Je ne peux que vous recommander chaudement la lecture - a priori sur le jazz à part, bien sûr ! - de l'étude que B. Gavoty a consacrée à l'oeuvre de L. Vierne : il se penche, en rapportant les paroles du grand maître, sur le rapport que l'organiste (mais cela vaut pour tout musicien) doit entretenir avec son interprétation, qu'il s'agisse de Bach, de la musique classique ou de la musique romantique. Ses remarques dans la section "L'Esthétique" sont absolument incontournables et presque toutes pourraient intéresser la discussion (c'est pourquoi je ne le cite pas ).

Il attire d'ailleurs l'attention sur ce que Beethoven voulait qu'on inscrivît "au fronton de son oeuvre" : "Partie du coeur, qu'elle retourne au coeur". Je pense que c'est très clair Nulle trahison dans votre lien, au contraire !

_________________
Il n'y a pas de littérature sans liberté politique

Memoriam quoque ipsam cum voce perdidissemus, si tam in nostra potestate esset oblivisci quam tacere

Pour illustrer mon propos sur les changements de tempo dans l'interprétation d'une même œuvre, prenons les contrastes de tempi entre Sergiu Cellibidache et Wilhelm Furtwängler dans Bruckner : Furtwängler loge sa version de la 8e symphonie, en 1944, sur un seul CD (presque 74 minutes), comme ici aussi en 1954 (durée 1 heure, 21 minutes, 16 secondes) :
http://www.youtube.com/v/YAa-3D6QJlE
Tandis que le grand chef roumain prend son temps, entre dans Bruckner comme en religion (ici 1 heure, 48 minutes, 57 secondes) :
http://www.youtube.com/v/zcQapIFn ... re=related
Pierre Boulez, aussi, ne traîne pas :
http://www.youtube.com/v/ysObwV48C4Y

Je prends Bruckner comme exemple car ses immenses fresques symphoniques, trop longues parfois, posent encore une question relative au tempo : on peut arriver à donner un sens inspiré à ce qui n'est qu'une suite de notes ou rater complètement la substantifique moelle, faute en partie en allant trop vite. Et chaque époque a eu ses traditions d'interprétation, comme jouer Bach sur des orchestres symphoniques (voyez les versions de Karl Richter, Eugen Jochum ou Klemperer pour les Passions), ensuite Nikolaus Harnoncourt jetant un pavé dans la mare avec le Concentus Musikus de Vienne et allégeant les solistes par parties vocales, dans les années 1970, ensuite la vague baroque historiquement informée, les actuels ensembles spécialement dédiés à la musique de Bach, et les chanteurs comme Sandrine Piau, Kurt Equiluz, Anne Sofie von Otter.

_________________
"L'Angleterre attend que chaque homme fasse son devoir" (message de l'amiral Nelson à Trafalgar)

Non, Narduccio : aussi, je disais de Gould que c'est un adaptateur plus qu'un interprète.

Prenez les variations Goldberg ; je connais à fond la partition, je les ai jouées au piano, j'en ai entendu d'innombrables interprétions, bonnes ou mauvaises, mais c'est avec une véritable jubilation intellectuelle que j'écoute Gould qui y introduit humour, pirouettes ou transgression des règles avec des clins d'œil appuyés. C'est un art philosophique qui s'apparente à celui du clown ou du prestidigitateur, avec ce que cela suppose d'années de travail et de réflexion.

A une échelle différente, cette attitude est celle de bien des musiciens modernes difficilement compris, jusqu'à Gainsbourg et sa Marseillaise en passant par Mozart converti en jazz.

_________________
"L'histoire serait une chose merveilleuse si seulement elle était vraie."
Léon Tolstoï.

Je crois que mon message ci-dessus est mal placé : Narduccio peut-on le remettre à la suite de votre intervention sur Bach et le saxophone ? Merci.

_________________
"L'histoire serait une chose merveilleuse si seulement elle était vraie."
Léon Tolstoï.

Je ne peut pas changer la date d'un message.

_________________
Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
Appelez-moi Charlie

Non, Narduccio : aussi, je disais de Gould que c'est un adaptateur plus qu'un interprète.

Prenez les variations Goldberg ; je connais à fond la partition, je les ai jouées au piano, j'en ai entendu d'innombrables interprétions, bonnes ou mauvaises, mais c'est avec une véritable jubilation intellectuelle que j'écoute Gould qui y introduit humour, pirouettes ou transgression des règles avec des clins d'œil appuyés. C'est un art philosophique qui s'apparente à celui du clown ou du prestidigitateur, avec ce que cela suppose d'années de travail et de réflexion.

A une échelle différente, cette attitude est celle de bien des musiciens modernes difficilement compris, jusqu'à Gainsbourg et sa Marseillaise en passant par Mozart converti en jazz.

(message réinséré à son bon emplacement)

_________________
"L'histoire serait une chose merveilleuse si seulement elle était vraie."
Léon Tolstoï.