calade a écrit :
La page la plus extraordinaire qu'il a écrite (je ne crains pas d'être péremptoire) : le 6e et dernier quatuor (opus 80), qq semaines après la mort de sa sœur Fanny, quelques mois avant sa propre mort. C'est après Beethoven le plus beau quatuor du 19e s. On est à la limite de l'insoutenable du point de vue de la saturation des émotions. Rage, violence, sentiment d'anéantissement, de saccage produit par la mort de sa sœur bien-aimé. Cela ne ressemble à rien de ses œuvres précédentes et laissent augurer de ce qu'aurait pu être ses œuvres de maturité (rappelons qu'il est mort à 38 ans).
S'il fallait vous convaincre que c'est un génie : écoutez n'importe laquelle de ses symphonies pour cordes numérotées de 1 à 14 écrites entre 8 et 16 ans !
Ce compositeur qui incarne la foi luthérienne, qui compose une symphonie pour le 400e anniversaire de la confession d'Augsbourg (à vérifier
), qui ressuscite Bach, qui incarne le romantisme allemand a été banni par les nazis : il reste un juif pour eux. Il faut dire que Wagner avait préparé le terrain en l'attaquant dans Le judaïsme dans la musique.
On voit ici toute la logique de l'antisémitisme racial. Réécoutons Mendelssohn donc.
Je tiens donc à écouter ce 6e quatuor un jour, en parallèle avec les dernières oeuvres de Schubert, dont le grand Félix joua la
Grande Symphonie (sa 9e). Mais ne voyons pas Mendelssohn jeune comme compositeur toujours "optimiste" : rien qu'à écouter sa symphonie écossaise (la 3e), son ouverture
Les Hébrides, je ne les entends plutôt fantastiques et dramatiques, sous l'archet d'un chef peu connu du grand public (il faut dire que les noms de Karajan, Jochum, Kleiber... lui ont fait de l'ombre) : c'est Peter Maag. Lui et Claudio Abbado se font une rude concurrence sonore dans mes oreilles pour les bonnes versions de ces chez-d'œuvre. Et quant à la symphonie composée pour fêter les 400 ans de la Confession d'Augsbourg, plus simplement religion protestante luthérienne, c'est bien la symphonie
Réformation (la 5e).