Pour illustrer mon propos sur les changements de tempo dans l'interprétation d'une même œuvre, prenons les contrastes de tempi entre Sergiu Cellibidache et Wilhelm Furtwängler dans Bruckner : Furtwängler loge sa version de la 8e symphonie, en 1944, sur un seul CD (presque 74 minutes), comme ici aussi en 1954 (durée 1 heure, 21 minutes, 16 secondes) :
http://www.youtube.com/v/YAa-3D6QJlETandis que le grand chef roumain prend son temps, entre dans Bruckner comme en religion (ici 1 heure, 48 minutes, 57 secondes) :
http://www.youtube.com/v/zcQapIFn ... re=relatedPierre Boulez, aussi, ne traîne pas :
http://www.youtube.com/v/ysObwV48C4YJe prends Bruckner comme exemple car ses immenses fresques symphoniques, trop longues parfois, posent encore une question relative au tempo : on peut arriver à donner un sens inspiré à ce qui n'est qu'une suite de notes ou rater complètement la substantifique moelle, faute en partie en allant trop vite. Et chaque époque a eu ses traditions d'interprétation, comme jouer Bach sur des orchestres symphoniques (voyez les versions de Karl Richter, Eugen Jochum ou Klemperer pour les
Passions), ensuite Nikolaus Harnoncourt jetant un pavé dans la mare avec le Concentus Musikus de Vienne et allégeant les solistes par parties vocales, dans les années 1970, ensuite la vague baroque historiquement informée, les actuels ensembles spécialement dédiés à la musique de Bach, et les chanteurs comme Sandrine Piau, Kurt Equiluz, Anne Sofie von Otter.