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Message Publié : 14 Juil 2015 20:21 
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Hugues de Hador a écrit :
Brassens on le sait mais Brel et Ferré étaient-ils auteur/compositeur ??


Les deux étaient auteurs/compositeurs.

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Message Publié : 14 Juil 2015 23:00 
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Grégoire de Tours
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Narduccio a écrit :
Concernant les textes, force est de constater qu'il y a au moins 3 courants dans la chanson française. Même s'il faut faire attention aux étiquettes. Brassens est souvent placé dans les chanteurs à textes, mais plusieurs guitaristes (surtout jazz) ont repris certaines de ses chansons en instrumental avec un succès certain.

Thomas Dutronc, Sansévérino et d'autres ont en effet repris des textes de Brassens. Beaucoup de chansons peuvent être interprétées sur un rythme "jazzy" (Cf. : "Gypsy Swing" / Les petits papiers, le poinçonneur des Lilas, Chanson pour l'Auvergnat, Ménilmontant etc).

Citer :
Ensuite, un groupe avec des textes moins littéraires, moins ambitieux, mais finement ciselés. Dans ce groupe je classerais les chansons de Dassin, mais aussi Jean-Jacques Goldman, Cabrel, Renaud...

Renaud c'est une époque, une orientation : il était évident qu'il vieillirait mal et que le style deviendrait un peu "caricatural".
La reprise des ses chansons par des interprètes d'aujourd'hui : Luce, Bénabar et autres n'a pas convaincu. C'est "passé de mode". Ceci a été aussi pour Balavoine. Il est difficile de prendre le créneau "Chanteur à message" car il arrive un moment où le message est compris et l'on passe à autre chose. L'exemple type est "Manhattan-Kaboul". Et si l'on veut être honnête, les messages sont assez basiques, il se trouve que le vocabulaire provoc' qui accompagnait sans être forcément très représentatif du blaireau naze et forcément bourg' a parlé à certains (hors cités souvent) mais il faisait bon se sentir immergé. On a pu voir dans la filmographie du moment le pendant ("Viens chez moi..." ; "Et la tendresse..." etc.) aucun n'est resté un film "culte". On se lâchait pour énoncer ce dont tout le monde avait remarqué, c'était de bon ton et j'ai aimé, comme tout le monde. Comme on sait que ça sent la fin et qu'il est temps de raccrocher.
Pour être fan de Goldman (et ce dès le début où tout le monde se marrait du "chanteur de patronage", Cf. : "Singulier - 81/89")
- "JJG est vraiment nul... L'image bêtasse et godiche... approche au plus près du ° zéro de la chanson française... Le BHL de la ritournelle gère mièvrement ses ritournelles.... / L'évènement du Jeudi -1985
- "... un castrat endimanché..." ; "... il rappelle tantôt Balavoine sans le feeling, tantôt Berger sans la classe..."
les chansons sont agréables parce-qu'avec une empreinte. On reconnait du Goldman dès les premiers accords comme on reconnait Berger. Maintenant, avec Cabrel, ce ne sont pas des chanteurs "scéniques".

Pour revenir aux "Mots bleus" évoqués par Narduccio, Bashung en a fait une version pour ainsi dire "parlée" et ceci passe très bien. Tout dépend de la diction et de l'émotion que dégage la personne. Dans le finement ciselé, Souchon est bon et laissera aussi sa "patte".
Tous les auteurs de talent n'ont pas le talent évident sur scène. Brassens ne m'émeut pas, Ferré (les plus connues).

Citer :
Certains auteurs arrivent à poser une ambiance, un cadre avec une économie de mots remarquables. Par exemple, Goldman

C'est un auteur "minimaliste" dans les textes. Il s'en est expliqué. Jamais de chanson "autobiographique" excepté pour "Sarah" (une cousine morte avec ses parents en déportation). Il a été aussi très étonné du chemin pris par "Puisque tu pars" où certains ont tendance à songer à son frère. Au départ, c'est une chanson "joyeuse" (mais la joie de Goldman...), composée pour finir un spectacle et se dire que "bien sur, il est triste de se quitter mais ce fut un plaisir à partager que ce moment" et la chanson devint le best of des funerarium ainsi que "Confidentiel". ;) A ajouter "Good bye my lover" (J. Blunt).

Citer :
Alors que d'autres malgré une belle mélodie et un beau texte n'ont pas su séduire le public.

Par exemple (je ne voudrais pas passer à côté d'un bon moment) ?
Il est certain que la notion de "tube" ne convient pas à la plupart des chanteurs à texte. D'abord parce-qu'il faut se souvenir du texte, prendre le temps de s'en imprégner, le redécouvrir alors qu'une rengaine se retient davantage.

J'ai toujours trouvé d'autres interprètes pour les chansons de Ferré ou Brassens et parfois le "rendu" était meilleur, pour Brel : je cherche encore. Brel aurait pu chanter "Avec le temps", Reggiani aussi... Le Forestier chante très bien Brassens mais je cherche encore qui pourrait interpréter "Amsterdam", "Au suivant", "Jacky", "Ces gens-là"... Et je ne trouve pas.

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Message Publié : 14 Juil 2015 23:19 
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Renaud oublié ? C'est aller bien vite en besogne. La chanson préférée des français serait Mistral gagnant ... une chanson sans "messages". Le Parisien : "Mistral gagnant", chanson préférée de tous les temps par les Français

Citer :
"Mistral gagnant", la ballade de Renaud, est la "chanson française préférée de tous les temps", devant "Ne me quitte pas" de Brel et "L'aigle noir" de Barbara, selon un sondage BVA-Doméo-presse régionale publié samedi.
Jean-Jacques Goldman reste pour sa part le "chanteur préféré des Français", devant Jacques Brel et Georges Brassens, et Edith Piaf est leur "chanteuse préférée", devant Barbara et Céline Dion, selon cette étude "Les Français et la musique".

Renaud, éloigné des studios et des scènes depuis plusieurs années, n'est visiblement pas oublié des sondés, qui ont désigné "Mistral gagnant", ballade nostalgique parue en 1985, comme leur "chanson préférée de tous les temps".
Une liste de 30 chansons, établie à partir d'un sondage préalable, a été proposée aux personnes interrogées, qui pouvaient sélectionner jusqu'à trois titres: "Mistral gagnant", avec 25,7% des suffrages, devance d'une très courte tête "Ne me quitte pas" de Brel (25,2%) et "L'aigle noir" de Barbara (22,5%). Suivent "Les lacs du Connemara" (Michel Sardou), "Là-bas" (Jean-Jacques Goldman) et "La montagne" (Jean Ferrat).
En ce qui concerne les chanteurs, Renaud se classe cinquième, derrière Goldman, Brel, Brassens et Ferrat.


Citer :
Ah... m'asseoir sur un banc cinq minutes avec toi
Et regarder les gens tant qu'y en a
Te parler du bon temps qu'est mort ou qui r'viendra
En serrant dans ma main tes p'tits doigts
Pi donner à bouffer à des pigeons idiots
Leur filer des coups d'pied pour de faux
Et entendre ton rire qui lézarde les murs
Qui sait surtout guérir mes blessures
Te raconter un peu comment j'étais, mino
Les bombecs fabuleux qu'on piquait chez l'marchand
Car-en-sac et Mintho caramels à un franc
Et les Mistral gagnants

Ah... marcher sous la pluie cinq minutes avec toi
Et regarder la vie tant qu'y en a
Te raconter la terre en te bouffant des yeux
Te parler de ta mère un p'tit peu
Et sauter dans les flaques pour la faire râler
Bousiller nos godasses et s'marrer
Et entendre ton rire comme on entend la mer
S'arrêter, repartir en arrière
Te raconter surtout les carambars d'antan et les coco-boers
Et les vrais roudoudous qui nous coupaient les lèvres et nous niquaient les dents
Et les Mistral gagnants

Ah ... m'asseoir sur un banc cinq minutes avec toi
Regarder le soleil qui s'en va
Te parler du bon temps qu'est mort et je m'en fous
Te dire que les méchants c'est pas nous
Que si moi je suis barge ce n'est que de tes yeux
Car ils ont l'avantage d'être deux
Et entendre ton rire s'envoler aussi haut
Que s'envolent les cris des oiseaux
Te raconter enfin qu'il faut aimer la vie et l'aimer même si
Le temps est assassin et emporte avec lui
Les rires des enfants et les mistral gagnants

Et les mistral gagnants


Malgré cela, je ne classerais pas dans le même groupe que Brassens, Brel ou Férré. Ses textes sont moins poétiques. Alors qu'on pourrait y classer Ferrat, Barbara. Ils font partie de ces textes qui ne pourraient pas "vivre" seuls sans musique.

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Message Publié : 15 Juil 2015 4:05 
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ezio-auditore a écrit :
J'ai toujours trouvé d'autres interprètes pour les chansons de Ferré ou Brassens et parfois le "rendu" était meilleur, pour Brel : je cherche encore. Brel aurait pu chanter "Avec le temps", Reggiani aussi... Le Forestier chante très bien Brassens mais je cherche encore qui pourrait interpréter "Amsterdam", "Au suivant", "Jacky", "Ces gens-là"... Et je ne trouve pas.

Perso je pense que Brel figure parmi les grands grâce à son talent d'interprétation, mais que son talent d'auteur est un cran en dessous de celui de Brassens.

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Message Publié : 15 Juil 2015 7:15 
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Philippe de Commines
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Citer :
je cherche encore qui pourrait interpréter "Amsterdam", "Au suivant", "Jacky", "Ces gens-là"... Et je ne trouve pas.


Mort Shuman https://www.youtube.com/v/YF2VIREb9aY
Mort shuman a traduit et interprété Brel en anglais, en particulier pour la comédie musicale Jacques Brel Is Alive and Well and Living in Paris

Dans la liste des auteurs-(parfois compositeurs)-interprètes qui ont su créer un univers très personnel, je citerais David Mc Neil. Il a (hélas) un point commun avec Jacques Brel : il a enregistré un disque avec un seul poumon.

En duo avec Souchon :
Citer :
Les p'tites filles c'est des traitresse
A chaque fois qu'tu tires leurs tresses
Elles vont l'dire à la maitresse
Et tu t'retrouve seul dans ton coin
...
Le temps de te bagarrer
Qu'un type vienne vous séparer
Elles se sont déjà barrées
Et tu t'retrouve seul dans ton coin


Citer :
Jolies passantes de Passy
Je me demande souvent si
Dans le plaisir qu'on dit charnel
Vous gardez vos tailleurs Chanel

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"La vie des hommes qui vont droit devant eux, renaitraient-ils dix fois en dix mondes meilleurs, serait toujours semblable à la première. Il n'y a qu'une façon d'aller droit devant soi." (Pierre Mac Orlan)


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Message Publié : 15 Juil 2015 7:28 
ezio-auditore a écrit :
J'ai toujours trouvé d'autres interprètes pour les chansons de Ferré ou Brassens et parfois le "rendu" était meilleur.
Y compris en traduction, par exemple Paco Ibáñez en espagnol (je me souviens aussi de Frédérik Mey en allemand, mais je ne retrouve pas) :

En mi pueblo sin pretensión
tengo mala reputación,
haga lo que haga es igual
todo lo consideran mal,
yo no pienso pues hacer ningún daño
queriendo vivir fuera del rebaño,
no, a la gente no gusta que
uno tenga su propia fe,
todos, todos me miran mal,
salvo los ciegos, es natural.

https://www.youtube.com/v/CcCE7htIiWc

Je me rappelle avoir entendu des versions anglaises de chansons de Brel, mais ce n'était pas la même chose.


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Message Publié : 15 Juil 2015 9:07 
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Jean R a écrit :
(je me souviens aussi de Frédérik Mey en allemand, mais je ne retrouve pas)

Vous le savez peut être déjà, mais en allemand il chante sous le nom de Reinhard Mey.

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Message Publié : 15 Juil 2015 9:49 
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http://lakanal.net/

voilà : cliquez sur "nos chansons" suivez les liens et vous découvrirez une superbe interprétation jazz de "la cane de Jeanne"
Je suis sûr que le poète aurait apprécié !

La preuve de la réussite c'est quand on peut mettre un texte entre toutes les mains.


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Message Publié : 15 Juil 2015 10:38 
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Grégoire de Tours
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Bonjour,

Citer :
Renaud oublié ? C'est aller bien vite en besogne. La chanson préférée des français serait Mistral gagnant ...

Justement parce-qu'elle n'est pas "à message", parce-que les paroles s'éloignent quelque peu du registre "argot/provoc".
Je préfère cette version : - http://www.dailymotion.com/video/x54dpx ... tier_music, par ailleurs je trouve que parfois -l'émotion sans doute- Renaud ne chante pas très "juste" et ceci crée un énervement pour l'oreille.
Le look bien étudié a aussi beaucoup fait mais les "tiags", passé 40 ans, ça ne le fait plus ou alors chez Lavilliers. Ce qui me bloque est l'impression que l'on nous a vendu du "tout fait", la bonne personne au bon moment qui allait un peu s'exprimer "jeune/rive gauche" comme si la révolte était l'apanage d'un parti ou d'une orientation politique, le look grossit le trait au cas où certains ne comprendraient pas. C'est l'époque aussi du formatage "Coluche" : il faut en être sinon on est classé et ceci me gêne. Je n'aime pas que l'on me force la main, alors l'oreille... Cependant, il est vrai qu'à défaut de le faire soi-même, en se coulant dans les chansons de Renaud on peut cracher sur tout et vivre du contraire. J'aime Ferrat, sa voix mais je zappe certaines chansons car trop marquées politiquement.

Citer :
Malgré cela, je ne classerais pas dans le même groupe que Brassens, Brel ou Férré. Ses textes sont moins poétiques. Alors qu'on pourrait y classer Ferrat, Barbara. Ils font partie de ces textes qui ne pourraient pas "vivre" seuls sans musique.

On peut lire Ferrat et Barbara sans musique. Donnez les textes à un Luchini et je suis certaine qu'il saura les rendre...
Je songe au sketch de M. Robin "Ne me quitte pas" : on peut le lire ainsi (ce qui fait rire) et aussi le lire en suscitant l'émotion. On peut renouveler ceci avec : "Que c'est beau la vie" en décalé et rendre le texte tout à fait drôle. Ceci sur de multiples chansons.

Pour ce qui est du classement, il semble hétéroclite : on y voit "Les lacs du Connémara" près de "Ne me quitte pas"... Il faudrait savoir quelles chansons ont été retenues car visiblement -pour certaines- on n'est pas dans le même registre. Pas un Reggiani, un Aznavour, un Bashung ?

Merci pour Paco Ibanes ; c'est l'exemple type de ce que j'aime comme interprétation. Le rythme y est, on peut visionner la marginalisation par rapport au "bien pensant" et la langue s'y prête. Je pense que Brel aurait pu interpréter cette chanson en lui donnant tout le relief mérité. Je songe à la manière dont il aurait exprimé "... mais les braves gens n'aiment pas que...".
Brassens est doux, sans aspérités : - https://www.youtube.com/v/APrCehmhX5w

Le reste est une question de sensibilité de celui qui écoute car les trois sensibilités sont très différentes.

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Message Publié : 15 Juil 2015 10:57 
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Le talent d'interprétation de Brel est immense. Il y a peu de chanteurs qui seraient capables de chanter "Ne me quittes pas" comme il l'a chante. Voir ce grand échalas se mettre à genoux (ce qu'il a fait lors de plusieurs concerts, mais dont je ne retrouve plus trace en vidéo), essuyer des larmes, avec ces mots qui semblent ne pas vouloir sortir et qui pourtant tombent au juste moment. Pourtant Brel n'aimait pas le personnage de cette chanson, il trouvait que c'était un pleutre et qu'aucun homme ne devrait se comporter comme cela ... Pourtant, quand il chante cette chanson, il est poignant de réalisme.

On trouve sur le net l'enregistrement d'un concert donné aux Pays-Bas en 1964, et non seulement il chante, mais il mime carrément ses chansons, donnant vie aux différents personnages.

https://www.youtube.com/v/Gosgf3nWjjs


Coté interprétation, Brassens est un grand timide qui ne voulait pas monter sur scène. Il utilise sa guitare pour se donner une contenance. Elle occupe ses mains et l'oblige à rester plus ou moins figé sur scène. Avec le temps, on le voit prendre un peu d'aisance, mais il ne se laissera jamais aller. La guitare est sa bouée pour ne pas se laisser emporter par sa timidité.

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Message Publié : 15 Juil 2015 17:37 
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Grégoire de Tours
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Narduccio a écrit :
Le talent d'interprétation de Brel est immense... Coté interprétation, Brassens est un grand timide qui ne voulait pas monter sur scène. Il utilise sa guitare pour se donner une contenance. Elle occupe ses mains et l'oblige à rester plus ou moins figé sur scène. Avec le temps, on le voit prendre un peu d'aisance, mais il ne se laissera jamais aller. La guitare est sa bouée pour ne pas se laisser emporter par sa timidité.

Merci pour ce moment.
Brel n'a peut être pas la hauteur de texte de Brassens mais on ne peut comparer. Brel chante des émotions universelles, on a tous été Jeff ou son pote. On a tous été un jour un des personnages de Brel.
Il arrive et on oublie la scène. La magie fonctionne à chaque fois car chaque fois est nouvelle. Il avait d'ailleurs exprimé à ce sujet que le jour où il sentirait que ceci devenait "mécanique", il arrêterait.
Pour "Ne me quitte pas", cette chanson fut écrite après une rupture (malgré les dénégations de sa fille, il l'avait évoqué sans se faire de cadeau), alors il est vrai que la rupture digérée, il devient plus difficile d'être "dans la chanson". Pour l'époque, il était ahurissant de voir "un homme" se mettre dans cet état et de supplier : ceci interpelait la gente masculine.
J'ai lu que côté trac, il était malade comme un chien avant d'entrer en scène et pouvait perdre jusqu'à 3 Kg par spectacle...
J'ignorais que Brassens fut timide à ce point. Il faut dire que ses chansons ne prêtent pas à une interprétation fulgurante.
Je continue à penser que chacun a sa sensibilité et son univers et les trois sont extrêmement et excessivement différents (avec Ferré on est dans les extrêmes et avec Brel dans les deux).On ne peut -au final- comparer Brel, Brassens et Ferré. On peut cependant être sur la même ligne de sensibilité ou non, ils ne prêtent pas aux mêmes sentiments. Brassens, c'est gentil, joli, ciselé. Ferré, c'est cash et un brin cabot (Aznavour aussi, il fut un temps), un peu démago. Brel, c'est humain.
Cependant lorsque tous trois chantent l'Amour, on se dit qu'être aimée de Brel... B) et pourtant ce ne devait pas être de la tarte tous les jours. 8-|

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Message Publié : 24 Juil 2015 17:31 
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Philippe de Commines
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Écouté cet après-midi un CD de Léo. Qui m'inspire deux remarques :
1- la chanson "c'est extra", semble-t-il parodie des slow de l'époque, est un véritable bijou, tant du point de vue des paroles
Citer :
Et puis ces cris qui montent au ciel.
Comme une cigarette qui prie.

que de la musique, l'orchestration. Un bijou d'érotisme, aussi.

2- le sujet "ah petite" parle de l'attirance du poète adulte pour une jeunette.
Citer :
Tu reviendras me voir bientôt
Le jour où ça ne m'ira plus
Quand sous ta robe il n'y aura plus
Le Code pénal

ou comment aborder avec pudeur un sujet très tabou, en rappelant que l'attirance elle-même n'est pas un délit, seulement le passage à l'acte l'est (heureusement).
Combien d'autres poètes ont aborde le sujet ?
Serge Regiani a écrit :
Mais pourquoi faire du cinéma
Fillette allons regarde-moi
Et vois les rides qui nous séparent
A quoi bon jouer la comédie
Du vieil amant qui rajeunit
Toi même ferais semblant d'y croire

Vraiment de quoi aurions-nous l'air
J'entends déjà les commentaires
"Elle est jolie, comment peut-il encore lui plaire
Elle au printemps, lui en hiver"



Hugues Aufray a écrit :
Que demain, demain dans le soleil
Tu retournes à tes poupées
Que demain à ton réveil
Tu m'aies déjà oublié
Oh laisse-moi petite fille
Laisse-moi partir
Je ne suis qu'un musicien
Une pierre sur le chemin


Georges Brassens a écrit :
Or, un soir, Dieu du ciel, protégez-nous !
La voilà qui monte sur les genoux
Du croque-notes et doucement soupire,

En rougissant quand même un petit peu :
“C’est toi que j’aime et, si tu veux, tu peux
M’embrasser sur la bouche et même pire...”
“– Tout beau, princesse arrête un peu ton tir,
J’ai pas tell’ment l’étoffe du satyr’,
Tu as treize ans, j’en ai trente qui sonnent,
Gross’ différence et je ne suis pas chaud
Pour tâter d’la paille humid’ du cachot...


d'autres ?

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Message Publié : 25 Juil 2015 0:39 
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Grégoire de Tours
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Bonsoir,

Dédé a écrit :
Et puis ces cris qui montent au ciel. Comme une cigarette qui prie.

C'est en effet un bijou d'érotisme... mais la cigarette "brille" au lieu de "prier"... %1 / B)
Ce qui explique "le mal qui fait du bien" et "Les moody blues qui s'en balance... cet ampli qui n'veut plus rien dire et dans la musique du silence, une fille qui tangue et vient mourir..."
Il y a une méchante différence dans l'image et dans le déroulement de la chanson... Là, on est à "la fin"... J'espère que vous avez compris "... la fille qui tangue..." et dans quel sens elle tangue ;) sans compter Ferré qui nous livre une appréciation toute personnelle : "... qu'aurait du chien, sans l'faire exprès...".
Je pense que vous aimeriez "Les dessous chics" de Gainsbourg
- https://www.youtube.com/v/BLBfqaWTdu4
Jane B. pourrait être l'exemple de "... qui a du chien..." mais c'est tellement étudié que l'effet tombe à l'eau. Il faut être instinctive pour que ce soit "... sans l'faire exprès..." ; ne pas le savoir. C'est justement cette innocence qui fait que l'on a "... du chien..." ou pas ; ceci ne s'apprend pas.

Serge Regiani a écrit :
Mais pourquoi faire du cinéma... Fillette allons regarde-moi

Cette chanson n'a pas été écrite par Reggiani et je ne vois pas le sujet "tabou". Visiblement les amants ont déjà été prendre plus d'un café-crème à Saint-Germain mais sur la longueur, l'homme préfère mettre fin à une situation qui, à son avis, ne peut s'éterniser. Il prend donc les devants pour rompre avec l'éternelle excuse du "temps qui passe" etc.
Je crois qu'il ne faut pas prendre le mot "fillette" stricto sensu. Ce peut être aussi une appellation amoureuse et intime comme "baby" outre-Manche (on se doute bien que ce n'est pas un nourrisson) ou "Enfant".
Qui n'a pas entendu : "Tu es une véritable enfant... Te voici capricieuse comme un enfant... Tu es gourmande tel un enfant..." etc.
Il peut s'agir simplement d'une différence de caractère : une "femme" immature et un homme qui commence à sentir les années ou bien une jeune femme de "20 ans" et un homme de "50". Ceci ne fait plus débat mais, dans les années où la chanson est sortie, il était de "bon ton" de ne pas avoir trop de différence d'âge...
Dans le style, vous avez "chez moi" chanté par Lama. On se doute bien que la personne qui appelle tant d'émois a passé l'âge des "poupées", mais voilà son univers est sans doute celui de l'enfance et un besoin d'être rassurée.
L'auteur serait une femme que je ne serais nullement étonnée.

Georges Brassens a écrit :
Or, un soir, Dieu du ciel, protégez-nous !
La voilà qui monte sur les genoux
Du croque-notes et doucement soupire,
En rougissant quand même un petit peu :
“C’est toi que j’aime et, si tu veux, tu peux
M’embrasser sur la bouche et même pire...”
“– Tout beau, princesse arrête un peu ton tir,
J’ai pas tell’ment l’étoffe du satyr’,...

Ici, c'est l'exemple même de la mauvaise chute. La chanson aurait pu être ravissante mais les mots "... arrête un peu ton tir..." pas très ciselés ni très subtils se vautrent avec la dernière phrase et la rime vraiment pauvre à tous les niveaux avec "...Satyre...". Là ceci devient soudainement "lourdingue", limite graveleux et nullement poétique.
Il lui semble impossible de restituer une attitude, un sentiment ou autre autrement qu'au 1er degré.
Ferré peut être "lourd" : - https://www.youtube.com/v/wL6QP3y_M38 ; ce qui sauve est l'humour et puis chacun sait qu'il peut faire autre chose. A ce point, c'est même "classe" ! ;)

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Message Publié : 25 Juil 2015 4:42 
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Je ne trouve pas ce passage de "la princesse et le croque-note" nul et graveleux, et je vous trouve bien mauvais juge avec Brassens. Et bien péremptoire...

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Message Publié : 25 Juil 2015 6:17 
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Bof, il ne faut pas non plus exagérer ! "Nul" n'est d'une part pas du tout le mot approprié mais surtout des "faiblesses ponctuelles" de ce genre je vous en trouve sans problème dans les oeuvres majeures de tous nos grands poètes, que ce soit (au hasard et dans le désordre) Victor Hugo, Baudelaire, Villon, Rimbaud ou d'autres. De la même façon un musicologue trouvera par endroit des facilités et répétitions chez Bach ou Mozart.

Un "grand homme" est aussi un homme et on le reconnait à un ensemble de qualités et sans s'attacher à quelques détails. Le placer sur un piédestal (LE poète ;)) ne le transforme pas automatiquement en être parfait. Il est dit (je ne sais plus où) que "même un saint pèche sept fois par jour"...


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