

Bref, si vous passez au Quai Branly, les expos Mangareva et Fétiches africains sont plus compréhensibles. Mais après tout, la voix de Bessie Smith peut suffire à pallier les insuffisances de cette (très) vaste expo.

_________________
"[Il] conpissa tous mes louviaus"

"Les bijoux du tanuki se balancent
Pourtant il n'y a pas le moindre vent."


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 Sujet du message : Re: Le siècle du jazz
Message Publié : 31 Mars 2009 2:09 
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Plutarque
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Inscription : 26 Juil 2006 21:42
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Alfred Teckel a écrit :
So what a écrit :
D'autres amateurs que moi ont ils un avis à partager sur ce sujet ?


J'apprécie le jazz et j'ai vu cette exposition. Elle est sympathique et plutôt intéressante dans ses débuts, mais très vite en fait, on passe devant des accumulations de tableaux, pochettes de disques et films sans que les liens avec le jazz ni l'influence ne soient clairement montrés ou démontrés. Si parfois c'est évident (ben oui, dans ascenceur pour l'échafaud, on comprend), des fois c'est plus difficile: en gros on nous montre des toiles de Pollock (dans le genre figuratif, on fait mieux), en nous disant: il aimait le jazz... Ben oui, mais encore?

Bref, une belle expo pour celui qui est vraiment grand amateur et connaît déjà bien ce mouvement musical. Pour les autres, c'est joli et la musique est plus que sympathique, mais il en reste une cuisante impression de manque d'explications... qui se trouvent dans le catalogue, comme toujours maintenant: pour comprendre une expo, il faut rajouter au 8 ou 10 euros de l'entrée les 50 du catalogue... >:)

Ah oui, à mon avis il y a peut-être un manque, c'est l'absence d'ouverture dans cette expo sur les autres styles musicaux issus du jazz. On a l'impression d'un mouvement musical profond et puissant qui a inspiré tous les arts... sauf la musique! Alors même que le jazz est à l'origine des 3/4 des mouvements musicaux du XXe s., tout en continuant certes à exister par ailleurs pour lui-même...

Merci pour le résumé et effectivement, c'est tout le problème des expos. Car le jazz a influencé tous les arts mais d'abord la musique. Pour le meilleur et pour le pire sans doute. Comme le blouze, pour Dieu et pour le diable sans savoir lequel des deux il vaut mieux une nuit rencontrer. Du moment que ce ne soit pas que pour le flouze. J'avoue qu'A love supreme de John Coltrane est, avec quelques passions de J.S. Bach, l'une des seules musiques qui me donne un peu le pouvoir de croire. Juste un peu mais juste en fermant les yeux.

Citer :
Bref, si vous passez au Quai Branly, les expos Mangareva et Fétiches africains sont plus compréhensibles. Mais après tout, la voix de Bessie Smith peut suffire à pallier les insuffisances de cette (très) vaste expo.

Bessie Smith et Lady Day ont bercé tant de nuits à rassasier mon besoin de consolation. Ca me prend toujours les tripes. Et dire que sans le microsillon, elles seraient peut-être oubliées.

J'ai une question à poser aux bons connaisseurs de la musique dite "classique" (terme qui ne correspond qu'à une époque comme ce fut dans un autre fil rappelé et à mon avis bien plus violente et subversive, ou moins conventionnelle, que nombre de groupes actuels qui le voudraient), arrivait-il à ces musiciens, auteurs de magiques et profondes partitions, d'improviser sur quelques thèmes ?


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 Sujet du message : Re: Le siècle du jazz
Message Publié : 31 Mars 2009 11:26 
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Jean Mabillon
Jean Mabillon

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J'aime aussi beaucoup le jazz, que j'ai apppris à aimer en parallèle absolu avec le rock; aux Etats-Unis, j'ai habité à quelques centaines de mètres du "Lighthouse" à Manhattan Beach, haut lieu du jazz côte Ouest, juste à côté de Los Angeles, et j'ai eu le privilège d'y voir des musiciens légendaires, en fin de carrière certes, mais toujours époustouflants.
Cette musique survit mais ce n'est pas grâce aux medias qui en effet l'ignorent; il y a quand même eu récemment un regain d'intérêt, hélas assez superficiel puisque surtout limité à des chanteuses, agréables certes, mais qui n'apportent rien d'original et se bornent à dépoussiérer des formules très classiques. Musicalement, ce n'est plus là que ça se passe, et il est difficile d'imaginer combien le jazz a pu être novateur et vivant, ce qu'il a pu représenter pour des jeunes gens des années 30 à 60. Dommage que cette exposition ne lui rende pas justice de ce point de vue, apparemment.


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 Sujet du message : Re: Le siècle du jazz
Message Publié : 31 Mars 2009 16:59 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

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So what a écrit :
l'improvisation reste le fil conducteur,
Improvisation, si on veut. Disons que les musiciens ne suivent pas une partition et qu'il y a une bonne part d'inspiration au moment de l'exécution.
So what a écrit :
L'histoire du jazz (mot trop classificatoire souvent récusé par les jazzmen qui préférent parler simplement de musique ou de musique improvisée)
Jazz provenant de l'argot pour bazar/désordre, nul doute qu'ils préfèrent musique.


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 Sujet du message : Re: Le siècle du jazz
Message Publié : 31 Mars 2009 17:11 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

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Tonnerre a écrit :
il est difficile d'imaginer combien le jazz a pu être novateur et vivant, ce qu'il a pu représenter pour des jeunes gens des années 30 à 60.
A Paris, les hauts lieux du jazz américain étaient Le Blue Note, Le club St Germain, le Chat qui pêche. Le jazz "New-Orleans" avec des musiciens français se jouait au Slow-Club, au Caveau de la Huchette, au caveau de la Montagne, aux 3 maillets. Daniel Filipacchi http://fr.wikipedia.org/wiki/Daniel_Filipacchi et Norman Granz organisaient des concerts à l'Olympia. Frank Tenot et Daniel Filipacchi avaient une émission sur Europe 1 Pour ceux qui aiment le jazz.


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 Sujet du message : Re: Le siècle du jazz
Message Publié : 31 Mars 2009 22:18 
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Jean Mabillon
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Oui, et il y avait deux grands magazines: Jazz Hot et Jazz magazine.
Beaucoup des films des jeunes metteurs en scène Nouvelle vague du début des années 60 avaient des bandes sonores jazz: la splendide partition de Miles Davis pour "Ascenseur pour l'Echafaud, de Louis Malle, par exemple. Malle était un grand amateur de jazz, beaucoup des musiques de ses films sont du jazz, de différents styles, par exemple Django Reinhardt dans "Milou en mai". Ou dans "Pretty Baby" qui se passe à la Nouvelle Orléans au début du XXème siècle, du jazz NO bien sûr. Et l'air que jouent les deux enfants sur un vieux piano pendant les raids aériens dans "Au revoir les enfants" est un ragtime classique.
Ou encore la version des "Liaisons dangereuses" tournée par Vadim avec Jeanne Moreau et Gérard Philippe qui a pour fond sonore des morceaux très punchy d'Art Blakey et les Jazz Messengers, de Thelonious Monk, et du saxophoniste Barney Wilen (qui a travaillé avecDavis sur la partition d' "Ascenseur pour l'échafaud").
Et enfin et surtout "A bout de souffle" de Jean-Luc Godard, avec Belmondo et la très belle Jean Seberg, doit beaucoup de son originalité à l'élégante partition de Martial Solal, sans doute le plus grand jazzman français vivant, à mon avis.
Il n'y a plus beaucoup de metteurs en scène qui utilisent du jazz comme musique de film; le dernier à le faire est Clint Eastwood, qui en place dans presque tous ses films, si l'histoire le permet, et qui a même fait des films SUR des musiciens de jazz, comme "Bird" sur Charlie Parker.


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 Sujet du message : Re: Le siècle du jazz
Message Publié : 31 Mars 2009 23:40 
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Plutarque
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Localisation : Le Mans
Gerard. a écrit :
So what a écrit :
l'improvisation reste le fil conducteur,
Improvisation, si on veut. Disons que les musiciens ne suivent pas une partition et qu'il y a une bonne part d'inspiration au moment de l'exécution.


Diantre que si, ils suivent une partition - dans les Big Bands, sans partition, point de salut ! Sans grille, pas d'improvisation... l'improvisation (mélodie inventée spontanément en direct) - et je ne comprends d'ailleurs pas votre "si on veut" 8-| - se développe sur une grille (une suite d'accords) et tous les musicien(ne)s de jazz suivent une partition. Même Albert Ayler ne part pas sans filet, il se sert de mélodies ultrabasiques, à la limite de la rengaine (telle La Marseillaise) et après il explose tout, pour toujours finir par retomber sur ses pattes, en véritable félin du ténor qu'il était ! Pour avoir vu il y a quelques années de cela un concert de free jazz, le saxophoniste, qui menait la barque du quartet, était parti de la Truite de ce cher Schubert... il y a donc bien une partition ou, à défaut, un riff de référence.
Et je pense que la "bonne part d'inspiration au moment de l'exécution" est nécessaires à tous les interprètes, qu'ils soient improvisateurs en jazz, musiciens classiques et que sais-je encore !

Gerard. a écrit :
Jazz provenant de l'argot pour bazar/désordre, nul doute qu'ils préfèrent musique.


L'étymologie du mot "Jazz" est loin d'être académiquement fixée et pour une fois, la notice wikipédia est très complète. Je copie-colle ci dessous le chapitre étymologie :

Citer :
Au-delà de la difficulté à définir précisément la musique qu'il désigne, l'origine du mot jazz est elle-même sujette à controverses. Les hypothèses avancées quant aux origines de ce nom sont multiples et aucune ne semble faire l'unanimité. Le mot jazz pourrait être dérivé :

* du nom de musiciens (comme Chas Washington) ;

* de l'argot avec des connotations sexuelles ou qui indiquent l'énergie ou la force ;

* du jasmin que l'industrie cosmétique française avait utilisé dans ses parfums, qui étaient vendus à Nouvelle-Orléans (une théorie de Garvin Bushell) ;

* d'une déformation du chassé ou chasse-beau, figure du cakewalk (danse du gâteau, à la mode au XIXe siècle),

* des racines africaines comme le mot bantou jaja (« danser », « jouer de la musique »), sur le terme africain jasi (« être excité »)

* jaiza (« son lointain des percussions »). La dernière appellation viendrait de certaines tribus indonésiennes qui appelaient "jaze baqti" une musique rythmée.

Les recherches de Gerald Cohen indiquent que le mot apparaît pour la première fois sous la plume de E. T. « Scoop » Gleeson dans le San Francisco bulletin en mars 1913. Il appartient alors au jargon du baseball pour désigner l'énergie d'un joueur. Le mot aurait été employé pour qualifier la musique du groupe d'Art Hickman qui jouait dans le camp d'entraînement des San Francisco Seals. Le groupe endossa l'adjectif lors de ses engagements à New York en 1914 et le terme se répandit progressivement jusqu'à Chicago avant de revenir en Nouvelle-Orléans sous la forme d'une lettre de Freddie Keppard à King Oliver qui le popularisera dès 1917 avec son protégé, Louis Armstrong.

En raison de ses connotations scabreuses, le terme était diversement apprécié des musiciens (Duke Ellington en particulier préférait l'appellation « Negro music »). Durant les années 1930 et 1940, de nombreuses alternatives ont été proposées telles que ragtonia, syncopep, crewcut, Amerimusic, ou encore jarb, sans grand succès. La diffusion du mot « jazz » (bien que sous sa forme Jass) est largement associée à son apparition sur le premier enregistrement du style, en mars 1917 par l'Original Dixieland Jass Band.

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L'avantage avec le passé, c'est qu'il est passé.
"Je pense donc je suis". Mieux vaut donc ne pas penser.
Personne n'est revenu de la mort. Pas fou.
- Paul Rancoeur -


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 Sujet du message : Re: Le siècle du jazz
Message Publié : 31 Mars 2009 23:49 
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Fustel de Coulanges
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Localisation : Lorrain en exil à Paris
Oh là malheureux! Règle n°1 avec Gérard, ne pas citer Wikipedia, ou alors il va vous bombarder de liens piochés dans ladite encyclopédie! :mrgreen:


Tristan Hylar a écrit :
Gerard. a écrit :
So what a écrit :
l'improvisation reste le fil conducteur,
Improvisation, si on veut. Disons que les musiciens ne suivent pas une partition et qu'il y a une bonne part d'inspiration au moment de l'exécution.


Diantre que si, ils suivent une partition - dans les Big Bands, sans partition, point de salut ! Sans grille, pas d'improvisation... l'improvisation (mélodie inventée spontanément en direct) - et je ne comprends d'ailleurs pas votre "si on veut" 8-| - se développe sur une grille (une suite d'accords) et tous les musicien(ne)s de jazz suivent une partition. Même Albert Ayler ne part pas sans filet, il se sert de mélodies ultrabasiques, à la limite de la rengaine (telle La Marseillaise) et après il explose tout, pour toujours finir par retomber sur ses pattes, en véritable félin du ténor qu'il était ! Pour avoir vu il y a quelques années de cela un concert de free jazz, le saxophoniste, qui menait la barque du quartet, était parti de la Truite de ce cher Schubert... il y a donc bien une partition ou, à défaut, un riff de référence.
Et je pense que la "bonne part d'inspiration au moment de l'exécution" est nécessaires à tous les interprètes, qu'ils soient improvisateurs en jazz, musiciens classiques et que sais-je encore !

Gerard. a écrit :
Jazz provenant de l'argot pour bazar/désordre, nul doute qu'ils préfèrent musique.


L'étymologie du mot "Jazz" est loin d'être académiquement fixée et pour une fois, la notice wikipédia est très complète. Je copie-colle ci dessous le chapitre étymologie :

Citer :
Au-delà de la difficulté à définir précisément la musique qu'il désigne, l'origine du mot jazz est elle-même sujette à controverses. Les hypothèses avancées quant aux origines de ce nom sont multiples et aucune ne semble faire l'unanimité. Le mot jazz pourrait être dérivé :

* du nom de musiciens (comme Chas Washington) ;

* de l'argot avec des connotations sexuelles ou qui indiquent l'énergie ou la force ;

* du jasmin que l'industrie cosmétique française avait utilisé dans ses parfums, qui étaient vendus à Nouvelle-Orléans (une théorie de Garvin Bushell) ;

* d'une déformation du chassé ou chasse-beau, figure du cakewalk (danse du gâteau, à la mode au XIXe siècle),

* des racines africaines comme le mot bantou jaja (« danser », « jouer de la musique »), sur le terme africain jasi (« être excité »)

* jaiza (« son lointain des percussions »). La dernière appellation viendrait de certaines tribus indonésiennes qui appelaient "jaze baqti" une musique rythmée.

Les recherches de Gerald Cohen indiquent que le mot apparaît pour la première fois sous la plume de E. T. « Scoop » Gleeson dans le San Francisco bulletin en mars 1913. Il appartient alors au jargon du baseball pour désigner l'énergie d'un joueur. Le mot aurait été employé pour qualifier la musique du groupe d'Art Hickman qui jouait dans le camp d'entraînement des San Francisco Seals. Le groupe endossa l'adjectif lors de ses engagements à New York en 1914 et le terme se répandit progressivement jusqu'à Chicago avant de revenir en Nouvelle-Orléans sous la forme d'une lettre de Freddie Keppard à King Oliver qui le popularisera dès 1917 avec son protégé, Louis Armstrong.

En raison de ses connotations scabreuses, le terme était diversement apprécié des musiciens (Duke Ellington en particulier préférait l'appellation « Negro music »). Durant les années 1930 et 1940, de nombreuses alternatives ont été proposées telles que ragtonia, syncopep, crewcut, Amerimusic, ou encore jarb, sans grand succès. La diffusion du mot « jazz » (bien que sous sa forme Jass) est largement associée à son apparition sur le premier enregistrement du style, en mars 1917 par l'Original Dixieland Jass Band.

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 Sujet du message : Re: Le siècle du jazz
Message Publié : 01 Avr 2009 6:58 
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Je n'ai pas encore vu l'exposition (ça ne saurait tarder), mais je recommande la lecture du catalogue qui éclaire un certain nombre de points qui peuvent semble-t-il rester obscurs à la visite (le rapport entre Pollock et le Jazz par exemple):

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"Il est plus beau d'éclairer que de briller" (Thomas d'Aquin).


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Message Publié : 01 Avr 2009 10:12 
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Grégoire de Tours
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Pendant WW II, les lumières de Paris devaient être éteintes. De ce fait la majorité des clubs de jazz à Paris étaient dans des caves et y sont restés ensuite. Dans les clubs parisiens j'ai oublié le Caméléon.


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Message Publié : 01 Avr 2009 16:14 
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Plutarque
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D'abord, un grand merci à tout le monde pour ces contributions. Je crois qu'à défaut de pouvoir me rendre à l'expo, je vais essayer de commander le catalogue. :wink:

Je me permet de répondre à quelques uns d'entre vous:

Tonnerre a écrit :
J'aime aussi beaucoup le jazz, que j'ai apppris à aimer en parallèle absolu avec le rock; aux Etats-Unis, j'ai habité à quelques centaines de mètres du "Lighthouse" à Manhattan Beach, haut lieu du jazz côte Ouest, juste à côté de Los Angeles, et j'ai eu le privilège d'y voir des musiciens légendaires, en fin de carrière certes, mais toujours époustouflants.

Perso, j'ai commencé par être un enfant du rock (The Clash fut sans doute le groupe dont j'ai vu le plus de concerts) avant de découvrir le jazz grâce d'abord à Miles Davis (vu deux fois en concert à Paris) puis les enregistrements de Billie Holiday qui m'ont bouleversé. Au New Morning, j'ai eu la chance d'assister à des performances de quelques géants aujourd'hui décédés comme Dizzy Gillespie, Art Blakey, Stan Getz ou l'inoubliable Chet Baker. Par contre Lionel Hampton à l'hotel Méridien m'avait beaucoup déçu mais je n'aimais déjà pas trop le cadre que je trouve trop guindé, trop friqué, trop bling-bling.

Citer :
Cette musique survit mais ce n'est pas grâce aux medias qui en effet l'ignorent; il y a quand même eu récemment un regain d'intérêt, hélas assez superficiel puisque surtout limité à des chanteuses, agréables certes, mais qui n'apportent rien d'original et se bornent à dépoussiérer des formules très classiques. Musicalement, ce n'est plus là que ça se passe, et il est difficile d'imaginer combien le jazz a pu être novateur et vivant, ce qu'il a pu représenter pour des jeunes gens des années 30 à 60. Dommage que cette exposition ne lui rende pas justice de ce point de vue, apparemment.

Tous les ans, les maisons de disques nous font un "buzz" sur la nouvelle Billie Holiday. Certaines comme Madeleine Peyroux sont de bonnes chanteuses, d'autres comme Norah Jones tombent à mon sens dans la variété (ce qui n'est pas forcèment péjoratif à mes yeux) du moins dans ce que je connais d'elle. Quant à Lady Day, il n'y en a jamais eu qu'une comme il n'y eut qu'une seule Bessie Smith, un seule Ella Fitzgerald, etc.
Pour moi le jazz est une musique évolutive hors des chemins battus. La révolution bop des années 40 est une étape cruciale. A partir de là, elle n'est plus simplement une musique de danse ou d'entertainment mais explore de nouveaux sentiers en s'adressant aux musiciens plutôt que de répéter ad vitam eternam ce que le public réclame. Toutes les expériences sont permises, le free jazz par exemple, et la musique elle même s'échappe peu à peu de sa définition exclusive de production musicale se rattachant à la tradition négro-américaine même si elle continue d'y puiser dans ses racines. Les travaux de la Knitting Factory ou ceux de beaucoup de musiciens européens (de l'ouest à l'est et du nord au sud, on pourrait citer pas mal de noms et de labels, ECM étant sans doute le plus célèbre) et du monde entier expriment aujourd'hui une musique riche, dense et vivante que l'on classifie dans le jazz.

Tonnerre a écrit :
Oui, et il y avait deux grands magazines: Jazz Hot et Jazz magazine.

En France, je crois que c'est Jazz Hot qui fut l'une des premières revues spécialisées. Admirateurs de jazz américain mais aussi de Django Reinhardt, Charles Delaunay et Hugues Panassié en furent à l'origine en la créant en 1935. Elle s'appelait alors Revue du Hot Jazz Club de France mais a du s'interrompre avec l'occupation nazie. Le mensuel a repris sa parution en octobre 1945. En 1988 furent réédités sous la forme d'un livre préfacé par Delfeil de Ton, les douze premiers numéros quasiment introuvables de cette nouvelle série. C'est un bouquin merveilleux où l'on retrouve les premières critiques et chroniques d'André Hodeir et les premières escarmouches entre Hugues Panassié (grand monsieur mais hermétique à la révolution bop) et un jeune moderne du nom de Boris Vian qui voulait jurer par Charlie Parker et Dizzy Gillespie. De même que le jazz a pu influencer le rock dans ce qu'il a de meilleur, la critique rock dans ce qu'elle a de meilleure est à mon sens très redevable à la critique jazz.

C'est à Duke Ellington que revint l'honneur de faire la Une du premier numéro de la nouvelle série de Jazz Hot:

Image
(Ici, c'est la couverture du bouquin: sur celle originale de la revue, la bande noire avec le sigle de Jazz Hot n'apparaît évidemment pas.)

Citer :
Beaucoup des films des jeunes metteurs en scène Nouvelle vague du début des années 60 avaient des bandes sonores jazz: la splendide partition de Miles Davis pour "Ascenseur pour l'Echafaud, de Louis Malle, par exemple. Malle était un grand amateur de jazz, beaucoup des musiques de ses films sont du jazz, de différents styles, par exemple Django Reinhardt dans "Milou en mai". Ou dans "Pretty Baby" qui se passe à la Nouvelle Orléans au début du XXème siècle, du jazz NO bien sûr. Et l'air que jouent les deux enfants sur un vieux piano pendant les raids aériens dans "Au revoir les enfants" est un ragtime classique.
Ou encore la version des "Liaisons dangereuses" tournée par Vadim avec Jeanne Moreau et Gérard Philippe qui a pour fond sonore des morceaux très punchy d'Art Blakey et les Jazz Messengers, de Thelonious Monk, et du saxophoniste Barney Wilen (qui a travaillé avecDavis sur la partition d' "Ascenseur pour l'échafaud").
Et enfin et surtout "A bout de souffle" de Jean-Luc Godard, avec Belmondo et la très belle Jean Seberg, doit beaucoup de son originalité à l'élégante partition de Martial Solal, sans doute le plus grand jazzman français vivant, à mon avis.

Jazz et cinéma, il semble justement que le sujet soit abordé par l'expo. C'est tout un programme d'autant que ces deux nouvelles formes artistiques se sont dévellopées en même temps. Ce que l'on peut fort regretter, c'est de la façon dont Hollywood a traité les musiciens de jazz de leur vivant mais il est vrai que l'industrie du cinéma n'était pas la seule à afficher son racisme dans l'Amérique de l'époque.
Au delà de la musique de Martial Solal (très grand pianiste à mon goût), je trouve une atmosphère très jazzy au film de Godard (il est vrai qu'il est une de mes toiles préférées) comme au cinéma de John Cassavetes ou celui plus contemporain d'un Jim Jarmush sans oublier Woody Allen, grand amateur de jazz et lui même clarinettiste amateur.

Citer :
Il n'y a plus beaucoup de metteurs en scène qui utilisent du jazz comme musique de film; le dernier à le faire est Clint Eastwood, qui en place dans presque tous ses films, si l'histoire le permet, et qui a même fait des films SUR des musiciens de jazz, comme "Bird" sur Charlie Parker.

Clint Eastwood a un jour dit que l'Amérique n'a véritablement inventé que deux formes artistiques, le western et le jazz: « I feel very close to the western. There are not too many American art forms that are original. Most are derived from European art forms. Other than the western and jazz or blues, that`s all that`s really original.»

Avec Autour de minuit, Bertrand Tavernier avait aussi réalisé un film superbe inspiré à la fois par le personnage de Lester Young et les souvenirs de Francis Paudras à propos de Bud Powell. Dexter Gordon jouait le rôle principal mais d'autres musiciens apparaissaient dans le casting, Herbie Hancock, Bobby Hutcherson, Wayne Shorter, Pierre Michelot, etc. Le film illustre à merveille l'atmosphère du Paris des années 50 et de ses petites boites de jazz.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Autour_de_minuit_(film)

Le livre La danse des infidèles de Francis Paudras est aussi une oeuvre magnifique. Pas mal de musiciens noirs américains ont émigré et joué en Europe durant ces années là, pas seulement à Paris mais aussi Amsterdam, Londres, Stockholm, etc. Il en est resté quelque chose, je pense.

Tristan Hylar a écrit :
Même Albert Ayler ne part pas sans filet, il se sert de mélodies ultrabasiques, à la limite de la rengaine (telle La Marseillaise) et après il explose tout, pour toujours finir par retomber sur ses pattes, en véritable félin du ténor qu'il était ! Pour avoir vu il y a quelques années de cela un concert de free jazz, le saxophoniste, qui menait la barque du quartet, était parti de la Truite de ce cher Schubert...

8-| :P B) Whaaaooouu ! Cela a du bien dégager. J'ai mis un peu plus de temps à me mettre au free en comparaison avec le jazz modal ou le cool jazz, plus accessibles à mon oreille d'amateur, mais une fois que l'on se laisse emporter par le navire, l'expérience est fascinante, enrichissante, émouvante.

Citer :
L'étymologie du mot "Jazz" est loin d'être académiquement fixée et pour une fois, la notice wikipédia est très complète. Je copie-colle ci dessous le chapitre étymologie

Je rajoute ses deux liens, pour ceux qui s'intéresseraient à ce débat, consacrés à l'étymologie du terme jazz:
http://www.emusicologia.com/Documents%5Bemusicologia%5D/Alexis%20Morel/01-un%20peu%20d'etymologie.htm
http://www.citizenjazz.com/article3457253.html

L'étymologie et plus encore la définition du jazz est une question qui n'a pas fini de faire jazzer et pour aller plus loin dans l'argot du blues et du jazz, je conseille l'excellent dictionnaire Talkin' that talk de Jean-Paul Levet. Je ne possède que la première édition parue chez Hatier en 1992, une seconde largement enrichie (le nombre de pages a doublé) est sortie aux éditions Kargo en 2003 - aujourd'hui également épuisée - mais une nouvelle serait en préparation et je l'attends avec impatience. Voici un résumé et un aperçu de l'ouvrage:
http://www.gazettegreenwood.net/doc/talk/talk.htm


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 Sujet du message : Re: Le siècle du jazz
Message Publié : 01 Avr 2009 17:20 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 18 Nov 2008 22:34
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Tonnerre a écrit :
Cette musique survit mais ce n'est pas grâce aux medias qui en effet l'ignorent; .
Dans les années soixantes les musiciens de jazz ne vivaient pas tous uniquement de leur musique. J'en ai connu un qui donnait des cours de conduite auto l'après-midi, un autre qui était directeur artistique chez Polydor et pourtant je les voyais toutes les semaines dans les clubs parisiens.

Toujours dans les années soixantes, le free jazz naissant avait une très (bis) faible audience à Paris. Je me souviens d'Eric Dolpby au Chat qui pêche peu de temps avant sa mort. Vu le prix de l'entrée de ce club nous l'avons un peu écouté par le soupirail et avons ensuite traversé la rue pour aller au Caveau de la Huchette.

En ce qui concerne les groupes de jazz New-Orleans ou Be Bop de cette époque, j'en ai entendu certains des dizaines, voire des centaines, de fois. L'improvisation, oui quand un musicien venait faire un boeuf, cela réveillait le groupe.


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Message Publié : 01 Avr 2009 18:56 
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Jean Mabillon
Jean Mabillon

Inscription : 04 Juin 2006 12:47
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Localisation : Centre
Toutes ces contributions sont très intéressantes, un vrai plaisir à lire, merci aux contributeurs. B)
Citer :
Perso, j'ai commencé par être un enfant du rock (The Clash fut sans doute le groupe dont j'ai vu le plus de concerts) avant de découvrir le jazz grâce d'abord à Miles Davis (vu deux fois en concert à Paris) puis les enregistrements de Billie Holiday qui m'ont bouleversé. Au New Morning, j'ai eu la chance d'assister à des performances de quelques géants aujourd'hui décédés comme Dizzy Gillespie, Art Blakey, Stan Getz ou l'inoubliable Chet Baker. Par contre Lionel Hampton à l'hotel Méridien m'avait beaucoup déçu mais je n'aimais déjà pas trop le cadre que je trouve trop guindé, trop friqué, trop bling-bling.


Les grands jazzmen que j'ai vus, surtout aux Etats-Unis: Grover Washington--un de mes préférés, ultra cool music, son West Coast--, Dexter Gordon quelques mois avant sa mort, au Kennedy Center de Washington, la meilleure interprétation de "Round About Midnight" à mon avis, Chet Baker à Antibes, Max Roach (le batteur de Coltrane) au "Lighthouse", Milt Jackson au "Blues Alley" de Washington (la seule déception, il regardait tout le temps sa montre pendant le set), Jimmy Smith quand j'étais très jeune à Paris, Herbie Hancock, David Ritenour, Wynton Marsalis, plus un certain nombre de jazzmen français: Solal, Urtregger, Humair, Hodeir.
Mon regret: ne pas avoir vu Charlie Mingus en concert pendant qu'il était encore temps; beaucoup de jazzmen de la grande époque n'ont pas passé beaucoup de temps sur terre...


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Message Publié : 01 Avr 2009 20:47 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 18 Nov 2008 22:34
Message(s) : 638
Tonnerre a écrit :
plus un certain nombre de jazzmen français: Humair,
Vu qu'il a surtout fait une carrière en France on pourrait le penser, mais Daniel Humair est Suisse.

Monk, je l'ai vu dans sa loge tout comme le rockeur Gene Vincent. Il y a peu, j'ai vendu mes disques dédicacés par Monk, Gillespie, Jimmy Smith, Gerry Mulligan, Bud Powell, Kenny Clarke, etc. A defaut de Coltrane, j'ai entendu Sonny Rollins. Art Blakey à son deuxième passage au club St Germain. Mon premier concert était celui de Ray Charles. Regret aussi pour Mingus. Fin de la minute nostalgie. :P


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