DESHAYS Yves-Marie a écrit :
Sans aller jusqu'à évoquer le complexe d'Oedipe, il me semble qu'une imitation ne se justifie vraiment que lorsqu'elle se substitue complètement au modèle dont elle s'est inspirée et qu'elle plonge dans l'oubli. Le modèle engendre... et disparaît. Il peut se perpétuer comme un noyau assumé en une synthèse supérieure et digéré par l'oeuvre de la nouvelle génération.
Très juste cher Yves-Marie,
Je crois que vous venez de faire avancer ce sujet à grand pas. Ça devient intéressant! On touche du concret.
Je dirais qu'il serait possible de clore le débat en se contentant de cette règle de la substitution au modèle.
Je serais facilement tenté par l'aventure, croyez-moi, mais sans pouvoir le mettre en mots (pour l'instant), quelque chose me retient.
Une petite histoire...
Il y a plusieurs années, un ami en écoutant un enregistrement de Roméo et Juliette de
Prokofiev (sans savoir ce qui était dans le lecteur cd) me dit apprécier ce "soundtrack" du film Cyrano de Bergerac.
Après avoir réécouté Cyrano de Bergerac je me suis rendu compte qu'en effet, le thème de la musique du film (composée par
Jean-Claude Petit) ressemblait étrangement au "Montaigue et Capulets" de Prokofiev.
L'orchestration est pratiquement identique. Mais attention,
Proko est il l'auteur de l'original? Bien sûr que non! Il fait du néo-classissisme. Ce mouvement en particulier pourait être du
Lully.
Une recette donc:
L'ouverture à la française
http://midi.occitanie.org/cyrano/cinema.html (la musique du film)
http://www.amazon.com/exec/obidos/tg/de ... 5?v=glance
descendez plus bas dans la page web qui s'ouvre, c'est l'extrait #3 Montaigue et Capulets (la musique de Prokofiev)
Le tempo du Prokofiev est plus rapide mais je sais pour l'avoir joué plusieurs fois qu'il peut parfois être interprété plus lentement.
Pourquoi ne pas maintenant écouter ceux que Proko a copié...les baroques français:
D'abord, l'ouverture de Persée de
Lully:
http://ahbon.free.fr/ouver3.mp3
Puis L'ouverture de la 2eme suite de
Lalande:
http://ahbon.free.fr/ouver13.mp3
Donc,
Proko plagie,
Jean-Claude Petit plagie. Il deviennent des "originaux"
(Car pour mon ami, le "Petit" est l'original). Je crois que la ou se trouve le noeud du problème est dans la partie "oublie" de votre énoncé. Y a-t-il un effet néfaste dans l'oubli de l'original? Est-ce vraiment un problème de l'oublier?
Dans le cas d'une formule comme l'ouverture à la française (majesté, rythmes pointés) à qui la "formule" appartient-elle?
Bref, de très belles balises apportées par Yves-marie!