DESHAYS Yves-Marie a écrit :
Le Slynx ayant évoqué PICASSO, voici une confession de l'artiste peintre que l'on pourrait facilement appliquer à certains de ses homologues musiciens :
L’aveu de Picasso
« Du moment que l’art n’est plus l’aliment qui nourrit les meilleurs, l’artiste peut exercer son talent en toutes les tentatives de nouvelles formules, en tous les caprices de la fantaisie, en tous les expédients du charlatanisme intellectuel. Dans l’art, le peuple ne cherche plus consolation et exaltation, mais les raffinés, les riches, les oisifs, les distillateurs de quintesence cherchent le nouveau, l’étrange, l’original, l’extravagant, le scandaleux. Et moi-même, depuis le cubisme et au-delà, j’ai contenté ces maîtres et ces critiques, avec toutes les bizarreries changeantes qui me sont passées en tête, et moins ils le comprenaient et plus ils m’admiraient. À force de m’amuser à tous ces jeux, à toutes ces fariboles, à tous ces casse-tête, rébus et arabesques, je suis devenu célèbre et très rapidement. Et la célébrité signifie pour un peintre : ventes, gains, fortune, richesse. Et aujourd’hui, comme sous savez, je suis célèbre, je suis riche. Mais quand je suis seul à seul avec moi-même, je n’ai pas le courage de me considérer comme un artiste dans le sens grand et antique du mot. Ce furent de grands peintres que Giotto, le Titien, Rembrandt et Goya ; je suis seulement un amuseur public qui a compris son temps et a épuisé le mieux qu’il a pu l’imbécilité, la vanité, la cupidité de ses contemporains. C’est une amère confession que la mienne, plus douloureuse qu’elle ne peut sembler, mais elle a le mérite d’être sincère ».
Picasso à l’écrivain Giovanni Papini
(L’Écritoire, décembre 1990-janvier 1991, fiche n°1150).
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L’Écritoire – Imprimerie Masson S.A.
B.P. 31
13652 Salon-de-Provence Cédex
Absolument magnifique...
Un grand nombre de compositeurs me semblent avoir suivi ce parcours "d"amuseur public". J'ai toujours cru qu'un grand artiste devait avoir les idées ET dépenser de l'énergie. Quand j'entends des chansons à la radio ou certains ne prennent même pas la peine de faire des vers complets... que de rimes douteuses, de déjà vu...
Étrangement, dans la musique d'avant garde que tant de gens trouvent innacessible, le déjà vu est omniprésent tout comme l'original à tout prix.
C'est bien triste mais celà prouvent la grandeur de ceux qui réussissent à apporter le nouveau tout en nous touchant profondément.
Quand j'ai écouté du Xenakis pour la première fois, c'était après avoir vu quelques "scores" (partitions...) dans un cours universitaire quelconque. Je me rapelle avoir pensé que c'était un magnifique charlatan. Tellement de notes qui ne semblaient faire aucun sens. A l'écoute j'ai découvers des émotion fortes, extrêmes. De la rage, de la fougue... et tout ça dans la nouveauté.
Je mentionnerais aussi Scelsi. Qui a écrit des oeuvres entières avec une seule note. De l'originalité mais quel puissance! Obsession, désespoir...
Bon, je m'égare... merci pour le texte de Picasso.