Citer :
Anecdote : la semaine dernière, une jeune femme du village de 47 ans est décédée d'un cancer. Ce matin, à la boulangerie, un jeune abruti en larmes se lamentait du décès d'un chanteur américain.
Je ne trouve pas du tout étrange, ou même regrettable l'attitude de ce "jeune abruti" comme vous l'apellez assez durement.
La mort d'une personne que je ne connais pas me laisse indifférent--je peux la regretter d'une façon toute théorique pour les membres de sa famille, mais ça ne va pas plus loin, sinon vu le nombre de décès quotidiens dans le monde, ou même dans ma ville, je répandrais des larmes 24/24.
Par contre, la mort d'une personne que je connais et/ou pour laquelle j'éprouve des affects forts me plonge dans la tristesse, voire dans le désespoir.
Ce jeune homme était sans doute fan de MJ, il a peut être téléchargé ses tubes, dansé sur eux, lu des articles de magazine sur lui, que sais-je. De ce fait, il a non seulement l'impression de le connaître--et en fait en sait plus sur lui que sur la dame de 47 ans de son quartier--mais il le vénère, l'idolâtre, il ressent des sentiments extrêmement forts pour lui, témoin ces fans qui passent des jours à attendre l'apparition de leur idole, vont à tous ses concerts, pénétrent chez lui etc.
Dans la tête d'un fan, MJ est assimilé à un membre de sa famille, qui plus est à un parent choisi et non subi, et lui
paraissant infiniment plus brillant et excitant que les membres de sa propre famille (je parle bien d'apparences).
Les fans se passionnent pour une icone parce qu'elle les émeut et les fait rêver. Ce jeune a choisi de s'offrir un petit morceau de rêve en se donnant l'illusion qu'il a accès au monde paillettes et glamour de MJ. Qu'est-ce qu'il y a de mal à ça?
Je ne vois pas pourquoi cela serait forcément mieux ou plus moral de se satisfaire de la trivialité du réel. Un fan est un naif, un rêveur, un crédule sans doute, mais c'est justement ça qui fait la fugitive beauté de la jeunesse. Le fait qu'il cherche à s'évader, même si vainement, d'une vie sans doute un peu terne fait justement de lui le contraire d'un abruti. Ca ne lui passera que trop vite, et son existence se réduira bien assez tôt à des factures à payer
Un peu d'indulgence, dédé, que diable! Vous n'avez jamais été jeune?