Je pense qu'il y a un malentendu sur ce que je voulais dire. C'est de ma faute, avec ma recherche imbécile de la formule rapide.
Je n'interviens pas sur la qualité de la musique ou du chanteur (nous avions eu ici une discussion sur la subjectivité - ou pas - de la notion de qualité musicale).
Mon angle de réflexion est sur la dimension sociologique des phénomènes de mode. Pour ça, je remonterai bien avant l'apparition du Rock & Roll : La noblesse européenne du XVIII e siècle qui se précipite aux concerts de Mozart n'est pas (pas forcément) plus mélomane que le commun des mortels. Elle va à ses concerts car c'est le lieu où les gens de cette classe
doivent être. Il n'y a - évidemment - aucun jugement sur la qualité de la musique à affirmer cela.
Plus près de nous : je connais très bien
un vieil agriculteur du Limousin qui écoute de l'accordéon à longueur de journée (là bas, une radio a été créée spécialement pour ça) parce que ça lui parle. (ça "parle" aussi à maman, car elle n'était pas la seule qu'il faisait danser sur cette musique, ce qui la chagrinait) Il ignore jusqu'au nom de Mozart, des Beatles, et de Michael Jackson. Comme sans doute vous ignorez celui de Jean Ségurel, pour la plupart d'entre vous.
Revenons maintenant aux chanteurs d'expression anglo-américaine de la fin du XXe siècle : le mot "marketing" est sans doute approximatif, puisqu'ils n'ont même pas eu besoin (pas trop) de ça : une jeunesse "mondiale" a vu dans le "rock" (au sens large, ça aussi a été discuté ici) une façon de "cracher dans la gueule à Papa" (dixit Claude Nougaro, in "Paris Mai"). Bien, pourquoi pas, c'est normal et éternel. Et ça ne me gêne pas. Rien ne me gène , d'ailleurs.
Simplement, un minimum d'esprit critique autorise, au moins, à penser que les outils mondiaux de communication (bien avant Internet) sont au moins aussi importants dans leur diffusion, que la qualité de leur musique. Le mot "matraquage" me semble même approprié.
Et juste une petite remarque : Je comprends assez bien la langue anglo-américaine, mais je me demande combien, parmi les fans des Beatles ou des Stones (pour rester dans les limites chronologiques du forum), combien comprennent les paroles. Car s'il y a chanson, il y a musique ET paroles. Même remarque, d'ailleurs, pour les anglais fans de Maurice Chevalier.
Pour revenir à la question initiale, je pense que Bob Dylan ou Joan Baez ont eu une renommée internationale ... chez les gens pour qui les paroles associées à de la musique ont un sens.
Quant à celui que j'ai qualifié (sous l'émotion) de jeune abruti (abruti moi-même) : nous sommes un petit village de 200 hab. où tout le monde se connait. Je sais qu'il connaissait très bien notre amie décédée, et même qu'il a été invité chez elle (comme il le sera encore chez nous). J'ai plutôt entendu ça dans son émotion : "qu'avez vous donc à vous lamenter sur le décès de Claudine, alors que quelqu'un d'infiniment plus important - car célèbre - est décédé le même jour". D'ailleurs, paradoxalement, malgré ses paroles, il pelurait sans doute Claudine.