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 Sujet du message : Musique et "esprit du temps"
Message Publié : 08 Mars 2006 10:49 
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Jean Froissart
Jean Froissart
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Inscription : 28 Nov 2005 23:03
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Dans quelle mesure y a t-il un lien entre la musique et l'esprit d'une époque ?
Ce serait un peu logique dans la mesure ou si une composition remporte un certain succès c'est qu'elle doit correspondre aux goûts et à la mentalité de l'époque.
Ainsi n'y aurait-il pas un lien entre les magnifiques symphonies de beethoven et l'esprit d'une Europe qui à l'époque goûtait au vent de liberté de la révolution française ?
Plus tard il est bien admis que la musique romantique correspondait à l'esprit d'une partie du 19° siècle.
Est ce qu'au 20° siècle on peut établir le même type de parallèlisme ?
Musique de jazz correspondant à l'esprit des années 20.
Musique Rock à partir des années 50 liée à une époque dynamique.

En quelque sorte peut-on considérer qu'en écoutant une chanson populaire ou un morceau de musique classique d'une époque antérieure on peut dans une certaine limite se 'replonger' dans l'esprit de l'époque et en comprendre quelque peu la mentalité, la philosophie, sans avoir personnellement connut cette période ?

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"L'histoire me sera favorable car j'ai l'intention de l'écrire". Winston Churchill.


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Message Publié : 08 Mars 2006 18:48 
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Fustel de Coulanges
Fustel de Coulanges

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En quelque sorte peut-on considérer qu'en écoutant une chanson populaire ou un morceau de musique classique d'une époque antérieure on peut dans une certaine limite se 'replonger' dans l'esprit de l'époque et en comprendre quelque peu la mentalité, la philosophie, sans avoir personnellement connu cette période?

Très probablement! Encore faut-il distinguer les publics et les milieux (et leur niveau culturel) concernés par les musiques considérées. Deux musiques contemporaines (Johnny Haliday et Pierre Boulez par exemple) peuvent refléter légitimement des aspects de la culture ambiante sans pour autant monopoliser l'image globale de la société actuelle. La mondialisation sécrète une foule de particularismes irréductibles les uns aux autres.
En outre, depuis l'avènement des moyens techniques de reproduction sonore, nous baignons dans une culture où les strates antérieures se superposent aux strates contemporaines. Je peux baigner dans une ambiance musicale majoritairement alimentée par la musique baroque ou la musique romantique ; pour évoquer mon environnement, on serait obligé de citer ces musiques qui, en soi, n'appartiennent pas à ma propre époque mais qui, de fait, font partie de mon univers culturel réellement vécu hic et nunc.


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Message Publié : 09 Mars 2006 2:55 
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Plutarque
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Romeo a écrit :
Est ce qu'au 20° siècle on peut établir le même type de parallèlisme ?


C'est une question particulièrement intéressante. En ce qui concerne le vingtième siècle, on remarquera que sa première moitié a été le théâtre de problèmes majeurs causés en grande partie par un nationalisme débridé. La réaction musicale a été celle du rejet de tout ce qui pouvait avoir un lien avec le folklore ou le nationalisme: naissance de la musique atonale

Une musique donc, sans aucun lien avec les chansonettes folkloriques qui ont si souvent été la base de la musique occidentale. De plus, histoire de spéculer, le système dodécaphonique se caractérise par une suppression de la hiérarchie. Un lien a faire donc avec une coupure du passé qui a porté des fruits inmangeables.

Plus près de nous, il est intéressant, d'observer un éclatement des styles disons de Schoenberg à nos jours. Est-ce une obsession de l'individualité? Dans ce cas, le rapprochement est facile à faire. Est-ce une envie de révolutionner plutôt que de peaufiner? La encore on peut faire certains liens avec le "me myself and I" si caractéristique de notre société. Au diable les prédécesseurs, le compositeur qui "révolutionne" sera moi. Plein de petits Beethovens, de Shoenbergs et de Stravinskis (les deux derniers sont sans doute les créateurs de ce problème) et aucun nouveau Bach ou Mozart, c'est-à-dire, des hommes de synthèse.

Probablement que nous sommes transportés à une époque en écoutant une musique du passé autant que nous sommes transportés à un époque en observant une peinture du passé. Rubens aimait les grosses, Haydn n'aimait pas les 7emes majeures avec une tierce mineure:)...

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Il n'est donc pas, hélas, un mortel qui soit libre! L'un est esclave de ses biens, l'autre du sort. (Euripide, Hécube)


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Message Publié : 09 Mars 2006 10:36 
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Thucydide
Thucydide
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Inscription : 20 Fév 2006 17:53
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Solon a écrit :
Plus près de nous, il est intéressant, d'observer un éclatement des styles disons de Schoenberg à nos jours. Est-ce une obsession de l'individualité? Dans ce cas, le rapprochement est facile à faire. Est-ce une envie de révolutionner plutôt que de peaufiner? La encore on peut faire certains liens avec le "me myself and I" si caractéristique de notre société. Au diable les prédécesseurs, le compositeur qui "révolutionne" sera moi. Plein de petits Beethovens, de Shoenbergs et de Stravinskis (les deux derniers sont sans doute les créateurs de ce problème) et aucun nouveau Bach ou Mozart, c'est-à-dire, des hommes de synthèse.


N'y a-t-il pas cependant eu une volonté de synthèse avec le passé dans l'oeuvre de certains compositeurs de la seconde moitié du 20eme? Je pense spécifiquement aux russes, Prokofiev, Chostakovitch, Schnittke, ou plus près de nous Levinas, voire Bryars. Peut être que la "révolution" dodécaphonique a demandé un délai un peu long pour être "digérée", mais j'ai l'impression que c'est maintenant chose faite.

Je ne suis pas sur, d'ailleurs, qu'il s'agisse d'un phénomène nouveau. Le Beethoven de la dernière période a également mis un temps certain à être assimilé.

Francois


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Message Publié : 11 Mars 2006 1:44 
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Plutarque
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Inscription : 03 Juin 2004 23:06
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Localisation : Québec
fcharton a écrit :
Solon a écrit :
Plus près de nous, il est intéressant, d'observer un éclatement des styles disons de Schoenberg à nos jours. Est-ce une obsession de l'individualité? Dans ce cas, le rapprochement est facile à faire. Est-ce une envie de révolutionner plutôt que de peaufiner? La encore on peut faire certains liens avec le "me myself and I" si caractéristique de notre société. Au diable les prédécesseurs, le compositeur qui "révolutionne" sera moi. Plein de petits Beethovens, de Shoenbergs et de Stravinskis (les deux derniers sont sans doute les créateurs de ce problème) et aucun nouveau Bach ou Mozart, c'est-à-dire, des hommes de synthèse.


N'y a-t-il pas cependant eu une volonté de synthèse avec le passé dans l'oeuvre de certains compositeurs de la seconde moitié du 20eme? Je pense spécifiquement aux russes, Prokofiev, Chostakovitch, Schnittke, ou plus près de nous Levinas, voire Bryars. Peut être que la "révolution" dodécaphonique a demandé un délai un peu long pour être "digérée", mais j'ai l'impression que c'est maintenant chose faite.

Je ne suis pas sur, d'ailleurs, qu'il s'agisse d'un phénomène nouveau. Le Beethoven de la dernière période a également mis un temps certain à être assimilé.

Francois


Je ne crois pas que l'on puisse parler de continuité dans le cas de Prokofiev, Shostakovitch et Schnittke. Dans les deux premiers cas, il s'agit d'artistes dont les contraintes sont absolument étouffantes (surtout dans le cas Shostakovitch) Le régime communiste les surveille de près. Pour parler de continuité on aurait suivi dans la veine de Rimsky-Korsakov et Tchaikovsky donc peut-être quelque chose genre romantisme exacerbé comme une style Strauss(non pa Johann...) ou Mahler alors que ce qu'ils on produit est une forme de classicisme ou tous les moyens sont bons pour "éviter les règles". Un retour forcé en arrière tout en tentant d'avancer... chose qu'ils ont accomplie en génies qu'ils étaient.

Dans le cas de Schnitke, il a gouté à une certaine liberté qui lui a permis d'écrire de magnifiques pièces pour quatuor ainsi que le concerto grosso...mon préféré. Je doute fort que comme Schnitke, Proko et Schostakovitch aient pu utiliser du pano préparé!! Mais qui sait... je suis loin d'être un expert de Schnitke!

Pour ce qui est plus près de nous...je ne connais pas les deux noms que vous mentionnez ...Levinas et Bryars. Je n'habite pas la France. Par contre je peux vous garantir que le dodécaphonisme a été assimilé pas les compositeurs dès la fin de la première moitié du XXe siècle. Boulez a poussé le sérialisme dans ses derniers retranchements il y a bien longtemps.

Lors de mes études aucun étudiant en composition n'utilisait de technique dodécaphonique qui était et qui est encore je crois considérée comme désuette. Par contre elle est toujours enseignée et tous les musiciens professionnels peuvent vous écrire une pièce de musique dodécaphonique:)

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Message Publié : 11 Mars 2006 9:52 
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Fustel de Coulanges
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Inscription : 09 Août 2005 17:34
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Localisation : Marseille
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Lors de mes études aucun étudiant en composition n'utilisait de technique dodécaphonique qui était et qui est encore je crois considérée comme désuète.

Il est vrai que le dodécaphonisme procédait d'un postulat "dogmatique" : "tous les degrés de la gamme naissent égaux en droit", ce qui semble infirmé par la nature physique des phénomènes acoustiques. On s'était vraisemblablement engagé dans une impasse égalitariste stérile à long terme.


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Message Publié : 11 Mars 2006 19:16 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines
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Inscription : 23 Oct 2004 9:14
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Localisation : village des Pyrénées
Hier soir, je suis allé écouter et voir un groupe de musiciens, "Doulce mémoire", interprétant des chansons napolitaines du XVIe siècle. (Ce groupe a interprété, les années précédentes, d'autres musiques de la renaissance, dont la messe de mariage d'Henri IV)
Dans mon esprit, ça évoquait vraiment la Renaissance italienne, les occupations de Naples par les Espagnols, par les Français, la "résistance" des napolitains par l'humour (textes à double sens). Avais-je raison ? ou alors s’agit-il seulement de l’idée qu’on se fait de cette époque, à travers justement ce genre d’œuvre ? idée peut-être éloignée de la réalité ?
Une question aux spécialistes de la musique: par quelle écriture nous sont arrivées ces musiques ?

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"La vie des hommes qui vont droit devant eux, renaitraient-ils dix fois en dix mondes meilleurs, serait toujours semblable à la première. Il n'y a qu'une façon d'aller droit devant soi." (Pierre Mac Orlan)


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Message Publié : 11 Avr 2006 10:15 
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Hérodote
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Localisation : Paname
DESHAYS Yves-Marie a écrit :
Citer :
Lors de mes études aucun étudiant en composition n'utilisait de technique dodécaphonique qui était et qui est encore je crois considérée comme désuète.

Il est vrai que le dodécaphonisme procédait d'un postulat "dogmatique" : "tous les degrés de la gamme naissent égaux en droit", ce qui semble infirmé par la nature physique des phénomènes acoustiques. On s'était vraisemblablement engagé dans une impasse égalitariste stérile à long terme.


Dogmatique, certes, mais pas inintéressant. Le problème vient essentiellement du fait que l'ouïe n'est naturellement pas préparée à écouter ce genre chose. À chaque époque ses modes de construction harmonique. D'abord, ce fut les modes, puis les tonalités majeures/mineures, puis on a commencé à se dire qu'il fallait trouver d'autres modes. Plusieurs voies se sont offertes: le dodécaphonisme, illustré en premier chef par Schönberg, mais aussi la polytonie (Milhaud) ou bien une forme de tonalité plus élargie (Debussy, Ravel, Shostakovich, Hindemith, etc.).


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