Peut-on faire une différence entre la musique de Michael Jackson et celle de Luigi Nono? Est-ce que les compositeurs de musique POP sont les Beethoven d'aujourd'hui? Est-ce que la musique souvent "obscure" des compositeurs dits "contemporains" comme Boulez, Xenakis, Lindberg est l'équivalent des Haydn et Mozart ou est-ce que nous devrions plutôt chercher leurs successeurs chez Bono, les Beatles ou John Williams? Le débat est ouvert...

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Il n'est donc pas, hélas, un mortel qui soit libre! L'un est esclave de ses biens, l'autre du sort. (Euripide, Hécube)

La fécondité d'une musique comme celle de Mozart (qu'un enfant, un homme mûr ou un vieillard peuvent goûter immédiatement) reste pour moi un mystère... Science et spontanéité... Recherche et trouvailles...
Autre marque de fécondité : certaines musiques (Bach) révèlent sans cesse quelque chose de nouveau à ceux qui les écoutent ou les jouent un grand nombre de fois alors que pour d'autres musiques, lorsqu'on les entend pour la seconde fois, on a vraiment la sensation de réentendre la même chose et qu'on en a épuisé tout le suc dès la première audition.
Pour ma part, je considère comme une faiblesse de ne destiner une musique qu'à une tranche d'âge (les jeunes / les moins jeunes / les croulants) ou à un cénacle de spécialistes (comme c'est le cas pour beaucoup de productions de musique contemporaine ; on pourrait faire la même remarque pour certaines productions littéraires ou théâtrales).
On pourrait également disserter à l'infini sur la part d'inspiration et de transpiration dans l'élaboration d'une oeuvre, sur le statut du musicien à travers les âges (oeuvres de commande comme tout ce que Bach nous a laissé, et pourtant...). L'image de l'artiste solitaire inspiré est récente (XVIIIe/XIXe siècle) comme celle de vedette. La composition (avec du papier à musique, un crayon et une gomme, à l'exclusion de tout instrument) est souvent confondue avec l'improvisation notée et essayée sur un instrument.

Gainsbourg disait que la chanson était un art mineur. Je crois que oui.
Que restera-t-il des chansons du XX ième siécle dans 100 ans ? Pas grand chose. Que nous reste-t-il comme souvenir de chansons des années 30 aujourd'hui ? Treinet. C'est à peu prés tout. Il n'y a que Tino Rossi qui s'en sortira, avec "Petit Papa Noël".

Les musiciens classiques sont toujours là, et pour longtemps encore.

La musique classique actuelle ? J'ai assez entendu de bruits d'ateliers dans ma vie !

Il me semble que pour les non amateurs de musique classique (comme moi), il n'en reste pas beaucoup plus que de la chanson des années 30... Quelques noms!

Et combien de musiciens classiques retenus pour le nombre qui ont existé?
Combien de décennies la musique classique couvre-t-elle comparée aux années 30?

J'ai l'impression que quand on aime quelque chose, on a tjrs l'impression que son importance est plus grande que ce qu'elle est vraiment pour le reste de la population... (et cela se rapporte d'ailleurs aussi à ce que j'aime moi! ;-) ).

Cela dit, et pour reprendre la question de base, je pense effectivement qu'il faut différencier musique et chanson.

Les chanteurs francophones actuels reprennent encore Boris Vian ou Trénet, citent Aristide Bruant. Le dernier CD d'Higelin, c'est "Higelin enchante Trénet"...

J'imagine que les musiciens contemporains (mais là, je n'y connais rien) puisent une partie de leur inspiration chez les musiciens classiques.

J'ai l'impression qu'on a affaire à deux traditions différentes, l'une peut-être plus ancienne que l'autre, mais qui ont de bonnes chances de subsister toutes deux, en parallèle.
Pourquoi l'une serait un art mineur et l'autre majeur?

De toute manière est-ce que Mozart, Haydn ou Beethoven furent des musiciens populaires ? Il me semble que leur production musicale fut avant tout appréciée par l'élite sociale, et non les couches sociales populaires.

Les moyens de diffusion n'étaient pas les mêmes ! Aujourd'hui, tout le monde a accés à toutes les musiques.

L'air qui magré les époques et le temps qui passe resurgit du fond de la mémoire en un refrain lancinnant constellé de paroles dont il est impossible de se debarasser et que l'on partage avec d'autres quelquesoit leur âge avec plaisir.. Voilà l'air qui perdurera.

Cela implique de limiter la musique à ses formes mélodiques chantées simples (accompagnées ou pas) et laisse de côté toute la production plus harmonique, polyphonique, contrapunctique qui traverse les siècles tout aussi bien... sans qu'un individu seul puisse la chantonner (voir Motets, Madrigaux, Fugues, etc).

Quant à , il conviendrait de distinguer... Au XIXe siècle en Europe, la société urbaine (petite et grande bourgeoisie) appréciait et pratiquait la musique des grands maîtres ; la société exclusivement rurale était moins bien lotie (comme sur nombre d'autres chapitres, en fait de culture). D'une façon générale, en Angleterre, la production théâtrale (Shakespeare, etc.) et musicale (tradition ininterrompue du chant choral, religieux ou pas, depuis au moins le XVIe siècle) jouissait d'une audience à la fois populaire et savante. En France, la disparition des manécanteries de cathédrales à la Révolution a, paradoxalement, creusé un fossé entre musique populaire et musique réservée à la classe privilégiée (ou ses avatars persistants jusqu'à nos jours...).

Je crois qu'il est intéressant de noter que nombre de grands compositeurs ont puisé leurs thèmes chez les chant POPulaire.

Voir Brahms et les chansons à boire de l'ouverture académique ou même un Sacre du printemps (innacessible pour certains) puisé dans le folklore populaire russe. L'oeuf ou la poule?

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Il n'est donc pas, hélas, un mortel qui soit libre! L'un est esclave de ses biens, l'autre du sort. (Euripide, Hécube)

Il semble évident que la musique, dans sa forme primitive, n'était pas l'apanage de spécialistes. Heureusement, il ya toujours interfécondation musique populaire/musique savante (mariage du prince et de la bergère ou mariage du roturier et de la princesse). Pour ne citer qu'un exemple dans chaque sens : Pierre Cochereau (organiste à ND de Paris) nous a laissé de fort belles variations sur le thème "Alouette, gentille alouette" et un certain Nocturne de Chopin a connu un bel avatar en jazz.

et oui, et même ça, les poètes l'on dit:


(L'ÂME DES POÈTES paroles et musique: Charles Trenet)

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"La vie des hommes qui vont droit devant eux, renaitraient-ils dix fois en dix mondes meilleurs, serait toujours semblable à la première. Il n'y a qu'une façon d'aller droit devant soi." (Pierre Mac Orlan)

et l'histoire "d'art mineur" de Gainsbourg... on retient tout ce qu'il disait comme étant des provocations, et on prend cette opinion sur son art comme vétité vraie. Va comprendre.

Repris par Claude Nougaro :
"Je pratique l'art mineur
Qu'a illustré le beau Serge
Puisse-t-il sur l'autre berge
S'enivrer d'alcools meilleurs"

Tiens, Nougaro: croyez-vous que "O moun Pays, O Toulouse" sera oublié dans 200 ans du côté du Capitole ?

Le même Gainsbourg avait traité publiquement Guy Béart de "blaireau". Pourtant, nombre de chansons de Béart sont passées dans la mémoire collective comme des chansons très anciennes (l'Espérance, l'eau vive)

Tiens, Béart: existe-t-il des enregistrements de son émission mensuelle "l'espérance folle", où étaient invités Brassens, Brel, Caussimon... ?

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"La vie des hommes qui vont droit devant eux, renaitraient-ils dix fois en dix mondes meilleurs, serait toujours semblable à la première. Il n'y a qu'une façon d'aller droit devant soi." (Pierre Mac Orlan)

Cela n'est pas contradictoire! Quand il rendait visite à son voisin Claude Mercier-Ythier, facteur de clavecins rue de Verneuil, Gainsbourg se montrait extrêmement modeste, posait des questions très simples pour s'instruire dans un domaine qu'il admirait avec émerveillement sans le posséder. On peut être un géant dans un art mineur, et un minus dans un art majeur...
Certaines chansons populaires de composition récente ont un parfum de vieille chanson française qui leur confère une sorte de pérennité, comme "Le chevalier, de la tour, s'est jeté ce matin..." que l'on croirait traditionnelle et fut écrite par... Francis Blanche! D'autres traversent un ou plusieurs "purgatoires" plus ou moins longs ; d'autres enfin tombent définitivement dans les oubliettes. Le temps décante, trie, retient, élimine, surtout à notre époque d'inflation en matière de composition musicale.

si le roi savait ça, Isabelle !

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"La vie des hommes qui vont droit devant eux, renaitraient-ils dix fois en dix mondes meilleurs, serait toujours semblable à la première. Il n'y a qu'une façon d'aller droit devant soi." (Pierre Mac Orlan)