En ce qui concerne la musique de l'Inde du nord, il existe plusieurs formes de musique Indienne, la musique dite classique introduite en occident par Ravi Shankar dans les années 70 qui exerça en Europe une certaine fascination et une musique populaire assez agréable à écouter. Cette dernière est mal connue chez nous, mais elle doit ressembler à notre musique populaire quant aux répertoires et modes de transmission, il faudrait également pour être complet citer une musique religieuse, mais sur ces deux dernière je n'en sais pas plus.
La musique classique de l'inde du nord est une musique monophonique essentiellement improvisée et non écrite qui est interprétée en général par 3 personnes: L'instrumentiste proprement dit, protagoniste essentiel de cette formation qui joue sur un instrument tel que Sitar, Sarode ou Sarangi (espèce de violon) ou autre. Il est accompagné par le percussionniste (Tabla/baya) et par le joueur de Tampoura qui crée le fond sonore de référence.
Le Sitar est un instrument à cordes constitué d'une corde unique sur laquelle on joue la mélodie, ensuite on trouve 4 ou 5 autres cordes libres accordées à la tonique(Do), dominante (Sol) et toniques des octaves supérieures, elles sont frappées régulièrement au cours du jeu. Cet instrumentiste est accompagné par le joueur de tampoura. C'est un instrument à 3 ou 4 cordes accordées sur la tonique (do) et la dominante (sol). La tampoura est jouée en permanence et fournit un accompagnement sonore analogue à celui donné par les grands tuyaux des cornemuses. C'est elle qui donne ce bourdonnement un peu lancinant et caractéristique de la musique indienne. Cet instrument est très important car toutes les notes jouées sur le Sitar se situe par rapport à la tonique / dominante qu'il rappelle constamment. On trouve ensuite le percussionniste avec Tabla (aigu) et Baya (grave), mais il n'intervient qu'en troisième partie de concert.
Avant le concert, le joueur de Sitar choisit un Raga.
Au sens stricte, le Raga est une gamme de notes sur laquelle le musicien va improviser à partir d'une mélodie de base relativement simple.
Par exemple le Raga Bilaval (Raga du matin selon la tradition) est
composé des deux gammes suivantes:
do, ré, mi, sol, la, do, pour la gamme montante
do si la sol mi ré pour la descendante.
Chaque Raga est associé à des personnes ou à des sentiments ainsi :
Bilavali a le teint d'un lotus. Elle fait en secret des signes à son amant tout en arrangeant les bijoux qui ornent sont corps. Elle ne peut oublier un instant le dieu de l'amour auquel elle s'est vouée (Alain Daniélou, Inde du Nord).
Le joueur commence le concert par Alap, c'est une partie totalement improvisée et sans rythme ou le musicien joue lentement les différentes notes de la double gamme ; Le but de cette partie est de plonger lui-même et l'auditeur dans l'atmosphère du Raga, c'est à dire dans la gamme. C'est une partie délicate ou le bon musicien doit exprimer complètement l'atmosphère du Raga. Sans transition, alors que Musiciens et auditeurs sont complétement envahis par l'ambiance du Raga, le joueur de Sitar entame la seconde partie appelée Jor. Peu à peu, l'interprète y introduit d'abord une vague idée de rythme qu'il va peu à peu développer à travers l'improvisation de la mélodie de base de son Raga. La fin de jor très rythmée est annoncée par l'entrée en scène des percussions. Cette troisième partie est la plus longue en général.
Le joueur de Sitar développe la mélodie précédente en improvisant de multiples ornements autour et dans le cadre d'un rythme assez sophistiqué ponctué par le percussionniste. C'est l'occasion de demandes et réponses entre les deux interprètes et ces jeux sont très appréciés par les auditeurs.
Pour les états d'esprit/ame, c'est plus flou et je pense que c'est quelque chose qui coule de source pour les musiciens indiens, cela fait partie de leur culture et mentalité. Narendra B. avec qui j'ai appris le Sitar pendant 7 ans ne m'a jamais parlé dans quelle disposition d'esprit il fallait être avant le raga et son enseignement à toujours été technique. C'est peut-être un peu comme pour un morceau de musique qu'on aime et qu'on ressent, on a pas réellement besoin d'un professeur pour vous expliquer comment il faut faire pour aimer cela.
Il est clair que le même Raga joué par des personnes différentes sera pour nous, occidentaux, complétement différent puisque les mélodies sont improvisées à chaque concert : seule la gamme demeure. Quand on écoute un raga, la prime impression est agréable, le bourdonnement de la tampoura, les sonorités étranges du sitar nous emmènent avec quelque imagination dans l'Orient et ses merveilles, mais si, profane, on persiste à écouter la suite (un raga peut durer plusieurs heures) un sentiment de monotonie ne tarde pas à s'immiscer, on y cherche des mouvements distincts, des mélodies agéables, mais rien de tout cela n'apparait et la musique demeure lancinante jusqu'à la fin. Il y a effectivement une difficulté à comprendre cette musique et une éducation est certainement nécessaire :
il nous faut donc laisser de côté notre conception de ce qu'est ou doit être la musique de réeduquer notre oreille, notre mémoire, notre façon d'écouter (...) (Alain
Daniélou, Inde du Nord).
Facile à dire....
Il y aurait encore beaucoup de choses à dire en particuliers sur les rythmes aussi complexes qu'époustouflants... Pour ceux qui voudraient avoir plus de renseignements sur cette musique les livres d'Alain Daniélou un peu anciens semblent toujours d'actualité. Ils sont d'ailleurs toujours édités en particulier le très intéressant La musique de l'Inde du nord.
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